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| TOUCHÉ PAR LA TEMPÊTE : hexagone 19 rpz (Jean le Baptiste) | |
| | Nombre de messages : 448 Âge : 32 Date d'inscription : 28/11/2017 | Doliprane / Pour qui sonne Lestat Lun 15 Fév 2021 - 23:19 | |
| Ton hexagone a été touché par la tempête de sable. Il est pour l'instant entièrement recouvert de sable et de thé à la menthe. Tu peux essayer de faire quelque chose pour le sauvegarder.- Spoiler:
gloserIci, on m'appelle Jean le Baptiste. Le surnom m'est resté par hasard. Jean le Baptiste a été décapité un 29 août, jour où je suis (aussi) né. C'est simplement un hasard. Ne pas voir la lumière finit par rendre anxieux, ce qui conduit à voir partout des hasards. J'essaye de ne pas m'y arrêter. L'angoisse me montre la peau sous la peau sur laquelle ma peau ondule, comme sur ses os le pelage d'un chat. J'ai comme tout le monde un don de prophétie, je peux prédire l'orage à partir du calme qui le précède. J'ai peur de ce qui va arriver dans la bibliothèque mais je ne connais mes options que trop bien. Je me suis trop révisé, je pourrais me réciter au tableau. Mieux vaut laisser les choses se faire d'elles-mêmes. Il faut qu'elles croissent et que je diminue. La bibliothèque ne fait que croitre, et nous ignore superbement. La bibliothèque est immense, sans limites. J'y voyage de certitude en certitude, car je sais qu'on n'en peut rien attendre. C'est pour cela que j'ai voulu devenir bibliothécaire. La Bibliothèque ne déçoit jamais. Immense, elle reste immensément fidèle à elle-même, à son incompréhensibilité. Il n'y a rien à en attendre. Jusqu'à aujourd'hui où les livres ont fait mine de faire sens. J'ai peur d'être déçu. J'ai peur qu'on découvre, après l'enthousiasme initial, que ce sens en a en fait moins que les milliards de pages absurdes auxquelles nous avons été habitués. Je me sens trahi. J'ai voulu devenir bibliothécaire parce que je ne voulais pas être trahi. Certains d'entre nous ont eu une vie avant la bibliothèque. Moi, j'ai eu une petite vie, qui ne pesait pas grand-chose, mais une petite vie malgré tout, avant les livres. J'ai été amoureux quelques fois par exemple, et puis je m'en suis non pas réveillé, mais endormi. C'est encore là que je dormais le mieux. On s'endort dans ce qu'on aime sans s'en rendre compte. On se réveille, un beau jour, mais c'est inexplicablement ailleurs, alors qu'on a pas bougé. C'est un ailleurs mental. On croyait toute sa vie réglée, les choses bien disposées, renouvelées de manière prévisible comme les saisons. Mais un jour le sommeil garde la monnaie. On ne sait plus où on se réveille. Je me perds facilement. Aujourd'hui, tous les jours, je me réveille dans la bibliothèque. Je l'ai choisi. Il m'était arrivé, dans ma vie passée, d'être absolument passionné par absolument tout ce qui se produisait. Mais on se perd dans l'illusion du divers, de la nouveauté, alors que les choses sont au fond immuables. Aujourd'hui, dans la bibliothèque, je ne veux pas à nouveau me perdre.
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| | Nombre de messages : 448 Âge : 32 Date d'inscription : 28/11/2017 | Doliprane / Pour qui sonne Lestat Mar 16 Fév 2021 - 18:09 | |
| - Sous le sable ::
Extrait d'un livre de l'hexagone
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| | Nombre de messages : 448 Âge : 32 Date d'inscription : 28/11/2017 | Doliprane / Pour qui sonne Lestat Mar 16 Fév 2021 - 20:34 | |
| - Sous du thé:
Extrait d'un livre de l'hexagone
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| | Nombre de messages : 448 Âge : 32 Date d'inscription : 28/11/2017 | Doliprane / Pour qui sonne Lestat Mer 17 Fév 2021 - 14:28 | |
| Extrait d'un livre de l'hexagone
- Spoiler:
"Comment Dieu créa-t-iel le monde ?
– Comme un être qui se concentre et contracte sa respiration.
iel a ainsi concentré toute Sa lumière dans un point, et en se retirant du monde, le monde fut laissé dans les ténèbres, et dans ces ténèbres iel tailla les rochers et sculpta la pierre.
La création du monde n'est donc pas un acte de révélation et d’émanation, mais, au contraire, un acte de dissimulation et de restriction.
