Bon, du coup je l'ai acheté
(attention, je vais spoiler un peu)
J'ai une passion pour raconter comment je me procure mes bouquins. C'est toujours des histoires de dingue...
Mode racontage de vie on Postulat de base : par chez moi, il y a 15 librairies dans un rayon de 2km. J'avais donc l'embarras du choix !
Je me suis posée la question de celle dans laquelle je serai la plus à même de trouver ton livre. Celle de la Place du Monstre, non, ce n'est que de la littérature intello, celle de la rue du Commerce, ce n'est que de la SFFF, l'Oiseau-Lire, ce n'est que des fins de stock, chez les bouquinistes, ça me paraissait compliqué...
J'ai jeté mon dévolu sur ma fidèle Boîte à Livre,
la grande librairie tourangelle qui ne m'a jamais déçue. Trois étages, un salon de thé, un espace jeunesse grand comme le rayon légume du Auchan, des livres de cuisine végane, des encyclopédies équestres par paquet de dix, la complète bibliographie de Jack Kerouac...
Sauf que...
Il m'arrive très régulièrement d'avoir des montées d'angoisse dans les magasins, surtout les grands, surtout quand il y a des étages, surtout quand il n'y a pas trop de fenêtres. (Personne ne se moque, c'est hyper handicapant, surtout que ça ne prévient jamais).
Sur place, je fais mon petit tour, puis sollicite une libraire.
"La rue qui nous sépare svp" "Au rayon jeunesse à l'étage"
Gloups.
Bref, j'ai affronté le terrifiant escalier pour ton roman x)
Là-haut, Libraire Bis est déjà en pleine conversation. L'anxiété me fait tortiller un peu les doigts et je mets à faire les cent pas autour des livres. Finalement, j'accroche sur une couverture et me met à bouquiner. Et là, magie, les angoisses s'envolent ! C'est bien le pouvoir des bouquins, non ?
La couverture, c'était celle-là (qui est orgasmique)
- Spoiler:
Arrive mon tour, je marmonne "la rue qui nous sépare". Libraire Bis s'étonne, elle n'en a pas vendu depuis 3 semaines et je suis la deuxième personne qui vient lui demander dans la journée. (Voilà, comme tu sais tout du cours de ton bouquin à Tours). Elle lance la discussion mais je m'éclipse assez vite, j'ai qu'une envie à ce moment là : regagner le rez-chaussée d'abord, et puis ensuite ma chère et tendre rue Nationale et son vent qui vient de la Loire.
Cette semi aventure aurait pu s'arrêter là, mais non...
Un quidam m'aperçoit avec un gros livre coloré entre les mains et y voit un excellent prétexte pour lancer la conversation en mode "C'est un livre ? Tu l'as trouvé où ? Qu'est-ce que tu vas faire avec ?" (Moi aussi j'ai ri) S'en ai suivi une conversation sur l'ouverture des librairies... Puis le gars m'apprend qu'il est apprenti auteur lui aussi. Au final, on s'est échangé nos Facebook. Un livre + un pote, bon bilan !
Puis j'ai traversé la rue Nat. Juste en face de la Boîte à Livre, il y a un petit trou dans les façades des immeubles. Et de l'autre côté, il y a un de mes spots de lecture préféré.
- Spoiler:
ça s'appelle "la Fontaine aux amoureux". Je n'y ai jamais trop vu d'amoureux mais une pote s'y était pété la jambe une fois. Mon plaisir, c'est de me caler bien inconfortablement en travers d'une de ces vieilles fenêtres du XVIème... Très instagrammable !
Bon, voilà pour la partie racontage de life !
Sur le livre...
Déjà, ce qui m'a attiré, comme je t'ai dit, c'est l'idée d'un personnage SDF. Dans mon roman à paraître, j'ai aussi quelques "clochards" (à l'époque de mon intrigue, on ne parlait pas de SDF) et je joue beaucoup sur l'idée de "c'est quoi la pauvreté" + de l'association pauvreté/liberté. Un voeu de bohème quoi. Du coup, ça m'intéressait de voir comment le sujet était traité par d'autres, même si dans ton cas, tu as abordé les choses de manière un peu plus concrète.
Bon, j'ai lu ton livre en deux jours ! Alors ça ne correspondait pas vraiment à ce que je lis d'habitude, mais en vrai, revenir à une plume un peu plus simple et une intrigue un peu moins perchée m'a fait un bien fou. Je tiens à te le dire car je pense que tu peux vraiment en être fière : te lire a été un véritable moment de détente. Avec la bougie, le chocolat chaud, le miaou... Moi qui ait un cerveau qui en se pose jamais vraiment, c'était salutaire. Donc merci à toi !
Ton écriture est très fluide, jolie, sympa, sans en faire des caisses. J'ai moyennement accroché avec le personnage de Noémia. Je crois que je l'ai trouvé un peu trop "ado" en fait, j'aurais aimer davantage de maturité. Bon, c'est très personnel comme réfléxion ^^ J'ai eu aussi un peu de mal à faire du lien entre les différents éléments de son histoire. Elle a vécu des choses très compliquées mais en même temps elle ne semble pas porter de véritables séquelles. Elle dort bien, elle mange bien, elle suit ses cours, ça se passe bien avec sa famille... Je l'ai trouvé un poil lisse et je n'ai pas forcément compris ce que les éléments durs qu'elle avait vécu apportaient à son histoire avec Tristan. Du coup ça m'a questionné par rapport à mes propres persos qui ont des vies absolument pathétiques
J'ai plus aimé Tristan, à qui j'ai donné tout de suite un visage. Après, je pense que dans un livre, on est toujours plus sévère avec les persos féminins, le reflet de notre belle société... J'ai trouvé par contre le parcours de Tristan un poil tiré par les cheveux. Passer de tout à rien en quelques années... J'aurais inséré des éléments bancals plutôt dans sa vie mais bon.
La relation entre les deux est top. Elle avance avec cohérence et relief. C'est vraiment prenant. J'ai beaucoup aimé le soir du nouvel an et la soirée à l'hôtel. J'avais envie de m'asseoir avec eux et de prendre une part de pizza.
J'ai eu du mal avec le personnage de Valentin, je crois qu'il me faisait un peu peur, il est vraiment pervers, manipulateur, possessif... J'ai aussi été gênée par l'ambiguïté de sa relation avec sa soeur et sa cousine. J'ai souvent eu le sentiment de voir un mâle avec son harem. Il leur offrait ou non ses faveurs, Joana lui quémande beaucoup d'attention... Les moments ou ils se font des câlins, s'embrassent sur le front/la joue etc. m'ont questionné. En fait, ce ne sont pas des gestes que moi j'ai avec les membres de ma famille du coup j'ai trouvé que ça amenait une ambivalence qui ne servait pas forcément l'histoire.
J'ai adoré l'idée des deux fins. En fait, je vais te dire comment je l'ai interprété : pour moi, la vraie fin était la 2, et la première était là pour dire "attention, nous sommes dans un roman un peu sucré, dans la vraie vie, malheureusement, ça ne se passe pas toujours de la sorte...". J'ai beaucoup aimé aussi que le sort de Tristan évolue grâce au regard du gars qui se promène le long des quais. (Je n'ai plus son nom, Armand ?). J'y ai vu un véritable appel au lecteur à se bouger le cul, l'idée qu'avec de petits gestes, on peut sauver une vie. C'était très fort et très finement joué. Chapeau.