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| Tatouage et droit d'auteur. | |
| | Nombre de messages : 373 Âge : 38 Date d'inscription : 15/12/2021 | Mariolo / Tapage au bout de la nuit Mer 28 Déc 2022 - 20:41 | |
| - Cervidé Grognon a écrit:
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- Citation :
- Calme toi, si tu sais quelque chose dis le, si c'est pour essayer d'être condescendant abstient toi.
C'est exactement ce que j'ai fait. je sais que l'expression ''libre de droit'' n'existe pas en droit français, qu'il vaut mieux demander à l'artiste, et que c'est mal vu de voler le boulot des autres, donc je te l'ai dit. Si cette réponse ne correspond pas à ce que tu attendais et que ça te vexe, là c'est ton problème.
- Citation :
- les dessins que j'ai vu hier, c'était mignon, mais j'ai pas envie d'aller enrichir ou pomper, ou demander quoique ce soit à une artiste qui fait un bullshitjob dans la com' ou le design et qui pompe l'art japonais et néolithiques pour se faire du fric
Alors généralement, dans le top des excuses foireuses pour voler le boulot des autres ''C'est pas si beau ce qu'il fait donc je lui fais un cadeau en le copiant'' et ''de toutes façons, j'peux bien me servir vu qu'il a sûrement plein de thunes'', c'est clairement les plus utilisées.
- Citation :
- On n'a pas besoin de la reconnaissance des " vrais " tatoueur pour faire des tarifs normaux, on a besoin d'une formation qui dure trois jours, d'un local aux normes ( ce que je lui ai fabriqué ) et d'une entreprise pour être déclaré.
Administrativement, oui. Après si tu n'as pas la technique (savoir piquer à la bonne profondeur notamment, histoire que l'encre ne se barre pas à la cica ou que ça soit tellement profond qu'au final ça ressemble plus à de la pyrogravure qu'autre chose) ni l'artistique (parce que bon, tatouer des infinis bancales et tremblotants, ne nous mentons pas, c'est pas transcendant non plus), c'est quand même plus compliqué. Attention, je ne dis pas que ta compagne n'a ni l'un ni l'autre, je ne connais pas son boulot. Mais résumer un tatoueur à la formation d'hygiène, un local et une déclaration, c'est un peu limite. Je peux demander un ISBN pour ma liste de course, c'est pas pour autant que ça méritera le Prix Goncourt.
- Citation :
- Pour ce qui des conventions/concours, si y'a bien un truc qui nous gonfle c'est le monde des tatoueur qui se sentent plus dès qu'ils ont une araignée sur le coin de la tête et un dragon ds le dos, donc c'est pas du tout son ambition.
Euh... lol comme disent les jeunes ? Est-ce que vous connaissez au moins un peu le milieu du tatouage, ou alors vous fréquentez juste des Kevin et des Cindy qui sont hyper content de leur tattoo discret bien posé sur la main ou le cou ?
- Citation :
- Quand à l'art, la distinction entre vol, emprunt et inspiration est parfois bien mince, mais il y aurait clairement de quoi faire un débat très intéressant la dessus, sur le côté droit et argent notamment
Ouep donc c'est bien ce que je disais plus haut : baaah les artistes sont tous des gros riches plein de pognon, donc je peux bien copier leur boulot, c'est pas grave puisqu'ils sont riches.
- Citation :
- Déjà parce que c'est un milieu assez pourri et jaloux ( donc les valeurs, je sais pas s'ils peuvent vraiment s'en orgueillir pour bcp ) et si ma compagne à voulu faire les choses ds les règles avant de dire seulement à des amis proche qu'elle tatouerai gratuitement pour s'entraîner, c'est justement pour éviter les balances qui scrutent les réseaux sociaux pour dénoncer les pratiques des amateurs qui se lancent, et pas par respect des règles ( parce qu'ils ont commencé comme ça eux ), mais peur de la concurrence.
Clairement, tu as la tête farcie de clichés et tu ne connais pas du tout le milieu du tatouage. Les tatoueurs de talent passent généralement beaucoup de temps à dessiner pour s'améliorer, pas à stalker les réseaux sociaux pour se moquer de ceux qui commencent, et ils échangent aussi entre eux pour là encore s'améliorer. De ce que je comprends, ta compagne a l'air de s'être formée seule, et là c'est franchement pas une bonne idée. Que ce soit en technique ou en artistique, avoir l'aide et l'avis d'autres professionnels du milieu est important, ça évite notamment de se retrouver avec des clichés qui ont la vie dure comme par exemple ''c'est normal qu'un tatouage soit en relief''.
- Citation :
- Par contre, j'ai l'impression que y'a une subtilités ou que c'est plus compliqué pour le tatoueur ( d'un point de vue droit ). S'il n'en fait aucune pub et le fait gratos c'est sûr, y'a aucun risque pour lui, s'il le fait payer, y'a l'histoire de réinterprétation d'une œuvre qui devrait jouer en sa faveur, s'il en fait la pub, ça peut être compliqué.
