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| La plume est-elle une arme ? | |
| | Nombre de messages : 888 Âge : 46 Date d'inscription : 02/06/2016 | Le Trader / Double assassiné dans la rue Morgue Lun 5 Juin 2023 - 12:31 | |
| - Le vent l'emportera a écrit:
- Je me souviens néanmoins qu'elle parlait de synesthésie nous renvoyant à la toute petite enfance, à notre état de nourrisson, pendant lequel, apparemment, nos sens ne sont pas encore proprement dispersés dans nos organes et encore traités confusément par le cerveau. Je crois. C'était il y a longtemps.
Et pour certain.es, ça reste ! Complètement d'accord avec ce que tu dis, Noxer. Tu mets l'accent sur un comportement qui est somme toute sympathique mais futile, ce qui peut résumer la poésie (je trolle). Mais il y à au moins un acte d'écrire, un faire-sans-savoir mais un faire tout de même, et dans le cas de cette Tata qui écrit, je me dis toujours "pourquoi avoir choisi cette forme d'expression plutôt qu'une autre?" et souvent la réponse dit que la poésie, l'idée même d'en faire, de partager un ressenti - même maladroit - tout ça n'est pas mort et oublié, mais vit quelque part et ne demande qu'à (res)sortir sous cette forme. Ça donne de l'espoir quand on est poète.sse, c'est simple à comprendre. Et non, ce n'est ni du mépris, ni de la démagogie, ni une doxa quelconque, c'est juste de l'espoir de voir éclore quelque chose, de voir une personne humaine se transformer, s'étonner, et parfois commencer à vivre autrement. En commençant par les maladresses et les lourdeurs, les fautes et la naïveté propre à tout début artistique. Poser directement une critique cultivée et référencée n'a aucun intérêt sinon flatter l'ego. Ce qu'il nous manque, si on veut amener tout ça à se développer, ce sont des enseignements-artisanats sur la poésie, refaire cours-art de poésie, leçons-techniques de poème...le chantier est immense, et sans doute quasi désert. Pour l'instant Enfin, je pense qu'on n'embrigadera que des convaincu.es en faisant une poésie de guerre/lutte/combat, et cette manière de considérer l'autre et de voir le monde est déjà dépassée. La Zone du Dehors date de 1999, Fight Club de 1996, pour ne prendre que ces deux exemples poétiques de la lutte (vous rajouterez les vôtres). Aller au-delà, c'est aussi se porter devant, au-devant, c'est de porter ses valeurs et ses convictions avec son écriture, et d'apporter par la vie et le vivant la manière dont on voit le monde, dont on se le représente, en coexistence pacifique (apaisée, soignée, sincère) entre ce qu'on est et ce qu'on dit. S'engager intégralement, être sincère par tous les bouts. Et dans ce schéma (qui n'est pas progressif ou socio-ce-que-vous-voulez) la violence est inévitablement contre-productive. Mais cathartique, je le conçois. |
| | Nombre de messages : 1126 Âge : 51 Localisation : Paris 20 Date d'inscription : 04/08/2022 | josephcurwan / Effleure du mal Lun 5 Juin 2023 - 14:57 | |
| vous êtes prof de français Le trader ?
vous croyez qu'on apprend à faire des poèmes à l'école ?
"enseignements-artisanats sur la poésie" ???? vous parlez des ateliers d'écriture ? |
| | Nombre de messages : 5449 Âge : 57 Localisation : Paris Pensée du jour : Three blinds rabbits. Date d'inscription : 05/11/2017 | Jdoo / Maîtrise en tropes Lun 5 Juin 2023 - 16:09 | |
| La plume c'est effectivement une arme, et il y a pas besoin d'être très calé pour ça, il suffit de voir les trololos à l’œuvre (et on en connait !) et des dégâts que ça peut laisser suite à des harcèlements ou des fakes news spammés, ou des logorrhées de 20 kilomètres de long mal fagotées et inconsistantes avec des références hors sujet (qui n'ont pourtant rien demandé à personne) donnant un résultat sans queue ni tête et qui n'utilise que la suffisance comme argument. Peut être même que la plume dans le bilan final, fait plus de mal que de bien. |
| | Nombre de messages : 10122 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010 | Pasiphae / Truquage geniphasien Lun 5 Juin 2023 - 17:17 | |
| josephcurwan, on apprenait autrefois, en tout cas (enfin : dans les écoles de garçons, parce que l'exercice d'imitation, ce n'était pas pour les filles : ce qui explique la technicité perçue comme "défaillante" des poétesses du siècle qui n'avaient pas été biberonnées de versification dès le primaire)
Assez d'accord avec le trader, un enseignement de poésie (enseigner à l'écrire) serait chouette, en tout cas c'est un exercice (quand on enseigne les bases techniques !) qui réussit toujours très bien auprès d'élèves |
| | Nombre de messages : 888 Âge : 46 Date d'inscription : 02/06/2016 | Le Trader / Double assassiné dans la rue Morgue Lun 5 Juin 2023 - 17:19 | |
| - josephcurwan a écrit:
vous croyez qu'on apprend à faire des poèmes à l'école ? "enseignements-artisanats sur la poésie" ???? vous parlez des ateliers d'écriture ? On apprend à le faire, que ce soit prévu à l'école ou ailleurs. Vous savez, il n'y a pas que l'école, le scolaire et des profs qui nous mettent devant les arts, on peut y aller seul, à plusieurs, au hasard, un peu partout dans le monde. J'ai fait atelier/cours de poésie à des camionneurs pas loin d'être analphabètes, en enlevant beaucoup de préjugés notamment issus de la socio, on peut aller partout tant qu'il y a rencontre et impulsion créative. Ça peut être à l'école, mais ça peut surtout avoir lieu partout ailleurs, et à n'importe quel âge. Les cyniques patenté.es ricaneront et trouveront toujours un argument réchauffé au micro-onde, j'ai juste eu la chance de l'avoir vécu. A celleux qui disent que c'est impossible ou un détail de la tendance, généralement je réponds qu'il suffit de se bouger le cul, des deux côtés de l'équation (et il faut aller plus loin dans l'enseignement que l'atelier, à mon avis). Pasiphaé, j'avais effectivement lu ça quelque part pour les jeunes filles...effrayant...
