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| | Nombre de messages : 5449 Âge : 57 Localisation : Paris Pensée du jour : Three blinds rabbits. Date d'inscription : 05/11/2017 | Jdoo / Maîtrise en tropes Sam 21 Aoû 2021 - 23:06 | |
| depuis la dernière fois :
Les éclats de Néandertal - Jean Luc Pret Deruisseaux : petit état de l'art sur l'industrie du néolithique. J'en lis pas mal des comme ça, mais j'avoue que c'est très dur de se rendre compte. On y collectionne des bribes du passé, on spécule sur l'utilisation d'objet, il y a tout de même des études sur l'usure des outils qui permettent d'imaginer leurs fonctionnalités. Ce que je note, là à froid et qui m'a frappé, c'est la méthode Levallois, qui était une technique optimisée pour minimiser le travail et pour détacher des éclats standardisés. Quelque part c'est l'invention de l'industrialisation.
Les esclaves du Diable - Georges J.Danaix : c'est une enquête sur le satanisme, du moins l'état de l'art sur le satanisme (écrit en 1970) vous savez c'est le genre de bouquin pas très sérieux et sensationnaliste un peu mal ficelé dans les enquêtes avec des réflexions du genre : "rien n'indique que Charles Menson était au courant des rites sataniques, mais s'il les avait connus il est sûr qu'il les aurait utilisés". Donc bidon au possible, homophobe et misogyne (les femmes étant les cibles privilégiées de Satan, car plus sensibles et plus faibles). L'homosexualité est ici considérée comme une déviance et donc un médium privilégié du satanisme. L'enquête commence donc sur le récit des crimes de Charles Menson, et du procès qui était en cours au moment où le livre est écrit sur le meurtre de Sharon Tate (la seconde femme de Polanski, d’ailleurs n'a t-il pas fait un film sur les vampires ? Coïncidences ? Je ne crois pas ! ha ha !). Beaucoup de référence à là-bas de Huysmans, on peut même y voir un certain parallèle entre l'enquête sur le satanisme et les réflexions présentes dans ce roman. En tout cas ces livres sont toujours un peu branlés de la même façon, en gros tout ce qui est crime est relié avec Satan. Même sans preuve, mais on suggère que ça peut être lié. Ce qui fait dire à l'auteur que le culte de Satan n'a jamais été aussi actif. Dites, pourquoi je lis des trucs pareils moi ?
Vermon Subutex T3 Virginie Despentes : voilà j'ai fini Vermon Subutex , et c'est snif-snif et c'est bien. Une foule de personnages, complexes, pas manichéens pour deux sous. Je peux même dire que Despentes est une humaniste, elle trouve la force de sauver tout le monde, même le pire fachos misogyne, elle le sauve, même s'il la fout en colère, elle s’obstine et ne renonce pas à trouver l'humain chez lui. Et ça c'est beau les amis ! Alors oui, c'est un roman gauchiste et ça aborde les problématiques du féminisme, mais ce n’est jamais lourd et ça reste bien amené dans le roman. En plus d'être sacrément drôle la Virginie -je me suis gondolé une paire de fois- on peut dire qu'elle sait trousser de bonnes intrigues.
Les nourritures terrestres de Gide : ha ? j'ai lu ce truc moi. Je ne me souviens plus de rien. Va falloir que je le relise.
Là-Bas : Huysmans. Comme on en parlait dans "Les esclaves du diable" et que je l'avais lu, mais qu'il ne m'en restait rien et bien je l'ai relu. Donc on est dans le genre littéraire "c'était mieux avant". Comprendre le Moyen Âge. Il y a toujours la description du dégout du personnage principal pour son époque et ses contemporains (on les connait, on a les mêmes aujourd'hui). La banalité du quotidien l'emmerde et il va se réfugier chez les mystiques pour s'évader dans les contes et légende - donc c'est le là-bas-. Il assiste du reste à une messe noire, à la description assez drôle. Ce qui est plutôt pas mal, c'est que le personnage est fasciné par l'ésotérisme, mais il n'est pas dupe dans le fond que ce ne sont que des conneries et que les mystiques de son époque ne sont finalement que des bastringues. Voilà d'autres histoires notamment sur une prétendue possession à distance entre ésotériques de l'époque qui aurait vraiment eu lieu. On est quelque part dans l’anecdotique du XIXe Siècle.
