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| | Nombre de messages : 157 Âge : 31 Pensée du jour : toujours vers l'avant et qui m'aime me suive houp houp Date d'inscription : 24/05/2014 | Pioupiou / Tycho l'homoncule Ven 7 Oct 2022 - 19:35 | |
| Tentative. - Voyage:
John écrase la pédale. Ça me scotche à mon siège. À l’arrière, mes petites-filles piaillent de joie. Moi aussi, je crie. Je me sens vivante. Ma tête, je la passe à la fenêtre ; et les piaillements redoublent. Le vent me glisse sur le caillou sans rien pour l’y retenir. Alors, j’ouvre la bouche ! Puis la referme — mon bridge. Dans l’air, il y a de la poussière, de l’herbe, du fumier ; et tout ça, et l’émotion, gonflent mes poumons malades. J’en pleurerais. Ç’a été un joli voyage, quand même. Un bien joli voyage.
Dernière édition par Pioupiou le Ven 7 Oct 2022 - 19:44, édité 1 fois |
| | Nombre de messages : 4688 Âge : 34 Pensée du jour : A la recherche du temps à perdre Date d'inscription : 24/04/2008 | Volte / JE's Official GO Ven 7 Oct 2022 - 19:37 | |
| Je zappe Bouquet, mais je suis toujours là ! - Trip:
Il est si près… Elle n’aurait jamais cru cela possible, et pourtant elle le vivait, là, maintenant. Le lion rodait autour d’eux. Il semblait plus blasé qu’autre chose, à vrai dire, une vraie tête de chat finalement, et elle ne se sentait pas réellement en danger. Elle était en sécurité, le verre les protégeait, mais tout de même, c’était quelque chose de le voir tourner comme cela, tranquille de son statut de roi mais subtilement concentré. Alors même qu’elle pensait que l’homme européen avait depuis longtemps oublié sa peur des fauves dans une maîtrise complète de son environnement et de toutes les chaînes alimentaires, lorsqu’il se ramassa et bondit elle poussa un cri et tomba sur les fesses, se cognant le coccyx contre la table basse. Les autres rirent et elle enleva le casque, boudeuse.
Mes écrits Mes nouvelles et les commentaires Le reste Revue de presse : des articles Web sur le monde littéraire Concours d'antinouvelles n°15 : participez jusqu'au 14 décembre ! |
| | Nombre de messages : 220 Âge : 50 Date d'inscription : 12/04/2021 | Aâma / Autostoppeur galactique Sam 8 Oct 2022 - 1:01 | |
| J'suis à la bourre ! - Voyage:
Archéo recherches n° 523 - Planète Terre
— ! Goulb ! Ergr ! — ? Eurt sateq eteq ? — Euice enin eutai do. — Oaua arv snerp. Eite esptec adepo no. Sonzh ete no tnism al eirt nozla. To te ii. **
- Dépliez:
** Traduction
— Goulb ! Regarde ! — Qu'est-ce que tu as trouvé ? — On dirait une ancienne écriture. — Prends, on verra ça au labo. On comprendra peut-être ce qui s'est passé sur cette étoile. Allez, on termine la mission et on rentre chez nous. Ici, c'est mort.
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| | Nombre de messages : 157 Âge : 31 Pensée du jour : toujours vers l'avant et qui m'aime me suive houp houp Date d'inscription : 24/05/2014 | Pioupiou / Tycho l'homoncule Sam 8 Oct 2022 - 4:35 | |
| Inspiration nocturne, bonsoir ! J'ouvre le bal du mot suivant Avertissement ! INTERDIT AUX MINEURS ET AMES SENSIBLES — (type thriller) - Rencontre:
(J'ai retravaillé le texte ce matin !) Blackwood Road — 00:21 A.M.
