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| | Nombre de messages : 77 Âge : 33 Pensée du jour : Sublimer le quotidien Date d'inscription : 17/08/2022 | Ahlem / Pippin le Bref Lun 3 Oct 2022 - 13:13 | |
| Et voilà une chauve-souris. Je ferais plus court ensuite - Citation :
- La torche avait cramé son bois, il n'y avait plus rien à voir. Quand une lampe bringuebala dans le couloir, les visages sales se tournèrent sur la lueur en luciole. La grille grinça, deux nouveau furent poussés chez la marmaille. Puis la lampe s'attarda sur une torche neuve, qui vint brusquement illuminer les bouilles des cachots.
— Eeh c'est la Souris ! Quelques vauriens bondirent sur leurs pieds pour taquiner la solitaire. — Tu t'es pas pressée ! Pensais qu'c'était chez toi pourtant, j'ai cru t'louper. — T'as rongé quoi cette fois ? — D'la mort-aux-rats ? La jeunette ne bougeait pas de la dalle où elle avait atterri. Elle entendait sans écouter, et examinait les deux murs, les deux grilles, les occupants, comme on s'intrigue d'une pièce connue dont les meubles ont été déplacés. Ses yeux noirs et ses dents en avant brillaient dans la lumière de torche. — On va encore ronger not' frein, comme d'hab elle couin'ra rien. Mais la Souris n'était pas arrivée seule. L'autre gosse abandonna les grilles pour rejoindre le lot de ses pairs. — Elle a volé dans l'groupe de Moustique, déclara-t-il. — Moustique ? Warf le régal ! Elle va avoir un bataillon aux trousses ! Un choc sonore les fit violemment sursauter. De l'autre côté de la seconde grille, un homme venait de balancer sa prothèse ferrée contre les barreaux. — C'est pas fini ? On dort ! Vous voulez que... Un raclement interrompit la menace. Un bruissement suivi, et des murmures d'éveils. Les gosses virent une massive silhouette se lever parmi les grands cul-pris. — Chiure, vous avez réveillé Chauve... La silhouette avança vers la grille d'un pas sourd, son gabarit grossissant davantage à chaque pas. — Eh, il va écraser Narco ! OH l'narcoleptique ! Près de la grille, le gus étalé sur les dalles réagit juste à temps pour pousser ses guibolles hors du passage.
Souris approcha la cloison ferrée, frontière entre vauriens du premier âge et truands du second. L'homme s'arrêta de l'autre côté. La lumière rouge vacilla sur son crane lisse et ses joues rondes. Il était gros, de cette corpulence qui cache autant de muscles que de mal-être. Ses yeux noirs se crochèrent à ceux de la jeunette. Tous deux avaient entendu parler de l'autre. Tous deux avaient attendu l'occasion, et avaient serrés en eux l'espoir d'un compagnonage exorcisant leur solitude et l'incompréhension. La pogne de l'homme avala un barreau. La menotte de la mioche vint accrocher un doigt aussi épais que trois des siens. Les gamins revinrent de leur surprise. Les silhouettes adultes se levèrent. Une seule voix murmura dans le silence. — V'là que les kleptomanes font accointance. Les deux solitaires se regardaient. Dans le reflet de leurs vices, Souris chavira et Chauve sourit. |
| | Nombre de messages : 412 Âge : 46 Localisation : Besançon Pensée du jour : Correcteur pro Date d'inscription : 24/07/2020 | Spangle / Pour qui sonne Lestat Lun 3 Oct 2022 - 13:22 | |
| - Citation :
Chauve-souris