Dernière édition par Le Trader le Lun 5 Juin 2023 - 17:26, édité 3 fois |
| | Nombre de messages : 10122 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010 | Pasiphae / Truquage geniphasien Lun 5 Juin 2023 - 17:23 | |
| + toujours côté témoignage (je n'ai enseigné l'écriture de poésie que dans des cadres institutionnels : primaire, collège, licence) : lorsqu'il restait un peu de temps en fin d'année et que je demandais aux jeunes ce qu'ils avaient envie de faire, ils plébiscitaient systématiquement l'écriture de poésie ! le côté "virtuosité technique", le fait qu'on puisse en transmettre des bases objectives (ce qui va tout à fait avec l'idée d'enseignement explicite) + la valeur expressive dont elle est culturellement dotée en font quelque chose d'apprécié côté écriture. Mais beaucoup de profs de français / litté ne sont pas friand·es de poésie, et c'est souvent le chapitre annuel qui subit l'impasse hélas |
| | Nombre de messages : 1126 Âge : 51 Localisation : Paris 20 Date d'inscription : 04/08/2022 | josephcurwan / Effleure du mal Lun 5 Juin 2023 - 17:33 | |
| (oui, j'avais entendu dire qu'il y a bien longtemps on faisait faire des poèmes en latin aux élèves.)
quand j'étais en primaire, on me faisait faire des rédactions,
ce qui me plaisait plutôt, mais certainement pas des poèmes !
à mon sens rien ne remplace la lecture :
c'est en lisant qu'on apprend (éventuellement) à écrire,
non ? |
| | Nombre de messages : 10122 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010 | Pasiphae / Truquage geniphasien Lun 5 Juin 2023 - 17:40 | |
| Oui ! mais on a longtemps raffiné la formule en pensant que c'était en imitant (les "grands" auteurs) que l'on apprenait à écrire [et dans un siècle où la poésie figurait tout en haut de la hiérarchie symbolique des genres littéraires, elle était favorisée). Ce n'étaient pas vraiment des rédactions comme celles que nous avons connues plus jeunes, mais de vrais exercices d'imitation qui, graduellement, se sont transformés en ce que l'on appelle désormais le commentaire composé de texte littéraire. |
| | Nombre de messages : 1126 Âge : 51 Localisation : Paris 20 Date d'inscription : 04/08/2022 | josephcurwan / Effleure du mal Lun 5 Juin 2023 - 18:06 | |
| ah, le commentaire composé de texte, qu'est-ce que je pu haïr ça. j'avais l'impression que c'était une sorte de singerie automatique formelle qui n'avait rien à voir avec le fait de comprendre ou d'aimer vraiment le texte. je garde une image très négative de mes profs de français de lycée. au fond des gens qui s'en foutaient et qui n'aimaient pas la littérature. Edit :
- Le Trader a écrit:
- [ (et il faut aller plus loin dans l'enseignement que l'atelier, à mon avis).
c'est à dire ?
Dernière édition par @now@n le Lun 5 Juin 2023 - 18:18, édité 1 fois (Raison : on ne double-poste pas) |
| | Nombre de messages : 3776 Âge : 26 Date d'inscription : 15/11/2015 | Noxer / Au nom de l'Abeille – Et du Papillon – Et de la Brise – Amen ! Lun 5 Juin 2023 - 18:58 | |
| - Le Trader a écrit:
On apprend à le faire, que ce soit prévu à l'école ou ailleurs. Vous savez, il n'y a pas que l'école, le scolaire et des profs qui nous mettent devant les arts, on peut y aller seul, à plusieurs, au hasard, un peu partout dans le monde. J'ai fait atelier/cours de poésie à des camionneurs pas loin d'être analphabètes, en enlevant beaucoup de préjugés notamment issus de la socio, on peut aller partout tant qu'il y a rencontre et impulsion créative. Ça peut être à l'école, mais ça peut surtout avoir lieu partout ailleurs, et à n'importe quel âge. Les cyniques patenté.es ricaneront et trouveront toujours un argument réchauffé au micro-onde, j'ai juste eu la chance de l'avoir vécu.
A celleux qui disent que c'est impossible ou un détail de la tendance, généralement je réponds qu'il suffit de se bouger le cul, des deux côtés de l'équation (et il faut aller plus loin dans l'enseignement que l'atelier, à mon avis).