C'est plus compliqué que ça, mais pas sûre que ce forum soit l'endroit opportun pour une longue explication juridique, surtout qu'au final, tu le feras si tu as envie de le faire, donc inutile de perdre son temps à épiloguer. |
| | Nombre de messages : 357 Âge : 34 Localisation : 00.000.00.0 Pensée du jour : « Il n'y a pas une tête lucide entre deux termes d'un choix. Il y a une nature étrange, en détresse de n'être pas les deux. » Date d'inscription : 22/07/2021 | Nuage-Rouge / Tapage au bout de la nuit Mer 28 Déc 2022 - 21:52 | |
| - Citation :
calme toi, si tu sais quelque chose dis le, si c'est pour essayer d'être condescendant abstient toi. J'ai jamais dit que j'allais le faire, ni que ma femme le ferait et encore moins que ça l'intéressait.Je me suis posé la question en voyant le truc, c'est tout. Y'a éventuellement deux oeuvres d'art que j'aimerais un jour me faire tatouer, parce que ces œuvres ont une part extrêmement importante ds ma vie Fonce camarade, ne te préoccupes par de la morale à deux balles des artistes commerçants mesquins. Si toi-même tu as une artiste pirate sous la main, ce serait vraiment triste de ne pas lui permettre d'exercer en toute liberté son art en hommage à des œuvres que tu as dans la peau et dont tu aimerais que l'image transparaisse sur ta peau. Ne t’inquiète pas (je sais que tu ne t’inquiètes pas c'est juste rhétorique ; ), ni l'oeuvre ni l'artiste n'en souffriront. La seule qui souffrira un peu c'est ta peau dit-on, et tu sais mieux. - Citation :
- j'ai pas envie d'aller enrichir ou pomper, ou demander quoique ce soit à une artiste qui fait un bullshitjob dans la com' ou le design et qui pompe l'art japonais et néolithiques pour se faire du fric, et là je dis pas ça du tout pour rester dans le ton que tu a initié, c'est ce que je me suis en quelques secondes.
Tout à fait compréhensible, tu mets le doigt sur la vacuité de la notion de "droit d'auteur" ou "propriété intellectuelle", qui n'est qu'une notion marchande pour une société marchande. Dans un autre sujet cadenassé depuis, j'avais proposé ça à ce propos : - Contre la notion de "droit d'auteur":
En fait ce "droit" ne vise pas tant à "protéger" les œuvres de l'esprit, qu'elles soient artistiques ou scientifiques (car une œuvre de l'esprit n'a pas besoin de protection, elle ne souffre pas elle-même de sa diffusion dans la culture), qu'à en garantir l'usage commercial à celui ou celle qui aura fait la première la démarche de s'en approprier le "droit" justement, qu'il en soit l'auteur, l'inventeur ou non. C'est l'acte d’appropriation qui compte légalement, le dépôt, et pas l'acte d'invention. Les exemples de spoliation de ce droit de cette manière sont nombreux.
Ainsi, à mon avis, on ne peut faire l'économie d'une approche plus large quand on parle du "droit d'auteur" et de la "propriété intellectuelle", si toutefois on cherche à y réfléchir en profondeur, pour les replacer dans le contexte d'une économie capitaliste dans laquelle le droit le plus absolu est celui de la propriété privée lucrative. En dehors de ce contexte, ce droit n'a pas vraiment de sens ni de fondement. De même que la propriété foncière n'a pas le moindre sens dans des sociétés non sédentaires qui ne marchandisent pas la terre.
D'ailleurs ce type de droit qui touche la culture, un phénomène par essence non privatisable, produit des paradoxes actuellement, notamment dans toutes les affaires "d'appropriation culturelle", dans lesquels des communautés cherchent à faire valoir des droits culturels/esthétiques collectifs, face à des marques/artistes qui pillent sans sourciller leur patrimoine culturel pour des fins commerciales. Peut on faire d'un trait culturel comme un motif graphique, le triskel par exemple, une propriété exclusive des nations celtes ? Et soumettre son utilisation au paiement d'un droit à cette "communauté" ? D'un autre côté, est-il acceptable qu'une marque dépose/exploite un motif semblable au triskel en se l'appropriant comme si c'était son invention et pour en tirer profit ?
On voit bien que le problème ne se situe pas tant sur le fait de savoir qui est légitime ou non à tirer profit d'une œuvre de l'esprit, mais plutôt dans l'impasse que constitue le fait de chercher à privatiser une œuvre de l'esprit pour en posséder l'usage (commercial) exclusif.
- Citation :
- Quand à l'art, la distinction entre vol, emprunt et inspiration est parfois bien mince, mais il y aurait clairement de quoi faire un débat très intéressant la dessus, sur le côté droit et argent notamment
exactement - Citation :
- une formation qui dure trois jours, d'un local aux normes ( ce que je lui ai fabriqué ) et d'une entreprise pour être déclaré. Pour ce qui des conventions/concours, si y'a bien un truc qui nous gonfle c'est le monde des tatoueur qui se sentent plus
Force à vous et à votre humble activité - Citation :
- Elle vient de me tatouer une sculpture en bois d'ailleurs, comment on contact un groupe d'artiste mort il y a près de 12000 ans ?
Mdr, les 99 000 ayants droits mon ami, il fallait y penser ! - Citation :
- No offense, mais quant à l'ironie de "est-ce qu'il faut payer un pays ou des artistes morts il y a 12 000 ans", je trouve ça déplacé quand on voit la difficulté à se faire payer correctement et à faire respecter la loi dès qu’on a le malheur de faire de l'art, qui devrait soit disant être gratuit ou payé en visibilité
La loi est faites pour bénéficier avant tout aux tenanciers de l'industrie culturelle. Les "artistes" lambda ont tout intérêt à lutter contre l'idéologie de la propriété intellectuelle et du copyright qui bride leur droit à puiser dans la culture, qui les pousse dans une lutte impossible contre la diffusion naturelle de la culture dans les sociétés humaines. Ce n'est pas un malheur de vouloir faire de l'art, le malheur arrive quand on cherche à s'approprier des pans de la culture à des fins lucratifs et qu'on est obligé de compter sur l'Etat bourgeois pour réprimer la diffusion des contenus. Il y a des artistes qui décident de se faire payer pour une création et advienne que pourra ensuite, ou qui créeent pour le plaisir et qui militent pour que l'art soit libéré de la propriété. C'est pas vraiment le droit d'auteur qui protège les "petits", il protège plutôt ceux qui ont les moyens de faire respecter ce "droit", de détecter les usages jugés illégaux de diffusion au moyen de d'IA etc. Les "artistes" vidéo subissent de plein fouet la tyrannie du droit d'auteur, cipyright, DMCA (c'est même devenu un même) sur la culture de masse (musicale, télé et cinéma). Donc à qui profite le droit d'auteur et la propriété intellectuelle ? Aux petits artistes, à l'art et à la culture, aux populations ? je ne crois pas. Il est un moyen de pression des gros producteurs sur les petits et sur les consommateurs, qui les dépossède de l'usage libre des références culturelles qui n'appartiennent à personne en propre, ou alors il faut garder son "art" et sa "culture" pour soit si on ne veut pas qu'il soit approprié et diffusé par ceux et celles qu'il touche. Hypocrisie de l'artiste commerçant, et surtout de son industrie bourgeoise. - Citation :
- Elle m'a répondu que déjà, merci de demander, et ensuite pour ce genre de demande comme pour les tatouages, elle demande une participation de 20 euros.
