A.-S.: Pour placer le contexte, je vais, hélas, parler un peu de moi. J’espère néanmoins que d’autres s’y retrouveront dans cette problématique.

Bonjour à tous ! ou wesh dans les yeux... [Edit : bon sang mais quelle impolitesse de ma part   ]

J’ai un humour à sens unique : je peux être bon public, mais je ne suis pas drôle. C’est-à-dire qu’une même blague racontée par moi créera de l’indifférence là où quelqu’un autre décrochera au moins un sourire. Sans oublier que je n’aurai pas inventée la blague.
Dans la vie de tous les jours, cela ne me pose pas de problème : peu sociable, je n’ai pas grand monde à faire rire. Le souci arrive lorsqu’on veut écrire un roman avec différents personnages. A moins que l’histoire ne se déroule dans un monde où l’humour est banni, suivre le récit de quatre ou dix personnes aussi fun qu’un manche à balai*, ce n’est pas toujours intéressant. Et le rire, ça fait parti de la vie ! Sans humour, il manquera toujours une dimension, un petit je-ne-sais-quoi.
N’apprécie-t-on pas les histoires capables de nous faire passer du rire aux larmes ?
Alors, je veux y faire quelque chose !
Pas le Sacré Graal 2.0 ou "L’Absurde à l’heure de la « post-vérité »", juste éviter de définir un personne drôle par : « et Machin Truc dit une blague qui fit rire toute l’assemblée ».
Mais est-ce possible d'apprendre à écrire quelque chose de drôle ?
Si oui, comment le travailler ? Quoi faire/lire ?
Si non, eh ben... c'est pas d'pot !

*: je n'ai rien contre les manches à balai, on peut faire des combats très stylé avec. C'est juste que... placé à un certain endroit de l'anatomie, il donne une expression qui définit certaines personnes "non-fun"...

Bonjour P'tite Hildly,

Je crois que les personnes réputées bon public ne possèdent pas ce balai que tu décris et qui tient sa singularité, comparativement aux autres balais, dans l'endroit où il vient se placer.

Au revoir

Faut regarder des sketchs ça aide, mais bien choisir: pas regarder n'importe quoi.
Moi c'est Raymond Devos que je préfère (je trouve que ça a pas vieilli d'un poil, ce style absurde et jouant sur les mots, les sens) puis Gad Elmaleh, Anne Roumanoff. Après tu as des styles très particuliers: Bigard (j'évite au maximum!), Pierre Desproges (plus ancien, un peu humour jaune et acide souvent avec des sous-entendus politiques et qu'on ne trouve plus que sur Utube), Les Deschiens (très drôles, mais sur uTube uniquement), Marc Jolivet, les Inconnus, Daniel Prévost, les Vamps (mais ça y est, elles se sont séparées dommage) etc.
Les chevaliers du fiel de temps à autre mais je les trouve un peu lourds et dans le style "nous sommes des comiques de Toulouse et de la région Sud-Ouest".
Affaire de goût tout ça... Comme les peintres, les écrivains (es), et le reste !
Aussi les écrivains: je te recommande Alphonse Allais dans un style un peu dadaïste (ça n'a pas vieilli je trouve), Tristan Bernard, Mark Twain (3 hommes dans un bateau p. ex.),, Salinger (formidables ses Nouvelles), Pierre Dac et Francis Blanche, Fernand Raynaud, la liste est longue...

Je pense que ça s'apprend, en tout cas pour l'écriture. J'appuie certaines recommandations de Shub notamment Allais, Jerome K Jerome (3 hommes dans un bateau et je ne comprends pas la confusion ne connaissant pas Mark Twain) auxquelles j'ajouterai, d'un point de vue très personnel, Marcel Aymé.
Je te mâche un peu le boulot avec des citations qui m'ont beaucoup fait rire et inspiré :
Alphonse Allais
"C'est effrayant ce qu'on vieillit entre deux Expositions Universelles, surtout lorsqu'elles sont séparées par un laps considérable."
Jerome K Jerome
"Ce fiacre était une vieille guimbarde, traînée par une rosse somnambule, cagneuse et poussive, que son propriétaire, dans le feu de la conversation, alla jusqu'à qualifier de cheval."
Marcel Aymé
"Alors il suffirait de se changer en nourrisson pour échapper à la Justice ? Ce serait trop commode."