Pasiphaé, j'avais effectivement lu ça quelque part pour les jeunes filles...effrayant... J'y pense beaucoup pour la mediatheque où je travaille, il y a pas mal de gamin.e.s qui viennent tout le temps mais touchent très peu les livres, pour cause parce que parfois iels ont bcp de retard sur la lecture (ou le français meme parlé) à 10-12 ans et pareil pour l'écriture, mais iels sont hyper doué.e.s créativement sur plein d'autres trucs. Je serais super intéressé du coup de savoir comment tu fais pour dépasser cette difficulté de la langue dans ce cadre là, et à quoi ça pourrait ressembler comme "atelier". Idem pour Pasi !! Partagez vos enseignements !! |
| | Nombre de messages : 357 Âge : 34 Localisation : 00.000.00.0 Pensée du jour : « Il n'y a pas une tête lucide entre deux termes d'un choix. Il y a une nature étrange, en détresse de n'être pas les deux. » Date d'inscription : 22/07/2021 | Nuage-Rouge / Tapage au bout de la nuit Lun 5 Juin 2023 - 21:38 | |
| - Citation :
- je ne comprends pas l'intérêt de la question
Alors pourquoi tenter d'y répondre ? Cherche plutôt à comprendre.... - Citation :
- une métaphore guerrière foireuse de lutte des classes
De quelle métaphore tu parles ? Le politique ne se réduit pas à la lutte des classes, il recouvre tout un ensemble de faits qui tiennent à la répartition du pouvoir des statuts et des richesses entre des individus et groupes, peut importe la modalité. Qui vont de l'échelle microsociale à l'échelle macro. - Citation :
- la poésie est ce qu'on en fait. et puis est-il encore intéressant en 2023 de disserter sur un extrait d'interview-coup-de-pub
Si ça ne t'intéresse pas passe ton chemin. Moi je prends des matériaux quelconques et j'en fais un tremplin. Si tu veux pas t'envoler ne t'élance pas, personne ne t'y pousse, y a rien d'autre à dire. « La poésie est ce qu'on en fait »... merci d'être passé, ici c'est pas la question, je pose un espace de réflexion/témoignage pour observer les relations entre poésie et politique, au sens très large, que ce soit dans une perspective de lutte des classes ou d'autres luttes, d'antagonismes personnels etc.
Je pose la question du sortilège poétique en quelque sorte, de son pouvoir offensif vis à vis de l''extérieur du poète. Son pouvoir de mettre en poésie l'antagonisme, la conflictualité, de porter une voix qui tranche, d'ouvrir des brèches dans la défense symbolique adverse. De mettre le monde à son épreuve. Pour moi c'est autrement plus intéressant (et engageant) que de raconter sa vie et son intimité dans des « poèmes » en essayant de faire du « beau ». Et l'intimité peu évidement être une voie d'expression poético-politique, et là on retomberait évidement dans le sujet. Donc c'est à la fois une arme en tant que pouvoir de représentation à travers un contre discours aux discours adverses, qu'une arme de poing dont le discours poétique prend pour cible directement certaines réalités adverses (discours, acteurs etc). A partir de là, la question est ouverte à chacun ou chacune de témoigner ou théoriser de son expérience de sa conception de la manière dont il fait ou non usage de la poésie dans ces dimensions politiques. Et je n'ai jamais réduit le politique dans « l'art », au militantisme, à l'art militant.
Le sujet vise à conscientiser les potentialités politiques de la poésie tout comme à poétiser les consciences politiques en créant une rencontre entre ces 2 champs de l'activité symbolique. Champs qui m'intéressent conjointement. Et si ce n'est pas votre cas, encore une fois, personne ne vous oblige. - Citation :
- niveau poésie, perso je préfère un mec un peu niais comme Teboul qui fait un peu chier à faire la promo d'une poésie (la sienne) qui effectivement plaît à la bourgeoisie pas vraiment par hasard, mais globalement inoffensif, plutôt que d'avoir tes commentaires
De quels commentaires tu parles ? Qui t'oblige à les lire ? - Citation :
- confondre l'humain avec le social, ça va un moment quoi.
Y a pas d'humain hors du social, après tu crois ce que tu veux c'est pas mon affaire - Citation :
- tu écrases toutes les fleurs des possibilités humaines et de la beauté qui peut y résider avec tes sabots rouges
Lesquelles ? Quelle fleur se sent écrasée par mes sabots d'éther ? La beauté n'est pas dans la fleur mais dans l'esprit qui la regarde. Pas d'esprit pas de beauté. Moi j'interroge l'esprit qui regarde les fleurs, je n'écrase pas les fleurs. Qu'elles fleurissent, grand bien leur fasse, apprenons à les distinguer, et chacun se fera un sentiment de leur beauté, ou autre, car il n'y a pas que la beauté sensible qui importe. - Citation :
- quand après ça veut revendiquer la poésie, c'est un peu ironique, si tu n'es pas capable de voir plus loin que le bout de ton "arme" lol.
Pas compris, j'ai relu pourtant - Citation :
- a poésie militante qui ne m'ennuie pas, c'est celle qui ne l'est pas, c'est à dire celle qui s'énonce et se crée par impulsion poétique et non politique
Et ? Déjà tu élimines le fait qu'une impulsion politique puisse être poétique et réciproquement, alors que moi c'est le cœur de mon sujet. Je ne cherche pas à faire de hiérarchie entre ces « impulsions », au contraire je cherche à interroger et observer le point chaud de leur rencontre. Sans arrière pensée puritaine sur la supposée pureté ou « authenticité » de l'impulsion poétique et la fantasmée souillure de l'impulsion politique. Le politique est là, quoi que vous fantasmiez. Après assumez de vouloir le mettre de côté mais arrêtez de nier cette potentielle dimension à la poésie, ça en devient ridicule. - Citation :
- parce que bon je sais pas si vous avez déjà eu affaire à de la poésie écolo sur mère nature qui pleure mais bon...
Non pas du tout, mais après si tata voulait venir parler ici de son usage politique de la poésie, et son regard poétique sur certaines luttes politiques, je n'y verrais aucun inconvénient, bien au contraire (et je ne comprends pas tellement ce mépris pour la poésie populaire de tata). - Citation :
- parce que ça aurait pu être n'importe quoi d'autre que la poésie...
Sauf que c'est la poésie.... Pour développer le sujet je peux proposer quelques inspiration très fortes de poésie politique (en tout cas pour moi) et qui voudrait témoigner des relations entre poésie et politique peut également proposer ses inspirations :- Mahmoud Darwich, Jean Rictus, René Char:
- Mahmoud Darwich, 1986 a écrit:
- « La terre nous est étroite. Elle nous accule dans le dernier défilé et nous nous dévêtons de nos membres pour passer.