L'homme s’apprête à fermer le coffre de sa voiture ; mais une voix le fait sursauter : — Ey’ m’sieur, psst, s’cusez moi. Il se tourne vers les ténèbres du parking, sans rien y distinguer de plus qu’une ombre ; celle-ci se met à sourire, et ses dents flottent dans la nuit. — Ouais, ici. En fait, j’ai un souci, plus d’essence dans ma caisse, ni dans ce bidon, vous voyez. L’inconnu s’est avancé assez près des codes pour que l’homme en devine la silhouette : énorme, comme un buffle, et tout aussi noir. L’instinct de l’homme lui hurle de reculer. Mais il se fige, pour ne surtout pas montrer sa peur. Il lui répond : — À River Hill, vous avez une station… — Ouais, coupa l’autre, enfin, c’est à deux heures d’marche. Et il est très tard là, y’a personne par ici, c’est d’jà un miracle de t’avoir croisé, tu comprends… Tu pourrais donner un p’tit coup d’main, non ? Tu pourrais, par exemple, m’y amener. Non ? Hein ? L’homme rassemble ses esprits, tente d’analyser ; est-ce un piège ? Il jette un œil par-dessus l’épaule de l’autre ; il y a bien une voiture à l’arrêt là-bas, phares allumés. L’inconnu s’approche encore, tout près — et l’homme s’empresse de fermer son coffre. — C’est d’a-accord. Je dois aussi faire de l’essence, alors… — Ah, c’est cool. Vas-y, attends, une seconde. Oh ! crie-t-il, les gars, c’est bon, ramenez-vous. Et deux nouvelles ombres émergent de l’obscurité ; deux buffles, massifs comme l’inconnu, qui, quand ils aperçoivent l’homme, se mettent à ricaner. — Le gentil m’sieur va nous conduire. Montez. Un sur le siège passager, deux à l’arrière, et l’homme prend place au volant, démarre le moteur, et s’engage sur la route forestière de Blackwood qu’aucun lampadaire n’illumine. Vingt minutes de trajet. L’homme roule vite, très vite. — Sinon, tu t’appelles comment ? — Ph-philippe… et vous ? — Mellvin. — Moi, c’est Abdul, comme Abdul-Jabbar. — Et moi, Carl. Dans la tête de Philippe, les pensées se bousculent sans ordre ni cohérence. Il sent leurs présences dans son dos, derrière sa nuque ; et l’idée lui vient vite qu’à tout moment, Abdul, ou Carl, pourraient l’étrangler, et qu’il ne pourrait rien y faire. Qu’ils pourraient tirer le frein à main, puis le tabasser à mort, le violer, et qu’il ne pourrait rien y faire. Que cette histoire de panne, sur Blackwood, à une heure pareille, c'est bizarre. Qu’ils ne ressemblent en rien à la police. Mais que lui n’a surtout pas envie de mourir ; et la sueur ruisselle entre ses omoplates. — Eh, Philippe, tu f’sais quoi à Blackwood ? — Pou-pourquoi ? Un jogging, je courrais. — Ah ouais, en pleine nuit, comme ça ? — J’aime courir de nuit. — En portant un jean ? — Mes affaires de sport sont dans le coffre. Mais l’autre a vu le coffre — il sait. Et pourquoi je réponds à ces questions ? pense Philippe. Pas un mot de plus. Personne ne dit plus un mot. Et au terme de ce silence de mort, ils arrivent à la station. Caisses automatiques, 24/7, déserte. Ils sortent tous de la voiture. Philippe s’avance vers une pompe, tire son portefeuille de sa poche — ses mains tremblent —, déverrouille le pistolet et l’insère dans le réservoir. Pas de caméras. Les autres font un drôle de tour du périmètre, vont de pompe en pompe ; et Meline, ou Mellvin, ou Carl, revient vers lui. — Bon, notre carte passe pas, je sais pas… donc tu pourrais remplir mon bidon, là, s’teuplait ? Ils allaient le racketter ? C’est ça le plan ? Mais l'autre avait vu. Comment s'en tirer ? — Bi-bien sûr, tiens le donc, je le remplis. — Attends, tiens. Vingt dollars, dit Mellvin en sortant un billet de sa poche. Même pas de racket ? Ils sont peut-être honnêtes, après tout. Et la panne, c'était peut-être vrai. Alors, juste pas de chance. Philippe presse la gâchette, et le bidon commence à se remplir. — Dépasse pas les vingt dollars, faudrait pas qu’tu paies plus… attends, eh ! stop ! ça va déborder ! putain mec, qu’est-ce que tu fous ! Mellvin n’a pas le temps de comprendre ; ses vêtements aspergés lui collent à la peau, et au contact de la mèche du briquet, il s’embrase comme une torche. Il y a tout de suite une