Le générique retentit dans l’appartement : tin-nin-nin-nin-nin-nin-nin-hm-Batman ! Gary était encore assis par terre, juste devant l’écran. Marie le releva mais décida de ne pas intervenir. C’était déjà la guerre entre eux pour les devoirs, pour éteindre la lumière le soir, pour lui faire manger des légumes verts, pour les jouets qu’il réclamait au supermarché… ça suffisait comme ça, elle avait le droit de laisser couler certaines choses pour avoir un peu de tranquillité. Surtout que le faire se rasseoir sur le canapé ne tenait que quelques minutes et qu’il fallait sans cesse revenir à la charge. C’était trop. Vraiment trop. — Tu m’uses ! Lui avait-elle lâché quelques jours plus tôt. Tu m’uses et à ce rythme tu n’auras bientôt plus de maman, juste une loque qui te laissera faire tout ce que tu veux, bousiller ta santé, ton avenir, nous ruiner dès le début du mois… Il n’avait pas compris, bien sûr il n’avait que six ans, et très vite elle avait regretté ses paroles. — Mais non mon chéri, ne t’inquiète pas. Je serai toujours ta maman, je serai toujours là. Mais s’il te plaît pourrais-tu obéir un peu mieux ? Je suis fatiguée, c’est dur tu sais. Je dois travailler, tout faire dans la maison… et j’aimerais bien qu’on passe plus de moments sympa, ou même simplement tranquilles. Tu veux bien faire un effort ? Il n’avait rien répondu, choqué de voir sa mère au bord des larmes. Elle s’était détournée et remise à son gratin. L’heure avançait, il ne serait pas couché avant 22h. Le lendemain il serait fatigué et en rentrant de l’école il ferait de nouveau une crise de colère pour une broutille. Elle n’en pouvait plus de cette vie infernale. Aujourd’hui au moins il la laisserait tranquille jusqu’au repas. Vive Batman. Il adorait ce dessin animé, un peu malsain certes mais qu’en saisissait-il ? Avec un long soupir, elle attaqua la monstrueuse pile de linge à repasser. Son dos commença tout de suite à se plaindre mais elle devait continuer, tenir le coup. Pour lui comme pour elle-même. La douleur lancinante la poussait à se raidir, ce qui ne faisait qu’empirer les choses. Elle régla la table à repasser un peu plus haut, depuis le temps qu’elle oubliait de le faire. C’était un peu mieux. Elle s’arrêta à la moitié, ça faisait déjà pas mal de linge frais d’avance. Elle fit trois pas et jeta un coup d’œil dans le salon. Il n’était plus devant l’écran, il s’était rassis de lui-même dans le canapé. Sans doute avait-il pris son pouce et somnolait-il sur les coussins. Elle s’approcha doucement. Le canapé était vide. Elle se dirigea vers la chambre, repoussant du pied une pelleteuse et quelques dinosaures en plastique. Ranger ses jouets, ça non plus elle ne parvenait pas à l’obtenir de lui. Elle ouvrit la porte et fut clouée de terreur : Gary se tenait sur le rebord de la fenêtre, sa petite couverture préférée sur les épaules. Il en maintenait les extrémités largement écartées pour la déployer de part et d’autre de son corps, ce qui le faisait un peu, un tout petit peu, ressembler à une chauve-souris. — Gary ! Gary, non ! Il se tourna vers elle, vacilla sur le rebord de la fenêtre et tomba dans le vide. Hurlant son nom, elle courut regarder en bas. Gary gisait sur le trottoir dans une position très inhabituelle. Elle se jeta dans les escaliers et dévala les trois étages en répétant : — Non, non, non, noooon ! Pas ça ! Pas ça, pas ça, non ! Arrivée devant le corps de son petit garçon, elle s’agenouilla à côté de lui et l’enveloppa de ses bras, comme si elle pouvait encore le protéger. Les larmes roulaient sur ses joues sans qu’elle y prenne garde, son cœur battait à tout rompre. Elle entendit à peine, de très loin, quelqu’un qui disait : — Les pompiers sont prévenus ! Ce n’était pas possible. Ce n’était pas arrivé, c’était juste un cauchemar. Elle allait se réveiller… Un passant s’approcha et la tira doucement en arrière. Il se pencha sur l’enfant et posa deux doigts sur sa jugulaire. Au bout de quelques instants il releva la tête vers elle. Elle plongea son regard dans le sien et ce qu’il y vit le rendit muet. Il ne put que secouer la tête de droite