Dessiner encore - Coco : le témoignage en Bande dessinée de l'attaque de Charlie Hebdo par les deux tristes zouaves. Coco c'est la dessinatrice qui a été obligée d'ouvrir la porte aux deux terroristes. Inutile de dire l'enfer qu'il faut se tartiner de vive avec ça. En même temps que la description de sa thérapie et de l'attaque elle raconte ses débuts dans la revue et sa complicité/collaboration avec Cabus. Bref, c'est tellement bien. Posez tout de même une boite de Kleenex pas trop loin si vous le lisez.
Notre Univers mathématique : Max Tegmark : bouquin de vulgarisation scientifique et spéculative, qui postule que l'univers est mathématique. Il y décrit 4 niveaux d'univers parallèle : 1 - région de notre univers que l'on ne peut pas encore observer, car les photons émis ne nous ont pas encore atteins. 2 - Région de notre univers que l'on ne pourra jamais observer, car s'éloignant plus vite que la lumière à cause de l'expansion de l'univers 3 - Multivers issu de l'interprétation quantique d'Everett, au moment de la mesure par exemple l'univers se scinde "réellement"en autant de possibles. 4 - Univers gouvernés par des lois physiques différentes, tant qu'elles sont formalisables en mathématique. On y révise sa mécanique quantique, et sa relativité restreinte et générale. Le bouquin n'est pas spécialement aride et l'auteur digresse pas mal sur ses expériences professionnelles. Notamment qu'est ce que ça implique d'être un prof de physique du MIT qui spécule sur les univers parallèles ? En tout cas j'ai bien aimé, ça stimule à plein.
Le lys dans la vallée - Balzac : putain, mais qu'est-ce que c'est cucul la praloche ! C'est à ce la prendre et ce la mordre. Pas étonnant que Flaubert ce soit senti obligé d'écrire madame Bovary après des bouquins pareils, histoire de se lâcher un peu ! En tout cas des belles descriptions de ma région, la Touraine et le Val de Loire.
Le livre des crânes de Silverberg : alors je l'avais lu quand j'avais 16 ans, et j'avais moyennement kiffé à l’époque, car j'étais fan de SF pure et dure. Mais là 30 ans plus tard, j'ai trouvé ça très bien. Une histoire fantastique sur fond d’Amérique des années soixante-dix, baises, drogues et Easy Rider. Au final on retrouve dans le livre une belle utilisation du thème de fatalisme à la Grecque.
Nouvelles de Huysmans : 1) Sac au dos : les péripéties (autobiographique) d'un bidasse de la guerre de 70, qui ne verra jamais le front et qui trimbalera pendant toute l'histoire, une chiasse carabinée et ira d'infirmerie en infirmerie. Vraiment bien et pas glorieux pour la belle armée française ! 2) A vau l'eau : l'histoire d'un pauvre type qui ne sait pas quoi faire de sa vie. Très instructif sur les mœurs du mâle citadin de la fin du XIXe siècle qui ne savait apparemment rien foutre de ses dix doigts, mais alors rien de rien (pas un œuf au plat, pas faire son lit, mais rien, rien !) 3) La retraite de Monsieur Bougran : sur le même thème du pauvre type complètement inféodé à son travail et qui ne connait rien d'autre. Que va-t-il faire une fois à la retraite ? 4) Un dilemme : histoire d'une pauvre femme qui se fait avoir jusqu'au trognon par son beau père. C'est quelque part très dans les thèmes naturalistes prôné par Zola, où l'on montre avant tout la bassesse des comportements humains.