Et la terre nous pressure. Que ne sommes-nous son blé, pour mourir et ressusciter. Que n'est-elle notre mère Pour compatir avec nous. Que ne sommes-nous les images des rochers que notre rêve portera, Miroirs. Nous avons vu les visages de ceux que le dernier parmi nous tuera dans la dernière défense de l'âme. Nous avons pleuré la fête de leurs enfants et nous avons vu les visages de ceux qui précipiteront nos enfants Par les fenêtres de cet espace dernier, miroirs polis par notre étoile. Où irons-nous, après l'ultime frontière? Où partent les oiseaux, après le dernier Ciel? Où s'endorment les plantes, après le dernier vent? Nous écrirons nos noms avec la vapeur Carmine, nous trancherons la main au chant afin que notre chair le complète. Ici, nous mourrons. Ici, dans le dernier défilé. Ici ou ici, et un olivier montera de Notre sang. » - Mahmoud Darwich (traduction d'Elias Sanbar), Le Dernier discours de l'homme rouge, 1992. a écrit:
- (...)
5 Disant adieu à nos feux, nous ne renvoyons pas le salut. Ne nous dictez pas les commandements du dieu nouveau, dieu du fer, et n'exigez pas des morts un pacte de paix. Il n'en demeure pas un seul pour vous annoncer la paix avec soi et avec autrui. Là nous aurions encore bâti, n'étaient les fusils anglais, le vin de France et les fièvres. Nous vivions comme il sied de vivre, compagnons du peuple de la gazelle. Nous retenions notre histoire orale et nous vous portions la bonne parole de l'innocence et de la camomille. Et vous avez votre dieu, et nous, le nôtre, votre passé, et nous, le nôtre, et le temps s'embue en nous. Gardez-vous en mémoire un peu de poésie pour arrêter le massacre ? N'êtes-vous pas nés de femmes ? N'avez-vous pas, tout comme nous, tété le lait de la nostalgie ? Comme nous, revêtu des ailes pour rallier l'hirondelle ? Et nous vous annoncions le printemps. Ne dégainez pas vos armes. Nous pourrions encore échanger quelques présents et quelque chant. Là était mon peuple. Là est mort mon peuple. Là sont les châtaigniers qui dissimulent les âmes de mon peuple. Et il reviendra, air, lumière et eau. Prenez la terre de ma mère par le glaive, mais je ne signerai pas le pacte entre la victime et son meurtrier. Je ne signerai pas la cession d'une main de terre, serait-elle couverte de ronces autour des champs de maïs. Et je sais que je fais mes adieux au dernier soleil et que je m'enroule dans mon nom et sombre dans le fleuve. Et je sais que je m'en retourne au cœur de ma mère, pour que tu puisses, ô maître des Blancs, entrer dans ton siècle. Alors, érige sur ma dépouille les statues d'une liberté qui ne renvoient pas le salut, et grave la croix de fer dans mon ombre de pierre. Je gravirai sous peu les hauteurs du chant, l'hymne du suicide des communautés lorsqu'elles accompagnent leur Histoire au lointain. J'y lâcherai les oiseaux de nos voix. Ici les Étrangers remportèrent la victoire sur le sel. Ici la mer se mélangea aux nuages. Ici les Étrangers vainquirent en nous l'enveloppe du blé et dressèrent les lignes de télégraphe et du courant électrique. Ici de détresse se suicida le faucon. Ici les Étrangers nous vainquirent, et il ne nous reste rien dans le temps nouveau. Ici s'évaporèrent nos corps, nuage après nuage dans la voûte céleste. Ici scintillent nos âmes, étoile après étoile, dans l'espace du chant.
6 Un temps long passera avant que, pareil à nous-mêmes, notre présent devienne un passé. Nous irons tout d'abord à notre mort, et nous défendrons les arbres qui nous habillent et la cloche de la nuit, nous défendrons la lune que nous désirons au dessus de nos cabanes. Et l'étourderie de nos gazelles défendrons, la glaise de nos poteries et notre plumage dans l'aile des chansons dernières. Sous peu vous édifierez votre monde sur le nôtre. De nos tombes vous tracerez les chemins vers les satellites. Voici venu le temps des industries. Le temps des métaux. Du charbon jaillit le champagne des puissants. Et il y a morts et colonies, morts et bulldozers, morts et hôpitaux, morts et radars surveillant des morts qui plus d'une fois s'éteignent dans une vie, des morts qui survivent après trépas, des morts qui enseignent la mort au monstre des civilisations, et des morts qui trépassent pour transporter la terre au-dessus des restes des défunts. O maître des Blancs, où emportes-tu mon peuple et le tien ? Vers quel gouffre ce robot hérissé d'avions et de porte-avions entraîne-t-il la terre ? Vers quel gouffre béant montez-vous ? Et tout ce que vous désirez vous échoit. La nouvelle Rome, la Sparte de la technologie et l'idéologie de la folie. Quant à nous, nous fuirons un temps pour lequel nous n'avons pas encore apprêté notre obsession. Nous nous en irons vers la patrie de l'oiseau, volée d'humains avant-coureurs. Des gravats de notre terre, nous verrons notre terre ; des trouées dans les nuages, nous verrons notre terre ; de la paroles des étoiles, nous verrons notre terre ; et de l'air des lacs, du duvet du maïs fragile, de la fleur des tombes, des feuilles de peuplier, de tout ce qui vous encercle, ô Blancs, morts qui trépassent, morts vivants, morts qui ressuscitent, morts qui divulguent le secret. Laissez donc un sursis à la terre. Qu'elle dise la vérité, toute la vérité. Quant à vous, quant à nous. Quant à nous, quant à vous.
