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| TOUCHÉ PAR LA TEMPÊTE : Hexagone 28 | |
| | Nombre de messages : 1024 Âge : 26 Localisation : le plus près possible d'une forêt Date d'inscription : 01/12/2016 | Aquae / Amazone du Dehors Sam 20 Fév 2021 - 1:09 | |
| Ton hexagone a été touché par la tempête de sable. Du sable recouvre le potager, s'est infiltré entre les parois de verre. Tous tes efforts pour réanimer les plantes semblent réduits à néant, mais... le sable est-il vraiment du sable ?- couvert de sable:
J'aime voyager aux heures où l'on ne croise personne. J’arrive tard, sans faire de bruit, de peur de réveiller les collègues qui m’ont précédée ; mais j’oubliais que les bibliothécaires aiment souvent lire de nuit, lorsque toute l’effervescence de la journée est retombée. J’entends çà et là le bruit de pages que l’on tourne, que l’on feuillette avec frénésie, et même, une fois – mais non, je dois me tromper – une page que l’on déchire. Je découvre enfin mon Hexagone, à la lumière tamisée des deux globes suspendus au plafond. Je m’y sens tout de suite à l’étroit : il faut dire qu’il y a une structure étrange, en plein milieu, qui prend beaucoup de place. C’est comme une petite maison, à armature métallique et parois vitrées, elle aussi hexagonale. Le toit m’arrive presque à la taille. Je n’avais jamais vu ça ailleurs : qu’est-ce que ça peut bien être ? Une vitrine tenant à l'abri des livres particulièrement fragiles ? Je ne vois pas bien ce qu’il y a à l’intérieur à cause d’une fine couche de poussière. En m’approchant, je distingue des nuances de vert et de brun, et des courbes : un feuillage ! des plantes ! Comment parviennent-elles à pousser ici, avec si peu de lumière ? De petites poignées centrales permettent de soulever les différentes parties du toit, pour les déployer en étoile. Quand je les ouvre, il s’en échappe une puissante odeur de sève, presque désagréable. Je retrousse mes manches et m'aventure à y glisser les mains. Cet îlot de verdure est bien mal en point : cela doit faire longtemps qu’on ne l’a pas abreuvé, la terre est sèche et friable. La plupart des plantes sont si rabougries, recroquevillées sur elles-mêmes, que je peine à les identifier. Je reconnais seulement quelques aromatiques : un petit buisson de thym, un pied de verveine et un autre de romarin. Ces trois-là ont l’air de s’épanouir. Pour les autres, il faudra que je trouve un moyen de les arroser. Je ne vois ici aucun récipient ; peut-être à l’Hexagora, dont j’ai entendu parler ? En attendant de m’y rendre, je referme doucement la serre et pars chercher feuilles et crayons au fond de mon sac. Moi qui pensais venir cataloguer des livres, je crois bien que je vais commencer par un recensement de végétaux dont on ne tirerait pas même une mauvaise pâte à papier. Arrosez mon potager
Dernière édition par Aquae le Mar 2 Mar 2021 - 23:50, édité 2 fois |
| | Nombre de messages : 1024 Âge : 26 Localisation : le plus près possible d'une forêt Date d'inscription : 01/12/2016 | Aquae / Amazone du Dehors Dim 21 Fév 2021 - 0:26 | |
| Ébauches de catalogues - Potager :
Thym - Thymus vulgaris Verveine - Verbena officinalis Romarin - Salvia rosmarinus Basilic - Ocimum basilicum Fraises des bois - Fragaria vesca Tomate cerise - Lycopersicon esculentum Artichaut - Cynara cardunculus
- Étagères :
Les écorces à venir
Dernière édition par Aquae le Mer 3 Mar 2021 - 1:11, édité 1 fois |
| | Nombre de messages : 1024 Âge : 26 Localisation : le plus près possible d'une forêt Date d'inscription : 01/12/2016 | Aquae / Amazone du Dehors Mer 3 Mar 2021 - 1:08 | |
| - tomates pleines de sable:
Alors que j'arrosais enfin mon potager (les tomates, c'est fou ! se redressèrent en un clin d’œil, comme si elles n'avaient jamais connu la sécheresse), un petit vacarme m'arriva d'un hexagone voisin. Comme une chute de livres. J'eus tout juste le temps de me redresser et de m'approcher du couloir avant de voir passer, en trombe, un petit fantôme aux cheveux blonds - quoique, pour un fantôme, il était bruyant. Était-ce un-e bibliothécaire ? Iel avait déjà disparu quand je regardais dans la direction où iel se dirigeait. Rien non plus de l'autre côté, vers l'hexagone 29 : tout était redevenu calme. * Une fois mes petites plantes hors de danger, je peux me pencher, enfin, sur la bibliothèque qui m’a été attribuée. Elle est semblable à toutes les autres : cinq étagères par mur, comptant chacune 32 livres uniques – pour l’instant. Je m’approche de la première pour effleurer les dos des livres avec avidité. Surprise, ils sont recouverts d'une sorte de croûte. Ce n'est qu'en en dégageant quelques-uns des étagères que je comprends : ces couvertures ont été découpées dans des morceaux d'écorce. Elles sont toutes différentes, lisses ou rugueuses, parfois très épaisses et creusées de profonds sillons, les teintes oscillant du rose au noir, en passant par toutes les nuances de brun. D'un coup, je me souviens des xylothèques dont me parlait ma mère, quand j’étais enfant ; ces collections de bois rares rassemblés sous forme de livres. Mais ici, il ne s’agit que de leur surface : quand je les ouvre, l’intérieur est semblable à la plupart des livres, un ensemble de feuilles blanches où s’alignent de petits caractères. (J'entends distraitement un air de funk dans le couloir, mais n'y prête que peu d'attention, trop absorbée par ces nouvelles découvertes.) Les écorces sont toutes gravées, sur la première de couverture, d’inscriptions différentes, qui me sont obscures. Le signe égal, =, revient souvent. Il y a aussi des sortes de F tracés à la peinture, blanche, jaune ou rouge. Ailleurs, je trouve des gravures maladroites, sans doute réalisées au couteau, avec des équations mathématiques simplifiées, comme A+B, T+I, M+V… Certaines sont entourées de courbes qui, prolongées, pourraient donner un cœur. S'agit-il d'histoires d'amour ? - Premières de couverture :
Je me demande s’il y a un ordre, une logique dans la classification. A vue d’œil, aucun des livres de mon hexagone ne porte de cote, ou alors je ne sais pas les déchiffrer. J’essayerai tout de même de les replacer toujours au bon endroit – maniaquerie oblige. Je ne supporte pas le désordre. Maintenant, j'entends les sifflements d'un oiseau. Je tends l'oreille pour l'écouter.
