Voilà une question qui me turlupine.

Par orpheline, j’entends celle qui n’a pas trouvé preneur auprès d’une ME, sacrifiée sur l’autel impitoyable d’un comité de lecture insensible à votre plume.

L'avez-vous reléguée dans les tréfonds du disque dur de votre ordinateur, où elle prend la poussière numérique, oubliée, transformée en relique obsolète, vouée à devenir le papyrus historique des futurs archéologues aliens qui coloniseront notre planète dans un lointain futur ?

Lui avez-vous donné une nouvelle vie en l'autopubliant avec l’espoir que l’amer échec devienne une bouffée de gloire évanescente et ce malgré la complexité mythique de l'aventure ?

Ou alors l'avez-vous offerte en libre accès sur une plateforme quelconque afin que chacun/chacune puisse en extraire la substantifique moelle ?

J'ai la chance ne pas avoir d'oeuvre orpheline... 100% de mes manuscrits ont été édités jusqu'à maintenant.

Sauf le dernier, qui n'a que 6 mois, donc pas encore orphelin.

Pour celui-là, s'il ne trouve pas preneur, il ira dans mon ordi jusqu'à nouvel ordre (par exemple, ma fortune est faite, je suis prix Goncourt, et tous les éditeurs se battent pour éditer mes vieux machins, réjouissez-vous mes braves, j'ai justement un manuscrit inédit.".)
Pas de projets d'autoédition pour moi.

Respect… .

J'ai un roman non publié, mais il ne me donne pas satisfaction. Je ne vais donc pas aller chercher un micro-éditeur, pas plus que je ne vais l'auto-publier. Au fond d'un tiroir, voilà sa place aujourd'hui.

Si je ne trouve pas d'éditeur pour mon deuxième roman (ce qui est malheureusement fort probable), ma stratégie sera différente. Je suis persuadé que ce manuscrit a de vraies qualités, alors je vais le garder de côté et peut-être le retravailler un peu. Les pistes d'amélioration ne sont pas nombreuses, mais elles existent. En parallèle je vais entamer la rédaction d'un nouveau roman, qui lui sera peut-être publié, ce qui me permettra de présenter à nouveau celui que je viens de terminer.

Je viens de mettre le point final à mon premier bébé. J'en suis toute émue.
Je m'attaque donc aux corrections. Ensuite, si personne n'en veux (je ne me fais pas trop d'illusions) je pense l'auto-publier, en espérant surtout qu'il soit lu, et avoir des retours.
Le garder caché, c'est dommage.

Plutôt des nouvelles orphelines pour l'instant, que je ressors de temps en temps pour un AT. J'en ai recyclé une (pas bien folichonne) récemment en petit roman pour enfants (alors que la première idée était plus dark) qui ira cette année affronter les éditeurs.
Comme Elopez, j'attends que des éditeurs viennent se battre, un jour quand je serai un auteur à la mode, pour sortir la moindre histoire que j'aurais écrite dans un grand recueil déjà culte avant sa sortie. On a de l'imagination, ici...
Sinon, pas vraiment des orphelines, mais plutôt des embryons qui baignent dans leur bouillon de vie, sur des rangées d'étagères dans un hangar louche (envoyez le générique de X-Files), attendant que je ré-enclenche la mitose cellulaire.

En moyenne, un de mes romans sur deux ne trouve pas d'éditeur (sans compter les nouvelles, où le ratio est encore plus déprimant ).

Je suis à trois romans orphelins, trois édités et un en lecture dans les maisons d'édition !

Après il faut dire que j'ai tendance à ne pas (plus) cibler les ME trop petites, sans diffuseur ou sans équipe cohérente avec ce que j'attends d'un parcours éditorial, je ne saurais donc pas dire si ces trois projets "avortés" auraient trouvé place dans des maisons de moins grande envergure.

De mon côté, presque tous mes romans "refusés" ont resurgi d'une façon ou d'une autre dans un roman édité. Je ne caresse pas l'espoir de les publier un jour (sauf pour l'un d'entre eux, j'avoue ), mais ils ont servi de base pour mes projets suivants. Des noms, des idées, des phrases, des twists sont ressuscités dans un nouvel univers... je glisse parfois des petits hommages que je serai bien sûr la seule à saisir, mais qui font du bien malgré tout. Comme une preuve que les échecs (dans toute leur difficulté, leur douleur, et ce qu'ils impliquent de travail sans aboutissement concret) sont le squelette et la mémoire des succès à venir...

Fred Dee a écrit:

Pj'attends que des éditeurs viennent se battre, un jour quand je serai un auteur à la mode, pour sortir la moindre histoire que j'aurais écrite dans un grand recueil déjà culte avant sa sortie.

Totalement ! Rira bien qui rira le dernier, mouahahahaahah.

Très intéressants ces retours.

Quelqu’un a-t-il déjà envisagé une mise à disposition gratuite de son texte orphelin ?

Mes textes étaient dispos sur des plateformes (AO3, wattpad, scribay) jusqu'à signature des contrats... Quand ils ont été édités, je les en ai retirés.
Donc non, ils ne sont plus dispos depuis.

Je ne connais pas ces plateformes. Cela t'a-t-il donné une visibilité accrue ?

Aucune.

Mais Boiséenoire, une vénérable JE, a été repérée et éditée grâce à Wattpad. Elle avait une commu forte de plusieurs millions de likes je crois.

Ses itinéraires éditoriaux sont ici : https://www.jeunesecrivains.com/t55560-edition-recherche-mes-multiples-publications-en-romance

Bonjour,

J'en ai plusieurs, qui selon leur format ont atterri qui à la poubelle, qui au fond d'un dossier de mon ordinateur, qui au fin fond d'un tiroir inaccessible que je n'ouvre jamais.
Des œuvres trop compliquées à corriger (autant les réécrire de zéro à ce niveau, ça irait plus vite) ou dont le sujet n'était finalement pas si...

Bref, l'impubliable impublié.

C'est comme la question à un pâtissier : que faites-vous de vos gâteaux brûlés ?
ou à un sculpteur : que faites-vous de vos statues décapitées ?

J’ose espérer qu’une œuvre qui n’a pas trouvé preneur auprès d’une ME n’est pas à considérer comme un gâteau brûlé ou une sculpture décapitée mais que l’auteur devrait plutôt se dire que même si elle n’a pas séduit un jury, elle peut séduire un tout autre lectorat, soit par l’auto édition soit par un autre vecteur.

Au delà d’être publié, il me semble que l’intérêt d’écrire est d’être lu, non ?

Y'a eu plein de débats là-dessus...

Sur que faire de nos romans en échec :
https://www.jeunesecrivains.com/t60691-que-faire-de-son-roman-quand-tout-semble-perdu

Sur pourquoi écrire ("pour la beauté de l'art" ? "par orgueil?" "vouloir être lu est-il prétentieux?")
https://www.jeunesecrivains.com/t56534-pourquoi-ecrivez-vous-nom-de-nom

Et aussi ce topic sur le renoncement :
https://www.jeunesecrivains.com/t59748-quand-renoncer-et-faut-il-le-faire

Bref, de quoi apporter de l'eau au moulin de la discussion sur faut-il vouloir tout publier, à tout prix ?