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| TOUCHÉ PAR LA TEMPÊTE : DÉTRUIT : Hexagone 12 - Imago | |
| | Nombre de messages : 5132 Âge : 34 Pensée du jour : ... Date d'inscription : 06/10/2013 | Érème / /quit Sam 27 Fév 2021 - 10:50 | |
| - LES:
Nb8. Elle a toqué à ma porte. Les portes n’existent pas. J’ai menti. Mon mensonge était de dire : tout va bien. Mon mensonge était de dire : ce n’est rien. Alors qu’en moi brûle des flammes que je veux agiter hors de moi. Braise qui veut sauter hors du foyer. Elle est partie un moment, voir autour d’elle, je crois. Attention Je reviendrai. — Nimué était écrit dans son hexagone. Dans ses yeux il se passait aussi quelque chose qu’elle ne me disait pas. Elle a bandé mes yeux – elle me croyait aveugle. Je lui ai fait croire que je ne voyais rien – alors que je voyais. Elle a parlé des livres qui la regarde. Moi aussi, ils me regardent. Un grand feu pour crever l’œil des livres.
Dernière édition par Aomphalos le Sam 27 Fév 2021 - 18:32, édité 1 fois |
| | Nombre de messages : 5132 Âge : 34 Pensée du jour : ... Date d'inscription : 06/10/2013 | Érème / /quit Sam 27 Fév 2021 - 18:08 | |
| | Nombre de messages : 5132 Âge : 34 Pensée du jour : ... Date d'inscription : 06/10/2013 | Érème / /quit Mar 2 Mar 2021 - 0:09 | |
| - QUE:
Nb 10.
J’ouvre, au hasard, Chigozie Chidumaga, à la page 59, qui évoque ce « faux tragique de la flamme », cette « fausse infamie des brûlures », qui nous fait croire, dit-elle, que ce qui succombe au feu « disparaît dans la poudre, le fraisil », comme « scories », « restes », « ruines » ; « faux tragique de la flamme que nous confondons avec l’objet de la seule perte possible : l’oubli ». Elle ajoute, page 62, que le rêve « est l’aliment premier de toutes nos braises, de tous nos incendies ». Il faut faire, croit-elle, « feu de tout bois ».
Je crois comme elle.
Lilith Yurieva, dans ce livre écrit dans un dialectique russe dont on pourrait traduire le titre par : Principe du brûlis dans la culture des manuscrits, qu’il ne peut exister de meilleures récoltes, pour nous, qui vouons nos existences à l’agriculture et au jardinage des lettres, que celle issues, je cite : « de ces hauts brasiers qui, d’abord, ravagent les hexagones entiers, mais, ensuite, préparent à la repousse la culture. »
C’est cela. Le feu. C’est cela.
Les autres me pensent fou. Craignent cet incendie non-maîtrisable que j’appelle de mes vœux. L’Oasis que nous explorions hier me racontait cela. Je n’ai pas dit aux autres que le sable, le sable du désert, les grains de poussières, les fragments, les cristaux étaient, je le sais, les flocons échappés d’une énorme convulsion, d’une immense destruction par le feu.
Je crois que me souvenir de ce que j’ai lu enfant et dont je rêve souvent. Je crois me rappeler de ce qui était sous mes yeux, comme un secret dévoilé et trop nu devant mon cœur d’enfant. Je vais attendre encore avant de leur dire ce que maintenant je sais. Car ils diront fou et ils auront raison car je suis feu follet, flammerole en prison.
