Nombre de messages : 61 Âge : 74 Date d'inscription : 12/02/2021 | Babel / Clochard céleste Lun 15 Mar 2021 - 13:18 | |
| Récit des évènements du dimanche 14 mars.Par Pasiphae : - Spoiler:
Songeuse, j'ai tiré mon fil pour nous lester. J'ai pensé à la manière dont le fil pouvait, entre les êtres, matérialiser des relations. J'ai pensé à Pasiphae qui devait visiter son fils en tirant une ficelle, au milieu d'un labyrinthe.
Mais nous ne sommes pas dans un labyrinthe, et la tempête gronde ; les bourrasques de vent sont tellement fortes que toutes les tasses en porcelaine sont explosées au sol, si bien que Doliprane lèche, entre deux lattes disjointes, le thé que je lui avais servi. Sa langue est râpeuse, tout comme Liseth, effondrée sous un fauteuil, est râpeuse aussi.
Dans l'Hexagone 43, resté sans occupant, j'ai trouvé Le Désert des tartares, un livre absurde sur un homme qui attend dans le désert qu'un ennemi vienne. Nous, nous n'attendions rien ; nous lisions, classions, et quelquefois, explorions les confins. Mais la tempête, que nous n'attendions pas, est venue.
Ils sont tous lestés autour de moi ; et tous attachés les uns aux autres par un fil, mais ils ne le savent pas. Personne ne voit le fil, parce que tout le monde lutte contre le sable ; sauf Doliprane, qui lèche le sol, qui lèche les livres et les Bibles, et qui lèche, finalement, un Bibliothécaire. Bon. Je vois des murs de livres, des barricades croulantes, et des Bibliothécaires qui s'emmêlent progressivement les uns aux autres. Par exemple, Aomphalos apparaît et disparaît, emmène son bout de fil dans des dimensions du temps qui l'éloignent, puis le rapprochent. Je tâte le fil ; passé, présent, futur sont tout emmêlés dans le fil. Le fil s'effrite, et tombe en poussière entre mes mains. Nous sommes déliés, et la tempête est retombée.
J'ai un pressentiment ; je cours dans l'Hexagone 5. Les longs fils que j'avais tendus entre mes livres pour les classer ; les longs fils qui, entre mes livres, matérialisaient de discrètes relations ; eh bien, ils sont au sol, réduits en poudre entre les lattes disjointes. Je m'assieds au milieu de mon Hexagone, et je suis très seule, d'un coup. Peut-être que je m'étais trompée. Peut-être que rien ne nous lie ; que rien n'existe entre les livres, ni entre les Bibliothécaires.
Par Mahendra : - Spoiler:
HEEEEEYYY, le cadavre de Mathias n’a jamais bougé dans l’hexagone 6, je veux dire « bougé » au sens de la dégradation normale et attendue de ce qui arrive aux décédés…Le type de l’hexagone 6 trouvait ça normal, il s’est absenté d’ailleurs. Il m’a dit avec négligence « il s’appelle Mathias, il a été généré automatiquement ici https://thispersondoesnotexist.com/ " L’autre hurle, lèche, sa bouche dégrade tout…C’est bizarre ça, vas-y lèche, on lui dit, il lèche la théïère, on dirait signe…je me demande…Vas-y aboie…il aboie…Bizarre…son hexagone…son hexagone se téléporte…aomphalos dit que le temps est kaléidoscope. Au secours, il court, je me conçois à la troisième personne…Liseth disait « je suis écrite » il y avait chamanii qui disait « je m’écris ». Ca avance…on a pas vu dans l’exploration la tempête se lever, on a vu le résultat, Liseth a dit « ça va arriver » et le Livre des Livres là…il était retourné…C’est ? Il y avait des choses, les Salgorithmes, les catastrophes, le péché…C’est ? Tu as péché toi ? Non, j’ai léché, il dit, je lèche, même. Il a un cheveu sur la langue…il dit, je lèche…est-ce qu’il…non, bien sûr que non, avec sa tête de crétin des hexagones Nord là…les sauvages. Le mur, ça avance comme un mur. Ca bouge pas comme une tempête, ça avance comme…un pixel, un pixel qui se déplace, une masse. Vraiment, un bloc…mais ? Souple. Je retourne dans l’hexagone 6 qui par la télétransportation de l’hexagone 19 se trouve juste à ma droite. Le lécheur s’est absenté à d’autres reniflages, langue pendante etc…pfff. Tout le monde panique, ils me font chier, je les aime bien quand même. Ils racontent que le Nord est perdu…the storm is coming, ils hurlent. Bon, l’hexagone 6, Mathias…https://thispersondoesnotexist.com/ ça m’obsède, ça veut dire quoi, ça, https://thispersondoesnotexist.com/ Mathias, intact…hexagone 19, je retourne, un pas, j’y suis c’est bizarre « ça monte ». Je vois les livres de l’Hexagone 19…Bizarre tout est consacré à l’intestin grêle de toutes sortes d’espèces, mammouth à trois pattes, sylphide réticulaire, monceau à plate bandes, lyonrique, atexandrin du bengale…d’autres l’emphosistoïs…bizarre tout se dégrade…Comme digéré…comme contraction, l’hexagone 19, intestin, comme intestin, se contracte il…malade. Il dit ça le crétin des quartiers Nord. Ca monte, je sens que c’est le ça sans comprendre toute la puissance du ça pressentiment de ce que ça vit. Les livres tous deviennent sable, pixels. Les souris lisent les mêmes mots, monceau à bandes plates, ornythorinque du métalepse période pré-glaciaire…les mêmes livres microscopiques…comme si la bigliothéque se rétrécissait. Hexagone 6 je retourne là-bas…Mathias ??? Je secoue Mathias, il bouge. IL BOUGE AHHH NON. Il devient sable, il beigit, il laisse une trace au sol. C’est quoi ça ? C’est quoi…https://www.instagram.com/mathias_5_six/
