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 [Structure|Style] Ellipses temporelles, sommaires, les choses à faire et éviter

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Foxi
   
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Foxi  /  Journal du posteur


Hey hey!

Je reviens d’entre les morts pour parler technique, ou va le monde :facepalm:

Vous l’avez compris au titre du sujet, il est question de bonnes pratiques de passage sous silence de certains évènements/ « d’accélération » du temps pour ne pas avoir à tout détailler.

Déjà, un rappel.

Wiki a écrit:
Ellipse temporelle : action dramatique afin, soit d'accélérer le récit pour des raisons de commodité, soit pour dissimuler une information au lecteur ou au spectateur. L'expression « Deux semaines plus tard » révèle la présence d'une ellipse dans le récit.

Wiki a écrit:
Sommaire : Dans la terminologie du théoricien de la littérature Gérard Genette, segment textuel dans lequel une partie de l’histoire événementielle est résumée, ce qui procure un effet d’accélération.

La distinction entre ces deux là a déjà été discutée sur notre forum ici  et j’ai été tentée de raviver ce vieux sujet, mais la j’aimerai vraiment parler des choses a faire et eviter pour le faire "bien". Cela dit, je vous conseille d'aller voir le passage d'Harry Potter 5 qui est presenté en guise d'exemple de sommaire (et peut etre de ce qu'il faut faire, justement)

Tel que je le comprends, donc:
- L’ellipse, c’est plus succinct. On se contente d’informer le lecteur que le temps est passé. On peut le faire directement (« Un mois s’écoula. » ou de façon plus imagée (« Les arbres perdirent leurs feuilles ») mais le résultat est le même.

- Le sommaire, c’est un résumé de l’action. Dans un film B, on le remplacerait par un montage sur musique, et tout le monde comprendrait que le temps passe.

1) Comment vous vous le comprenez ?

Ensuite se pose la question de la technique. Pour faire court : je trouve les deux incroyablement difficiles à mettre en place. J’ai tendance à me remettre en question: "est ce que c’est de la flemmardise d’auteur ?" En plus (pour moi) d’un point de vue immersion, il y a des moments qui, ellipses, détruisent la crédibilité/l’engagement qu’on a dans une histoire (« au bout de deux semaines, nous étions déjà très bons amis » m’attache nettement moins à un personnage secondaire que de réelles scènes avec). C'est ce qui était mentionné dans cet ancien sujet, la limite du show don't tell.

2. a) Comment vous décidez de ce qui « accelerable » ou pas ?
    b) Je suis particulièrement curieuse de ceux d’entre nous qui écrivent au présent, vu qu’une ellipse ou un sommaire, les deux nécessitent un changement de temps qui peut sortir du récit.


Enfin, reste la question du comment, bien que celle-ci se pose plus pour les sommaires que les courtes ellipses (cinq minutes plus tard, c'est moins lourd que 20 ans plus tard). En plus de choisir le moment a accélerer, il faut amener ce changement de rythme. La dessus, j'ai tendance a m'aider des procédés qu'on peut voir au cinema, qui a encore plus que l'écriture ce probleme de temps a passer. De ce que j'ai rencontré/identifié
  • Skip en debut de chapitre /debut de section (separée par *** ou autre glyphe)
  • Retrospective en se basant sur un objet ("en ces quelques mois, la plante avait grimpé le long du mur, jusqu'a atteindre sa fenetre") Remarque: bien souvent, dans ces cas là, j'ai l'impression que le lecteur ne sait meme pas que le temps est passé jusqu'à decouvrir cette description
  • ???

3)  Comment amenez vous un sommaire/une ellipse?

Enfin, bonus:
4*) Quelles sont les pires/meilleures pratiques que vous pouvez donner pour ce genre de procédés?

Voila! J'ai hate de voir vos réponses - je pense editer ce message plus tard, en tenant compte des élements qu'apportera la discussion, pour la posterité.

Bonne journee!
Fox'
 
Camusso
   
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Hello,

Citation :
1) Comment vous vous le comprenez ?

Pareil que toi. L'ellipse est un bond temporel qui s'incarne dans une ou deux phrases grand maximum tandis que le sommaire donne un petit aperçu quelque peu superficiel des péripéties d'une période donnée. Le sommaire, pour moi, a vocation de donner quand même une idée de ce qui a pu se passer entre l'instant A et l'instant B sans toutefois approfondir le contenu et qui n'a pas véritablement d'incidence sur l'intrigue, comme pour le passage de Harry Potter cité sur l'autre topic.