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| | Nombre de messages : 5132 Âge : 34 Pensée du jour : ... Date d'inscription : 06/10/2013 | Érème / /quit Ven 5 Mar 2021 - 21:08 | |
| - FONT:
La nuit, j'entends quelqu'un parler, j'entends quelqu'un parler, dans ma tête j'entends quelqu'un parler, j'entends quelqu'un parler de L'échine brisée des choses. - L. 135.321.2 – Catalogus XLIXDCCCXXX, Anonyme, p. 123:
« L’échine brisée des choses – sont recensées dans la zone explorée de la Bibliothèque 132 098 ouvrages contenant la phrase « l’échine brisée des choses ». De ces 132 098 ouvrages, 131 876 use de cette phrase dans son sens figuré désignant par « l’échine brisée des choses » la déréliction, la dissolution, la décrépitude, la tristesse et autres états spirituels impossibles avec précision. Dans les 222 ouvrages restant, 219 use de l’expression « l’échine brisée des choses » s’insère dans la citation d’un ouvrage de la liste des 132 098 livres découverts ou dans l’infini des livres encore non-découverts. Les 3 livres qui restent et qui usent de la phrase « l’échine brisée des choses » n’en font pas un usage métaphorique. Ainsi, dans le premier de ces trois livres, intitulés Vie et contre-vie des choses, l’auteur anonyme explique ainsi que les « choses » prennent, dans le monde matériel, l’aspect des objets quotidiens : vêtements, montres, brosse-à-dent, mais peuvent être pensées, dans le monde spirituel, comme des « animaux à long cou, recouvert de cristaux et de pierres précieuses et semi-précieuses ». A la troisième page de Vie et contre-vie des choses, est ainsi utilisé la phrase « l’échine brisée des choses » pour décrire l’inéluctable destin des choses sur le plan spirituel. Elles ne peuvent, explique l’auteur, supporter longtemps le poids immatériel des idées accumulées sur leur dos par les penseurs, philosophes, théologiens et mystiques et finissent, irrémédiablement, par avoir le cou coupé, l’échine brisée par l’affluence des symboles et des interprétations. « Ces pauvres bêtes, écrit l’auteur, sont chargées d’une cargaison de plus en plus pesante de Formes Intelligibles associées, imprudemment, par la Pensée. Ainsi, une chose, incarné matériellement par la peluche d’un enfant de six ans, ploie sous l’agglomérat des souvenirs, des joies et rancœurs de l’enfant qui, au fur à mesure de sa vie, enrobe la chose d’une gangue de plus en plus accablante d’autres choses. Au bout d’un certain temps, qui peut être très court ou pratiquement infini, la chose meurt, échine brisée et gît pour l’éternité sur le plan spirituel ». Les deux autres livres, intitulés respectivement : Contre Vie et contre-vie des choses de Germaine Salamanques et La Chose déçue d’Ignace de Logoya, sont des remises en cause, point par point, de la théorie de la « chose » comme animal spirituel. »
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| | Nombre de messages : 5132 Âge : 34 Pensée du jour : ... Date d'inscription : 06/10/2013 | Érème / /quit Sam 6 Mar 2021 - 0:20 | |
| - LES:
Nb 11.
Voici mon hypothèse : nous marchons dans une forêt obscure, sur un sentier abîmé et le jour, jusqu’à nous, n’arrive jamais. Nous traversons l’armée des signes, des symboles et maintenant, je le découvre, le bataillon des images. Nous sommes l’arrière-garde d’une armée vaincue depuis longtemps.
Que faut-il faire ? Personne, ici, ne se questionne comme je le fais maintenant. Personne ne veut admettre que la guerre est perdue. Et, non seulement qu’elle est perdue, mais que nous sommes les habitants d’un pays conquis bien avant notre naissance.
Bien avant notre naissance, tout ceci, je veux dire, les livres et les idées, les mots et les paroles, les lettres et les pensées n’étaient déjà qu’une formidable communauté de fantômes.
Spectres qui n’attendent que d’être enterrés.
Nous sommes les fossoyeurs d’un cimetière que personne ne viendra plus fleurir. Nos chambres sont des mausolées. Nos étagères des nécropoles.
Voici ma solution : il faudra tout brûler.
Un feu allumé quelque part, au coin d’une section secrète du domaine secret des éditions muettes de monde des reflets.
Mes mains fouillent déjà l’âtre ou le foyer. La pulpe de mes doigts travaille avec la braise.
Je rassemble discrètement les outils nécessaires au dernier feu du joie : miroirs, pailles, copeaux de bois ; silex, feuillets, tisons ; briquets, fusils, poisons.
J’embraserai tout bientôt, dans la nuit identique à toutes les nuits du monde et je ferai une ronde pour fabriquer mes vœux de flamme et de lumière.
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| | Nombre de messages : 5132 Âge : 34 Pensée du jour : ... Date d'inscription : 06/10/2013 | Érème / /quit Lun 8 Mar 2021 - 23:05 | |
| - BELLES:
Nb 12.