odeur de cramé à gerber, et des hurlements de bête — de quoi faire rappliquer Carl et Abdul, qui hurlent à leur tour devant le spectacle de leur copain en flammes, avant de se retourner vers Philippe, lequel les met en joue, le pistolet de la pompe dans une main, un briquet dans l’autre. — C’é-c’était un accident, un accident ! La cigarette ! Je-je vous jure ! Aidez-le, couvrez-le ! Vite, il va crever ! Mon Dieu ! Dans la panique, Abdul enlève sa veste, la plaque sur Mellvin — qui ne bouge plus, ne beugle plus, et brûle encore — ; c’est son meilleur ami, depuis toujours ; alors il se jette même sur lui, pour l’envelopper tant bien que mal ; et les flammes lui mordent les doigts, les bras, et le visage ; et Carl se rapproche pour l’aider ; et Philippe actionne à nouveau la gâchette, les asperge tous trois ensemble ; et tous hurlent, tous brulent, brulent, brulent. Philippe contemple la scène un moment. Deux-trois minutes, au moins. Jusqu’à n’entendre que le doux ronron des grillons. Pas de caméras, s’assure-t-il une seconde fois. Il ouvre le coffre, comme pour confirmer la nécessité de l’acte — oui, la pelle était trop évidente — l’autre l’avait forcément vu. Quelle soirée ! Quand même, il avait eu sacrément peur. Un mal pour un bien, au fond, ce bûcher improvisé. Ça brouillerait les recherches du corps enterré à Blackwood. Il entre dans sa voiture, met le contact. Presse le bouton de lecture de l’autoradio. Dancing in the Moonlight, King Harvest — son disque préféré.
Dernière édition par Pioupiou le Sam 8 Oct 2022 - 15:45, édité 5 fois |
| | Nombre de messages : 858 Âge : 60 Pensée du jour : 1022 ! Date d'inscription : 25/08/2021 | Le rosier / Double assassiné dans la rue Morgue Sam 8 Oct 2022 - 11:13 | |
| - Match / rencontre:
Habelard et Lola (extrait)
Lola courut sa demi-finale le mercredi soir. L’air ambré se détachait par morceau vers le fond de l’arène. Les premières ombres caressaient l’herbe rase, avant d’être chassées par les projecteurs. La foule scandait son nom. Elle en avait pris la douce habitude. L’atmosphère humide du crépuscule, poisseuse, collait à ses cheveux. Mais la course serait aisée. Les Africaines s’affrontaient dans l’autre demi-finale. Cependant, un certain agacement l’avait prise, quand elle avait su qu’on lui avait donné le huitième couloir. Le départ fut rapide. La lièvre russe ne lâchait rien. Ses couettes blondes sautaient devant Lola, pareil à deux jeunes lapins de garenne qui se seraient égarés sur la pelouse de ce stade immense. Une musique de foire transperça l’air. Les haut-parleurs éructaient le podium de la perche masculine sous des tonnerres d’applaudissement dédiés au vainqueur, français. Lola sentit un certain abandon cent mètres avant l’arrivée. Le public s’intéressait à quelqu’un d’autre ! Elle laissait filer les deux Anglaises, qui avaient pris la place de la Russe. Troisième, cela lui suffisait pour accéder à la finale. Vingt mètres, encore. Elle aperçut trop tard la Chinoise au visage impassible, qui la doublait sur la droite. L’accélération de la dernière foulée ne servit à rien. Le stade s’était tu, soudain. Un silence lourd tombait sur les gradins. Tête basse, Lola quittait la piste, fuyant le regard noir plein de colère d’Agathe-Aglaé qui l’attendait sous le tableau moqueur des résultats. D’un geste plein de rage, elle écarta les journalistes qui lui tendaient des micros inquisiteurs. — Tu n’es pas allée au bout de ton effort, Lola ! lui reprochait Agathe-Aglaé. Il fallait attendre l’arrivée de l’autre course puisqu’il restait deux places pour la finale, attribuées selon les temps. La lutte entre les Kényanes et les Éthiopiennes était intense, si intense que l’une d’elles chuta lourdement sur la piste, ralentissant l’ensemble des concurrentes. Lola était qualifiée. Mais Agathe-Aglaé la sermonnait encore, tard dans la nuit, dans leur chambre d’hôtel, devant un thé glacé. Non, je suis désolée de te le dire, mais tu ne mérites pas ta finale ! Non, tu ne la mérites pas ! Le lendemain, à l’échauffement, sous le soleil rieur de l’été, tout était oublié.