Citation :
2. a) Comment vous décidez de ce qui « accelerable » ou pas ?
b) Je suis particulièrement curieuse de ceux d’entre nous qui écrivent au présent, vu qu’une ellipse ou un sommaire, les deux nécessitent un changement de temps qui peut sortir du récit.

Il m'arrive parfois de faire des ellipses ou des sommaires, et le choix, pour être honnête, s'impose à moi. Quand je sais que les péripéties qui peuvent s'écouler entre l'instant A et l'instant B ne sont d'aucune utilité pour l'intrigue et qu'écrire un chapitre complet à ce sujet, ce serait juste du blabla pour remplir le roman, j'intègre une ellipse ou un sommaire.

En ce moment, je suis en train d'écrire un sommaire de quelques centaines de mots à peine pour les péripéties d'un voyage du personnage. En soi, le voyage n'a rien d'intéressant, c'est la destination qui est importante, mais je profite du sommaire pour intégrer une petite anecdote sur l'autre passager qui accompagne mon personnage et aussi des petits infos sur la destination en question. J'aurai pu faire un chapitre ou une longue scène avec par exemple le passager qui transmets ses connaissances sur le royaume à mon personnage, mais ce serait juste une conversation un peu stérile au niveau du scénario. Les infos ne sont pas d'une importance capitale mais donnent un petit "plus" à mon roman sans alourdir l'intrigue.

Et quand je n'ai vraiment rien à dire, j'insère une ellipse dans une phrase "quelques jours plus tard" par exemple, ou parfois une glyphe. Quant à l'utilisation de la rétrospective, j'en ai sans doute utilisé, mais je n'ai pas à cet instant-là d'exemples en tête.

Je ne peux pas répondre à ta question sur le présent, car mon roman est au passé/imparfait.

Citation :
3) Comment amenez vous un sommaire/une ellipse?


Difficile à dire, ça se fait au feeling. Par exemple pour la scène du voyage, le sommaire commence par "La calèche roula pendant trois jours [...]" et je développe.

J'utilise parfois la météo comme ellipse : "le vent glacial de décembre laissa place à la douceur du soleil printanier" (j'ai fait cet exemple à l'arrache, tu m'excuseras de ne pas te donner d'exemples de meilleure qualité).

Il y a tellement de façons d'amener un sommaire ou une ellipse. Je pense que toutes les manières sont bonnes à condition de veiller à ce que ce ne soit pas amené brutalement, comme un cheveu sur la soupe, il faut que ça glisse naturellement.

Citation :

4*) Quelles sont les pires/meilleures pratiques que vous pouvez donner pour ce genre de procédés?

Pour moi, il n'y a rien de pire quand l'auteur utilise 29374 fois la même ellipse, qu'il écrit "quelques jours/heures plus tard" toutes les 4 pages. Trop d'ellipses tue l'ellipse (et c'est valable pour le sommaire, le lecteur finirait par se dire que l'auteur a la flemme d'écrire son roman).
 
Lylle
   
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Lylle  /  Barge de Radetzky


Coucou !

Citation :
1) Comment vous vous le comprenez ?

Je crois qu'on fait tous plus ou moins des ellipses, il est difficile d'être intéressant en racontant la nuit passée à dormir de son personnage.
Après, au-delà des ellipses que je classifierais comme "logiques" (dormir, manger, aller aux toilettes, traverser une ville avec la chance de n'avoir aucun feu rouge (quoique sur ce point des feux rouges, c'est tellement inhabituel que ça vaudrait quand même une mention...)), il y a effectivement les ellipses pour "effet de style".
Ces dernières sont finalement les seules que l'on note à la lecture et qui peuvent prendre une tournure dramatique quand on attend la finalisation d'un évènement traumatisant.
Ensuite, faire ou pas un sommaire de ce qui s'est passé durant cette ellipse se rapporte à ce qui est vraiment important (du coup, j'en viens à la question suivante !)

Citation :
2. a) Comment vous décidez de ce qui « accelerable » ou pas ?