à gauche. — Non, non, lâcha-t-elle avec colère. Vous vous trompez, ce n’est pas possible ! Il ne répondit rien. Soudain elle se redressa et regarda vivement autour d’elle. — Un défibrillateur ! Il faut faire repartir son cœur, vite, où est-ce qu’il y a un défibrillateur ? Mais l’homme la saisit aux épaules et la tourna vers son fils. — Calmez-vous Madame ! Soyez raisonnable. Vous voyez l’angle que fait son cou ? Il n’y a plus rien à faire. Je suis désolé… conclut-il dans un murmure. *** La tombe était toute pimpante avec ces fleurs fraîches. Marie se releva, la considéra encore quelques instants puis se tourna vers Rachid. — On peut y aller ? lui demanda-t-il avec douceur. — Oui, on est partis. À bientôt, mon chéri ! lança-t-elle en direction de la tombe. Elle venait toutes les semaines depuis six ans, et elle le ferait probablement toute sa vie. Sauf si ils déménageaient à Lille comme il en avait été question l’autre jour. Tant pis, elle prendrait le train et viendrait une fois par mois. À la sortie du cimetière, Rachid l’enlaça. — Tu as réfléchi à ce que je t’ai dit hier soir ? Il parlait de son envie de faire un bébé. Leur relation était solide, paisible, et ils allaient sur la quarantaine. C’était maintenant ou jamais. — Non, amour. Je te le dis depuis le début, il n’y aura pas de bébé. Dans quelques années tu pourrais me quitter et je retrouverais l’enfer des mères célibataires. Je ne veux pas de ça, plus jamais. Plus jamais. |
| | Nombre de messages : 930 Âge : 33 Date d'inscription : 25/04/2020 | Paige_eligia / Bile au trésor Lun 3 Oct 2022 - 13:46 | |
| - Chauve_souris:
De ses longs ongles, l'homme caresse la peau de mon menton. Je suis tétanisée par la peur. Mon cerveau hurle à mes muscles de bouger. Sans succès. Seuls mes yeux tentent encore de trouver une voie de sortie. Si un passant pouvait passer devant la ruelle... Ou que mon collègue sortait voir pourquoi je mettais tant de temps à sortir la poubelle...
Mais il n'y a personne. Rien que moi, la nuit froide et cet homme. Il me sourit avec convoitise comme si j'étais une tarte à la chantilly qu'il s'apprête à dévorer. Deux dents pointues se dévoilent, nettes, brillantes. Un vampire !
L'horreur de la situation me foudroie alors que je peine à admettre la réalité. Tout cela n'est qu'un cauchemar, rien qu'un cauchemar.
- Adeline ! Qu'est-ce que tu fais bordel ! Adeline !
On me secoue et j'ouvre les yeux. Mon collègue râle que je devrais arrêter d'accepter toutes ces heures supplémentaires. Je suis tellement épuisée que je me suis endormie sur le pas de la porte arrière. Mais je ne l'entends que d'une oreille, car perchée sur un lampadaire, je distingue clairement deux ailes de chauve-souris.
Je suis dans le très court moi ^^ |
| | Nombre de messages : 655 Âge : 41 Date d'inscription : 04/04/2022 | Fred Dee / Hé ! Makarénine Lun 3 Oct 2022 - 14:24 | |
| Allez, après la micro-nouvelle et la poésie, un peu de théâtre... Jour 3 / Chauve-souris - Spoiler:
- Citation :
Lui (qui me regarde comme une bête bizarre) Tu as dit quoi ?
Moi Que je suis content de tes résultats.
Lui Non. Tu as employé une drôle expression. J’ai pas compris. C’est…
Moi Bat. J’ai dit : c’est bat.
Lui Attends papa, c’est quoi ce langage ? Tu me parles anglais ? Mes résultats sont des chauve-souris ?
Moi (qui me renfrogne) Oh, ça va, ça m’a échappé. Désolé de sortir mes expressions de…
Lui (qui se marre) De vieux. Papa, tu viens de te mettre un de ses coup de vieux tout seul ! Tu peux pas savoir.
Moi Dis donc, fils, mes expressions de vieux, tu sais ce qu’elles te disent ?
Lui (l'air goguenard) Je crois que j’ai une petite idée mais j’attends le rapport des paléontologues.