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| | Nombre de messages : 655 Âge : 41 Date d'inscription : 04/04/2022 | Fred Dee / Hé ! Makarénine Sam 8 Oct 2022 - 13:36 | |
| J'avais besoin de revenir à quelque chose de concis, comme pour respirer. Jour 8 / - Match / rencontre:
Tu ne représentais rien pour moi avant ce moment, mon éveil, si ce n’est une pulsation lointaine, latente, rendue inconsciente par ton omniprésence. Mon monde paraissait fermé, limité, s’arrêter au peu que je pouvais toucher. Pourtant, dans ma bulle, dans cette grotte chaude où je baigne, de quoi avais-je besoin ? Tu ne représentais pas même une espérance. Encore moins une éventualité. C’est une rencontre et je t’entends prononcer un nom à travers les parois de mon monde. Ce nom qui déjà me définit, car assorti à ton être : maman.
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| | Nombre de messages : 930 Âge : 33 Date d'inscription : 25/04/2020 | Paige_eligia / Bile au trésor Sam 8 Oct 2022 - 22:22 | |
| Allez hop, on repart en mode halloween - Rencontre:
Quelle idée j'ai eu de couper à travers le cimetière, un soir d'halloween. Tout ça pour être à l'heure du couvre-feu à la maison. De la lumière de mon téléphone, j'éclaire les petits cailloux blancs qui jonchent le sol entre les pierres tombales. Les talons de mon déguisement de sorcière glissent. Il a plu.
- Eh ! Toi ! Attends-moi !
Bon sang, cette fille m'a fait la peur de ma vie. Je lui éblouis les yeux de mon téléphone. Elle a une tenue d'écolière à l'américaine, tachée de sang. Sympa le déguisement.
- Je peux traverser le cimetière avec toi ?
- Pas de soucis.
Je fais la fière mais je suis contente d'avoir de la compagnie. Elle me parle de son chat et de sa mère le temps du trajet, relativement court quand on oublie d'avoir peur. Puis, arrivées à la grille, elle stoppe net. Je poursuis sur le trottoir et me retourne vers elle.
- Tu ne viens pas ?
- Non, j'habite ici...
Elle me fait un sourire triste puis sa silhouette se volatilise dans le brouillard.