Je lui ai donc envoyé 20€, elle m'a envoyé le dessin en haute def, et j'ai fait faire ma coque de téléphone. Les temps sont durs aussi pour les marchands de tapis... - Citation :
- Mais ce parallèle est mauvais, on télécharge un film, on ne le refait pas tout seul entièrement ds son coin pour une utilisation personnelle.
Oui mais peu importe à mon avis, ton idée se tient, ce qui importe ce n'est pas tant le travail de copie (automatisé par téléchargement ou manuel pour le dessin), que le fait de partager une œuvre sans aucunement priver quiconque de la possibilité d'en jouir tout autant. Du point de vue de l'oeuvre et de la culture il n'y a jamais aucun problème moral/légal. Tous les problèmes commencent quand on cherche à privatiser et commercialiser des objets culturels, à fortiori immatériels, dont la diffusion n'a aucun cout économique en soi (le seul cout est celui de la copie matérielle, pas de la diffusion), étant de l'ordre de la connaissance, de l'idée, ou de l'enregistrement reproductible à l'infini. On ne peut pas empêcher une idée de se diffuser ni d'être stockée dans l'esprit de quelqu'un et partagée sans coût, donc le droit bourgeois cherche à empêcher et réprimer les processus matériels qui nuisent au commerce de ces idées, qui rendent leur commerce moins lucratif, qui permettent à une partie des contenus d'échapper au marché. - Citation :
- Reste que oui, la moindre des choses, si on respecte le travail d'un artiste, c'est de demander, mais d'un point du droit, il a pas à demander une rémunération, pas au tatoué en tout cas. Ça serait comme demander des sous à quelqu'un qui reproduit une œuvre pour exposer ds son salon.
Oui, et encore, ça ne va pas de soit de dire qu'il faudrait forcément demander. Je vois pas en quoi le fait de reproduire une œuvre sur un quelconque support pour un usage non marchand sans demander nuit à l’œuvre originale et dépossède son auteur de quoique ce soit. - Citation :
- Et la plupart du temps, y a aucun impact ni pour la personne tatouée, ni pour la personne qui tatoue. Même si le tatouage en question est une version satanique de Nemo.
Là où c’est très mal vu dans le milieu, c’est quand tu piques sans autorisation le dessin d’un•e autre tatoueur ou tatoueuse pour te le faire tatouer. Parfois c’est de bonne foi : le client ou la cliente t’apporte le dessin et veut ça et pas autre chose. Parfois c’est de la copie pure et simple, et c’est pas très éthique. C'est quand même très ironique cette vision à géométrie variable du point de vue même des "artistes/artisans". - Citation :
- voler le boulot des autres
Certains ont dit que c'était la propriété, "le vole", comme je te vois rabâcher tes éléments de langage bourgeois, je me permets cet élan relativiste. - Citation :
- ou alors vous fréquentez juste des Kevin et des Cindy qui sont hyper content de leur tattoo discret bien posé sur la main ou le cou ?
ce mépris de classe - Citation :
- inon je capte pas trop cet espèce de dédain envers certains types de tatouages et certains prénoms, chacun.e fait ce qu'iel veut, tant que ca respecte la loi et les règles d'hygiène.
voilà - Citation :
- Vivement qu'un jour on comprenne que les conventions et concours c'est du gros bullshit
j'imagine, et peu importe le milieu du reste...
En tout cas, le tatouage, ça fait toujours couler beaucoup d'encre.... |
| | Nombre de messages : 423 Âge : 33 Date d'inscription : 24/07/2019 | Fedora / Pour qui sonne Lestat Mer 28 Déc 2022 - 21:55 | |
| HS - Spoiler:
Je n'ai hiérarchisé aucun style de tattoo, et je ne comprends pas où tu as pu lire ça.
Je suis ravie que tu aies pu aller dans des conventions où tu te sois sentie bien, néanmoins ce n'est pas une réalité pour tout le monde, et d'ailleurs ca n'intéresse pas non plus spécialement tout le monde de s'y rendre c'est comme faire de la musique, la route du rock ou les transmusicales, pas un passable obligé ni pour soi ni pour la reconnaissance qu'on souhaite avoir.
Ensuite, tu peux bosser en autodidacte mais ne pas bosser seul.e pour autant. Autodidacte ne veut pas dire seul.e au fond de sa cave avoir un réseau, des personnes en qui tu as confiance et qui acceptent de répondre à des questions sans te prendre de haut, (je recommande d'ailleurs les Collemboles, pour les femmes de pays de la Loire, c'est une super asso qui fait du réseau pour les personnes voulant en faire leur métier, et ce qu'elles m'ont apporté n'a pas de prix. Je recommande aussi le fanzine de Lakermesse), c'est déjà ne pas bosser seule, et se renseigner par soi même sur youtube est quand même pas si absurde que cela. Et soyons réalistes, à moins de trouver un super shop où on accepte de te prendre en apprenti.e sans que tu fasses des choses dégradantes ou pas du tout dans la branche du tattoo, ce qui arrive mais reste quand même assez rare, c'est une des seules solutions que tu puisses avoir pour te lancer, n'en déplaise à certains.