Tout dépend de ce que j'écris. Dans les premiers chapitres où il est question de la jeunesse des personnages ou de l'établissement d'évènements marquants, j'en fais énormément, nul besoin de savoir que Jean-Michel a appris à faire du cheval à ses 14 ans dans un monde où tout le monde sait en faire.
Je passe de l'enfance à l'adolescence en quelques pages, je me concentre sur des évènements parfois anodins mais qui dénotent d'une certaine ambiance.
J'ai écrit la scène où mon héroïne est soumise à un geste violent de son ex-compagnon pour la toute première fois mais j'ai passé "sous silence" tous les autres gestes pour n'en faire que des références par la suite. Personnellement, je ne me sentais pas capable d'écrire des scènes de violence de cette nature, la première me semblait suffisante et indiquait clairement qu'il y aurait des récidives (malheureusement Sad )
Parfois j'ai besoin de faire un sommaire, parfois non, clairement c'est au feeling !
D'ailleurs, j'utilise les fameux *** pour faire une coupure à l'intérieur de mes chapitres pour séparer ces "blocs de vie" Wink

J'ai la sensation d'en faire beaucoup moins quand je suis dans le feu de l'action, que tout se met en place et qu'on suit presque au jour le jour les personnages. Il m'arrive de faire des ellipses mais ce sont souvent des "logiques". Celles à effet de style, je les débute quand je veux faire patienter... souvent pour que le lecteur me traite de tous les noms car il attend la suite Very Happy (sadique ? moi ? non...)

Citation :
3) Comment amenez vous un sommaire/une ellipse?

Comme Camusso, je trouve que c'est assez difficile à juger.
Parfois je ne fais aucun sommaire et ce sont les personnages qui évoquent un évènement ellipsé (désolée, je suis fatiguée au possible, je ne trouve plus le mot, au pire j'éditerais, au pire je resterais une honte pour la langue française xD).
Parfois je prends quelques lignes pour expliquer ("durant une semaine, le groupe s'évertua à réparer le bateau, usant de planches récupérées ça et là autour de leur camp...").

Si je dois prendre un exemple concret de ce que j'ai écrit, il y a celui de mon héros qui doit prévenir sa dulcinée qu'elle est enrôlée de "force" dans l'armée, son général vient de lui ordonner de le faire, ils sont dans le bureau de ce dernier et... les fameux ***... mon héros retrouve sa chère et tendre devant un arbre, assise et souriante, il se retourne pour visualiser un élément architectural qui indique qu'il n'est plus dans le bureau de son officier supérieur et ils commencent à discuter.
Il y a bien une ellipse, je n'ai pas raconté le trajet du bureau à l'arbre (on s'en fiche pas mal) et je n'ai pas vraiment donné de notion de temps, si ce n'est la position du soleil et les cloches de la ville qui sonnent au loin.
Est-ce que cet exemple convient au sujet, je ne sais pas, c'est une ellipse très brève en fin de compte !

Citation :
4*) Quelles sont les pires/meilleures pratiques que vous pouvez donner pour ce genre de procédés?

"Cinq jours plus, Jean-Michel se curait les ongles avec une écaille de dragon..."
Alors si avant ça, y a eu zéro mention de dragon, oui, faut se poser des questions Very Happy

La technique du Show, don't Tell ou Montre au lieu de dire dans notre belle langue reste une très bonne base.
Quand tu commences à faire plusieurs pages de sommaire, je pense qu'il est peut-être préférable  d'écrire la scène plutôt que de la rapporter.
 
Chimère
   
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Chimère  /  Constamment Fabulous


Citation :
1) Comment vous vous le comprenez ?

Comme c'est présenté. Toutefois, je ne savais pas qu'on appelait le sommaire ainsi, je ne me suis pas posé la question mais j'ai plutôt tendance à m'y référer en tant que "résumé".
(Je l'emploie assez régulièrement, en plus)

Citation :
2. a) Comment vous décidez de ce qui « accélérable » ou pas ?

L'ellipse permet de se dispenser de tout ce qui n'est pas utile au récit, tant sur le fond que sur la forme.
J'aime bien prendre un exemple visuel accessible à tout le monde ; dans un film, quand tu vois le personnage se lever, sauf si évènement particulier, tu ne le regarde pas aller aux wc / se coiffer / s'habiller, ect avant de partir de chez lui, globalement tu as un condensé de ces actions (un aperçu de la douche, du brossage de dent... et basta). C'est pareil. On sait que c'est là, pas besoin de le raconter, ce n'est pas utile.

Après, il y a aussi "l'ellipse mystère", bien sûr, pour que le lecteur puisse s'interroger sur ce qui s'est produit durant ce laps de temps indirect, et pourquoi pas en vue de lui raconter l'histoire par la fin.

En gros, je fais une ellipse quand je n'ai rien à raconter d'utile entre deux points à relier, que j'ai besoin d'accélérer l'action, ou que je veux imposer une part voulue d'interrogation / mystère.

Citation :
3)  Comment amenez vous un sommaire/une ellipse?

C'est totalement au feeling.
Quand c'est une petite ellipse (quelques jours voire semaines), je place simplement une petite indication temporelle, pourquoi pas un très court sommaire, puis j'enchaîne.
Un saut de paragraphe ou une rangée de * suffisent.