Déjà une semaine de défi, on lâche rien ! |
| | Nombre de messages : 655 Âge : 41 Date d'inscription : 04/04/2022 | Fred Dee / Hé ! Makarénine Dim 9 Oct 2022 - 0:32 | |
| Celui-là, je le préparais depuis à peu près une semaine. Je préviens, c'est pas du tout public... Jour 9 / - Nid:
Voilà donc comment sont morts ses frères. Thumb, Indy, Maggio… et Ringo n’en doute pas, son tour arrive. Au bord du gouffre, que peut-il faire ? Lutter ? Pour l’honneur ? La famille ? Oui, il va le faire. Même les tripes à l’air, la gueule en sang. Même avec ce bras inerte, cette hémorragie qui lui annonce qu’il ne souffrira pas longtemps. Mais il a peur. Il ne le montrera pas mais à l’intérieur, il pleure pour les vivants. Pour son petit-frère qui reste, qui pourrait bien être le suivant. Derrière lui le vide ; devant, le néant. Il approche. Enfin, il le voit sortir de l’ombre. Il pourra le regarder dans les yeux au moment où… — Non, pas toi ! Effondrement. Il tombe à la renverse. Jusqu’en bas de la falaise, il se répètera ce que chantait son frère : « Il y a deux oiseaux dans le nid et le petit dit : poussez-vous, poussez-vous… »
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| | Nombre de messages : 858 Âge : 60 Pensée du jour : 1022 ! Date d'inscription : 25/08/2021 | Le rosier / Double assassiné dans la rue Morgue Dim 9 Oct 2022 - 10:56 | |
| @Fred Dee pauvre petit pioupiou - Nid:
Rêveries d’un promeneur immobile (extrait)
Chaque minute de ce troisième week-end, je les ai vécues à scruter l’horizon du balcon. Le bleu de l’azur, si pur, si dur, ne donnait aucun signe du retour de Victor et des fillettes.
Alangui d’ennui, je sursautai, quand il vint se poser sur la barre d’appui.
“Pas de képi, aujourd’hui?” “Non, je suis en repos ce dimanche.”
Il y eut de nouveau un long silence.
“Je n’en ai pas l'air, comme ça, mais je suis un cygne sensible, vous savez. Je suis né par hasard dans une famille de canards. Le père était sévère. J’aurai bien aimé danser, dans un ballet. Il n’aimait que le football. La mère était aimante, mais nous étions sept à partager cet amour, dans le stress et les cris. Mes frères s’amusaient à picorer mes plumes, j’étais le souffre-douleur, trop gras, trop gros, trop lourd, trop lent. À l’adolescence, c’était pire encore. Ils ramenaient tous des jolies canettes à la maison, et mon célibat me pesait chaque jour un peu plus. Quand mes frères s’envolèrent pour de bon, je restais près du nid familial, les ailes ballantes, sans trop savoir quoi faire de ma vie. Puis j’ai trouvé cette annonce, garde de la rivière, qui me permet d’obtenir pitance pour moi et mes parents vieillissants, ce n’est pas si mal, après tout.”
Je vis alors une ombre, près de la lune, surgir du crépuscule.
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| | Nombre de messages : 77 Âge : 33 Pensée du jour : Sublimer le quotidien Date d'inscription : 17/08/2022 | Ahlem / Pippin le Bref Dim 9 Oct 2022 - 17:59 | |
| Un petit moment doux pour le mot du jour - Citation :
- Le bruyant pub cracha deux silhouettes sur le trottoir encombré de buveurs. Même dehors, la musique débordait des fenêtres et les corps se pressaient. En dix secondes, les fuyards traversèrent la foule. En cinq minutes coursées, ils traversèrent la ville.
Une clé fébrile joua dans la serrure. La porte s'ouvrit sur le noir d'un petit salon où tapis et rideaux absorbaient les sons. Les éprouvés firent quelques pas les bras ballants.
Silence.
Puis un grand soupir. — On est safe.
Le soulagement libéra les tensions sociales. Les sternums contractés se relâchèrent, la sérénité du lieu nettoya leurs pensées. Lentement, ils se débarrassèrent des manteaux aux odeurs civiles, savourant chaque sensation de paix revenue. Inspirant l'air confortable d'une semi-solitude, les introvertis s'affalèrent dans leur nid. |
| | Nombre de messages : 858 Âge : 60 Pensée du jour : 1022 ! Date d'inscription : 25/08/2021 | Le rosier / Double assassiné dans la rue Morgue Lun 10 Oct 2022 - 10:08 | |
| Très joli Ahlem. Je me suis reconnu dans l'un des fuyards. - Grincheux:
Les grincheux. Je n’ai rien envie d’écrire sur les grincheux. Absolument rien. Ils sont partout. Jeunes ou vieux. Sur les plateaux de télévision. Dans les bulletins de vote. Assis aux tables de nos réunions de famille. Sur les réseaux sociaux.