(d'ailleurs on voit ca dans le milieu de l'art globalement et de l'artisanat, céramique, musique, tattoo, bd, tout le monde n'a pas le luxe de pouvoir s'offrir une école ou une formation, ou d'avoir papa maman qui aident ou se sacrifient, et tout le monde ne le souhaite pas forcément, l'académisme reste un point de vue limitant)
Pour ce qui est du cliché du "j'en ai chié tu vas en chier", ce n'est pas du tout d'un autre siècle, et ça aussi on le voit dans d'autres médiums, et ça vient quasiment systématiquement des hommes, les bons vieux gaillards du milieu, c'est vraiment une réalité, j'ai cité le plus connu, je peux en citer encore pleins, et c'est tant mieux si tu n'as pas été confrontée à ça, mais ce n'est pas à nier pour autant.
Et oui heureusement, il y a, hors de ces sentiers battus, une super entraide, parmi tous.tes ces sales scratcheur.euses ! Pas peur de partager ses tips, de se faire piquer ses client.es par d'autres, si tu fais un truc différent, pas de raison d'avoir peur. Même si tu utilises la même machine, les mêmes aiguilles, le même voltage, le même encre, ca changera rien au fait que tout le monde puisse avoir sa place. Et ce discours là, ca reste assez récent et de niche malgré tout. Mais ca se développe !
Et d'ailleurs, autre discours qui se développe, pas besoin de savoir dessiner pour être tatoueur.euse. J'en ai discuté avec une tatoueuse récemment car je complexais beaucoup sur ca, et elle m'a avoué aussi ne pas aimer dessiner ni être de cette branche là à la base. Et en fait, c'est juste une seule manière d'appréhender ça, et d'ailleurs le tattoo à la base c'est pas forcément tourné vers ça.
Je crois aussi qu'on a pas du tout la même vision, le même vécu. Je n'ose imaginer la tête que tu pourrais faire je te disais le nombre de personnes que je connais qui ont commencé avec du matos de merde, sur des canaps, parce qu'en fait pas d'argent pour se payer une formation ou une Cheyenne, ni de légitimité ni de sentiment de place dans le milieu parce qu'on ressemble à rien de ce qui peut être représenté, et que nos corps ne sont pas ceux usuellement tatoués (pas blanches, pas minces, pas valides), ou tatouant (pas des mecs, lol) et qui ont aujourd'hui un gros nom dans le milieu et des agendas complets ... c'est pas la réalité la plus glamour, que de commencer comme ça, mais c'est une réalité, et en vrai, je trouve ca bien moins crado que d'autres options.
je ne répondrai pas à d'autres messages car on s'aventure vraiment dans le HS
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| | Nombre de messages : 2610 Âge : 125 Date d'inscription : 08/04/2019 | Leasaurus Rex / Terrible terreur Mer 28 Déc 2022 - 23:17 | |
| - Nuage-Rouge a écrit:
- C'est quand même très ironique cette vision à géométrie variable du point de vue même des "artistes/artisans".
Je pense qu’il y’a souvent (toujours ?) une géométrie variable, et une ironie qui y est intrinsèquement liée, peut-être encore plus quand tu as toute une profession qui se noie dans un flou juridique et qui est elle-même tiraillée entre deux reconnaissances de son milieu. Les deux plus grands syndicats de tatouage s’écharpent sur cette question sémantique depuis des années : le tatouage, art ou artisanat ? Tu peux ainsi poser la question à pas mal de tatoueurs et de tatoueuses et avoir à chaque fois une réponse et un point de vue différents en fonction des convictions, du vécu, de la manière de vivre dans le milieu du tatouage… Et ça, c’est sans même se pencher sur les décennies précédentes, où les modifications corporelles évoluaient dans l’illégalité (certaines le sont encore aujourd’hui d’ailleurs), dans un milieu underground et « marginal », avec donc une culture et une manière d’envisager la pratique qui bouscule un peu les codes moraux et sociétaux. Mais ce qui était subversif il y a trente ans ne l’est plus autant maintenant, dans un milieu trusté par un certain profil. Je ne sais pas si j’ai correctement compris ton commentaire, ni si mes éléments de réflexion sont pertinents. Il y a tant de choses à dire sur le sujet, et tant d’angles à couvrir, et je ne suis (malheureusement) pas sociologue. |
| | Nombre de messages : 488 Âge : 37 Date d'inscription : 07/06/2022 | Cervidé Grognon / Pour qui sonne Lestat Jeu 29 Déc 2022 - 1:15 | |
| - Nuage-Rouge a écrit:
- Citation :
- voler le boulot des autres
Certains ont dit que c'était la propriété, "le vole", comme je te vois rabâcher tes éléments de langage bourgeois, je me permets cet élan relativiste.
Mes ''éléments de langage bourgeois'' ? Il suffit de te lire, de voir la manière dont tu t'exprimes, et d'aller faire un tour sur ta présentation pour deviner que tu ne viens pas toi-même des classes populaires et défavorisées, donc parler de ''langage bourgeois'' et autre ''mépris de classe'' quand il est évident qu'on vient soi-même d'une classe favorisée, je trouve également ça ironique. Après moi je n'ai pas de souci avec ta philosophie de vie. Je vais donc t'envoyer mon RIB, et j'espère que tu alimenteras mon compte bancaire pour que je puisse moi aussi vivre du boulot des autres !
Fedora - Spoiler:
- Citation :
- Je n'ai hiérarchisé aucun style de tattoo, et je ne comprends pas où tu as pu lire ça.