Par Scezelivo : - Spoiler:
J’ai fait comme si de rien n’était, quand je suis revenu, avec la télésphère des souris, et son portail ; l’endroit tremblait, je crois, et ça criait ; alors j’ai été voir et j’ai vu l’autre, là, qui léchait du thé partout (on s’est dit que ça devait être dégueu, des grains de sable dans la bouche), il fallait s’attacher, elle dit, c’est du sable, mais c’est plutôt des bouts de papier ou non c’est des livres … à l’origine. Moi, je sais pas, je regarde les souris et je crispe mon cou : j’ai l’impression que c’est à cause de nous, et nos escapades méta-esperiennes ; on a joué une religieuse hors-canon, apparemment… puis on a pas été respectueux, aussi, on nous a dit. Au début, on comprenait pas trop : mais c’est normal, nous autres souris, le respect, on connaît pas ; la poésie, oui, mais le respect … c’est plutôt vague quand même, c’est pas très clair comme truc ; c’est quoi, même ? J’ai laissé languette rejoindre liseth en cassant ses ailes ; elle était en mode chauve-souris ; elle m’a regardé genre : « à mon avis … t’aurais pas dû faire ça ». j’ai haussé les épaules en faisant fi de sa remarque, mais ça m’a travaillé, puis j’ai un peu regardé les autres qui s’activaient et moi, je faisais trop rien : si les livres se perdaient, tant pis, et si tout se bouchait, tant pis aussi. Puis, je me suis dit, peut-être que si j’y crois pas, le sable et la tempête finiront bien par disparaître.. quand même, une tempête en pleine bibliothèque ! il faut être sacrément dévot pour y croire, non ? elle empilait des bibles et des corans et des torah (sans majuscule, je crois que ça avait son importance… à mon avis, les minuscules accrochent mieux, quand elles s’infiltrent dans les sols, mais je sais pas). J’ai pensé aux faucons en voyant le bouquin qui parlait du lieutenant, on avait essayé d’en capturer de l’autre côté du télésphérique… même avec un -iqu- en plus, on n’a pas réussi. Les faucons et les milans, c’est un peu comme les souris : c’est pratique pour mettre le feu aux poudres et, m’est avis, que les sables de livres c’est surtout de la poudre ; un peu comme celle qu’on prend pour mettre les voiles (alors qu’on en a pas, juste des pattes, à la rigueur un vélo, peut-être une trottinette). Trottinette est mon 410ème mot et, puisque ça rime, (420), peut-être que ça fait sens de la tempête et de la longueur des livres ? pourrait-on calculer la durée, et l’ampleur, de la tempête à partir de nos livres (si on trouvait les bons) ? (456, il faudrait essayer). Soixante. Ça compte les nombres aussi, je suis un peu rassuré : « bons » tombe sur 55. (478). Et 55 est tombé 77. Les souris elles disent toujours que la bibliothèque joue pas au dé avec les livres. 499, 500…
Par Aomphalos : - Spoiler:
En entrant dans mon hexagone, le douzième, je comprends que ce n’est pas par le feu qu’il sera détruit, mais par le sable, par envahissement de terrain, par noyade.
Les livres sont renversés, déclassés. Au centre, dans le puits, volent un milliard de milliard de petits grains de sable sur lesquels sont écrit des mots que je ne peux pas lire.
Des mots que je ne peux pas lire qui déchirent les mots que je peux lire.
Il fait chaud. Le sable pique ma peau comme de petites étincelles échappées d’un brasero.
Je saute d’un coup d’une minute en avant, d’une minute en arrière, d’une année en avant, d’une année en arrière. Pris dans les tourbillons de papier-lames, aiguisés comme couteau.
Je vois : Red qui hurle mon prénom et qui retient mon bras. Je suis avant, quand j’allais mettre le feu. Je suis après, quand tout est consumé.
Je vois : les bibliothécaires d’il y a trois cents années dormir au milieu des poussières de la Section Lisible. Tous morts. Criblés de plaies qui suppurent de chapelets de prière.
Je reviens maintenant sans savoir que cela veut dire que tout a disparu. Le nord est écrasé du sable du désert. Je ne sais où sont Mahendra, Jean et Noise. Je crois entendre Pasifaea crier.
Ici et là, devant moi, se forment de minuscules et d’immenses statues de sable agglomérée qui hurlent dans une langue que je ne comprends pas.
Je saute encore.
Revois cent fois la même minute. Plus d’une heure passe à voir la même chose se passer. Le même visage apparaître dans le sable d’un hexagone non-identifié. J’essaie de comprendre ce qu’il dit, mais il le dit dans une langue méconnue, au milieu de bourrasques qui ne sont pas, je le sais, exactement de cette tempête, exactement de cette année.
Tout a déjà eu lieu.
Je reviens. Red essaie de me porter. Est-ce elle ? Autour, mon hexagone est partiellement détruit. Le sable couvre jusqu’à la moitié les étagères et mes chevilles.
Mahendra apparaît un instant puis disparaît dans l’autre.
Du puits sort un murmure. J’écoute. Ce sont les textes qui se font la lecture. Tout ce qui a été annihilé parle encore.
Bientôt le reste. Faites attention à vous, bibliothécaires. |
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