À l’occasion d’une plus longue ellipse, j'ai simplement démarré la partie suivante du roman en plein dedans, sans annoncer de but en blanc que c'était une ellipse. Je n'ai pas immédiatement indiqué de marqueurs temporels, j’ai laissé le lecteur appréhender le nouvel environnement (qui est le premier indice que du temps s'est effectivement écoulé depuis la partie précédente), et se demander combien de temps a passé, avant de le lui révéler de façon très simple une fois le décor posé (le personnage se fait la réflexion que ça fait x temps, en deux mots).

Je ne pense pas qu'il y ait de "règles" gravées dans le marbre, chaque roman a sa propre temporalité, et chaque auteurice sa manière de la diriger. Tant que l'ensemble reste clair et cohérent, fais-toi plaisir.

Citation :
4) Quelles sont les pires/meilleures pratiques que vous pouvez donner pour ce genre de procédés?

Éviter les marqueurs temporels super clichés.
Désolée, mais quand je vois des trucs genre "six longues années s'étaient écoulées", ou simplement le "quelques jours plus tard"... Oui, ça semble anodin, mais c'est tellement éculé que c'en devient maladroit. Je pense qu'il est plus judicieux de montrer une ellipse, en la faisant comprendre au lecteur, plutôt que de la dire (même s'il faut bien sûr indiquer le temps écoulé à un moment ou un autre), et ça rejoint le fameux show, don't tell déjà évoqué par Lylle, qui est la meilleure règle d'écriture qui soit.

Dans un roman, le plus important est toujours de raconter à sa manière. Même et surtout si on reprend des thèmes déjà connus (ce qui arrive très fréquemment, tout ayant déjà plus ou moins été écrit). Le lecteur n'a pas envie de lire un roman qui ressemble involontairement à un autre, c'est donc le style qui fait souvent toute la différence.


Dernière édition par Chimère le Jeu 20 Avr 2023 - 12:28, édité 1 fois
 
Eden Memories
   
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Je me souviens de mes cours de scénarios, la prof avait trouvé une bonne manière d'illustrer les ellipses et de décomplexer sur le sujet: On en fait tous des ellipses, quelque soit le récit qu'on raconte, jamais on mentionne le fait d'aller aux toilettes, ou effectivement, la phase dodo à moins qu'un truc intéressant s'y passe. Les ellipses en général on les fait sans même s'en rendre compte. On zappe les moments pas intéressants qui pourraient ennuyer le lecteur. Ce qui est normal en fait.

Par contre je connaissais pas le terme sommaire, c'est vrai que les résumés sont pas toujours recommandés mais quand c'est nécessaire... le mieux est d'essayer de les glisser le plus naturellement possible et de pas trop appesantir dessus.

Et du coup comme pour moi les ellipses c'est naturel, je saurais pas comment dire mon utilisation. Ayant tendance à vite m'ennuyer, je crois que je dois y recourir souvent sauf peut-être dans des récits en "huis clos" et encore, les ellipses ça peut se glisser partout en vrai. Même au sein d'une scène. Puisque la narration permet de faire des "gros" plan, on va naturellement passer à la trappe des informations pas utiles. Enfin, c'est comme ça que je vois les choses ? Razz Mais il est vrai que j'ai pu lire des textes avec très peu d'ellipse où on décrit toutes les actions même les plus anodines, ça peut donner un effet "réaliste", je dirais donc que c'est un choix artistique ?

Par contre je plussoi Chimère, faut éviter les "5 minutes plus tard" surtout pour 5 minutes quoi... Par contre 20 ans plus tard, faut le souligner je pense. Parce que c'est une grosse ellipse. Tout comme il faut indiquer quand on change de pays... ou de monde / univers.   Neutral
 
Hortense
   
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Hortense  /  Tycho l'homoncule


Foxi a écrit:
1) Comment vous vous le comprenez ?
Personnellement, les définitions m'importent peu.
C'est une question de rythme narratif, et je sens plus que j'analyse ce qui va et ce qui ne va pas.
Mais pour faire simple, tu as dans le premier cas une rupture de la narration, comme un tissu recousu, alors que dans le deuxième, tu survoles la narration très vite mais sans la couper.

Foxi a écrit:
2. a) Comment vous décidez de ce qui « accelerable » ou pas ?
Quelle que soit la décision, je me pose toujours la même question : est-ce que ça sert l'intrigue ou pas ?
Est-ce que tel ou tel choix narratif est dans l'intérêt de mon histoire, de la façon dont je veux la raconter pour faire passer le bon message, ou pas ?
Les ellipses permettent de zapper tout un tas de scènes fastidieuses ou inutiles. Ca permet aussi de provoquer la rupture dont je parlais. En particulier après un événement marquant, sauter quelques jours / semaines / mois / années (selon ses effets) permet de passer directement au coeur du sujet.

