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| TOUCHÉ PAR LA TEMPÊTE : DÉTRUIT : Hexagone 12 - Imago | |
| | Nombre de messages : 5132 Âge : 34 Pensée du jour : ... Date d'inscription : 06/10/2013 | Érème / /quit Mar 16 Fév 2021 - 16:52 | |
| QUE RESTE-T-IL DES IMAGES DANS LA TEMPÊTECommentaire et ekphrasis ici.
Dernière édition par Aomphalos le Dim 14 Mar 2021 - 17:47, édité 2 fois |
| | Nombre de messages : 5132 Âge : 34 Pensée du jour : ... Date d'inscription : 06/10/2013 | Érème / /quit Mar 16 Fév 2021 - 17:15 | |
| - TOUT:
Première livre de la première étagère du premier rayon de l’Hexagone 12 de la section lisible. « Tu te penches sur la page d’un large livre. Derrière-toi brille ou flotte la lumière d’un globe presque éteint. Rien à lire. Mais, ton ombre, ombre du visage, pose sur le papier une main noire, la tienne. Ceci : qu’on appelle ombre dans le réel, s’appelle ici image. » Anonyme, Imago, Miranga volar abo miranga
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| | Nombre de messages : 5132 Âge : 34 Pensée du jour : ... Date d'inscription : 06/10/2013 | Érème / /quit Mar 16 Fév 2021 - 17:31 | |
| - EST:
Ndb – Notes du bibliothécaire.
Après un long voyage : me voilà. Section Lisible. Douzième hexagone. Douzième arrivé d’une transhumance qui commence à peine. La rumeur disait quelque chose que personne, chez moi, ne croyait être vrai. Chez moi est une section lointaine, de trois étages plus hauts et de plusieurs centaines de section plus à l’est. Chez moi personne ne croit que la signification peut reposer dans ce qui est s’écrit. Les livres sont, pour tous, des réceptacles du mystère ou du non-sens, rien de plus. Moi. Je sais. A six ans je courrais déjà dans les parties les moins fréquentées de ma section natale. Ici et là, dans des rayons, j’arrachais des pages, je brûlais du papier, je crachais dans les puits. Ce jour-là, j’ai lu, je le sais, une phrase. Je déchiquetais avec rage le papier d’un volume d’un hexagone poussiéreux et elle reposait en son milieu. Nette et noire. J’ai couru dire, le livre sous le bras, il a glissé, je l’ai perdu. Le Livre. La Phrase, je l’avais oublié. Personne ne m’a cru.
Je rêve souvent du livre moitié déchiré entre mes doigts. Mes yeux passent là où Elle était écrite. Je ne peux plus lire. Je ne m’en souviens plus.
Dernière édition par Aomphalos le Mar 16 Fév 2021 - 17:55, édité 2 fois |
| | Nombre de messages : 5132 Âge : 34 Pensée du jour : ... Date d'inscription : 06/10/2013 | Érème / /quit Mar 16 Fév 2021 - 17:53 | |
| - DÉTRUIT:
Troisième livre de la première étagère du premier rayon de l’Hexagone 12 de la section lisible. « D’après Nous : Textes, Caractères, Signes ne sont qu’expédients, Mauvaises Graines des Idées Véritables. D’après Nous est l’Autre Sens qui se découvre Parfaitement dans l’Imparfait du Langage. Nous voulons parler d’imago que d’autres appellent figure, que d’autres appellent tableau, que d’autres appellent vision, que d’autres appellent reflets. […] D’après Nous dans Textes, Caractères, Signes, par Textes, Caractères, Signes advient imago. D’après Nous NE PAS LIRE permet VOIR. D’après Nous NE PAS DISTINGUER permet REGARDER. […] Puisque Nous avons une fois observé notre ombre nous savons que les livres aussi ont des reflets. » Anonyme(s), Manifeste d’Iconodulie Typographique – réponse à la controverse de 1232, Nomiso osso dim
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| | Nombre de messages : 5132 Âge : 34 Pensée du jour : ... Date d'inscription : 06/10/2013 | Érème / /quit Mar 16 Fév 2021 - 18:08 | |
| - PAR:
Ndb 2.Les livres des deux premières étagères du douzième Hexagone sont rangées par ordre alphabétique. A puis B puis C puis D puis E puis F puis G puis H puis I puis J puis K puis L puis M puis N puis O puis P puis Q puis R puis S puis T puis U puis V puis W puis X puis Y puis Z. J’entends murmures et chuchotements depuis que je suis arrivé. On raconte. On suppose. Moi aussi, j’imagine. J’imagine une vieille femme patiente, âgée de dix mille ans, rangeant dans les rayons de notre Section Lisible les livres-à-lire, les livres-lisibles. Mais, comment ? Parlait-elle la même langue ? J’observe l’ordre ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ pour deviner. Pour le moment, tous les livres parlent des images. Le Manifeste d’Iconodulie Typographique que je viens de refermer prétend qu’il existe des « livres d’images » qui sont « livres à reflets ». Dans les livres serait dissimulé des miroirs. Au milieu des lettres, des reflets. Cette nuit encore, j’ai rêvé du soir de mes six ans. La Phrase au bord des lèvres. En sueur je me suis réveillé. Les bibliothécaires de la onzième et treizième section travaillaient encore dans la lumière tremblante. Celle de la onzième pleurait encore en récitant des phrases. Celle de la treizième passe avec couverture brodée et quelques livres – miracles – lisibles qu’elle avait déjà avant d’arriver ici.