7 Il y a des morts qui sommeillent dans des chambres que vous bâtirez. Des morts qui visitent leur passé dans les lieux que vous démolissez. Des morts qui passent sur les ponts que vous construirez. Et il y a des morts qui éclairent la nuit des papillons, qui arrivent à l’aube pour prendre le thé avec vous, calmes tels que vos fusils les abandonnèrent. Laissez donc, ô invités du lieu, quelques sièges libres pour les hôtes, qu’ils vous donnent lecture des conditions de la paix avec les défunts. - Jehan Rictus Le Printemps Les Soliloques du Pauvre a écrit:
- (…)
Seigneur mon Guieu, sans qu’ça vous froisse, J’vous tends mon cœur, comm’la Pucelle, Et pis mes bras chargés d’angoisse, Lourds du malheur universel !
Car si j’étais seul à la dure Je n’vous pos’rais pas tant d’porquois, Mais l’pus affreux de l’aventure, C’est qu’y sont des meillons comm’moi !
L’Homme est pas fait pour la misère Et contrarier ses Beaux Désirs, Ni pour qu’ses frangins l’forc’nt à faire Des cravails noirs et sans plaisir.
Car y s’enferm’dans des usines Des quarante et des cinquante ans, Dans des bureaux, des officines, Alors qu’les cieux sont miroitants.
Oh ! mon Guieu ! Si vous existez, Donnez-nous la moell’d’être libres Et d’remett’tout en équilibre, Suivant la grâce et la bonté !
La liberté… la liberté ! Faites-nous comme aux hirondelles Donnez-nous du pain et des ailes, La liberté… la liberté ! XVII
Et quant à moi pour le présent J’vourais qu’mes faims soy’nt assouvies J’veux pus marner, j’veux viv’ma vie Et tout d’suite et pas dans dix ans !
Car c’soir j’ai comme un r’gain d’jeunesse Un tout petit, oh ! bien petit, Et si ce soir j’sens ma détresse Demain je r’tomb’rai abruti !
V’là Lazare qui veut s’couer sa cendre Et flauper l’Monde à coups d’linceul ! La liberté où j’vais la prendre ! J’vas êt’mon Bon Guieu moi tout seul !
J’suis su’la Terr’, c’est pour y vivre, J’ai des poumons pour respirer, Des yeux pour voir, non pour pleurer, Un cerveau pour lir’tous les livres,
Un estomac pour l’satisfaire, Un cœur pour aimer, non haïr, Des mains pour cueillir le plaisir Et pas turbiner pour mes frères !
Soupé des faiseurs de systèmes, Des économiss’s « distingués », Des f’seurs de lois qui batt’nt la flemme (Tout’loi étrangle eun’liberté !)
Soupé des Rois, soupé des Maîtres, Des Parlements, des Pap’s, des Prêtres. (Et comm’j’ai pas d’aut’bien qu’ma peau, Il est tout choisi mon drapeau !)
Soupé des vill’s, des royaumes Où la Misèr’fait ses monômes, Soupé de c’qu’est civilisé Car c’est l’malheur organisé !
Nos pèr’s ont assez cravaillé Et bien assez égorgillé ! L’Homm’de not’temps faut qu’y s’arr’pose Et qu’l’Existence lui tourne en rose.
Oh ! mon Guieu, si vous existez, Donnez-nous la forc’d’être libres Et que mes souhaits s’accomplissent,
Car au Printemps, saison qu’vous faites Alorss que la Vie est en fête, Y s’rait p’-têt ben bon d’être eun’bête Ou riche et surtout bien aimé.
(Ça s’rait ben bon, si c’n’est justice !)
- René Char a écrit:
- Nous devons surmonter notre rage et notre dégoût, nous devons les faire partager, afin d'élever et d'élargir notre action comme notre morale.
Je n'écrirai pas de poème d’acquiescement.
Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience.
Plus généralement, je pense au contraire que la rencontre de la conscience politique avec la sensibilité poétique a toujours été marginale, et pourrait bien se développer. En effet, la poésie, et ce qu'on en retient dans le temps, a été très majoritairement un fait de classe dominante lettrée, ou de tradition orale. On ne peut pas s'attendre à une critique de l'ordre sociale, et une contestation politique, de la part de ceux qui ont intérêt à sa perpétuation et qui la pensent comme « naturelle » ou légitime. Ce n'est qu'avec l'essort de la pensée critique, de la conscience de classe, ou alors à la marge de la poésie qu'on peut observer ses orientation ou implications politiques.
Encore des poèmes pour élargir le corpus : - Poésies traduites arabes et indiennes:
- Abû an-Nashnâshî an-Nahshalî a écrit:
- À celle et à celui qui interrogent : « Où vas-tu ? »
Je dis : « Qui demande à un poète-brigand où est sa route? » Ses chemins sont la vaste terre Si ses proches sont avares. Pour l'homme la mort vaut mieux que la misère Ou la vie d'un seigneur entre traîtres et haineux. Y a-t-il pour lui rien de pire que de partager Sa couche avec tant de tourments Ou de voir sa nuit se noircir davantage de tant d'échecs ? - Umm Daygham al-Balawiyya a écrit:
- En cachette des habitants du quartier, nous passâmes la nuit
Séparés d'eux mais non mêlés à leurs ennemis. Deux robes parfumées nous abritaient Pendant la nuit contre la pluie et la fine rosée. À la règle de chasteté nous nous sommes soumis Mais assouvissions notre ardent désir avec des baisers. - Muḥammad ibn 'Abd al-Malik az-Zayyat a écrit:
- Pour son amour, j'ai désobéi à tous les hommes
Comme si j'étais à moi seul tout un peuple. - Ammâr ibn Manjûr al-Qaynî a écrit:
- Alors que les riches font étalage de leur fortune
Montrant des draperies aux couleurs radieuses, Nous héritons des huttes, aux alentours, Pour le soir avec la misère et la faim. - Manşûr at-Tamimi a écrit:
- Révolue est l'époque où l'on disait : « Femme! Tu es répudiée,
Auprès des tiens, tu dois retourner », ou bien : «Ô esclave, tu es libre désormais! » Révolue est l'époque où l'on s'interrogeait : « Quand la répudiée pourra-t-elle de nouveau jouir? » Et comment parler d'un interdit au sujet d'une gazelle qui, gémissante, s'enfuit? C'est une ère de labeur et de peine jusqu'à la mort, ou de simple survie. Ici on a un point vue politique réactionnaire émanant de l'ordre aristocratique patriarcale et esclavagiste de la société de l'époque. - Ibn al-'Allâf a écrit:
- Ô chat, tu nous as quitté définitivement!