Foxi a écrit:
3)  Comment amenez vous un sommaire/une ellipse?
Pour une question de rythme, généralement je fais précéder le sommaire ou l'ellipse d'une scène plus calme, plus intimiste, plus ralentie. Un peu comme le ralenti qu'on a avant de prendre une décision importante.
Mais ça va aussi dépendre de l'histoire. Par exemple, ça aurait du sens de raconter dans le détail la bataille de Verdun puis, sautant un siècle, des touristes qui viennent se promener sur la pelouse et pourquoi pas pique-niquer. La rupture serait aussi bien temporelle que narrative : passer d'un truc bien gore bien violent, à un cadre presque bucolique (mais un peu malaisant).

Foxi a écrit:
Quelles sont les pires/meilleures pratiques que vous pouvez donner pour ce genre de procédés?
Les meilleures : sauter les scènes inutiles. S'assurer que la rupture est franche et que le temps passé est établi dès les premiers mots après ellipse. Je n'aime pas beaucoup les formulations du genre "50 ans plus tard..." mais ça peut être indiqué par un marqueur d'époque (vocabulaire, environnement politique, culturel ou social, objet technologique...).

Les pires : sauter une scène considérée comme essentielle dans le genre, sans raison valable.
Par exemple, en romance (genre où les codes sont assez rigides), ça serait étrange de passer directement du chapitre 1 où les personnages ne se connaissent pas, au chapitre 2 où ils s'apprêtent à se marier.
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Bluepulp
   
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Bluepulp  /  Tapage au bout de la nuit


Bonjour.

Beaucoup ont déjà répondu de façon pertinente. A mon habitude je vais donc prendre le contrepieds et répondre à la question qui n’est pas posée: qu’est ce qui peut rendre l’ellipse si peu intuitive et comment dépasser un blocage qui empêche de l’utiliser ?

Dans la vie de tous les jours, les événements se déroulent de manière séquentielle, c’est à dire l’un après l’autre. On vit une multitude d’événements, pour la plupart anodins et décousus, qui sont connectés entre eux seulement par le temps qui les rythme. Exemple: je me lève le matin, je vais faire mes courses, le midi je vais manger au restau avec ma copine, l’après midi je travaille, etc… Si je devais raconter cette journée, je serais tenté d’en relater les événements « dans l’ordre » pour lui donner une cohérence, car en soit, cette journée n’a pas vraiment de logique.

Les histoires, elles, évoluent dans un univers beaucoup plus structuré. Elles ont une situation initiale, un élément perturbateur, des péripéties, et un dénouement. Autrement dit les actions qui s’enchaînent y sont beaucoup plus logiques que dans la vraie vie, avec un lien de cause à effet beaucoup plus fort. Le temps n’est plus un continuum nécessaire, car ce qui rythme véritablement un récit, c’est l’action. C’est l’action qui fait avancer un récit vers son dénouement là où c’est le temps qui emmène notre journée vers sa fin. Une fois qu’on a réalisé ca, on comprends que toutes les scènes où il n’y a pas d’action sont superflues. On ne les écrit donc pas et ça donne des ellipses.

Bonne journée !.
 
Lilia
   
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Lilia  /  Tapage au bout de la nuit


Bonjour,

Bien qu'ayant déserté ce forum depuis quelques années, j'y jette souvent un coup d'oeil, en tant que lectrice. Parfois, je commente à nouveau.

Férue de technique, je me suis ruée sur ce sujet et j'ai été contente de voir que mon sujet, posté il y a tant d'années, était cité. J'ai depuis beaucoup progressé et j'ai tenté de combler les vides à propos de ce fameux sommaire pour savoir comment en écrire, ce que ça apporte et tout... Il y a deux ans, j'ai fait un article sur le sujet pour un forum et je vais réutiliser cet article pour répondre à tes questions.


1) Comment vous vous le comprenez ?

L'ellipse, c'est passer sous silence quelque chose. Et j'avais lu quelque part que l'ellipse est fondamentale en écriture. Bien sur, ça peux faire du "3 ans plus tard", mais ça peux tout simplement dire "Après un petit-déjeuner expéditif, il arriva au magasin de magie...". Contrairement à ta définition, je ne considère pas obligatoire d'informer le temps qu'il s'est passé. Souvent, je commence ma scène et on comprend que x temps s'est écoulé, de façon fluide. Je le montre, je ne le dis pas.