J’ai regagné mon domaine. Et j’ai lu : « Nous nous étions baigné. Nous ne le savions pas. Nous ne savions pas que nous venions de l’eau. Nous ne savions pas qu’il existait la mer. Nous ne savions pas que les vagues nous léchaient. Nous ne savions pas le goût du sel au lèvre. Nous nous étions baigné. Noyés, peut-être. Nous ne savions pas que nous étions trempés. Nous ne savions pas que nous avions un corps. Que nos nuques raides étaient froides. Que nos mains humides étaient ridées. Que nos talons s’accrochaient au sable méconnu. Nous ne le savions. Nous ne savions pas qu’il existait la joie. C’est sans savoir que nous étions venu. Sans vouloir que nous avons voulu. » (Anaïs Boldina, Bain) « Nous nous trouvons devant deux difficultés. La première : que notre tâche est immense. La seconde : qu’elle n’a pas commencé. Notre tâche n’est pas celle que nous nous assignons, mais une autre, qui attend notre éveil. Un éveil qui ne peut pas venir de notre tradition. Nous habitons l’Autrefois comme un autrefois les prisons. » (Oréiane Soméon, Autres journaux) « L’appartement comptait, très exactement, trois pièces. Je le sais car j’ai compté souvent le nombre de nos chambres (nous n’en possédions qu’une), le nombre de cuisine (nous n’en possédions qu’une), le nombre de salle d’eau (il n’en existait pas). Cela faisait trois à chaque fois. Mes doigts, avec lesquels je dénombrais les choses, se dressaient comme des pins (d’après ce qu’on m’en dit, les pins se dressent ainsi : je n’en ai jamais vu). Un soir, nous étions ivres ensemble, il ne se souvenait pas qu’on habitait ensemble, ni même de mon prénom. Il ne me voyait pas. Me passait au travers. L’appartement brûlait. Et lui ne bougeait pas. La petite marchande d’allumettes jetait, une à une, ses outils d’incendie dans la fenêtre ouverte jusqu’à nos lits conjoints, qui n’en faisaient plus qu’un (sans même qu’il le remarque). » (Niklas Lois, L’éteignoir)
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| | Nombre de messages : 5132 Âge : 34 Pensée du jour : ... Date d'inscription : 06/10/2013 | Érème / /quit Lun 8 Mar 2021 - 23:42 | |
| | Nombre de messages : 5132 Âge : 34 Pensée du jour : ... Date d'inscription : 06/10/2013 | Érème / /quit Ven 12 Mar 2021 - 0:02 | |
| | Nombre de messages : 5132 Âge : 34 Pensée du jour : ... Date d'inscription : 06/10/2013 | Érème / /quit Dim 14 Mar 2021 - 18:09 | |
| - ENCORE:
Nb 13.Pasifaea faisait, hier, la lecture de Mon âme comme à la guerre de Tatiana Reinfold. Elle était dans son hexagone. Au centre de son hexagone. Elle se tenait là. Je crois que nous devenons ce que nous devenons parce que nous attendons une catastrophe. Une catastrophe qui commence partout. Dans l’Ombre de celle du onze. Dans les menaces de celle du cinq. Dans le personnage de celui du 29. Dans la prison de celui du six. Dans la neige de celui du 10. Dans l’alarme de celui du quatorze. Dans le vol de celle de vingt-trois. Pasifaea lisait. Ici, personne ne lit. Tout le monde attend. Après notre arrivée, les hexagones étaient chargés d’énergie fébrile et d’échange. Mais, peu à peu, nous nous taisons. Les un.es après les autres, nous nous taisons. Nous nous terrons. Je crois que nous nous enterrons. Je crois que nous attendons la défaite. Je crois que j’espérais brûler ce qui seulement va mourir. Je crois que ce que le feu fait, la mort ne peut jamais le faire. Que nous allons mourir. J’ai classé beaucoup de mes ouvrages par thème. J’ai encore rêvé. Pour l’instant, voilà ce que j’ai trouvé : des livres sur le feu, des livres sur l’image, des livres sur les ombres, des livres de théologie de religions que je ne connais pas, des livres de philosophie et la critique de ces livres, des livres que je ne peux pas raconter, des livres sur les rêves, des livres de prophétie.
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