Moi (éloquent) Eh bien, parlons-en des paléontologues ! Mes trucs de vieux, c’est ma jeunesse justement. Quand j’ai pu voir Jurassic Park au cinéma, moi, le jour de sa sortie, en plus ! Et Le Roi Lion et Matrix, tout ça dans la même décennie. Tous tes remakes de films et de jeux vidéo, j’y ai joué avant toi sur Playstation, la première du nom. J’ai vécu la première coupe du mon…
Lui Oh ! Oh ! Sérieux, papa, arrête ! T’en rajoutes pas une couche, là, mais quinze mille. Typiquement le langage de vieux genre « de mon temps, on avait ça et ça et c’était mieux avant. »
Moi C’est bon, retourne chiller devant Netflix. On verra si dans vingt ans tu pourras te vanter de ça à la prochaine génération. Et rappelle-toi que si tu peux voir tout ces dessins animés japonais, c’est parce que ma génération a fait leur succès en France.
Lui Ok. Moi aussi je t’aime. T’es bat comme paternel.
Moi Un peu, mon n'veu.
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| | Nombre de messages : 858 Âge : 60 Pensée du jour : 1022 ! Date d'inscription : 25/08/2021 | Le rosier / Double assassiné dans la rue Morgue Lun 3 Oct 2022 - 14:44 | |
| @Paige : j'aime bien quand le rêve et la réalité se mêle, qu'on ne sait plus ... alors, moi, aujourd’hui, ce sera encore plus court @Fred : ha ha j'adore, mais bath, j'ai l'impression que ça se disait même avant la génération de mon père ... dans les années 20 ou 30, non ? j'aime bien cette alternance de format. - Chauve-souris:
- Haikus et proverbes a écrit:
Chauve et sourire peuvent-il suffire pour s’envoler ?
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| | Nombre de messages : 2377 Âge : 23 Localisation : là où il fait toujours nuit Pensée du jour : bon. écrire. Date d'inscription : 21/02/2022 | Aliénor / Miss Deadline Lun 3 Oct 2022 - 17:58 | |
| Bon bon bon, j'ai hésité à faire le scriptober, mais je pense que je vais finalement me lancer... avec une autre liste ! Voici le Witchtober : Que je m'y mette ou pas (mon envie fluctue), vous aurez au moins cette liste alternative sous le coude (et merci Radis de l'avoir trouvée hihi) - TRADUCTION:
1 - Papillon de nuit 2 - Chevalier 3 - Stellaire 4 - Printemps 5 - Royal 6 - Lavende 7 - Clairvoyant 8 - Cendre 9 - Constellation 10 - Médiéval 11 - Été 12 - Informatique (numérique) 13 - Corbeau 14 - Serpent 15 - Jumeau/jumelle 16 - Gothique 17 - Pull/chandail 18 - Ombre 19 - Miel 20 - Automne 21 - Rose 22 - Élément 23 - Cottage 24 - Colline 25 - Tarot (jeu de carte, oracle) 26 - Mer 27 - Familier (dans le sens, le familier d'une sorcière) 28 - Hiver 29 - Victorien (ère victorienne) 30 - Sauge 31 - Calebasse/potiron
Alien officiel de la CB since 2022. Modératrice spécialisée dans la Section Édition.
Instagram, pour suivre mes aventures dans la jungle de l'édition. - Parcours éditoriaux:
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| | Nombre de messages : 77 Âge : 33 Pensée du jour : Sublimer le quotidien Date d'inscription : 17/08/2022 | Ahlem / Pippin le Bref Mar 4 Oct 2022 - 8:18 | |
| Jour 4, Coquille. - Citation :
- Être sans coquille
Se sent bien con Quand le coup sonne Sous la ceinture C'est tatami |
| | Nombre de messages : 858 Âge : 60 Pensée du jour : 1022 ! Date d'inscription : 25/08/2021 | Le rosier / Double assassiné dans la rue Morgue Mar 4 Oct 2022 - 12:05 | |
| @ahlem - Coquille:
Avant la loi Haby et l’arrivée de la mixité obligatoire dans les écoles publiques, nous étions comme des fauves, lâchés chaque jour dans la grande arène, nous, les garçons sauvages, assoiffés de sang, de violence et de haine. Bandes contre bandes, nous jouions nos vies au milieu des mêlées.
Après quelques drames, un jeune maître d’école eut l’idée d’adoucir la toxicité de toute cette masculinité par le jeu des coquilles.
Un matin d’hiver, il avait confié à chacun d’entre nous une coquille. Une jolie coquille de Saint-Jacques, nacrée à l’intérieur et grande comme nos paumes d’enfant.