Tu étais aussi cher qu'un enfant. Comment cesser de me languir de toi? Tu étais pour nous une arme dans cette vie. Tu ne craignais point le soleil accablant de l'été Et de l'hiver glacial tu ne te souciais. Dans la tour des pigeons à pas de loup tu entrais, Goulûment tu dévorais leurs petits, L'égarement te fit chérir leur chair, Aussi leurs maîtres ont-ils décidé ta mort. Ils n'eurent pas de pitié pour ta voix affaiblie Comme tu n'en avais pas pour celle chantante de petits. Leurs maîtres te firent goûter la mort Comme tu pris goût à leurs poussins. Œil pour œil. Que la nourriture cesse d'être bénite Si dans l'estomac la mort élit son séjour.
- Amrita Pritam (Panjabi) a écrit:
POUVOIR
Une usine de guerre : Tous les jours, de la cheminée Sortent des fumées de soupirs et de cris.
On fabrique du Pouvoir sous cette usine. Le peuple - tas de chair- N'est que la matière brute Que les trafiquants de la politique achètent Au bon moment Pour alimenter les fourneaux De leur usine.
Dieu : Rien qu'un marchand de chair en gros.
* LA CONSPIRATION DU SILENCE
La nuit somnole. Quelqu'un a creusé une sape dans le cœur de l'homme Pour voler des rêves. Le vol des rêves est le pire des vols.
Les Traces du vol sont dans chaque rue, Dans chaque ville de chaque pays, Mais nul ne les voit. Nul n'est surpris.
Parfois, comme un chien à la chaîne, Un poème solitaire aboie.
* ATTENTE
La Nuit à demi passée, À demi à venir. J'ignore sous quel toit,
Dans l'éclat des lampes, Vous attendez, À chaque gorgée de vin, À chaque doux bruit de musique, L'arrivée d'une belle fille. Vous, vous, vous, Le père de mon enfant à naître.
La nuit à demi passée, À demi à venir. J'attends sous le toit De votre père et du père de votre pèr À la faible lueur d'une chandelle, J'attends Vos pas incertains,
L'odieuse odeur de vin Votre chemise froissée, Sur votre haleine, Vos poches vides, Et le regard vacant De vos yeux injectés de sang, Et l'insulte grossière Pendant de vos lèvres, Moi, moi, moi, La mère de votre enfant à naître.
* LE GAGNEUR DE PAIN
Mon gagneur de pain, J'ai mangé votre sel, Je dois obéir à la loi du sel, Comme mon père me l'a ordonné. Je suis de son sang, Je dois obéir à la loi du sang. Avant que je puisse parler, Votre pain a la parole. Je suis prête à parler, Mais mes paroles sont étouffées Par le poids du pain. Mon gagneur de pain, La fille travaille Comme l'a fait le père. Je ne puis refuser Aucun travail. Tous les travaux, Je peux m'en charger De celui-ci comme des autres. Mon gagneur de pain, Je suis un jouet de chair: Vous pouvez jouer avec moi. Je suis une coupe de jeune sang Vous pouvez la boire.
Je me tiens devant vous Prête à servir Votre volonté. J'ai grandi à votre gré. J'ai été moulue, J'ai été pétrie Et aplatic comme la pâte. Vous pouvez me faire cuire À votre four Et me manger comme du pain. Et vous êtes la braise Qui refroidit ou brûle à son choix. Telle que je suis, Étreignez-moi. Plongez-moi dans la braise de votre corps. Embrassez-moi, Caressez-moi. Faites de moi à votre volonté, Mon gagneur de pain, Ne me demandez pas d'amour, mais seulement prenez-moi.
MARTIN LUTHER KING
Ta Parole est morte : Je ne dis rien de ses mains qui tremblaient, De ses lèvres bleues, de ses yeux éteints.
Je ne dis qu'une chose : J'ai vu faire les ablutions funèbres, Et de son ventre naissait un poème. - Kamala Das (anglais) a écrit:
- LES VERS
Sur la berge de la rivière, au coucher du soleil, Krishna l'a aimée pour la dernière fois et s'en est allé. Cette nuit-là, dans les bras de son mari, Radha s'est sentie si morte que, lorsqu'il a demandé, qu'y a-t-il, mon amour, mes baisers t'importunent-ils, elle a répondu non, pas du tout, mais elle a pensé, qu'importe au corps la morsure des vers?
Voilà j'espère de quoi recentrer le sujet qui s'est égaré dans une discussion de profs/éducateurs à propos de l'enseignement de la "poésie" scolaire chez "les jeunes", ce qui est certainement très intéressant mais pas du tout l'objet de ce fil... Je posterai ma réponse aux autres plus tard, pour finir sur les textes ci-dessus, sur le fond du sujet, et au risque d'alimenter ici la confusion qu'ils cherchent à apporter sur ce fil. Si les enjeux politiques autour de la poésie, et les enjeux poétiques autour du politique au sens très large ne vous intéressent pas, je vous en prie, passez votre chemin, allez ouvrir vos fils de discussion spécifiques à vos intérêts. Sinon les textes, expériences, témoignages, théories se situant à la rencontre de ces champs (poétiqueXpolitique) sont les bienvenues, quels qu'ils soient |
| | Nombre de messages : 3776 Âge : 26 Date d'inscription : 15/11/2015 | Noxer / Au nom de l'Abeille – Et du Papillon – Et de la Brise – Amen ! Lun 5 Juin 2023 - 23:56 | |
| Il fait franchement pas rêver ton sortilège poétique, m'enfin il est pratique pour brasser l'air... - Citation :
- Plus généralement, je pense au contraire que la rencontre de la conscience politique avec la sensibilité poétique a toujours été marginale, et pourrait bien se développer. En effet, la poésie, et ce qu'on en retient dans le temps, a été très majoritairement un fait de classe dominante lettrée, ou de tradition orale. On ne peut pas s'attendre à une critique de l'ordre sociale, et une contestation politique, de la part de ceux qui ont intérêt à sa perpétuation et qui la pensent comme « naturelle » ou légitime. Ce n'est qu'avec l'essort de la pensée critique, de la conscience de classe, ou alors à la marge de la poésie qu'on peut observer ses orientation ou implications politiques.
