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Irvyn/ No fun allowed Jeu 6 Juil 2017 - 15:25
Fort merci ! C'est un sujet que je veux d'intérêt général ahah Je ne crois pas qu'un simple sujet amènera une révolution sur le forum, moins encore dans le milieu éditorial, mais ce serait formidable que des plumes se laissent tenter et soufflent sur les braises. Pour m'intéresser de très près aux productions anglaises et japonaises, je m'attriste de voir un énorme trou dans le champ français. On pourra me dire "pas la même culture, pas les mêmes héritages" etc, mais quand on voit le développement de l'horreur dans nos pays voisins, on s'aperçoit que la France fait une résistance presque puritaine, là où l'Italie, l'Allemagne ou l'Espagne exploitent ces domaines depuis plusieurs décennies.
Et hop, une autre vidéo qui est une questions-réponses avec Clive Barker, créateur de l'univers de Hellraiser et l'un des pionniers en terme de gore :
La plupart des questions est franchement stupide, mais c'est hélas ce qu'on entend beaucoup lorsque le sujet du gore arrive dans une conversation. (je tenterai peut-être une traduction pour ceux et celles qui ne sont pas friands de l'anglais. Pour les autres, je dirais que Clive a une très bonne diction et que le vocabulaire employé n'est pas difficile ).
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Maelia/ Clochard céleste Jeu 6 Juil 2017 - 16:51
Merci beaucoup pour cet article (surtout la distinction dark romance et romance horrifique! ça m'éclaire sur pas mal de points!). T'as du passer un temps fou dans tes recherches! J'espère qu'un petit concours d'Halloween portera sur le sujet à l'occasion (si ce n'est déjà fait!) , ça fait longtemps que le genre horrifique me fait de l'oeil et cet article propulse plein d'idées pour des nouvelles!
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Irvyn/ No fun allowed Jeu 6 Juil 2017 - 19:26
Maelia a écrit:
Merci beaucoup pour cet article (surtout la distinction dark romance et romance horrifique! ça m'éclaire sur pas mal de points!). T'as du passer un temps fou dans tes recherches! J'espère qu'un petit concours d'Halloween portera sur le sujet à l'occasion (si ce n'est déjà fait!) , ça fait longtemps que le genre horrifique me fait de l’œil et cet article propulse plein d'idées pour des nouvelles!
Mais de rien ! Pour le temps, c'est plus une retranscription que des recherches. C'est un domaine que je connais intimement depuis une grande part de ma vie. Je me reconnais beaucoup dans ce que dit Barker, et c'est vrai pour de nombreux auteurs/réalisateurs de l'horreur : c'est un intérêt qui intervient très tôt, dès l'enfance. Je pense que certains auteurs développent cet intérêt plus tard, mais ce n'est pas une majorité (et puis, l'horreur n'étant pas une autoroute vers le succès, je ne crois pas qu'on puisse y venir par le forcing). Je l'ignore pour Halloween. En général, j'évite les concours lors desquels je suis particulièrement mauvais, mais si des gens souhaitent en organiser, je ne pourrais que soutenir l'initiative. C'est aussi une bonne date pour auto-publier un récit d'horreur (et là je suis censé faire un clin d’œil très voyant).
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Hiroko/ Barge de Radetzky Mer 11 Oct 2017 - 5:59
C'est très intéressant et très bien écrit. Au sujet du point 2 du chapitre 2, quand il est écrit « expression d'une situation générale, d'un état, d'une légende, ou d'une idée intellectuelle », je propose purement et simplement l'inspiration de faits réels.
Par exemple, les possessions démoniaques peuvent être difficiles à écrire. Un petit tour dans les archives des journaux de quelques villes locales perdues aux États-Unis, et voilà l'histoire de Mario :
Une journée comme une autre a écrit:
Mario Garcia a crevé l'œsophage de sa belle-mère de 47 ans quand il a coincé 2 crucifix en acier de 20 cm dans la gorge lors d'un exorcisme, le 31 mars 1996. La femme de Garcia, le beau-père, le beau-frère et trois enfants de moins de 10 ans se sont rassemblés et ont prié pendant l'exorcisme.