Stop.
Dernière édition par Le rosier le Lun 10 Oct 2022 - 23:35, édité 1 fois |
| | Nombre de messages : 77 Âge : 33 Pensée du jour : Sublimer le quotidien Date d'inscription : 17/08/2022 | Ahlem / Pippin le Bref Lun 10 Oct 2022 - 16:41 | |
| Le Rosier, heureuse que ça ait résonné pour toi Le mot du jour ne m'inspirait pas, mais ton non-texte m'a rappelé une scénette vécue. - Grincheux:
La France, enfin ! Depuis trois ans sans revenir, je vais retrouver famille et vrais croissants, balades à la sauvage, fromage et batailles de jeux de mots en références culturelles ! Je me sens enthousiaste et nerveuse à la fois.
Dans l'avion, seconde classe sans avoir payé un supplément pour une assise de choix, je me retrouve hélas dans le rang central loin des hublots, au milieu d'un groupe qui n'a pas été placé aux sièges réservés. Ils sont français. Quelle chance y avait-il à tomber sur ces compères, littéralement à l'autre bout de la planète ? C'est mon premier contact avec des compatriotes depuis des mois.
J'écoute discrètement les discussions. La langue maternelle est étrange à mes oreilles, après tant d'années sans plus la pratiquer. J'écoute heureuse les impressions que mon pays d'adoption, la Nouvelle-Zélande, a laissé sur eux. Je suis tentée de me faire connaître. Une discussion ici pourrait s'avérer une douce transition pour l’atterrissage à Lyon accueillie par les frénétiques voix familiales. En français dignes de leur réputation internationale, ils s'attardent sur l'erreur de distribution des places. Râler. Une boutade dans l'hexagone, une vérité perturbante sitôt qu'on prend du recul. J'en souris. Après les places, c'est le retard de décollage qui encaisse leurs critiques. Puis l'inconfort des sièges, la durée du vol et quelques mésaventures de voyage racontées, semble-t-il, une énième fois. Je réalise que ces états d'esprits invitent la fatigue en moi. Ma légèreté s'évapore, la négativité fronce mes sourcils et je n'apprécie plus le moment. Durant ces années sur le sol néo-zélandais, je n'ai pas vécu de telles discussions. Des débats, oui. Des critiques socio-politiques en nombre. Non la râlerie pour le "plaisir" d'être grincheux. Qui dure, sans exagérer, depuis quarante minutes. Et ils sont si excités dans l'alimentation mutuelle de leurs remarques que j'ai peur qu'ils me prennent à parti. Déjà, voilà qu'ils mentionnent cette "pauvre petite au milieu d'eux". Je m'inquiète que ce trait de caractère soit contagieux, car me voilà qui m'exaspère de leur présence.
L'hôtesse de l'air arrive avec la collation de principe. Cela interrompt leurs simagrées, mais j'escompte leur déception sur la pauvreté du snack. Tea or coffee ? Mon accent va me trahir, j'en ai peur. — Tea please, with the cookie. Thanks. No, that's all. Eux répondent en français ; ces mots sont assez transparents pour être compris du staff. Heureusement, ils n'ont pas perçu le côté francophone caché dans mes consonnes et, en vérité, deux remarques révèlent qu'ils n'ont entendu que le typique accent kiwi. Soulagée d'échapper à l'embuscade d'une discussion, j'enfonce mon casque sur mes oreilles en quête d'autres paysages musicaux. Revenir en France, soudain, ne me paraît plus si tentant. Il me semble ironique que, en manque de mon pays maternel, je me fasse pourtant passer pour étrangère.
