Je vais reprendre la conversation au stade où on expliquait tous qu'un jour on s'est senti comme des ratés et que c'est passé

A 18 ans mon rêve c'était de publier un livre, par contre j'étais incapable de finir un roman. Arrivée à 20 000 mots je voyais bien que ça ne tenait pas la route, que le scénario tombait en ruines, que je savais pas trop où ça allait... j'ai accumulé les projets sans lendemain, et à chaque fois ça accentuait l'impression que je n'arriverai jamais à finir. J'ai la phrase d'une copine qui est restée longtemps dans ma tête : "de toute façon quand je te lis, je sais que tu ne finiras jamais..."
Bon au final je ne sais pas ce qui a fait que j'ai réussi à finir le premier. J'ai commencé à travailler, puis petit à petit à avoir des retours (je postais ma fanfic sur un gros site). A un moment j'ai compris que j'avais déjà écrit 50k et que j'étais capable d'en écrire plus. Jusqu'à faire un plan pour la première fois de ma vie, et finir le gros morceau à 150k !

Après ça, mon écriture s'est débloquée.

Déjà, j'avais fini une fois : donc je savais que je pourrais le refaire, que j'en étais capable.

Ensuite, j'avais fini après avoir laissé "tomber" le texte pendant presque un an avant de le reprendre. Donc je sais que si j'arrête d'écrire un texte, rien n'est fini, et qu'une pause de quelques mois n'est plus un échec.

Désormais forte de ça j'ai recommencé à écrire en français dans l'espoir d'être éditée. J'ai fini mon premier roman en français, je l'ai relu, j'ai trouvé ça bien (mais genre bien-bof-bien), j'ai décidé que ça valait le coup de faire une v2 pour me dire : je l'ai poussé autant que je le pouvais. Donc j'ai fait ça, et je l'ai envoyé à des éditeurs. Je pense que si on m'avait dit : il n'est pas assez bon, j'aurai fait une v3 pour le pousser encore plus loin. Juste pour voir. Mais là il a trouvé, et joliment trouvé

Là je viens de finir le premier jet de mon deuxième roman. Qui a décidé de vivre sa vie et est devenu le tome 1 d'une trilogie de 100 000 mots par tome. Mais boarf, hein, j'ai finis à 150k, j'ai fini et corrigé et édité mon roman en français, faut juste refaire ça trois fois et ça ira.

Conclusion : Il y a dix ans, j'étais persuadée que je n'y arriverais jamais, que je n'avais pas les qualités réussir et que j'étais nulle. Et aujourd'hui le rêve est en train de se réaliser. Ce ne sera pas forcément facile mais, eh, je suis passée de nullos qui finit rien à autrice éditée, alors je me dis que j'ai encore de la marge de progression et que je relèverai les défis (mais d'abord je me roulerai en boule en chouinant que je suis une victime, évidemment, faire le drama c'est important).

Tu vis un très mauvais moment mais il passera, et chaque roman échoué reste une étape dont on peut tirer des leçons (dans mon cas : fais ton plan de scénar avant d'écrire sinon ça va foirer).

Après des premiers envois qui n'ont pas abouti, je suis en train de réécrire entièrement mon texte. Je crois que j'aurai beaucoup de mal à passer à un autre écrit si celui-ci n'aboutit pas, parce que les thèmes que j'y aborde me tiennent à cœur et surtout parce que ce texte est issu de mon besoin de témoigner de la vie de personnes que j'ai accompagnées, même si je le fais de manière romancée. Au cours de ce projet, j'ai certes découvert comme un bonus, le plaisir de l'écriture en elle même, mais malgré tout mon besoin d'écrire reste pour l'instant lié à ce que je veux transmettre.

Chimère a écrit:

Je doute que vous les démarchiez sur le principe de "t'es mon partenaire / mon ami.e, donc tu es obligé.e de me lire".

J'ai dit à Mr Hilna "si tu ne lis pas, ce n'est pas la peine qu'on reste ensemble"
On est d'accord, le chantage affectif, ça ne compte pas comme une obligation ?

Spoiler:

Nadov a écrit:

Et là, je me retrouve à avoir l'impression d'avoir gâché 6 ans de ma vie.

Impossible. On ne peut pas gâcher quelques années de sa vie en ayant écrit.

On passe tous par une phase de doute. Le moment où on se dit qu'on n'y arrivera jamais, que tout ce qu'on écrit est nul, et que si on n'y arrive pas c'est qu'on n'est qu'une sous-merde, qu'on perd son temps et que tout ça pour rien.

La seule question que tu dois te poser, c'est de savoir si tu as aimé le temps que tu as passé sur ce projet. Si tu as aimé, eh bien ! commences-en un autre, reprends celui-là pour le corriger de fond en comble, fais appel à des bêta-lecteurs inconnus pour avoir un avis.
Si tu as aimé, tu as passé 6 ans à te faire plaisir, et pour moi, ça n'est pas du temps gâché.

Je ne vais même pas envisager que tu n'as pas aimé. Tu y as passé 6 ans, ça dépasse largement ce qu'un adulte moyen peut endurer sur un passe-temps qui ne lui plait pas.

Ben ça peut s’appeler de l’obsession ou de l’obstination ? Je ne crois pas que tous les auteurs prennent systématiquement du plaisir à toutes les étapes d’un manuscrit, en plus j’imagine que certains aiment écrire mais pas retravailler ? D’autres aiment retravailler mais pas faire de plans, d’autres aiment concevoir un univers mais moins écrire en soit … En plus en vrai sur un manuscrit comme mentionné ici en 6 ans, il y a énormément d’étapes comme la correction orthographique, pas toujours super excitant, et puis relire littéralement 65 fois son manuscrit en entier … Je ne sais pas si on peut dire qu’on y prend du plaisir tout le temps non plus ? En gros, c’est un travail, et on connaît tous ici j’imagine l’origine du mot travail

Nadov a écrit:

ce qui m'a fait beaucoup de bien !

Bin voilà, c'est le principal !

La satisfaction que tu as tiré de l'écriture de ton histoire est quelque chose à chérir.
J'ai aussi eu peu de retour de mon entourage quant à mon livre mais je continue de chercher des bêta lecteurs, tout le monde n'a pas la même sensibilité.

Je me vois mal faire relire mon roman par mon entourage ou mes parents.  

Mais si j'avais un ami bon lecteur, alors peut-être que je le ferais.

Solliciter l'avis de gens qui ne sont pas dans la lecture n'a que peu d'intérêt à mon avis.