Le sommaire, c'est un résumé d'un temps plus ou moins long, de plus ou moins de scènes. En relisant  mon vieux sujet, j'ai vu que j'appelais à l'époque ça une "contraction narrative" et je trouve que c'est assez parlant. On n'est pas sur le temps classique de la narration, de la scène. Mais ce n'est pas non plus de la narration passée sous silence.

2. a) Comment vous décidez de ce qui « accelerable » ou pas ?
   b) Je suis particulièrement curieuse de ceux d’entre nous qui écrivent au présent, vu qu’une ellipse ou un sommaire, les deux nécessitent un changement de temps qui peut sortir du récit.


Alors je décide un peu à l'instinct, mais l'instinct peut parfois me jouer des tours puisque j'ai dû transformer une ellipse en sommaire dans mon roman, sur demande de mon éditeur. J'avais laissé mes personnages en fuite et on les retrouvait plusieurs jours plus tard installé dans leur quotidien. Raconter sous forme de scène la fuite, alors que personne n'est vraiment sur leur trousse, c'était pas intéressant. Mais passer sous silence ce moment où ils passent d'une situation dramatique (au sens narratologique) à une autre, c'était une erreur. J'ai donc usé du sommaire.

En général, j'utilise l'ellipse pour swiper un temps "court" : le lendemain matin, quelques heures plus tard, ce genre de choses...

A l'inverse, j'utilise le sommaire pour marquer un temps "long", pour que le lecteur "ressente" le temps qui passe. Je n'hésite pas à faire des sommaires assez longs si besoin, donc trois mois qui passent, ça peut être 700/800 mots. Le lecteur est donc accompagné dans la transition entre deux moments, il n'y a pas d'effet "voyageur temporel".

Pour la question sur le présent, je remarque que ma novella et mon troisième roman, écrits tous les au présent, à la première personne, ne comportent pas de sommaire. Mais pas sure que le temps choisi y soit pour quelque chose parce que les deux ont comme points communs de se passer sur un temps relativement court.
Toutes mes autres histoires, écrites au passé, sont sur des temps "longs" (plusieurs mois). Sauf une qui se passe sur quelques jours, mais qui comportent bien un unique sommaire. Donc je ne saurais pas trop trancher.


3) Comment amenez vous un sommaire/une ellipse?

Je ne saurais pas vraiment répondre. En général, l'ellipse se fait à l'occasion d'un changement de chapitre, ou avec ces fameux ***.

Pour les sommaires, je remarque que quasi tout ont aussi été fait après un chapitre ou après ces ***.  Donc, je n'ai pas vraiment de méthode.
En général, mes sommaires sont constitués de deux choses : du quotidien, des habitudes, des répétitions... et de quelques anecdotes résumées, des moments clés de ce "long" moment passé sous silence.

4*) Quelles sont les pires/meilleures pratiques que vous pouvez donner pour ce genre de procédés?

Pour l'ellipse, je n'ai qu'un seul conseil : prendre à la lettre le show don't tell et ne pas "dire" "trois semaine plus tard", mais le montrer dans la narration à l'aide de phrase du type "Dire que ça faisait déjà trois semaines qu'il ne l'avait pas vue", ou "C'était interdit, mais il méritait ce repos, tant les trois  dernières semaines avaient été éprouvantes".

Pour les sommaires, avec le temps, j'ai noté toutes les stratégies que j'utilise pour les rendre importants. Les voici :

  • En profiter pour caractériser un personnage. Votre personnage est paranoïaque ? Décrivez comment il suspecte le nouveau facteur d’avoir une dent contre lui parce qu’il met toujours son courrier dans la boite à lettre du voisin. Bref, profitez-en pour distiller ces passages qui ne méritent pas de scènes à proprement parler, mais qui caractérise votre personnage, qui le rendent unique aux yeux du lecteur.

  • En profiter pour approfondir les liens entre des personnages. Clairement, il n'est à mes yeux pas utile de narrer en détail tous les petits moment qui construisent la complicité entre deux personnages, mais pour maximiser la puissance d'une relation (amitié, amour) et les effets de cette relation plus tard (la tristesse de la perte, la raison d'un sacrifice), j'utilise les sommaires pour montrer les petits moments, d'apparence anodines, qui forgent une relation.