Le culte des vampires aujourd'hui - Jean Paul Bourre. Dans la même veine que les esclaves du Diable, une enquête subjective où l'on se fait peur, non plus avec le Diable, mais avec des Vampires. Il y a des photos au milieu de messe noire avec des mecs et des nanas déguisés avec leurs panoplies de petit sataniste . L'auteur a tout de même était faire son enquête à Venise et à l'ombre des Carpates. Au final la conclusion serait que le vampirisme ne serait pas un culte de mort, mais de vie, ostracisé par le christianisme.
Phénoménologie de la perception de Merleau-Ponty : bon le livre pas spécialement simple à lire, normalement il vaut mieux commencer par Husserl pour avoir les bases de la phénoménologie, que vous n'aurez pas de toute façon tellement c'est imbitable. Le livre commence justement par le constat que la définition de la phénoménologie n'est pas clair. En tous les cas l'idée c'est que l'on n'a que des phénomènes des étants (objet) qui nous entourent. Après ça dépend des philosophes sur la valeur de ces phénomènes, mais l'idée d'Husserl c'est que les phénomènes d'un objet vu sous différent point de vue sont suffisants pour avoir la vérité de l'objet. C'est même pour lui une meilleure méthode que la science (qui elle aussi traite les phénomènes). Il est aussi question d'une réduction phénoménologique qui permettrait d'obtenir l'essence, la moelle substantielle des objets. Bon tout ça c'est possible, car nous avons une conscience. Et c'est là-dessus que Merleau-Ponty est original dans la phénoménologie, car pour lui (suivant des observations de malade souffrant d'apraxie, d'agnosie) le corps n'est pas dissociable de la conscience, que l'action de nos membres c'est de la conscience et vice versa. C'est le chiasme merleaupontesque. Et que la vérité ne peut s'atteindre donc avec la conscience, mais aussi tout le potentiel de notre corps et de notre perception. Il n'y a donc pas de dualité corps/esprit. Etc. etc... c'est très intéressant, mais il faut tout de même mettre un slip en kevlar pour le lire, c'est ardu.
Le serpent d'étoile de Giono: alors c'est un drôle de livre. C'est un témoignage (je ne sais pas s'il est vrai) de pratique de bergers qui s'adonneraient dans les montagnes à des représentations théâtrales ou plutôt chamaniques où les acteurs interpréteraient le monde, les montagnes, les fleuves, etc. Les descriptions de Giono sont organiques, on retrouve tout au long du récit des analogies avec l'eau. les troupeaux des moutons comme des fleuves. On peut dire qu'il s'en donne à cœur joie !
Et regain du même : une histoire d'amour provençale : à la dure, aux étoiles, dans la mystique des montagnes. Ça sent la farigoulette et l'herbe de Provence.
L'éveil d'endymion - Dan Simon : ouf ! j'ai fini le cycle d’Hypérion, mon Dieu que c'était long, que ça délaye, que ça délaye. Au final le risque de ces longs récits, c'est quand on arrive à la fin, on souffle en disant : ok, tout ça pour ça. Merci ! Soyons juste, il y a un beau paradoxe temporel, et une histoire d'amour d'une cucuterie himalayesque : "mon aimée..." gnin-gnin "je n'aime que toi" gnin-gnin-gnin... vite un sceau que je dégueule...
De la certitude - Ludwig Wittgenstein : variation sur les questions autour de ce que l'on sait et de ce que l'on peut ériger comme étant des certitudes. Beaucoup de question du style "comme je sais que je sais". Philosophe analytique, tout est empreint de logique, on cherche les causes et les postulats initiaux. Ce qui serait à la base de toute notre connaissance et de nos certitudes. À relire, je pense.
Voilo...