Dernière édition par Aquae le Lun 15 Mar 2021 - 16:25, édité 1 fois |
| | Nombre de messages : 1024 Âge : 26 Localisation : le plus près possible d'une forêt Date d'inscription : 01/12/2016 | Aquae / Amazone du Dehors Lun 15 Mar 2021 - 16:03 | |
| Je m'étais réfugiée à l'Hexagora pendant la tempête, sans avoir le temps d'emporter davantage que trois livres pris au hasard. Lorsque je reviens, je suis rassurée, de prime abord, de voir que les dégâts ne sont pas trop étendus. Une fine couche de sable recouvre désormais le sol et les étagères, crisse sous mes pas. Je suis surprise de ne pas en trouver davantage : je m'attendais à trouver des dunes, une couche épaisse qui entrave mon passage, mais il n'y a pas même un centimètre qui recouvre le sol, et seulement quelques petits monticules dans les coins. Le sable est encore agité, il frémit sous un vent que je ne perçois pas ; ici et là, de minuscules tourbillons se forment, éclatent, bousculent des grains qui se mettent, à leur tour, en mouvement - tout cela, heureusement, au ras du sol. La tempête a-t-elle vraiment cessé ? Plusieurs livres sont tombés mais ne semblent pas trop abîmés, aucune page arrachée. En revanche, il y a des sortes de griffures sur leurs couvertures-écorces, qui, me semble-t-il, n'étaient pas présentes auparavant, et prennent différentes formes. - Griffures :
Est-ce le sable qui a fait ça ? Rayé les couvertures, avec toute la violence due à sa vitesse de propulsion ? Il semblerait qu'aucune de ces marques n'a été laissée au hasard ; qu'elles dessinent des calligrammes, des xyloglyphes que je ne suis pas en mesure de déchiffrer. En soufflant par ici, la tempête a ramené de l'illisible dans la section. Je ramasse les livres concernés et en fait une petite pile. Il faudra que je les regarde de plus près. Je me tourne maintenant vers le potager, que je n'osais pas regarder jusqu'ici ; je pressens qu'il est en mauvais état et j'ai peur de découvrir les ravages de la tempête. La serre est intacte, mais certains pans du couvercle sont grand ouverts. À l'intérieur... c'est invraisemblable. Il y a du sable à ras bord, comme si la tempête s'était concentrée sur cet endroit précis de l'hexagone. C'est peut-être pour ça qu'il y a si peu de sable ailleurs : le potager était la cible principale de la tornade. Je devine qu'il ne doit plus rester grand-chose, là-dessous, de mes pauvres plantes écrabouillées. Je commence tout de même à déblayer, à mains nues, sortant le sable prisonnier de la serre pour le déverser par terre ; mais je remarque que cela provoque de nouveaux tourbillons, et redonne vie au sable calme qui recouvrait le potager. Je préfère tout arrêter, de peur de déclencher quelque chose d'incontrôlable. Je me suis souvent demandé si ce potager était là pour faire diversion, pour me détourner de ma vocation principale, ou s'il était livre lui-même, avec cette serre qui s'ouvre comme une couverture. J'aurais du mal, maintenant, à étudier ce qui s'écrit en silence sur les tiges... Il me reste seulement quelques feuilles de verveine qui n'ont pas encore fini dans nos tisanes, et je me promets de prendre un moment pour les examiner. Si je parviens à retirer tout ce sable de la serre, peut-être restera-t-il quelque chose de lisible ? Au moins les racines ? En attendant, je sors d'une de mes poches une petite loupe de botaniste que j'avais retrouvée, il y a quelques jours, sous les feuilles des fraisiers maintenant engloutis. Je l'approche de mon œil, puis, de mon autre main, amène un peu sable de l'autre côté de la loupe. Mais les grains sautent comme des puces, me glissent entre les doigts - impossible de les observer. |
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