C'est quand même un raccourci très rapide d'associer une poésie non contestataire au fait que leurs auteur.ice.s soient majoritairement partisan.e.s de l'ordre établi mdr. Dur d'ôter ses lunettes marxistes contemporaines de temps en temps non ? - Citation :
- Voilà j'espère de quoi recentrer le sujet qui s'est égaré dans une discussion de profs/éducateurs à propos de l'enseignement de la "poésie" scolaire chez "les jeunes", ce qui est certainement très intéressant mais pas du tout l'objet de ce fil...
Je posterai ma réponse aux autres plus tard, pour finir sur les textes ci-dessus, sur le fond du sujet, et au risque d'alimenter ici la confusion qu'ils cherchent à apporter sur ce fil. Si les enjeux politiques autour de la poésie, et les enjeux poétiques autour du politique au sens très large ne vous intéressent pas, je vous en prie, passez votre chemin, allez ouvrir vos fils de discussion spécifiques à vos intérêts. C'est super une discussion avec nuage rouge, si les gens répondent pas comme il veut, iels ont qu'a dégager ! À part ça non tu n'écrases rien... enfin bon... ta parole est sûrement plus importante à énoncer que les échanges authentiques que les autres gens peuvent avoir. |
| | Nombre de messages : 357 Âge : 34 Localisation : 00.000.00.0 Pensée du jour : « Il n'y a pas une tête lucide entre deux termes d'un choix. Il y a une nature étrange, en détresse de n'être pas les deux. » Date d'inscription : 22/07/2021 | Nuage-Rouge / Tapage au bout de la nuit Mar 6 Juin 2023 - 1:49 | |
| - Au morne cyberpaladin salonnier:
- Citation :
- Il fait franchement pas rêver ton sortilège poétique, m'enfin il est pratique pour brasser l'air...
Mais kasstwa en fait au bout d'un moment si ça te fait pas rêver, si tu n'y vois que de "l'air", j'ai pas besoin de tes états d'âmes gratuits ici, encore une fois personne ne t'oblige à te convertir à la sorcellerie poétique ! - Citation :
- C'est quand même un raccourci très rapide d'associer une poésie non contestataire au fait que leurs auteur.ice.s soient majoritairement partisan.e.s de l'ordre établi mdr. Dur d'ôter ses lunettes marxistes contemporaines de temps en temps non ?
Mais dis moi que tu fais exprès par pitié (ou alors réfléchis un peu plus longtemps et relis moi avant de répondre à chaud), et juste, je me fatiguerai plus à répondre.... J'ai jamais dit que toute poésie non contestataire était un soutien délibéré à l'ordre établi, c'est pas ça mon angle, j'ai dit qu'on peut comprendre la difficulté à trouver des textes à la fois poétiques et politiquement contestataires dans la mesure ou la poésie, en tout cas ce qui nous en parvient, elle est pour une très grosse part issue d'aristocraties lettrées qui n'ont pas d'intérêt ni de conscience politique contestataire de l'ordre social sur lequel elles sont assises. Et que dans ce qu'on pourrait assimiler à de la poésie "traditionnelle", il y a plutôt une tendance à traduire une vision du monde, une cosmologie dans une forme de continuité, de continuation entre le passé et le présent, en tout cas sans chercher une remise en cause des fondements de l'ordre social traditionnel, ni de la pratique. Plutôt au contraire en le soutenant, en transmettant les mythes et valeurs culturelles du groupe. Donc bon, la portée politique contestataire on peut là encore comprendre qu'elle n'émerge pas lourdement dans la "tradition", particulièrement dans des sociétés (peu stratifiées) où la tradition est le principal garant de l'ordre social. Et d'autant plus que cet ordre social n'est pas perçu comme problématique, illégitime, injuste. Pour contester il faut avoir des motivations à la contestation. Et pour avoir des motivations à la contestation il faut une forme de conscience des enjeux politiques qui nous enserrent. - Citation :
- Dur d'ôter ses lunettes marxistes contemporaines de temps en temps non ?