Dernière édition par jdoo le Dim 22 Aoû 2021 - 14:00, édité 2 fois |
| | | Invité / Invité Dim 22 Aoû 2021 - 8:22 | |
| J'en suis aux 2/3 d'Un barrage contre le Pacifique. Et il entre directement dans le top 5 de mes livres préférés ever. Il y a beaucoup de choses qui me touchent énormément.
C'est mon premier livre de Duras, et je ne sais pas pourquoi je ne l'ai pas découverte avant. Après celui-là, je vais me faire une série de Duras. |
| | Nombre de messages : 4072 Âge : 43 Localisation : Région Parisienne Date d'inscription : 11/01/2019 | Jimilie Croquette / De l'Importance d'être Constamment Là Dim 22 Aoû 2021 - 10:22 | |
| J'ai lu "un barrage contre le pacifique" au collège et comme souvent en littérature scolaire sous contrainte, j'ai pas trop aimé... Mais paradoxalement, j'en garde pas un mauvais souvenir. Disons que déjà à ce moment-là j'ai réalisé que ce n'était pas un lecture pour moi à 14 ans, mais que c'était quand même une oeuvre majeure.
Sinon là je viens de finir "les furtifs" d'Alain Damasio et j'ai vraiment trouvé cette lecture pénible, sur le fond et sur la forme. Sur le fond, l'auteur nous vend la ZAD comme la recette du bonheur (très peu pour moi) et sur la forme, ses rebondissements incessants de narrateur et ses bizarreries de grammaire, vocabulaire et typographie rendent l'ensemble inintelligible et indigeste.
Comme tout le monde crie au génie, je me demande si je suis la seule à avoir trouvé ce livre aussi creux que prétentieux ? |
| | Nombre de messages : 291 Âge : 37 Date d'inscription : 02/07/2020 | tasse à café / Autostoppeur galactique Dim 22 Aoû 2021 - 13:47 | |
| Elopez,
En grande fan de SF, j'entendais parler de Damasio depuis un moment et du coup j'ai acheté "la zone du dehors", hyper déçue aussi, j'ai lu environ 100 pages sur 600 (bravo d'avoir fini! Quand ça me plait pas, j'ai du mal à continuer de lire!)
Je trouvais qu'il changeait trop souvent de point de vue, les scènes extrêmement courtes (parfois une demie page!), c'était trop "stressant" à lire. Et puis, oui, trop politique à mon goût. Pour finir, quelque chose m'avait dérangée avec le perso féminin principal, (ma lecture date d'il y a un an, donc je vais être imprécise...), je me souviens m'être dit qu'on voyait bien qu'un homme essayait de se mettre à la place d'une femme (narration à la première personne) mais que ça ne fonctionnait pas.
Bref, pas accroché non plus.
Ps: Jdoo, merci pour la référence "Notre univers mathématique", je suis toujours à la recherche de bons livres vulgarisants ce sujet. |
| | Nombre de messages : 7925 Âge : 86 Date d'inscription : 21/11/2014 | Pangolin / Très premier degré Lun 23 Aoû 2021 - 19:32 | |
| | Nombre de messages : 1526 Âge : 41 Pensée du jour : lo esencial es invisible a los ojos Date d'inscription : 27/07/2020 | Chamanii / Déesse de l'Amor (hein ?) Jeu 2 Sep 2021 - 16:34 | |
| J’ai lu Les Impatientes de Djaïli Amadou Amal.
A la fois simple dans la forme et difficile sur le fond, le livre rend compte de la vie dans les communautés polygames, à travers une brève période de la vie de trois femmes. L’autrice nous montre l’enfer que vivent ces femmes à différents âges et l’environnement dans lequel elles évoluent (elles survivent).