Tu as dit toi-même ''pas besoin de faire un dessin réaliste ou hyper complexe, pour faire du tattoo'', donc à mes yeux c'est déjà une manière de classer les genres, comme si des tatouages simples c'était ''pour les vrais gens biens'' et les tatouages plus complexes ''pour les mascu qui se la pètent''. - Citation :
- ca n'intéresse pas non plus spécialement tout le monde de s'y rendre
Entièrement d'accord avec toi, sauf que si tu y vas en ayant déjà une idée pré-conçue, c'est sûr que ça risque de bloquer. La première fois que j'y ai été, j'étais extrêmement angoissée parce qu'en temps que femme handi, j'avais bien conscience de ne pas du tout coller au canon de beauté de la Suicid Girl, et j'ai été très agréablement surprise de voir que dans ce milieu, tout le monde s'en tape de mon handicap. - Citation :
- des personnes en qui tu as confiance et qui acceptent de répondre à des questions sans te prendre de haut
Sauf que la notoriété n'empêche pas un tatoueur de répondre et d'expliquer. Même moi en tant que simple cliente avec ses questions bête, j'ai toujours obtenu des réponses voire même des réponses très détaillées quelque fois. Je ne sais pas si tu fréquentes les forums de tatouage, mais il n'est pas rare que les gens rapportent le même genre d'expérience, donc je me dis que je ne suis pas non plus un bisounours ayant l'incroyable chance de ne tomber que sur des tatoueurs sympas. - Citation :
- se renseigner par soi même sur youtube est quand même pas si absurde que cela
Je n'ai pas dit que c'était absurde, simplement qu'une vidéo youtube peut expliquer la technique, mais en aucun cas te corriger si tu fais des erreurs. - Citation :
- à moins de trouver un super shop où on accepte de te prendre en apprenti.e sans que tu fasses des choses dégradantes
Généralement chaque fois que j'entends les gens se plaindre de ''choses dégradantes'', c'est parce que c'est souvent les apprentis qui passent le balais et préparent le matos avant tatouage. Passant le balais chez moi, je n'estime pas que c'est dégradant, mais tu pensais peut-être à d'autres situations plus gênantes ? - Citation :
- Pour ce qui est du cliché du "j'en ai chié tu vas en chier", ce n'est pas du tout d'un autre siècle
C'est peut-être moi qui ne comprend pas ton propos, mais bien sûr que tu vas en chier. Tout le monde va en chier. Alors certes, les gens qui disposent de piston (peu importe le milieu) vont être favorisés, mais je pense qu'il faut être clair : la majorité des gens en chient, bossent, suent et s'accrochent. Il faut arrêter de penser que les gens qui réussissent à atteindre leurs objectifs sont forcément des gros bourgeois de sexe masculin. - Citation :
- Même si tu utilises la même machine, les mêmes aiguilles, le même voltage, le même encre, ca changera rien au fait que tout le monde puisse avoir sa place. Et ce discours là, ca reste assez récent et de niche malgré tout. Mais ca se développe !
Personnellement c'est une philosophie que je croises depuis un paquet d'années, donc je ne trouve pas que ce soit récent ou de niche. Quant au fait que tout le monde puisse avoir sa place malgré le même matos, c'est là aussi évident : quelqu'un qui veut un Néo Trad ne va pas se diriger vers un spé du chicanos, donc tout l'intérêt réside justement dans le fait de développer son style, sa ''patte''. - Citation :
- Et d'ailleurs, autre discours qui se développe, pas besoin de savoir dessiner pour être tatoueur.euse.
Quand tu dis ça, je pense directement à des résultats de ce genre : Après sans partir dans cet extrême, j'ai du mal à voir comment savoir dessiner sur un corps quand on ne sait pas dessiner du tout. Mais je ne demande qu'à changer d'avis si tu me montres des exemples. - Citation :
- Je n'ose imaginer la tête que tu pourrais faire je te disais le nombre de personnes que je connais qui ont commencé avec du matos de merde, sur des canaps
Entièrement d'accord avec toi : énormément de tatoueurs portent des tatouages fait dans des conditions déplorables, et en ont eux-même fait. Sauf qu'ils te disent rarement ''j'ai fait de la merde dans ma jeunesse, donc fonce et fait comme moi !'' Après d'une manière générale, j'avoue que ton message me ''gêne'' un peu, parce que je trouve que tu proposes une vision hyper glauque du tatouage, avec des conventions peuplées de ''mascu'' qui n'attendraient qu'une minute d'inattention pour violer chaque femme passant à proximité, un milieu où les tatoueurs connus n'auraient pas d'autre mérite que leur pognon là où de pauvres tatoueurs sans le sous seraient condamnés à scratcher héroïquement avec des étoiles plein les yeux. Alors certes, je grossis le trait, mais je trouve (et c'est un avis personnel), que tu noircis beaucoup le tableau. Autre chose qui ne gêne, cette phrase : - Citation :
- parce qu'on ressemble à rien de ce qui peut être représenté, et que nos corps ne sont pas ceux usuellement tatoués (pas blanches, pas minces, pas valides)
Là honnêtement, ça me choque carrément, parce que le milieu de la bodmod est clairement le plus handi-friendly que je connaisse. Pour s'en assurer, il suffit juste de regarder le nombre de personne qui après une épreuve (amputation, handicap, cicatrice post-op...) se font tatouer pour se réapproprier leur corps. Les chest après mastectomie sont une aide précieuse pour beaucoup de femmes. Clairement, les tatoueurs font un boulot formidable de ce point de vue-là, alors dire que ce milieu serait handiphobe ou grossophobe, je trouve ça faux et violent. Enfin, dernier point pour ma part : tu me tiendrais ce discours pour n'importe quelle autre forme d'art/artisanat, je serais d'accord avec toi. Mais le souci du tatouage et de la bodmod d'une manière générale, c'est que ça touche au corps de la personne, donc si tu te foires, c'est le tatoué/bodmodé qui va devoir en supporter les conséquences jusqu'à la fin de sa vie. Je ne te juge pas toi, je ne connais pas du tout ton boulot. Mais il suffit de se trimballer dans la rue pour croiser des tatouages mal faits (du genre les tatouages bijoux avec des cœurs tremblotants, des cristaux pas réguliers, des perles pas rondes, des tracés qui bavent...) ou pire : des tatouages littéralement gravés dans la peau (parce que non, faire d'énormes croutes, des coulées de pus ou avoir un tatouage en relief, ce n'est pas normal), ou des piercings mal faits qui vont rejeter (l'arcade en tête) ou causer des dégâts (tous ceux qui se trouvent dans la bouche et vont niquer l'émail des dents ou provoquer des retraits de gencives). Et puisque la mode ne se cantonne plus aux tatouages et piercings, on voit même débarquer des bodmodeurs du dimanche qui pratique des tongsplit à l'arrache. Clairement pour moi, le fait que ça puisse affecter physiquement une personne, c'est un gros red flag. A moins que le tatoueur/bodmodeur déclare ouvertement ''je sais pas trop ce que je fais, j'ai pas trop la technique, et j'ai du matos acheté en Chine, alors on le fait quand même ?'' Dans ce cas-là, libre à la personne d'accepter et de prendre le risque, chacun son corps. Mais lorsque je vois des gens affolés débarquer avec un truc foiré, ils étaient rarement au courant des dessous de la séance.