  • En profiter pour détailler un univers. C’est le moment de parler de ce rite un peu étrange, cette procession funèbre qui n’apporte rien à l’intrigue – et ne justifie donc pas de scène –, mais qui ajoute une touche si particulière à votre univers. C’est le moment de parler des coutumes étranges que vous avez, des moments clés de la chasse au dragons, de l’histoire pompeuse de la république que votre personnage n’arrive pas à retenir, mais dont vous êtes si fier. Attention néanmoins à ne pas verser dans l’infodumping, une surcharge d’information qui nuirait à votre texte. (Astuce dans l’astuce, je présente toujours l’univers par le biais des personnages pour ne pas faire fiche informative).

  • En profiter pour alléger l’atmosphère, pour relâcher un peu la pression. La tension d'une histoire fonctionne par contraste. Si le héros est toujours sous tension, on ne ressent plus la pression. C’est donc le moment de lâcher des anecdotes qui font sourire. Rowling le fait très bien, je trouve. (je pense par exemple à ce moment où Neville vérifie si son chaudron n’a pas une fuite à cause d’un sifflement continue. En fait, c’est Hermione qui sermonne Harry et Ron.).
    J’imagine qu’à l’inverse, on peut s’en servir pour alourdir une atmosphère, mais j’ai jamais fait et je ne me rappelle pas d'un exemple lu qui aille dans ce sens.

  • En profiter pour approfondir une intrigue secondaire. Toutes les intrigues n’avancent pas au même rythme et tous les moments des intrigues secondaires ne sont pas à expliciter sous forme de scène. Ainsi, on peut faire avancer une intrigue par petite touches, via les sommaires.

  • En profiter pour faire mes préparations (set up) en vue de mes paiements (pay off) ou tout bêtement installer quelque chose. Exemple, toujours issu de Harry Potter, parce que Rowling est vraiment celle qui m'a permise de découvrir la puissance des sommaires : imaginons qu’il y a un médaillon perdu dans votre tome 6. Vous auriez pu le mentionner, l’air de rien, dans le début du tome 5 au moment d’un ménage dans une maison de famille. Le sommaire permet ainsi de montrer/cacher des éléments que l'on utilise plus tard.



Pour finir, je rebondirai juste sur cette phrase, de Lylle :
Lylle a écrit:
Quand tu commences à faire plusieurs pages de sommaire, je pense qu'il est peut-être préférable  d'écrire la scène plutôt que de la rapporter.
Je ne suis pas d'accord (forcément, puisqu'il m'arrive de faire plusieurs page de sommaire). Parce que mes sommaires me servent à essentiellement à résumer de longues périodes, des habitudes, des routines. Donc impossible de passer par une scène. Et, en plus de résumer ces longues périodes, j'en profite pour résumer plusieurs évènements qui, sous forme de scène, auraient pris chacun plusieurs pages (et aurait sans doute manqué d'intérêt). Bref, si je fais un sommaire pour raconter un entrainement de magie de plusieurs mois, je parle du quotidien, je résumé quelques évènements marquant de cette période, toujours en profitant pour faire l'une des choses que j'ai mentionné plus haut (je note les bêtises que fait l'élève pour rendre la vie de son prof impossible, je note comment son ami a fait l'une de ses corvées à sa place pour lui permettre d'aller compter fleurette, je souligne comment mon héros galère à maîtriser les lois de la magie de façon à ce que le lecteur apprenne celles-ci...). En somme, mes sommaires ne peuvent pas être racontés sous forme de scène.

Voilà, comme toujours, quand je parle technique, j'ai été un peu longue, mais j'espère que j'ai été utile.
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Lylle
   
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Lilia a écrit:
Je ne suis pas d'accord (forcément, puisqu'il m'arrive de faire plusieurs page de sommaire). Parce que mes sommaires me servent à essentiellement à résumer de longues périodes, des habitudes, des routines. Donc impossible de passer par une scène. Et, en plus de résumer ces longues périodes, j'en profite pour résumer plusieurs évènements qui, sous forme de scène, auraient pris chacun plusieurs pages (et aurait sans doute manqué d'intérêt). Bref, si je fais un sommaire pour raconter un entrainement de magie de plusieurs mois, je parle du quotidien, je résumé quelques évènements marquant de cette période, toujours en profitant pour faire l'une des choses que j'ai mentionné plus haut (je note les bêtises que fait l'élève pour rendre la vie de son prof impossible, je note comment son ami a fait l'une de ses corvées à sa place pour lui permettre d'aller compter fleurette, je souligne comment mon héros galère à maîtriser les lois de la magie de façon à ce que le lecteur apprenne celles-ci...). En somme, mes sommaires ne peuvent pas être racontés sous forme de scène.

