J'étais passée à côté de ce post durant mes fouilles sur le forum et je ne peux que m'associer à la véracité de l'énoncé
Ecrire le troisième tome de ma trilogie est un parcours du combattant. Je ne veux pas quitter ces "amis" imaginaires issus de ma propre psyché, miroirs de mes proches, de leurs défauts et de leurs qualités.
J'avais réussi à me
détacher durant l'écriture du deuxième ouvrage, j'ai passé beaucoup moins de temps
la tête dans le guidon comme on dit mais ce Trois me laisse un goût de deuil que je redoute.
Parce qu'une fois finies les dernières lignes, et même si je passe encore du temps à relire et corriger, je sais qu'au fond de moi, mes personnages ne m'appartiendront plus. Ils seront des réceptacles à fantasmes et à rêves pour d'autres que moi (ai-je le droit de rêver qu'un jour ils seront lus par d'autres yeux que les miens ? l'espoir est un puits sans fond après tout...) et je suis presque jalouse de ne pas pouvoir découvrir ces hommes et ces femmes que j'ai pourtant moi-même écrits.
Ce deuil, que je rapprocherais presque de celui d'un amour éteint, je m'y prépare, j'y pense, j'y réfléchis. Et j'espère, comme vous, pouvoir passer à autre chose. En écrivant un roman d'un seul jet, complètement différent, pour me
laver de cette longue histoire, peut-être est-ce la solution...
Mais comment fait-on quand ce tout premier projet vous tient tant à coeur que votre principale angoisse est qu'il ne soit finalement jamais lu ? Quand votre peur d'échouer à trouver un éditeur se noue à celle de laisser partir des âmes que vous avez créées de toutes pièces ? Peut-on vraiment panser deux plaies conjointes ?
Et quid de l'
après ? Quid d'une vie où ce livre resterait un document épinglé sur le bureau de votre ordinateur et où l'écriture redeviendrait cette part intime que personne ne connaît de vous ? Comment vit-on avec les souvenirs de vies non vécues, comment revenir à la normalité et au métro-boulot-dodo classique ?
Je dis "graisse" et repars terminer mes lignes, peut-être le vague à l'âme s'éteindra-t-il ainsi.