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| | Nombre de messages : 423 Âge : 33 Date d'inscription : 24/07/2019 | Fedora / Pour qui sonne Lestat Jeu 29 Déc 2022 - 3:56 | |
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Oui tu grossis le trait. Et ne lis que ce que tu veux lire dans ce que je dis. Que mon message te gêne, je n’en suis pas vraiment navrée car je maintiens mes propos, aussi « choquants » puissent ils être à tes yeux. Je ne livre pas une vision glauque du tattoo mais ma vision, assez nuancée si tu lis bien. J’apporte quand même un grand point d’honneur à dire que pleins de choses bougent et que c’est super. Mais non le milieu du tattoo, est à l’heure actuelle problématique sur bien des choses, hostile a bien du monde. Et pas qu’en tant que cliente uniquement. Je te parle du fait d’exercer. Et ce n’est pas parce que ça bouge ces dernières années que c’est le cas partout. Ce que je rapporte là, ce sont des discussions avec des dizaines et des dizaines de personnes concernées dans le métier. Libre à toi d'en faire ce que tu veux. Je continuerai en mp à l’avenir si tu as besoin d’éclaircir des points.
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| | Nombre de messages : 373 Âge : 38 Date d'inscription : 15/12/2021 | Mariolo / Tapage au bout de la nuit Jeu 29 Déc 2022 - 21:50 | |
| Vu que la question a été vite répondu, les digression sont les bienvenus. C'est très intéressant tout ça. Je rejoins totalement nuage rouge sur un point de vue libertaire de l'art et donc du tatouage ( et comme tout les points de vue libertaire, il est a replacer dans une réflexion globale révolutionnaire, ds le sens projet de société radicalement différent, c'est ce qui rend parfois cette façon de voir les choses difficiles à faire comprendre ). Merci Fedora pour le nom de l'association. Et c'est vrai qu'il y a un paradoxe entre des tatoueur ( appelez les artisans ou artistes, pour moi la distinction n'est pas là) qui n'hésitent pas à tatouer des créations qui ne sont pas d'eux tout azimut, et c'est tout à fait normal, et ces mêmes tatoueurs qui proscrivent les copiages mutuels. Et aussi bizarre que ça puisse paraître, je trouve ça humain et normal aussi. On peut piller dans l'art voisin, mais pas de le voisin de l'art. Et je crois que ça a était dit, mais c'était aussi le fond de ma remarque sur les tatoueur.euses qui se la petent parce qu'ils sont tatoués, mais bcp de gens ne cherchent pas un style ou un artiste en particulier, on cherche quelqu'un qui nous mettent à l'aise, qui soit honnête et pas méprisant parce que l'on s'appelle Kevin ou Jeanne Marie Héloïse, et que l'on veut un petit dauphin ou un tribal pour célébrer la naissance du petit dernier ou la récupération de son permis.
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| | Nombre de messages : 5449 Âge : 57 Localisation : Paris Pensée du jour : Three blinds rabbits. Date d'inscription : 05/11/2017 | Jdoo / Maîtrise en tropes Ven 30 Déc 2022 - 10:06 | |
| Et donc au final, si je me fais tatouer un Mikey sur le bras, est-ce que le tatoueur doit reverser un droit d'auteur à Disney ? Il me semble que oui si j'ai tout compris à la notion de droit d'auteur ? ou est-ce qu'il y a une tolérance sur le fait qu'il y a une visibilité restreinte de l’œuvre reproduite ? |
| | Nombre de messages : 373 Âge : 38 Date d'inscription : 15/12/2021 | Mariolo / Tapage au bout de la nuit Ven 30 Déc 2022 - 11:07 | |
| Seulement si Mickey fait un salut nazi, pour pas dénaturer l'œuvre et l'esprit de l'auteur . |
| | Nombre de messages : 118 Âge : 16 Localisation : Ardèche Date d'inscription : 21/06/2022 | Héléna Snow / Barge de Radetzky Ven 30 Déc 2022 - 15:59 | |
| J'ai appris plein de choses sur ce fil. Merci.^^ Par contre, j'ai pas bien compris pourquoi les propos de Cervidé grognon ont été mal interprétés. Elle est toute gentille et n'a attaqué personne. Vous avez une passion en commun, ça devrait vous rapprocher. Maintenant, il faut faire des bisous de paix. |
| | Nombre de messages : 423 Âge : 33 Date d'inscription : 24/07/2019 | Fedora / Pour qui sonne Lestat Ven 30 Déc 2022 - 23:52 | |
| Ce n'est pas parce que nous aimons une chose similaire que nous en avons la même vision ! Je ne pense pas avoir mal interprété les paroles de Cervidé Grognon me concernant, c'est juste qu'on ne partage pas les mêmes expériences et qu'on en tire des conclusions différentes. |
| | Nombre de messages : 357 Âge : 34 Localisation : 00.000.00.0 Pensée du jour : « Il n'y a pas une tête lucide entre deux termes d'un choix. Il y a une nature étrange, en détresse de n'être pas les deux. » Date d'inscription : 22/07/2021 | Nuage-Rouge / Tapage au bout de la nuit Ven 6 Jan 2023 - 20:21 | |
| - HS réfutation de l'attaque personnelle grossière de Cervidé:
- Citation :
- Mes ''éléments de langage bourgeois'' ?