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| | Nombre de messages : 930 Âge : 33 Date d'inscription : 25/04/2020 | Paige_eligia / Bile au trésor Lun 10 Oct 2022 - 17:14 | |
| J'ai combiné le nid au grincheux, car hier j'ai manqué d'inspiration (et de volonté, surtout) - Nid grincheux:
Nuit étoilée, silence
Invité par la pénombre
Des hiboux hululent
Gare à celui qui s'approchera
Restez à distance, ils veillent
Intrus, vous finirez mal
Nul ne peut s'attendre à
Ce que des pièges élaborés
Heurtent vos pauvres
Esprits si vous touchez
Un cheveu au nid des
Xénophobes
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| | Nombre de messages : 655 Âge : 41 Date d'inscription : 04/04/2022 | Fred Dee / Hé ! Makarénine Lun 10 Oct 2022 - 21:49 | |
| Allez, on se décourage pas, même quand c'est pas gagné, il faut se lancer ! Changement de registre pour celle-là mais toujours pas pour les enfants... 10 / - Grincheux:
— Psst ! Je suis là ! L’ancien local à outils était devenu leur repaire. Déjà avant, pour se retrouver à l’écart des autres. Ils formaient une communauté unie. Tous ces gars, avec chacun leurs qualités, leurs défauts, mais qui créaient ensemble une harmonie de personnalités complémentaires, tous tournés vers un même but : creuser cette mine jusqu’à lui faire cracher son dernier diamant. Mais le vivre-ensemble atteint parfois vite ses limites. Et désormais, ils l’avaient senti l’un comme l’autre, cet espace que plus personne n’utilisait, ils ne sauraient plus s’en passer. Plus encore depuis qu’il y en a un de plus à la maison. Une de plus. — Dépêche-toi de rentrer. J’ai cru que tu n’arriverais jamais. — Ouais, bin, j’étais obligé de garder un œil sur les autres. — Mais qu’est-ce que tu racontes ? T’es pas un vigile, t’es un mineur. — Non mais sérieux, tu les as vu ? De l’intello au débilos, ils sont comme des chiens devant la vitrine du boucher. Qu’est-ce qui leur a pris à la compagnie de nous la coller dans les pattes ? Moi, j’te l’dis, cette viande fraîche, elle est pas blanche comme neige. Elle essaie déjà de leur mettre le slibard en pétard. Mais avec moi, ça prendra pas ! — Bien sûr, et on sait tous les deux pourquoi… Un mouvement dans le noir. Le bruit à peine perceptible d’un vêtement qui touche le sol. —Ha oui, tu crois ? —Oui, elle n’a pas ce qu’il faut où il faut. Alors que moi… — Dis donc… tu es moins timide que d’habitude, toi… — Oh, tais-toi, grincheux, et embrasse-moi.
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| | Nombre de messages : 858 Âge : 60 Pensée du jour : 1022 ! Date d'inscription : 25/08/2021 | Le rosier / Double assassiné dans la rue Morgue Mar 11 Oct 2022 - 10:45 | |
| @ahlem magnifiquement raconté, cette anecdote, et oui, c'est bien reposant de ne pas avoir de français autour de nous @paige magnifique acrostiche ! bravo ! @fred dee : jolie subtilité - Aigle:
Un aigle vivait dans le jardin de mon père. Deux grands solitaires, en somme, qui se retrouvaient chaque soir après leur longue errance du jour, l'un sur les sentiers infinis des Pyrénées, l'autre dans l'immensité du ciel qui surplombait la montagne.
Ils se parlaient peu. Les regards suffisaient.
Chaque fois que je passais les voir, après l'effusion initiale, je me sentais vite de trop, inutile, au milieu du silence des êtres et des lieux. Alors, je repartais, jurant d'offrir une meilleure figure la fois d'après.
Un jour de grand vent, mon père mourut.
Je n'ai jamais pu revoir cet aigle.
Il ne restait que son perchoir, une grande croix grise dans le jardin de mon père.
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