— Bagarrez-vous si vous voulez ! Mais protégez votre coquille. C’est votre maman, votre mamy, votre petite sœur.
Et nos bagarres gagnèrent en humanité.
J’ai gardé la mienne, ma coquille. Intacte et toujours rose, comme un trophée sur ma table de nuit.
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| | Nombre de messages : 655 Âge : 41 Date d'inscription : 04/04/2022 | Fred Dee / Hé ! Makarénine Mar 4 Oct 2022 - 13:40 | |
| Bon, celle-ci est sans rapport avec @Le Rosier (que je remercie pour chaque compliment). C'est la seule idée qui m'est venue après avoir cherché une approche en dessinant. Concernant "bat / bath", je savais l'expression encore en usage quand j'étais gosse, c'est devenu vraiment démodé aujourd'hui. Et j'ai fait des recherches après commentaire et, effectivement, ça vient même du XIXe siècle. Jour 4 / Coquille - Citation :
- Je suis fleuriste. Ou plutôt, je l’étais. C’était avant la retraite. Pas de gaieté de cœur, que je suis parti pour cette fichue retraite. J’ai fait durer avant de faire ces damnés papiers. Trois, quatre années, et un jour, une caisse de bégonias. Paf ! Mon dos m’a envoyé son ultime avertissement. J’ai vendu. Qu’est-ce que je fais maintenant ? Les fleurs m’avaient déjà pris tant de mon temps. J’allais le prendre maintenant. Le reprendre, mon temps. Mais je n’avais toujours que les fleurs. Mes mains sont parcourues de nerfs qui ne se tendent que pour approcher tiges, branches, feuilles, racines, pétales.
Où il est, papy ? Il est encore sous sa serre, à s’occuper de ses roses. Encore ? Oui, à se demander quand il va prendre le temps de profiter de sa retraite et d’oublier son travail.
Ils me charrient, me taquinent, me chahutent, mais surtout ils ne me comprennent pas. Je taille mes roses comme d’autres sucrent les fraises, comme on dit des vieux décrépis qui attendent la mort en tremblant. Mais je ne tremble pas. La main sûre, toujours. Mais je cultive mes fleurs avec mon œil seulement, sans les toucher quasiment. J’approche des corolles satinées et plonge mon regard dans leur géométrie parfaite. Elles m’absorbent, m’enveloppent et referment sur moi leurs voiles parfumés. Coquille végétale où j’échappe à la mélancolie, où je me cloître à l’abri de la mort. Le temps, je le retrouve chaque jour dans l’éternité de ce cloisonnement rouge, rose ou blanc. |
| | Nombre de messages : 84 Âge : 29 Pensée du jour : "Quand un philosophe me répond, je ne comprend plus ma question." P. Desproges Date d'inscription : 27/09/2022 | Morgane T. Merienne / Pippin le Bref Mar 4 Oct 2022 - 17:40 | |
| Le Scriptober ? J'adore l'idée, ça m'intéresse de fou. En avant (Guingamp). Je sais, j'aime les jeux de mots nuls. - Viens, c'est par ici !