Il suffit de te lire, de voir la manière dont tu t'exprimes, et d'aller faire un tour sur ta présentation pour deviner que tu ne viens pas toi-même des classes populaires et défavorisées Avant toute chose il faut arrêter avec ce terme de "défavorisé" (encore un élément de langage de la bourgeoisie néolibérale), les classes populaires ne sont pas "défavorisées", elles sont dominées et/ou exploitées par un système politico-économique au profit de classes dominantes (la bourgeoisie). Elles sont privées d'une partie des ressources disponibles dans la société de classes (ressources matérielles/richesses, symboliques/statuts et politiques/pouvoirs). Pour le reste, si tu savais avant de parler mon pauvre... La première chose à faire quand on croise des inconnus sur un forum (et même n'importe où), dont on ne connait a priori aucun élément biographique, c'est de ne pas spéculer sur ce type d'informations au risque de se voir ridiculisé par les faits. Je n'ai vraiment pas à me justifier ni à dévoiler des informations personnelles, une spéculation étant par définition sans fondement mais pour faire un exemple : Si tu as compris ma présentation, puisque tu en parles, tu vois bien que ce langage écrit à travers lequel je m'exprime dans cet espace n'est pas quelque chose qui me vient de ma socialisation primaire, j'ai plutôt eu très tôt du mépris pour les dictées, les jugements orthographiques, pour l'écriture, la lecture et surtout leur pratique, et très peu d'intérêt pour les matières littéraires. J'ai du lire un livre ou deux de toute ma scolarité obligatoire... Après j'ai accédé à l'université un peu par curiosité et par pression sociale, en full découverte, sans aucune idée de mes possibilités de "réussite" grâce à la filière sans doutes la moins "sérieuse" et "scolaire" en apparence, qui s'intéresse aux arts du spectacle et au médium audiovisuel, qui n'est justement pas le langage écrit. Je suis issu d'une famille monoparentale (aucun de mes parents n'a le bac, ils ont fait des formations sur le tard) et j'ai toujours été boursier échelons multiples, vivant dans les cités U les plus abordables, celles où les classes populaires françaises vivent des années dans 9m carré, côtoient les punaises de lit, les cafards et vivent au milieu des étudiants étrangers (souvent l'élite dans leur pays d'origine mais complètement déclassés dans la migration...). J'ai la chance d'avoir eu cette passerelle de l'audiovisuel vers le monde universitaire et d'avoir développé un goût pour l’expression écrite au fil du temps, notamment à travers la poésie et le débat politique. Et ça m'a pris des années de pratique pour ne plus me sentir complètement en insécurité linguistique avec ma propre langue, chose qui ne manque pas de resurgir, comme beaucoup de gens, si on me demande d'écrire à la main sans correcteur orthographique. Il est donc plutôt malvenu de spéculer sur une personne au regard de sa simple expression écrite (ça confine à la divination), surtout sur un forum d'écriture où il y a un biais de sélection du fait même que des personnes qui s'intéressent à l'écriture peuvent se trouver ici en situation de relative "maitrise" non pas du fait de leur origine sociale mais de leur intérêt et de leur pratique assidue en la matière. - Citation :
- donc parler de ''langage bourgeois'' et autre ''mépris de classe'' quand il est évident qu'on vient soi-même d'une classe favorisée, je trouve également ça ironique
Évite donc à l'avenir de prendre certaines apparences pour tes « évidences » fantasmatiques. Et tu peux bien trouver ça ironique puisque c'est totalement à côté de la plaque. Par ailleurs je n'ai pas parlé de « langage bourgeois » mais d' « éléments de langage », qui n'est pas une accusation sur ta personne mais plutôt sur des réflexes de la pensée "bourgeoise" qui, avant de faire référence à une "culture", fait plutôt référence aux intérêts de propriétaire lucratif que cette pensée défend. C'est ce mode de pensée bourgeois qui manifeste plus que tout son aversion à la perte et sa terreur du vol, d'être dépossédé, qui apparaît avec récurrence dans tes propos et que je commente. - Citation :
- Après moi je n'ai pas de souci avec ta philosophie de vie. Je vais donc t'envoyer mon RIB, et j'espère que tu alimenteras mon compte bancaire pour que je puisse moi aussi vivre du boulot des autres !
Tu as bien conscience que ce sont les idées que tu défends qui portent certains à s'approprier/privatiser abusivement des contenus culturels et ainsi à « vivre du boulot des autres » à travers la rente de droits de propriété lucrative, et pas ma vision des choses qui au contraire défend les travailleurs en temps que travailleurs producteurs de biens et services et pas en temps que propriétaires rentiers. Ce n'est pas une « philosophie de vie », c'est une philosophie politique. Envoie toujours ton rib oui, à défaut de paiement il parait que l'espoir fait vivre....