Je parlais plus précisément du fait de ne faire "que" des sommaires ^^ Je suis d'accord avec toi et avec les stratégies que tu as développé avec le temps pour faire la même chose de mon côté finalement.
Je voulais souligner que parfois je lis des romans avec plus de sommaires que de réelles scènes et ça me frustre un peu. Bien sûr qu'on ne peut pas "tout" écrire au risque de faire un livre de 1000 pages (bien que Tolkien était roi dans cet art, je me rappelle vivement les pérégrinations des hobbits dans les landes, et j'en garde un souvenir mitigé Very Happy )

Le tout est de trouver un terrain d'entente avec les ellipses, autant elles sont cruciales pour ne pas plomber une ambiance, autant trop en faire peut vraiment s'apparenter à de l'oisiveté. Mais je pense qu'à la toute fin, c'est vraiment une question de goût de tout à chacun ^^
 
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Les ellipses sont un excellent moyen d'introduire un cliffhanger.

"Je pensais ne plus jamais la revoir. Et pourtant, trois jours après, elle frappait à ma porte. "

Et les "sommaires" sont un excellent moyen de débuter une histoire en zoomant peu à peu sur le personnage point-de-vue.

"Tous les bulletins météo avaient annoncé la tempête à venir. Pourtant, personne ne s'était méfié. Personne ne s'attendait à un événement de cet ampleur. Le soir venu, le vent avait soufflé avec une force inimaginable, emportant tout sur son passage. Par endroits, le paysage était méconnaissable. Au nord du département, un village avait été entièrement soufflé par une tornade. Pas une seule maison n'était restée debout. Ceux qui n'avaient pas pu partir à temps s'entraidaient, tentant tant bien que mal de faire face à la catastrophe. Face à ce qui, quelques heures plus tôt, était la maison de ses rêves, le fruit de toute une vie de labeur, l'endroit où il pensait couler des jours heureux désormais, Gilbert restait sans voix, médusé, pensant à tous ces rêves perdus, tous ses moments envolés en quelques instants."

Oui ce n'est pas de la grande prose, je sais, mais l'idée est là.
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J'ai tout lu et j'ai appris plein de choses. [Structure|Style] Ellipses temporelles, sommaires, les choses à faire et éviter 770102  Merci à tous.

Je me permets de donner mon avis parce que mon approche est un peu différente (histoire de diversifier). Je lis très peu et je suis influencée par le rythme narratif des séries télés. ça donne un côté "cinéma" à mes écrits qui concerne aussi les ellipses.

1) Comment vous vous le comprenez ?
Tout pareil, mais grâce à toi j'ai pu mettre un nom sur ce que je faisais^^

2. a) Comment vous décidez de ce qui est « accélérable » ou pas ?
Comme pour le montage d'un film : la scène n'est pas super : je coupe. En gros, j'accélère ce qui est barbant. Je peux donc couper la fin d'une scène qui commence à traîner et qui fait retomber la tension ou passer une scène "bof" en simple résumé.

2. b) Je suis particulièrement curieuse de ceux d’entre nous qui écrivent au présent.
J'écris au présent et c'est effectivement désagréable ce changement de temps. J'opte donc pour une sorte de "dans l'épisode précédent", mais qui remplace le résumé par l'ellipse. Au début de certains chapitres, je fais un court passage au passé pour informer le lecteur des événements notables entre les deux chapitres et j'attaque ensuite "brutalement" par un dialogue pour bien marquer la fin du résumé.

3)  Comment amenez vous un sommaire/une ellipse?
Les sommaires sont en début de chapitre. Pour les ellipses, j'utilise des petits symboles (il passe pas dans le copier coller), mais je tente de garder un lien entre les deux parties du texte pour éviter au lecteur de sortir du bouquin.

— Et toi ? Tu vas mettre quelle robe ? Il faudrait penser à t’habiller.
— C’est bon, on a largement le temps.

***

À 19h00, Alison, un sèche‑cheveux dans chaque main, tente de rattraper son retard pendant que Wendy lui enfile ses chaussures.


4*) Quelles sont les pires/meilleures pratiques que vous pouvez donner pour ce genre de procédés?
Ben, il y a un truc que je fais et qui est discutable.
Genre, au début du roman : "Mardi 6 septembre 2016, Comté de Napa (Californie)"
ou après certaines ellipses : "Samedi 1er octobre dans la chambre d’Alison"
Pour moi, ça sonne comme les petits textes qu'on voit en bas d'un film. Rapide, précis et hop "Action" on perd pas de temps. Je pense que ça fait tiquer les lecteurs assidus (je vise un public ado), mais je vois pas trop comment faire passer cette info sans alourdir le début de la scène.
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