Dur de ne pas comprendre que les lunettes marxistes n'ont pas à s'ôter, qu'elles ajoutent de l'acuité et n'en enlèvent pas, que le regard matérialiste a toujours quelque chose à dire, même si il n'épuise évidement pas tous les discours et le champ des possibles sur un sujet. Malheureusement tu montres, comme toujours, que ta contradiction ne s'appuie que sur des contresens de ce que je propose, prêtant de faux angles morts à mes analyses, avec une fixette en forme de procès d'intention perpétuel sur l'approche matérialiste. Mais en fait tu n'as commenté/apporté aucun texte ni démontré d'aucune manière l'impertinence d'une rencontre entre les champs poétique et politique. Tu ne fais que jeter des accusations stériles pour me disqualifier, avec mon sujet. Maintenant charge à toi de démontrer que l'absence de contestation dans une immense partie du corpus poétique historique n'a pas de rapport avec le fait que les élites lettrées appartiennent dans la plupart des sociétés à la classe dominante, et que cette poésie traduit avant tout ses préoccupations élitaires, apolitiques, antipolitiques, conservatrices voire réactionnaires (il y a un bel exemple dans les poèmes que j'ai proposés). Et donc que l'absence de sujets politiques participe d'un intérêt au maintien de l'ordre social, participe d'une non conscience politique des poètes, voire d'une conscience politique réactionnaire. Ce qui ne signifie pas que la poésie populaire, quand elle existe, soit forcément politique et contestataire, c'est juste pas mon sujet. Et que la contestation poétique provient des poètes et poétesses de la marges, souvent des exclus, des déchus ou des femmes, prenant conscience et intérêt au regard de leur position subalterne ou marginale. Ensuite des colonisés qui reprennent et transforment la tradition poétique. Ce qui ne signifie pas que leur poésie soit forcément politique, mais c'est toujours pas mon sujet. Si tu veux traiter exclusivement de la poésie non politique, apolitique ou anti politique, ouvre un fil pour ça quoi... - Citation :
- C'est super une discussion avec nuage rouge, si les gens répondent pas comme il veut, iels ont qu'a dégager ! À part ça non tu n'écrases rien... enfin bon... ta parole est sûrement plus importante à énoncer que les échanges authentiques que les autres gens peuvent avoir.
tu ne cesseras donc jamais de te victimiser ? tu viens troller ce sujet d'entrée de jeu, tu ne viens absolument rien proposer ni "discuter" de constructif, et tu le sais très bien. Tu te complais dans ton rôle d'opposant déchu, tu viens seulement contester l’existence même du sujet, et le faire dévier avec tes acolytes, tu n'apportes pas de textes, pas de données,
tu viens juste nier la dimension politique de la poésie, la dimension poétique du politique, que je propose d'explorer ici, et toute personne qui souhaite s'associer à cette exploration est la bienvenue, mais toi ce n'est de toute évidence pas ton projet... Tu le revendiques dès ta première ligne ! Alors à quoi bon ? qu’est ce que tu fabriques encore ici ? c'est pas une question de "dégager" les gens mais de comprendre sincèrement quel est ton intérêt pour la question qui est censée nous occuper ici en fait puisque tu la mines.... Sinon y a de la lumière aussi dans d'autres sections il me semble, t'es pas tenu de croiser le fer de ma plume |
| | Nombre de messages : 3776 Âge : 26 Date d'inscription : 15/11/2015 | Noxer / Au nom de l'Abeille – Et du Papillon – Et de la Brise – Amen ! Mar 6 Juin 2023 - 8:39 | |
| Je me balec de ta plume frère, je suis pas tenu de jouer de le jeu rhétorique de ton verbiage digne d'un étudiant de L1 en socio qui découvre pour la première fois un langage et des outils critiques et qui les abat sur tout ce qui bouge. Dès qu'on te dit un truc tu bottes en touche en refaisant toute l'histoire avec des généralités que personne n'a contestées et ensuite tu me demandes d'argumenter ?
Mon intérêt pour la question est réel, mais pas mon intérêt pour "ta" question. Il y a plein de manières de se l'approprier et si tu peux pas supporter une ou deux piques et que tu as besoin de me montrer du doigt en disant que je ne suis pas les règles que monsieur a créé, bah dsl mais t'es pas tout seul ici, si tu as envie que les gens te répondent qu'à toi selon tes règles fais un topic de commentaire sur tes posts jsp. C'est pas ton sujet en fait, ici c'est l'agora, et le sujet et la manière de l'aborder appartient à ses participant.e.s. |
| | Nombre de messages : 2068 Âge : 40 Localisation : Toulouse Date d'inscription : 24/09/2017 | SuperAlice / Adjointe sérénissime à la modération reconnaissante Mar 6 Juin 2023 - 9:13 | |
| Abû an-Nashnâshî an-Nahshalî a écrit: À celle et à celui qui interrogent : « Où vas-tu ? » Je dis : « Qui demande à un poète-brigand où est sa route? » Ses chemins sont la vaste terre Si ses proches sont avares. Pour l'homme la mort vaut mieux que la misère Ou la vie d'un seigneur entre traîtres et haineux. Y a-t-il pour lui rien de pire que de partager Sa couche avec tant de tourments Ou de voir sa nuit se noircir davantage de tant d'échecs ?
Oh je tiens à relever celui-ci !!!
Très joli, j'adore les questions de damnations.
Peut être un peu prétentieux ce que je vais dire, mais ça me fait penser à moi...
Hier j'ai regardé une sorte de cours sur la poésie de Siméon, mince je ne me souviens plus du titre : la poésie sauvera le monde si elle est peut être sauvée.
Le reportage pourrait répondre à toutes tes questions ! Je le trouve plutôt très juste.
Après oui les débats entre poètes, pour moi c'est assez clair, c'est se faire la guerre politique et se faire la guerre c'est un peu tenter de s'enseigner des choses si la guerre n'est pas faite avec des armes réelles. On ne cherche pas à se tuer, on cherche à se faire entendre des choses.
Merci pour le partage des poèmes, tu devrais les mettre dans un topic à la vue de tout le monde ailleurs, l'agora c'est l'enfer, le mal, la partouze générale.
Je suis un bourgeois un New riche un petit Poucet, c'est ça ? Je crève la dalle en Corée, j'ai pas accès à Nietzsche, Liszt c'est l'équivalent de Jul. C'est ça le débat ? Je pensais qu'on allait y amener une profondeur. Trop d'attente lol, on attend depuis longtemps !!!!!! Quoi, que toutes ces armes fictives tirent pour se faire déglinguer. Pourquoi ? C'est si dur de se faire une idée seul.e ?
Plus personne pense seul.e dans sa tête ? Si non, le débat c'est du m'as tu vu.
Donc oui pédagogie bienveillance et ça c'est pas donné à tout le monde ! Désolée d'être pas très douée. |
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