Merci pour ton commentaire Léasaurusrex, j'ignorais que cette question d'ambivalence du travail de tatouage était si importante dans ce milieu. C'est aussi un exemple intéressant concernant les réflexions sur les arts en général je trouve. - Citation :
- Tu peux ainsi poser la question à pas mal de tatoueurs et de tatoueuses et avoir à chaque fois une réponse et un point de vue différents en fonction des convictions, du vécu, de la manière de vivre dans le milieu du tatouage…
Ah oui j'imagine les perspectives - Citation :
- Et ça, c’est sans même se pencher sur les décennies précédentes, où les modifications corporelles évoluaient dans l’illégalité (certaines le sont encore aujourd’hui d’ailleurs), dans un milieu underground et « marginal », avec donc une culture et une manière d’envisager la pratique qui bouscule un peu les codes moraux et sociétaux
Oui je vois, et ça me fait penser qu'il y a aussi avec ces pratiques undergrounds, toutes les pratiques « traditionnelles » du tatouage qui obéissent encore à des représentations et pratiques différentes qui ne sont pas à l'origine celles des arts appliqués et marchands, et qui s'inscrivent dans d'autres ordres symboliques et économiques. - Citation :
- ni si mes éléments de réflexion sont pertinents. Il y a tant de choses à dire sur le sujet, et tant d’angles à couvrir, et je ne suis (malheureusement) pas sociologue
Oui j'imagine, très intéressant, je crois que le tatouage (et les modifications/mutilations corporelles) sont un champ de recherche assez vaste en sciences sociales, et notamment en anthropologie du corps, car on rencontre une grande variété de ces pratiques dans de nombreuses populations humaines, des peintures effaçables aux scarifications en passant par le tatouage, l’arrachement ou le limage de certaines dents, les mutilations génitales ou encore la modification de certaines parties du corps via des bandages et/ou parures. En effet comme tu dis donc, beaucoup de références sur le sujet (en accès libre pas forcément besoin d'être sociologue si ça t'intéresse, la curiosité suffit) Sur journals.openedition Sur Cairn Pas pris le temps de tout lire évidement mais je tombe sur cet ouvrage : Entre l'art et le métier dans quoi on trouve : - L'art de tatouer. Des qualités du travail aux qualifications de l'exécutant a écrit:
- « La dénomination d’« artiste-tatoueur » renvoie, du coup, à des processus de hiérarchisation des professionnels du tatouage, plus qu’elle ne signale des tentatives de déplacement des frontières entre art et non-art. Les tatoueurs font cependant leur maximum pour diffuser cette expression, laquelle manifeste un changement dans les conceptions et les pratiques dominant le tatouage depuis sa redéfinition et sa relocation sociale. L’usage, par la clientèle, de ce même substantif participe à cette entreprise de valorisation sociale et de distinction professionnelle. Or, la plupart du temps, les demandes restent relativement ingrates envers les savoir-faire graphiques des tatoueurs. Le pourcentage de pratiquants éclairés, dont l’engagement dans le tatouage rejoint les enjeux chers aux professionnels, reste trop faible pour offrir des conditions de travail propre à réaliser les aspirations créatives les plus hautes des tatoueurs. Par conséquent, la polyvalence et l’exactitude – l’excellence de ses techniques – priment sur la spécialisation et l’exceptionnalité – la création de motifs inédits dans un style de tatouage en particulier. Les velléités trop affirmées de spécialisation ou de singularité sont vivement condamnées par les tatoueurs. Les motifs qui rejoignent leurs préférences graphiques s’apparentent plutôt à des bonus dans le cadre d’une activité dominée par l’obligation de combler les vœux de sa clientèle, ou alors à des privilèges acquis au terme de nombreuses années d’expérience, éventuellement couronnées par une solide réputation. Ainsi, à défaut d’accéder au statut idéal de l’« artiste-tatoueur », il importe surtout d’être reconnu et de perdurer en tant que « bon professionnel ». Bref, il s’agit de ne pas passer pour un « amateur », c’est-à-dire un prestataire incompétent à offrir un service de qualité en termes relationnels, sanitaires, techniques et, même a minima, graphiques.
19Ces différences dans la qualification des tatoueurs renvoient bel et bien à des variations dans les compétences dont les tatoueurs font preuve dans l’exécution de leur travail. Elles ne président pas pour autant à un véritable processus de segmentation du monde du tatouage avec, d’un côté, les tatoueurs figurant des « artisans ordinaires » et, de l’autre, ceux qui s’apparentent à des « artisans d’art ». Les plus prompts à s’investir dans le dessin ne manifestent nullement l’intention de se départir de leur dépendance marchande au profit de l’exposition ou de la vente de créations librement interprétées, respectivement auprès des galeries et des musées ou des collectionneurs d’un nouveau monde de l’« art mineur ». L’absence de telles structures parallèles renvoie, au fond, les processus de différenciation dans la qualification des professionnels de l’encrage à des écarts de « carrière » plutôt qu’à un processus de subdivision du monde du tatouage. En d’autres termes, l’expérience et, en particulier, la réputation accumulées à travers son parcours permettent progressivement de se détacher d’une dépendance commerciale trop écrasante au profit d’une marge de manœuvre créative grandissante, mais toujours ceinte par une vocation à satisfaire une commande commerciale. Les professionnels souscrivent alors toujours, en dernier lieu, à une conception artisanale du métier, prioritairement guidée par l’impératif d’effectuer correctement leur travail. La distinction entre « travailleur ordinaire » et « travailleur créatif » relève, dans ces circonstances, surtout de la distance réputationnelle qui distingue les professionnels à l’intérieur de leur monde. » L'art de tatouer. Des qualités du travail aux qualifications de l'exécutant
- Citation :
- Je rejoins totalement nuage rouge sur un point de vue libertaire de l'art et donc du tatouage ( et comme tout les points de vue libertaire, il est a replacer dans une réflexion globale révolutionnaire, ds le sens projet de société radicalement différent, c'est ce qui rend parfois cette façon de voir les choses difficiles à faire comprendre ).
Oui c'est vrai, « radicalement différent », et soulignons, pas utopiste, en réfléchissant à partir des conditions matérielles qui président aux rapports sociaux. La révolution se cache dans les détails et pas forcément après un « grand soir ». |
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