Evidemment, on peut, avant cette lecture, se faire une idée des souffrances endurées, mais le texte nous fait aussi prendre conscience d’un paquet de « détails » dont, personnellement, je n’aurais pu me douter, qui influent sur les mentalités de tous, femmes et hommes de tous âges et qui participent à cette mécanique culturelle terrible. Ici, ça se passe au Sahel, dans le nord du Cameroun, un pays qui n’autorise pas le mariage polygame, mais où les traditions et l’obscurantisme religieux, dans certaines régions, sont si forts que les mariages forcés et polygames sont courants et admis par tous. Les femmes elles-mêmes, résignées, se voient préparer leurs filles à une vie de patience.
J’ai trouvé ce livre très intéressant, mais n’ayant pas d’autres références du genre je ne saurais juger de sa pertinence en comparaison avec d’autres. Du coup, je ne peux que vous le conseiller ! Qui plus est, c’est une lecture rapide. |
| | Nombre de messages : 2610 Âge : 125 Date d'inscription : 08/04/2019 | Leasaurus Rex / Terrible terreur Lun 6 Sep 2021 - 8:58 | |
| Le Carnet d'Or de Doris Lessing. Long et chiant. Sans parler des idées datées, et des personnages insupportables. Les dialogues sont abscons, mais la construction est intéressante, et mêle fantasmes et réalités.
Féro(ce)cités de Projet Sillex, anthologie de nouvelles avec pour thème la Fantasy animalière pour adultes. De très bonnes nouvelles, d'autres un peu en-deçà, mais un recueil consistant et très agréable à lire. |
| | Nombre de messages : 858 Âge : 60 Pensée du jour : 1022 ! Date d'inscription : 25/08/2021 | Le rosier / Double assassiné dans la rue Morgue Jeu 9 Sep 2021 - 15:37 | |
| - Moïra a écrit:
C'est mon premier livre de Duras, et je ne sais pas pourquoi je ne l'ai pas découverte avant. Après celui-là, je vais me faire une série de Duras. Je suis dans le même trip. J'ai découvert Marguerite Duras fin août, avec Le ravissement de Lol V Stein. Une révélation. Un ravissement. Direct dans mon top 3. Depuis, j'ai lu (et relu aussi car ce sont des romans qui se lisent et se relisent en boucle) l'amour et Moderato Cantabile. |
| | | Invité / Invité Ven 10 Sep 2021 - 0:05 | |
| Ils sont dans ma liste ! Le style de Duras me plaît vraiment.
Ce que j'ai beaucoup aimé dans Un barrage, c'est que c'est la première fois que je rencontre un personnage maternel comme ça, qui me touche autant. Les relations entre Suzanne et Joseph et leur mère m'ont beaucoup parlé. |
| | Nombre de messages : 858 Âge : 60 Pensée du jour : 1022 ! Date d'inscription : 25/08/2021 | Le rosier / Double assassiné dans la rue Morgue Ven 10 Sep 2021 - 10:59 | |
| - Moïra a écrit:
Ce que j'ai beaucoup aimé dans Un barrage, c'est que c'est la première fois que je rencontre un personnage maternel comme ça, qui me touche autant. Donc, il faut que je le lise. Il faut que je trouve le Vice Consul. Pas trouvé ni au Furet ni chez Gibert ! Un fois lu le Vice Consul, je lis le Barrage. Merci ! |
| | Nombre de messages : 10 Âge : 29 Date d'inscription : 11/09/2021 | Lakhesis / Homme invisible Sam 18 Sep 2021 - 9:23 | |
| De Duras je n’ai lu que Moderato Cantabile, et pour être tout à fait honnête il ne m’avait pas fait forte impression. Mais lire votre échange me donne envie de retenter avec un autre titre !
J’ai fini il y a deux jours La Mort Immortelle de Liu Cixin, la fin d’une trilogie de science-fiction qui débutait avec le Problème à Trois Corps. Je ne sais pas trop quoi en dire pour synthétiser mon avis, je suis un peu mitigée. J’ai trouvé la narration très distante, j’ai eu du mal à me sentir concernée par ce qui se passait et mon intérêt était parfois vacillant. Mais au final j’ai plutôt aimé la direction prise par l’histoire et je suis contente de l’avoir lu, ne serait-ce que par curiosité, parce que c’est un roman qui me sortait de ma zone de confort. Je lis très peu de SF en général, et là pour le coup c’est de la SF avec beaucoup de sciences dedans.