Mon grand-père désigna du doigt une partie un peu éloignée de l'entrée de la plage, où je voyais d'autres personnes penchées sur le sable. Je le suivis à petit pas, encore embrumée de sommeil. Mon grand-père m'avait réveillé aux aurores, un large sourire d'imbécile heureux sur le visage. D'aussi loin que je me souvienne, il avait toujours la pêche à pied et se précipitait sur les plages à chaque grande marée. Ici, il connaissait tous le monde et tous le monde le connaissait. Les pêcheurs déjà présent le saluait par son nom. - Salut Yves ! - Bonjour Yves ! La pêche est bonne, tu vas voir. Mon grand-père se tourna vers moi. - Tu as ce que je t'ai confié ? Je montrais mes mains encombrée par un sac en toile de jute, la grapette et une paire de gants épais. Avec tout cet attirail, je ne pouvais même pas prendre mon portable dans ma poche et vérifier si j'avais des messages ou des notifications. J'adorais mes grands-parents mais j'aurais préféré partir avec mes amis. L'année prochaine, avait dit Papa, tu es encore trop jeune. Il avait intérêt à tenir sa promesse. - Bon, l'idée c'est de récupérer quelques crabes et aussi des palourdes, pour le déjeuner. - D'accord, Papi. Il se mit en quête de ses proies et j'en profitais pour poser le sac et vérifier mes messages. Quelques notifications de réseaux sociaux et un message de mon ami Juliette, qui était à Londres avec son cousin et sa tante. Elle, au moins, elle s'amusait. - Jeune fille, tu n'as pas besoin de ton téléphone pour pêcher ! Gronda mon grand-père. - Laisse-la, Yves, c'est de sa génération après tout. Mes petits-enfants sont pareils ! - Merci de me défendre, Odette, ai-je dit. Odette, c'était une amie de mes grands-parents depuis quarante ans. Elle avait toujours été gentille. A Noël, elle avait toujours un paquet de chocolat pour ma sœur et mes frères. - Justement, les jeunes passent leur temps derrière les écrans et ils ne voient pas la vraie vie. Alli, c'est le dernier été qu'on passe ensemble, fais un effort. - Papi, les vacances, c'est pas se lever aux aurores pour partir à la chasse aux crustacés, c'est bronzer sur la plage avec mes copines en parlant de garçons. Je le vis lever les yeux au ciel, profondément agacé par ce qu'il pensait être de l'ingratitude. Odette éclata de rire. - Yves, elle a seize ans. Elle s'éloigna, en riant encore. Mon grand-père s'approcha, et je rangeais aussitôt mon téléphone dans ma poche avant qu'il me le prenne. Il m'attrapa le bras, très fort. - Écoute-moi bien, petite pute. Tu vas me faire le plaisir d'arrêter tes enfantillages et de faire ce que je te dis. - Sinon quoi ? Rétorquais-je en le défiant du regard. Tu vas faire quoi ? Me frapper, comme quand j'étais petite ? Vas-y, fais-le. Je voyais son regard veule et empli de colère, il brûlait d'envie de le faire. - Le problème, Papi, c'est que je ne suis plus une enfant. Je n'ai plus peur de toi. Je dégageais mon bras de son étreinte et tournais les talons, ignorant ses appels. Mon bras me faisait encore mal mais j'attendis d'avoir quitté la plage pour appeler. - Allô, Papa ? Oui, c'est moi. Non ça va pas, Papi a recommencé à me faire mal. Tu peux venir me chercher ? Je ne veux pas rester ici. :
Je sais, je sais, j'ai un faible pour les histoires compliqués et tristes. Mais bon ... |
| | Nombre de messages : 930 Âge : 33 Date d'inscription : 25/04/2020 | Paige_eligia / Bile au trésor Mar 4 Oct 2022 - 19:56 | |
| - Coquille:
Pourquoi fait-il tout noir ? se demanda Côme. Il dormait toujours les volets à demi-clôts, cette obscurité était étrange. Il bâilla et poussa le drap de son lit pour vérifier. Heu... Où est le drap ? Et où est le lit ? A la place de son cocoon douillet, il ne sentait qu'un drôle de mélange visqueux.
Côme tâtonna et avança jusqu'à sentir une paroi lisse et fraîche sous ses doigts. De la céramique ? Ne panique pas, ne panique pas, se répétait-il, en vain. Ce n'est peut-être qu'une inondation, une coulée de boue... Mais son coeur s'accélérait, malgré lui. Soudain, la voix de Dieu retentit si fort, qu'elle lui fit mal aux oreilles :
- Petites coquilles d'humains au jus d'escargot. Frais de cette nuit, votre horreur.
Hop là, on part dans le fantastique ++ encore pour cette fois ^^ Plus difficile à trouver l'inspiration. Chouette vos textes ! |
| | Nombre de messages : 4687 Âge : 34 Pensée du jour : A la recherche du temps à perdre Date d'inscription : 24/04/2008 | Volte / JE's Official GO Mar 4 Oct 2022 - 20:47 | |
| Je vous rejoins ! - Scallop:
Il avait travaillé dur dès que ses corvées étaient terminées, et les esprits savaient à quel point elles étaient aussi importantes que nombreuses pour les vivants. Mais malgré tout, dans les moments de répit entre la pêche quotidienne, l’entretien du feu et la cueillette, il avait trouvé encore la force pour percer des billes de bois, polir des brisures d’os, les graver et sertir les plus beaux petits coquillages – pas les grands, ils étaient trop utiles à la découpe – sur cette lanière de cuir. Parce que c’était important. Parce que sa petite sœur allait adorer, et que là où elle allait, elle aurait besoin de la protection des esprits. Alors, lorsqu’elle partit définitivement s’en rejoindre leur mère, il fut un peu moins triste.