Dernière édition par Aomphalos le Mar 16 Fév 2021 - 23:50, édité 1 fois |
| | Nombre de messages : 5132 Âge : 34 Pensée du jour : ... Date d'inscription : 06/10/2013 | Érème / /quit Mar 16 Fév 2021 - 23:50 | |
| | Nombre de messages : 5132 Âge : 34 Pensée du jour : ... Date d'inscription : 06/10/2013 | Érème / /quit Mer 17 Fév 2021 - 22:09 | |
| - SABLE:
Ndb 3. Notes sur le premier rayon. Ricamatrice d’Antonita Vamélie. Le livre commence par ces mots : « Mon père, brodeur, me haïssait. » et se termine par la mise en relation des Trois Principes de la Zédasophie (Zon – Garder, Da – Mordre, Zéda ou Zëda – Cracher) et un épisode où le père du narrateur force son fils à couper le fil à broder avec ses dents et à conserver, dans sa bouche, les petits morceaux de lin qui se détache du fil. Dans ce passage, le père oblige l’enfant à mordre (da) le fil et à le garder (zon) en bouche alors que l’enfant ne désire qu’une chose : le cracher (zéda). Birao birao patura de Boloziarni. Le sous-titre est un mot que je ne connais pas : ekphrasis. J’ai demandé à d’autres bibliothécaires qui ne le connaissent pas non plus. L’ouvrage ressemble à une encyclopédie. A chaque entrée, ou « porte » comme il écrit en malgache dans le livre, suit une description minutieuse de ce que j’imagine être un rêve, mais un rêve qu’on aurait comme attaché au mur, comme arraché à son esprit pour le projeter en-dehors. Je cite : « en train de peindre deuxpersonnages que l'infante Marguerite vient contempler, entourée de duègnes, de suivantes, de courtisans et denains ; qu'à ce groupe on peut très précisément attribuer des noms : la tradition reconnaît ici doña Maria AugustinaSarmiente, là-bas Niéto, au premier plan Nicolaso Pertusato, bouffon italien. Il suffirait d'ajouter que les deuxpersonnages qui servent de modèles au peintre ne sont pas visibles, au moins directement ; mais qu'on peut lesapercevoir dans une glace ; qu'il s'agit à n'en pas douter du roi Philipe IV et de son épouse Marianna »
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| | Nombre de messages : 5132 Âge : 34 Pensée du jour : ... Date d'inscription : 06/10/2013 | Érème / /quit Mer 17 Fév 2021 - 22:19 | |
| - JAUNE:
NdB 3.5 Notes sur le premier rayon.
Volomandre de l’Empereur Crémandre. Travaux philosophiques rédigé en latin par l’empereur fictif d’un empire fictif ayant dominé les confins de la Bibliothèque entre le quatrième et cinquième siècle d’une ère inconnue. L’esprit y est comparé au fulmen (« éclair ») et le corps tonitrua (« tonnerre »). L’Empereur Crémandre évoque la possibilité d’une lux sonitu (d’un « bruit de la lumière »). Il n’est pas facile de décrire en termes simples ce que la lux sonitu désigne dans le lexique touffu de Crémandre. Peut-être quelque chose comme un fantôme de lumière dans le son, un écho dont la teneur serait moins sonore que visuelle. Le motif de la flaque vibrante revient ainsi régulièrement – on imagine l’onde se déplacer de l’éther à la matière, se manifester dans le visible.
Dernière édition par Aomphalos le Ven 19 Fév 2021 - 0:23, édité 1 fois |
| | Nombre de messages : 5132 Âge : 34 Pensée du jour : ... Date d'inscription : 06/10/2013 | Érème / /quit Mer 17 Fév 2021 - 22:30 | |
| - ,:
Parle au centre Incapable Parle au centre Peut-être avoir pour encre Le demain de nos éternelles lampes Parle au centre Fou Ceci est un compromis pour toi qui déraisonnes Parler au milieu dans le milieu dans le milieu des pages L’index humide du Biblio Thécaire Ex Er Ci Ce Q U E T U N E Comprends Jamais Aghord nem so, Fontaines
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| | Nombre de messages : 5132 Âge : 34 Pensée du jour : ... Date d'inscription : 06/10/2013 | Érème / /quit Mer 17 Fév 2021 - 22:33 | |
| - COMME:
c a r t e c a r t e c a r t e _o8888888o_ .o888"' `"888o, .o88' ,=| `88o, ,88' `' A `88, ,88' ,". `88, ,88' [!!!] `' `88, 88' `="=' `88.88 ' F:J ` 88.[8[ ' F:J ` ]8][8[ ' F:J ` ]8]`88 ' =| ,F:J. =| ` 88' 88 ' ,". ||_|| ,". `,88 `88. _|,,,'_`,,,| ,88' `88;:,^.ddd//^\\ddd,^.:,88' `88o!II::::|H|::::II;o88' `88o.""",':`.""",o88' `888o;:-:-:;o888' `mt-2(+jgs)' Cartes de Guiliarha
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| | Nombre de messages : 5132 Âge : 34 Pensée du jour : ... Date d'inscription : 06/10/2013 | Érème / /quit Ven 19 Fév 2021 - 0:22 | |
| - PAR:
NdB 4. Je repense, ce soir, à la mort de mon père. J’ai attrapé, au hasard, un livre dans mon hexagone. « Aujourd’hui, j’ai cinq ans et, ce matin, j’ai mordu ma joue blanche. Je ne savais pas que je pouvais rêver. Papa trie les rayons de l’étagère consacrée aux images. » Mon père mort, nous avons fait comme tous. Jeter son corps dans l’un des puits sans fond. Son cadavre tombe encore. Il n’a jamais su qu’existaient les mots écrits.