Oui pardon c'est Jerome K Jerome effectivement, 3 hommes dans un bateau
De Alphonse Allais il y a :
"On devrait construire les villes à la campagne: l'air y est quand même beaucoup plus pur!"
Tu connaissais?
Je vais le relire, c'est de trop bons souvenirs!

Non je ne la connaissais pas. Elle est très drôle aussi. Je ne sais pas mettre un nom sur ce type d'humour. On le disait absurde mais je n'ai jamais été trop d'accord avec cette dénomination. Aujourd'hui, on dirait que c'est un troll.

Edit : pour Jerome K Jerome je ne savais pas comment tourner ma phrase pour que ça n'ait pas l'air prétentieux. La vérité c'est que je le relis en ce moment même

P'tite Hildly,

Tu parlais d'indifférence à tes cartouches verbales où le ton compte pour beaucoup. N'arrives-tu pas à t'en délivrer à l'écrit ?

Salut P'tite Hildly,

Comme évoqué par Schub et Arsen C, s'inspirer des humoristes est une très bonne idée.

SCHUB a écrit:

Moi c'est Raymond Devos que je préfère (je trouve que ça a pas vieilli d'un poil, ce style absurde et jouant sur les mots, les sens)

Raymond Devos, c'est plus que de l'humour, c'est de l'art, du grand art.

Mais il y aussi des ressorts propres à l'écriture.

A partir du contexte :

l'anachronisme, le décalage, le quiproquo, la cohabitation (2 personnages  diamétralement opposés par exemple), tous les types d'oppositions en général (générationnel, culturel, social...)...

A partir des personnages :

le physique, les paramètres sociologiques , psychologiques (le niais, le vantard, le colérique...)...

A partir des dialogues :

le contre-pied, l'ironie, l'exagération, le détournement de sens, la candeur, l'ellipse...

The Big Lebowski a écrit:

Salut P'tite Hildly,

Comme évoqué par Schub et Arsen C, s'inspirer des humoristes est une très bonne idée.

SCHUB a écrit:

Moi c'est Raymond Devos que je préfère (je trouve que ça a pas vieilli d'un poil, ce style absurde et jouant sur les mots, les sens)

Raymond Devos, c'est plus que de l'humour, c'est de l'art, du grand art.

Ah oui de l'art. Il avait trouvé un style absolument inimitable alors que je trouve que tous les autres humoristes même les meilleurs genre Gad Elmaleh on peut arriver à les imiter.
Lui c'est impossible!

"Moi le flux et le reflux ça me fait marrer."
Vous connaissez cette phrase ? C'est dans Pierrot Le Fou et on le voit dans un plan où il est face à la mer et l'actrice (Anna Karina qui a été la compagne de Godard je crois) lui demande pourquoi il rit tout seul et c'est là qu'il dit ça.
La seule fois qu'on le voit dans le film et il dit juste cette phrase: je pense que Godard devait avoir un faible pour lui.

Merci pour les multiples coups de main. Vous m’avez aussi donné des pistes de lectures prochaines, notamment Alphonse Allais que je ne connaissais absolument pas…

Arsen C a écrit:

Tu parlais d'indifférence à tes cartouches verbales où le ton compte pour beaucoup. N'arrives-tu pas à t'en délivrer à l'écrit ?

A l’oral, mon humour se base soit sur des blagues qui existent déjà (par exemple, une histoire de Toto qui a mangé un œuf…), soit sur de la référence populaire, pour ne pas dire culturelle, qui se rapproche presque de la private joke (par exemple, dire que Toto ne tient peut-être pas les portes mais il tient plutôt bien la ligne… comprendra qui voudra sinon j’explique en MP).
Dans les deux cas, ça ne se retranscrit pas vraiment à l’écrit dans un récit, et même dans un dialogue, si on n’est pas dans notre monde contemporain. Il est là mon problème.
Alors que Raymond Devos, même à l’écrit c’est tordant (on devrait peut-être le rendre obligatoire dans un cursus scolaire…).

Au passage, je me demande aussi : quand vous écrivez, vous savez si ce que vous avez écrit est drôle ou vous avez besoin que quelqu’un vous lise pour vous en rendre compte ?