Maintenant j’en suis à la moitié d’Ikebukuro West Gate Park, d’Ishida Ira, et ça se lit vite et bien. La place qu’y tiennent les femmes ne me réjouis pas. Mais j’aime le ton utilisé et les intrigues sont intéressantes. |
| | Nombre de messages : 858 Âge : 60 Pensée du jour : 1022 ! Date d'inscription : 25/08/2021 | Le rosier / Double assassiné dans la rue Morgue Lun 20 Sep 2021 - 15:14 | |
| - Lakhesis a écrit:
- De Duras je n’ai lu que Moderato Cantabile, et pour être tout à fait honnête il ne m’avait pas fait forte impression. Mais lire votre échange me donne envie de retenter avec un autre titre !
Dans Moderato Cantabile, il y a une écriture si belle, tellement sublime. Ce désordre blond de ses cheveux. "Elle passe légèrement la main dans le désordre blond de ses cheveux, comme elle le fit tout à l'heure, ailleurs." "Elle lève encore la main dans le désordre blond de ses cheveux." A sa sortie, le roman avait été loin de faire l'unanimité, vertement critiqué par beaucoup, encensé par quelques uns. C'est drôle aujourd'hui de relire ces critiques. On se croirait finalement sur Babelio. Plus de 60 ans plus tard, ce sont les mêmes critiques qui reviennent. |
| | | Invité / Invité Jeu 9 Déc 2021 - 22:59 | |
| J'attaque tout juste Légende d'un dormeur éveillé de Gaëlle Nohant, c'est un roman sur Robert Desnos et ça a l'air chouette de prime abord ! |
| | Nombre de messages : 10122 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010 | Pasiphae / Truquage geniphasien Mar 14 Déc 2021 - 22:02 | |
| J'ai arrêté pendant un looong moment d'annoter mes lectures, mais décembre semble le bon mois pour s'y remettre, donc voici. Des oloés, Anne Savelli, publie.net, 2021. - Spoiler:
Livre hybride : d'abord, l'autrice liste à la fois les lieux "où lire / où écrire", ces rares et précieux oloés (qu'on vole, souvent, aux circonstances) et quelques propositions d'ateliers d'écriture ; ensuite, elle laisse la parole à d'autres auteurices sur leurs propres oloés – et cet aspect collaboratif n'est pas pour rien dans le charme du livre. Livre plein d'interstices où se nicher, pour déployer ses propres oloés ! Pages très justes sur ces lieux, cafés branchés et autres salons de thé bobos, où tout est fait pour que l'on se sente précaire, voué au départ – donc, pas à l'écriture. L'abbaye de Northanger, Jane Austen, trad. Pierre Arnaud, L'Imaginaire, 1817 [2004]. - Spoiler:
Quand je vais chez C., elle me conseille un livre que je lis pendant mon séjour. Essayez, c'est trop chouette : vous aurez l'impression d'être dans une bulle construite, temporairement, pour vous. Donc, cette fois-ci,L'abbaye de Northanger, livre d'automne absolument parfait. Catherine est une Don Quichotte au féminin : elle adore les romans gothiques, et vit son quotidien de très jeune femme par leur prisme. Elle se rend à Bath, ville d'eau où tout est très codifié – et c'est là qu'Austen déploie son grand talent de satiriste. Mais elle ne s'en tient pas là, car les habitudes sclérosées de l'aristocratie en vacances et l'apparente médiocrité, au premier coup d'œil, de l'héroïne (tendrement appelée "notre héroïne par la narratrice), se fissurent rapidement. D'abord parce que Jane Austen est maîtresse dans l'art, somme toute difficile, de révéler des personnages peu à peu – de nous détromper, de nous instiller des idées fausses pour mieux les déjouer – mais surtout dans l'art de les faire évoluer. Ses personnages ne sont jamais statiques, et la jeune Catherine, d'un brin romanesque et fadasse qu'elle nous semblait au premier abord, se révèle... je ne vais pas spoiler. L'année de l'Education sentimentale, Dominique Barbéris, Gallimard, 2018. - Spoiler:
Assez anecdotique, mais bien construit : un groupe de copines se retrouve "vingt ans après" (la Sorbonne, les études de lettres, le cours sur Flaubert, les amitiés et les amours). Sur moi, la nostalgie joue souvent à plein, donc ça n'a pas raté – le climat des années 60-70, pour qui ne l'a pas vécu, est bien construit. J'imagine qu'on peut aussi valoriser sa structure chorale – elles sont trois, aucun personnage ne prend le pas sur les deux autres – quelques belles pages sur la maison sur laquelle la nuit se couche, mais il y a une chose à laquelle je suis allergique, c'est cette construction de personnages féminins (ici d'une cinquantaine d'années) du genre "bande de copines", mi-intellectuelles mi-légères, frottées aux difficultés de la vie. Je ne peux pas m'empêcher de trouver ce topos un peu mièvre, comme s'il n'était pas possible de sortir de ces poncifs (j'adore Flaubert mais je me tiens au courant pour les crèmes antirides, en gros, et je lis la presse people) lorsqu'on évoque la "femme de 50 ans", touchante parce qu'encore un peu innocente, au fond. Le Temps de l'innocence, Edith Wharton, trad. Madeleine Taillandier, Flammarion, 1920 [1993]. - Spoiler:
C'est sans doute celui des Wharton lus qui m'aura le moins plu – ce jeune homme de la vieille bourgeoisie new-yorkaise, pris entre une fiancée pure, aimable et sans fantaisie, et sa cousine plus âgée, brune et trouble – pris entre deux modes de vie, pris entre le respect des traditions familiales et une vie plus libre, ouverte sur les mutations sociales en cours – d'ailleurs, troublant pour un·e Européen·ne de constater combien les sociabilités se sclérosent vite, y compris dans le fameux pays du renouveau social – donc, ce jeune homme, qui, un temps, concédera même aux femmes la liberté qu'on laisse aux jeunes hommes de sa classe... bref, il n'est pas entièrement convaincant, ce jeune homme. Il y a toutefois de très belles pages sur la construction sociale de la jeune fille en cette fin de 19e siècle, créature artificielle car ôtée du savoir, pure parce que naïve, érotisée car destinée à être révélée comme femme par un mari-initiateur. C'est à la fois très juste et... très "female gaze", il est donc difficile de croire en l'honnêteté de l'autrice qui fait endosser à son personnage masculin de telles pensées.
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| | Nombre de messages : 3363 Âge : 33 Date d'inscription : 31/10/2008 | Hobbes / Attention : chat méchant Mar 21 Déc 2021 - 18:57 | |
| Ça fait mille ans que j’ai perdu le fil de mes lectures ici mais je viens de boucler le manifeste d’Elliot Rodger, le « gentilhomme suprême » auteur de la tuerie d’Isla Vita de 2014 par ailleurs saint patron d’une certaine frange de l’inceldom, et ça me travaille depuis un ou deux jours donc j’en profite pour tout vomir ici. C’est un objet bizarre, évidemment sans éditeur même si ça se trouve en trente secondes de recherche Google, dont l’intérêt central n’est peut-être pas tant la fusillade consécutive (sept morts, dont le forcené) que a) la lumière globalement inédite — encore maintenant — qu’il jette sur le masculinisme et la manière dont il se rebranche sur les rapports de classe, de genre, de sexe, à la fois aux US puis par ricochet dans le monde, et b) le rapport équivoque que ce genre de textes mi-véhiculaires et mi-testimoniaux développent avec leur propre coefficient de littérature.