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Dieu était Tout. Pour laisser place au monde dans ce Tout, Dieu S'est retiré d'une partie de Tout : Dieu s'est retiré de iel-même.
iel a retenu Son souffle.
Et cette absence de souffle, cette hypoxie a engendré l'air.
C'est parce qu'iel S'est étouffé que nous respirons.
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La création est toujours restrictive, non pas expansive. Créer c'est restreindre la virtualité de l'imaginaire dans la focale d'une création donnée. La création enferme l'infini dans une boite, la clot et la scelle.
Tout acte créatif est une blessure faite à l'infinité. La goutte de sang qui en résulte tombe sur la terre, la fertilise.
La Bibliothèque en est la démonstration. Elle contient toutes les oeuvres possibles.
La Bibliothèque contient la totalité de l'imaginaire, blessure après blessure, goutte après goutte.
Se promener dans ses rayons c'est témoigner indéfiniment de cet assassinat.
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Dieu est le Verbe.
Le langage est l'acte créatif par excellence : "Que la lumière soit", et la lumière fut.
Le langage permet d'explorer et de restreindre l'infinité, en nommant les choses, choses après choses, en nommant leur particularité, et en les nommant dans l'ici et maintenant de qui énonce.
Offrant aux choses le langage qui les nomme, offrant au langage des choses à désigner, créant le monde et le langage qui en est comme la face immanente, le langage qui est le lien invisible entre toutes les choses, qui lie les choses dans les phrases, Dieu se retire du monde, Dieu dissimule la totalité de la langue pour laisser apparaitre la singularité de telle phrase, de telle pensée, de telle locution, celles de notre usage, qu'on trouve à chaque coin de rue, dans chaque pli de peau, qu'on trouve dans toutes les bouches, et que nous nous plaisons à articuler. Chaque phrase occulte toutes les autres phrases possibles en attirant sur elle la focale du soleil.
Dieu est le Verbe ; insolemment, nous conjuguons Dieu.
La Bibliothèque récite les déclinaisons de Dieu, blessure après blessure ; Dieu n'est qu'un mot du langage pour désigner l'infinité.
Les livres enferment Dieu dans leurs pages."
Dernière édition par Doliprane le Mer 17 Fév 2021 - 19:01, édité 1 fois |
| | Nombre de messages : 448 Âge : 32 Date d'inscription : 28/11/2017 | Doliprane / Pour qui sonne Lestat Mer 17 Fév 2021 - 18:37 | |
| - Presque illisible :
J'ai plusieurs fois pensé à me suicider. Les journées dans la Bibliothèque se ressemblent toutes : je l'ai choisi. Je ne voulais pas être trahi. La nouveauté trahi, la Bibliothèque est prévisible. J'ai plusieurs fois penser à me suicider, j'ai choisi de le penser. Me suicider par désespoir, non par tristesse, mais désespoir dépassionné, désespoir au sens étymologique : l'absence d'espoir, rien de plus. Ce que j'ai choisi. Je ne ressens aucune tristesse depuis que j'ai rejoint la Bibliothèque. Car je sais qu'au fond il n'y a rien à en attendre. Dans mes rêves je me souviens parfois du monde extérieur. Comparée à la Bibliothèque, la lumière y est vive, violente. Ses muscles sont nerveux, ciselés ; ils propulsent ses membres agiles, pleins de chair et de sang, pour éclabousser les routes, les visages, les maisons. Ici, la lumière est malingre, faible, elle n'a que la peau sur les os, mais ces os sont rongés par quelque chien de pénombre. Surtout, la lumière ne varie jamais : ce sont toujours les mêmes bougies ou lampes à huile. Cela finit par rendre fou. Le vacillement d'une flamme est la seule variation permise, la seule chose faisant office de saisons, nos étés et nos hivers ne durent qu'une fraction de seconde. Je m’enfonce parfois dans moi-même comme dans un cocon. Je rêve parfois du monde extérieur. Dans mes rêves, des figures connues ou imaginaires viennent me voir et me pressent de les rejoindre. Je parle avec elles. Je me laisse convaincre. J'envisage de quitter la Bibliothèque. Je finis par oublier pourquoi je suis ici. Mais vient le réveil. Elles repartent. Je reste où je suis.
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| | Nombre de messages : 448 Âge : 32 Date d'inscription : 28/11/2017 | Doliprane / Pour qui sonne Lestat Lun 1 Mar 2021 - 15:53 | |
| - Usé par le vent :
les autres bibliothécaires ne font qu'aller et venir dans la bibliothèque, visitent mutuellement leurs hexagones, boivent du thé dans l'hexagora. comment, avec tout cela, trouvent-ils le temps de se consacrer à leur véritable tâche ?
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