Mes écrits Mes nouvelles et les commentaires Le reste Revue de presse : des articles Web sur le monde littéraire Concours d'antinouvelles n°15 : participez jusqu'au 14 décembre ! |
| | Nombre de messages : 220 Âge : 50 Date d'inscription : 12/04/2021 | Aâma / Autostoppeur galactique Mer 5 Oct 2022 - 0:57 | |
| Allez ! Je m'y colle aussi pour écrire de nouveaux trucs. - Coquille:
Combat de MMA, Las Vegas.
En jeu, la ceinture mondiale UFC. Dans la cage, Jean-Claude Vemmanda versus Chuck Rinros. Tout autour de l'arène, le public électrisait l'atmosphère. Et après une présentation haute en couleurs, le speaker lança les débats : « Combattez ! »
Garde en avant, le belge commença par aviser son adversaire : — Vas-y mollo Chuck, j'ai pas ma coquille. Chuck s'arrêta net. — ... ? Ah bah bravo ! Et comment j'fais, moi, sans ta coquille !? — Bah... fais juste attention... tu calcules quoi. (Soupir) L'attitude de Chuck révèlait une certaine lassitude. Et comme il se retournait vers son banc, il héla son entraîneur : — Roger ! File moi la calculatrice, Jean-Claude a encore oublié sa coquille. — Y fait chier lui ! râla une voix éloignée du ring. Chuck attrapa la machine, la cala entre ses gants et commença ses calculs. — Bon... Un coup de pied flottant, 5 degrés bas gauche, hauteur du genou 20 centimètres, moins la résistance musculaire... arrh... putain de gants... hum... voilà, ah ben non, c'est pas bon... ça va taper dedans. — Nan tu rigoles ? T'as vu tout ce qu'il te reste comme surface de frappe ? — Oui ben... c'est comme ça, la Casio elle me marque "error". — Montre ? — Tiens. — Ah ouais ? C'est quoi comme Casio ? — Bah, j'sais pas... Roger ! C'est quoi comme Casio ? — Tu te fous de ma gueule !! fulmina le coach. — Hem... bon, désolé Jean-Claude, mais... va p'tête falloir qu'on commence... — Oh mais...! Attends ! Et Jean-Claude s'échappa de la cage. — Mais y va où bordel ?! Où y va !! Quand le belge revint sur le ring, un énorme sourire s'étalait sur son visage. — Le bol ! J'ai récupéré ma fille à l'école ce soir, et tu devineras jamais... — Quoi ? — Elle a une calculatrice scientifique !
Dernière édition par Aâma le Mer 5 Oct 2022 - 21:36, édité 1 fois |
| | Nombre de messages : 858 Âge : 60 Pensée du jour : 1022 ! Date d'inscription : 25/08/2021 | Le rosier / Double assassiné dans la rue Morgue Mer 5 Oct 2022 - 11:54 | |
| Génial, on est de + en + nombreuxes. Et c'est chouette de voir comment le même mot s'interprète différemment. - Flamme:
Roman épistolaire
Je lui ai écrit une lettre pour lui déclarer ma flamme. Ma lettre a pris feu. Ses cendres se sont envolées dans le vent de l’oubli.