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| | Nombre de messages : 5132 Âge : 34 Pensée du jour : ... Date d'inscription : 06/10/2013 | Érème / /quit Ven 19 Fév 2021 - 18:42 | |
| - UN:
NdB 5.
Ce soir, désir de tout brûler.
De tout déchirer.
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| | Nombre de messages : 5132 Âge : 34 Pensée du jour : ... Date d'inscription : 06/10/2013 | Érème / /quit Ven 19 Fév 2021 - 20:04 | |
| - INCENDIE:
NdB 5. Au début de L’enfant du feu de Sted Gaderman, il est écrit une phrase qui ne me quitte plus depuis que je l’ai lu, avant-hier soir, avant de me coucher : « Cet enfant que j’ai été ne savait avoir qu’en brûlant, comprendre qu’en réduisant en cendre. Mon corps même, je le passais au feu : doigts, paume, yeux. Je retirais mes pieds du foyer au dernier moment, juste avant la souffrance. Juste avant de pâtir du monde, je l’enfumais. » Serait-il possible de brûler la Bibliothèque. De la passer au feu. Avant la découverte de cette Section Lisible, un tel projet aurait été absurde. L’incendie n’aurait fait qu’ajouter au mystère, l’incompréhensible d’un crime commis pour rien. J’imagine, comme les autres, un Dieu à l’origine de cet ordre, un artisan premier. Celui qui ferait tout disparaître lui-aussi gagnerait ce statut.
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| | Nombre de messages : 5132 Âge : 34 Pensée du jour : ... Date d'inscription : 06/10/2013 | Érème / /quit Lun 22 Fév 2021 - 23:22 | |
| - CHASSIEUX:
NdB 6. Je veux dire (peut-être) que c’est la cendre qui m’attend. Dans Galina Humbert de Cendrosa, livre situé sur la première étagère de l’hexagone, on y parle de poussière et de fumée, de technique de traçage que je ne comprends pas bien. Je lis : « les choses du langage commence à rebours et dans le feu » et, plus loin, « l’image, l’archéologie des images, l’atlas des images a été fabriquée contre nous » et après : « ce que nous ignorons, ce que nous avons oublié, parce que nous l’avons voulu, d’abord, parce que nous nous sommes perdu ensuite, est que nous ne sommes pas des conservateurs consciencieux, mais les fossoyeurs du pays avorté des images. » Cendrosa évoque plus loin une hypothèse que je ne peux pour l’instant me résoudre à écrire. Hypothèse qui (peut-être) pourrait tout changer, qui rendrait (peut-être) notre tâche commune absurde. (peut-être un lien à faire avec L’œil du doute découvert dans les rayons de Miromensil et dans lequel j’ai jeté un œil, hier matin et qui évoquait en latin, au milieu de paragraphes écrits dans une langue méconnue, l’approche du pyrrhonisme radical d’une certaine Maria Fasarez)
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| | Nombre de messages : 5132 Âge : 34 Pensée du jour : ... Date d'inscription : 06/10/2013 | Érème / /quit Lun 22 Fév 2021 - 23:47 | |
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Nb7. Ma section d’enfance était illisible. Je suis né, j’ai grandi dans la Section Illisible par excellence. Des générations ont pendant des siècles déchiffrés les pages illisibles des livres illisibles des rayons illisibles de la Section Illisible de mon enfance. A six ans, j’ai découvert, après m’être perdu, après avoir erré en voulant retrouver mon chemin, une phrase écrite en toute lettre, mais que j’ai oublié, comme j’ai oublié, ensuite, la page, le livre, le rayon, l’hexagone derrière moi. A trente ans, je peux rêver, mais pas me souvenir. J’habite maintenant la Section Lisible par excellence. Section qui n’est pas vouée à l’informe, à l’inintelligible et au babillement. Section où on tourne les pages pour les lire, section où commente les pages lues, section où ont lit et relit les mêmes passages…
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