Tout ça se complique bien sûr du fait que cette espèce de diatribe, qui n’est même pas et dans un certain sens ne doit jamais devenir un livre, fonctionne en tant que relique et mode d’emploi d’un attentat qui décuple ses ambivalences. Je veux dire que les six meurtres qui viennent achever l’écriture de My Twisted World — c’est comme ça que ça s’appelle — le rendent moralement illisible, mais qu’ils sont également ce qui le définit comme objet littéraire. En tant que pur témoignage, les mémoires de Rodger sont à peine plus cintrés ou plus dignes d’attention que la moyenne des trucs qui se publiaient dans les coins sombres de 4chan ou tumblr au milieu des années 2010. Qu’ils soient plus détaillés par leur longueur (139 pages et 22 ans de vie rendus dans le détail) et par l’espace sociologique limite dont ils témoignent (métissage sino-britannique, déclassement relatif, statut social limbique à la frontière de la petite gloire hollywoodienne et de la banqueroute) ne les élève pas significativement au-dessus des autres contenus testimoniaux publiés tous les jours sur Internet. C'est l'en dehors du texte qui lui donne une valeur documentaire et justifie qu'on s'y arrête. Sans le bain de sang qui suit et qui réalise le programme du bouquin, il pourrait aussi bien s'agir de shitpost anonyme quelque part sur un blog : un truc parfaitement approchable au point de vue de la morale mais que personne, hors voyeurisme, ne se donnerait la peine de lire.
J’approche tout ça moins comme lecteur que comme éditeur potentiel, ce qui biaise un peu les perspectives, mais il me semble aller de soi que le texte présente un intérêt de nature littéraire en grande partie par l’extérieur et que c’est cet extérieur qui le rend illisible, ou en tout cas impropre à la publication. Au-delà des finasseries très vite tarte à la crème sur les rapports de l’art et de la morale, je crois que ça soulève un truc singulier sur la portée illocutoire de l’écriture, sur la manière dont elle s’incarne dans le monde et la façon dont son contexte la qualifie même par rétrospection : il est parfaitement recevable qu’on s’oppose à la promotion de textes pareils soit par respect pour les victimes, soit pour se prémunir des copycats — ils existent déjà —, mais c’est intéressant de noter que c’est aussi par ce coin (leur rapport intime au réel) qu’émerge la dignité documentaire de fichiers Word qui dans d’autres circonstances ne seraient jamais que ça. Circulairement, et je pense bien sûr à des exemples plus compliqués comme Mein Kampf ou le pavé de Breivik, le fait de rejeter par principe l’édition de ce genre de produits — qui circulent par ailleurs très bien sous le manteau — au prétexte qu’il s’agit de « sous-livres » pas dignes d’anoblissement par la littérature les pourvoit par défaut d’une espèce de pouvoir de séduction supposément irrésistible, incantatoire, « surlittéraire » dans la manière qu’ils ont de pousser les forces transformatives de la lecture à un niveau qui ne se retrouve nulle part ailleurs. Sans jugement de valeur ou diagnostic plus avancé de ma part, ça me semble assez vivifiant de pointer la place étrange de ce genre de textes à la fois au-dessus et en deçà des propriétés de la littérature — à telle enseigne que la seule façon de les rendre publiables, quand on peut, tient à les encadrer d’une espèce d’appareil critique ultratouffu censé les rendre plus fréquentables en cadenassant leur force de persuasion. L’autre cas de figure évidemment moins douloureux, c’est quand le programme du manifeste semble chimérique en dehors de son propre espace — Valerie Solanas, Valentine de Saint-Point… — : ça lime les dents du texte, qui reste coincé dans le périmètre de la fiction et/ou de la folie sans effet.
Je retourne me coucher. |
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