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| | Nombre de messages : 655 Âge : 41 Date d'inscription : 04/04/2022 | Fred Dee / Hé ! Makarénine Mer 5 Oct 2022 - 13:11 | |
| Jour 5 / Flamme - Spoiler:
Assise près de la fenêtre, la jeune femme serrait son manteau autour de son corps. La chaleur de l’auberge semblait ne pas la réchauffer. Partagée. Sa figure, éclairée d’un côté par l’éclat blafard de la pleine lune qui couronnait la colline à l’horizon, reflétait de l’autre la lueur d’un grand foyer qui brûlait au centre de la pièce. Il lui fallut quelques secondes pour comprendre que les cris s’adressaient à elles : — Barde ! Barde ! Oh, tu vas répondre ? lui hurlait l’aubergiste, un type tellement maigre qu’on se doutait qu’il ne touchait pas lui-même la nourriture qu’il servait, signe de la qualité de sa cantine. On t’a servi ton souper, tu nous dois une histoire maintenant. La barde jeta un dernier coup d’œil au disque lunaire, presque à regret. — Soit. Mais elle ne va pas être longue étant donné la qualité du repas, lui envoya-t-elle à la figure. Le propriétaire marmonna un juron mais elle le devina plus qu’elle ne l’entendit. Autour d’elle, dans la salle comble, on avait tellement attendu ce moment qu’un brouhaha de requêtes diverses noyait le sens de la moindre parole. Les bardes et leurs histoires sont comme des monuments ambulants dans ce pays et le peuple exulte à chaque passage dans un village. Enfin, elle saisit au vol un mot lancé d’une voix d’enfant. — Ai-je entendu « fantôme » ? — Oui ! piailla un groupe de mômes qui se pressait déjà à ses pieds. La barde sortit de son sac quelques instruments de percussions, de ceux qu’on gratte ou qu’on secoue, et commença au rythme des coups de sa baguette sur un tambourin. —Par les nuits sans lune, deux fantômes errent au sommet de la colline. N’allez pas les voir, car en réalité, ils vous attendent, les enfants. L’un, grand, marche devant l’autre et pousse de son pied qui n’est pas vraiment un pied, une pierre semblable à un gros morceau de charbon. Le plus petit des deux porte au-dessus de sa tête une flamme qui ne vous éclaire pas, ne vous réchauffe pas. La pierre comme la flamme sont noires, plus noires que la nuit la plus noire, noires à faire peur. Où vont-ils ? Que font-ils là ? Ils ne font que tourner en rond là-haut sans espérer qu’on s’intéresse à eux. Même si quelqu’un vient les voir, ils n’interrompent jamais leur course lente au somment de la colline. Mais si vous leur posez une question, alors… Si vous leur posez une question à laquelle ils peuvent répondre par oui ou par non, alors vous avez une chance de vivre un autre jour, de les rencontrer une autre nuit et de poser une autre question. Pour dire oui ou non, la flamme du plus petit fantôme s’agite et vous connaissez la réponse. Mais que fait le grand fantôme ? Grand fantôme est là pour toutes les autres questions. Si par malheur vous laissez échapper une question à laquelle on ne peut répondre par oui ou non, il ouvre son immense suaire noir et vous fait disparaître. Alors, son bout de charbon grandit et de ce nouvel excédent il se sert pour alimenter la flamme noire du petit fantôme, et la flamme grandit et brûle pour l’éternité. Après avoir gratté une dernière fois son güiro, la barde s’est arrêtée. Les enfants à ses pieds ne s’agitaient plus. Le seul mouvement était celui de leur menton tremblant de peur. — Quelle idée de raconter à des gamins une chose pareille ! est venu lui reprocher un père après que la plupart des occupants de l’auberge furent partis. De nouveau collée à la fenêtre, elle contemplait encore la lune qui glissait désormais au flanc de la colline. — Pardon, vous disiez ? — Vous pouvez bien demander pardon, mais c’est pas vous qui allez devoir vous réveillez cette nuit s’ils font des cauchemars. Ou qui devrez surveiller qu’ils ne s’échappent pas plus tard pour voir si votre stupide histoire est vraie. — Elle est vraie, murmura-t-elle, comme pour essayer de ne pas l’entendre elle-même. C’est arrivé. — Balivernes ! Nos grands-parents racontaient cette histoire. Mais c’était pour nous faire taire quand on posait trop de questions. Personne n’a jamais vu ces fantômes. — C’est arrivé ! A mon frère ! grinça la barde. Ses yeux se tournèrent alors vers ce paysan ignare. Les flammes du foyer de l’auberge brûlaient dans les pupilles de la jeune femme. Il sentit la vérité dans cette lueur. — Co… Comment ? Pourquoi ? bafouilla-t-il. — Si je voulais vraiment avoir une réponse à cette question, je disparaîtrais. Bonne nuit. Elle s’en fut dans la chambre que l’auberge lui réservait. Il rentra chez lui. Ses enfants dormirent très bien. Pas lui.
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