Ce qui est sûr c'est qu'il n'y a, en principe, pas de choses drôles sans que tu ne l'aies voulu. Après tout ne fera pas rire tout le monde et certaines choses ne feront rire que toi. L'écueil à éviter c'est d'écrire quelque chose que tu crois drôle et que les gens vont trouver pas drôle ce qui n'est pas la même chose que d'écrire quelque chose que tu crois drôle et que les gens ne vont pas trouver drôle. C'est extrêmement mal dit mais ça souligne bien ce que je veux dire.

S'inspirer des humouristes de scène comme Devos, Desproges, Coluche, etc., peut aussi être une très mauvaise idée. L'humour de scène (ou de radio) ne fonctionne pas forcément de la même manière que l'humour écrit : outre le fait que la delivery affecte fortement la qualité des traits d'humour, ils sont aussi conçus et tirés dans le seul but de faire rire (on ne va pas écouter un humouriste pour l'histoire qu'il raconte, elle n'est qu'un prétexte).

Dans un roman, c'est assez différent : le rire n'est pas là juste pour lui-même, il sert le rythme général. Si tu veux rajouter de l'humour dans un roman, essaie peut-être plutôt de traquer l'humour dans des romans au style ou à l'ambiance qui sont proches de ce que tu envisages pour le tien. Et si ça n'est pas forcément le rire que tu peux ou veux utiliser, tu peux aussi envisager des moments chargés d'une émotion plus légère, comme un moment mignon qui éloigne du drama ou de la tension et en même temps nous rapproche d'un personnage.

Mes deux sous d'idée.

P'tite Hildly, viens tester ton humour à l'écrit dans le jeu des dix mots si ça te tente (Voire ma signature)
Ok je sors

Shub a écrit:

"Moi le flux et le reflux ça me fait marrer."
Vous connaissez cette phrase ? C'est dans Pierrot Le Fou et on le voit dans un plan où il est face à la mer et l'actrice (Anna Karina qui a été la compagne de Godard je crois) lui demande pourquoi il rit tout seul et c'est là qu'il dit ça.
La seule fois qu'on le voit dans le film et il dit juste cette phrase: je pense que Godard devait avoir un faible pour lui.

Ca fait quelques fois que je remarque que tu affirmes des choses très honnêtement, bien qu'elles soient complètement fausses, du coup j'interviens, une fois n'est pas coutume. La scène de Devos dans Pierrot le fou, ce n'est pas du tout ça. Ca devait être dit. Par ailleurs la scène est très chouette.

Mha a écrit:

Shub a écrit:

"Moi le flux et le reflux ça me fait marrer."
Vous connaissez cette phrase ? C'est dans Pierrot Le Fou et on le voit dans un plan où il est face à la mer et l'actrice (Anna Karina qui a été la compagne de Godard je crois) lui demande pourquoi il rit tout seul et c'est là qu'il dit ça.
La seule fois qu'on le voit dans le film et il dit juste cette phrase: je pense que Godard devait avoir un faible pour lui.

Ca fait quelques fois que je remarque que tu affirmes des choses très honnêtement, bien qu'elles soient complètement fausses, du coup j'interviens, une fois n'est pas coutume. La scène de Devos dans Pierrot le fou, ce n'est pas du tout ça. Ca devait être dit. Par ailleurs la scène est très chouette.

Ah bon c'est quoi la scène ? Ça fait longtemps que je l'ai vu ce film, très longtemps. De toute façon personne n'est un ordinateur. Personne n'a une mémoire d'ordinateur: heureusement d'ailleurs cars si on devait se souvenir de tout ...
Quoi d'autre était faux ? C'est un forum ici, pas le grand Oral de Polytechnique ici est de toute façon si on devait faire le compte de tout ce que les gens peuvent raconter de faux, d'inexact ou d'erroné on n'aurait pas fini.
Sinon pour revenir à notre sujet, notre foromeuse devrait faire du théâtre: ce ne sont pas les scènes de comédie qui manquent, à commencer par Molière évidemment. Mais aussi Ionesco, Stoppard et plein d'autres...
Rien de tel que le théâtre

Moi je l'ai trouvé drôle ton premier message. Pas à mourir de rire, mais décalé, et c'est un ressort de l'humour. Si tu réfléchis bien, tu dois pouvoir retrouver ce qui t'a fait adopter ce ton légèrement outré (pas dans un sens péjoratif).
Hé bien ensuite, tu n'as qu'à écrire un de tes personnages comme s'il s'adressait à ce forum.
Ca t'en fera au moins un de drôle.