Mario Garcia, 31 ans, criait que le diable était en elle. Quand la police est arrivée pour trouver la femme sous le porche, du sang coulant de sa bouche. La famille a dit à la police que Mario Garcia avait fait un exorcisme sur le fils de la femme, déprimé par sa mère qui avait agi étrangement. Cependant, le diable était passé du fils à la belle-mère. Elle fut retrouvée dans un état critique, mais l'absence de rapports ultérieurs suggère qu'elle a survécu.
Source : Pawtucket (RI) Times, [AP] 3 avril 1996.
Des articles comme ça, il y en a des centaines. Le monde est peuplé de fous ; c'est la meilleure source d'inspiration.
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Irvyn/ No fun allowed Sam 14 Oct 2017 - 14:53
Hoy à toi ! L'esprit humain tente toujours d'expliquer ce qu'il ignore par ce qu'il pense être la vérité. Puisque le savoir humain est assez limité concernant les mécanismes du cerveau, qualifier un comportement dément de possession par une entité surnaturelle est une possibilité. Mais là déjà, on bascule dans le fantastique. Ce n'est pas tant une question de croire ou ne pas croire : même un croyant mettrait les démons dans le camp des créatures surnaturelles. Nos sens ne les percevront pas comme pour un chien ou tout autre objet du réel. Du coup avancer une possession démoniaque relève du fantastique et des légendes, non de faits réels. Il existe aujourd'hui une horreur réaliste, mais l'horreur a longtemps été le territoire de l'étrange et du surnaturel. Les gothiques ont cherché cette touche de macabre en-dehors de la réalité, chose que Lovecraft a accentué dans ses écrits (ce n'est pas pour rien qu'il est dit précurseur de la fantasy). Il est vrai que la seconde partie est assez focalisée sur l'horreur fantastique, par opposition à l'horreur réaliste.
Après, tu as peut-être voulu parler de l'idée de base qui a donné lieu à un récit fantastique. Je pense que sur ce point, tout produit de l'imaginaire provient plus ou moins de la réalité. On ne crée pas quelque chose à partir de rien. Lovecraft était un grand pessimiste qui voyait l'essor de l'industrie d'un très mauvais œil. Cthulhu est la représentation de cette peur de l'avenir, de ce moment où l'humanité se sera perdue, anéantie par sa propre technologie, et qu'elle aura réalisé à quel point elle n'est rien à l'échelle du cosmos. La forme du monstre marin, il l'a probablement obtenue en faisant le rapprochement entre le cosmos et les tréfonds abyssaux des océans (sans doute aussi car le calmar géant était déjà la monstruosité abyssale la plus célèbre, le kraken ayant été introduit dans la littérature assez "peu" de temps auparavant, notamment par Jules Verne). Bref, c'est un amalgame d'emprunts à la réalité qui a donné une créature surnaturelle. La réalité a toujours été une source d'inspiration.
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Hiroko/ Barge de Radetzky Sam 14 Oct 2017 - 21:25
Les croyants ne mettent justement pas les démons dans le camp des créatures surnaturelles (dans le sens où ils ne seraient qu'une invention). Si Dieu existe, alors Satan existe. Si Satan existe, alors les démons existent également. Le Vatican a des exorcistes, c'est un fait. Ils suivent des cours pour différencier la schizophrénie de la possession démoniaque, car l'on sait que ce trouble mental peut fausser un diagnostic. Pour ma part, je suis athée, je ne crois pas à ces faits explicables par la science.
La Bible, notamment le Nouveau Testament, a créé de nombreuses dérives sectaires : exorcismes, possessions, prosélytisme, suicides collectif, croyances aux OVNI et j'en passe. Il suffit de voir Les Enfants de Dieu (inceste et pédophilie), Heaven's Gate (39 morts), l'Ordre du Temple Solaire (74 morts), les Davidiens (86 morts, 20 blessés), Aum Shinrikyo (26 morts, 5 700 blessés) ou encore le Temple du peuple (914 morts).
On peut également se tourner vers les nombreux massacres aux États-Unis, comme la fusillade de Columbine. Ou, de manière plus globale, s'intéresser au pacte avec le diable de Clara Germana Cele, la forêt maudite d’Aokigahara, la malédiction de Lokrum, le meurtre de Connie Franklin, le pont d'Overtoun et les chiens suicidaires, etc.
Comme tu le dis, on ne crée pas quelque chose à partir de rien, et là c'est la Bible (dans la plupart des cas que j'ai cités) lue par des malades mentaux qui donnent des scénarios improbables et vraiment malsain.
(Je ne blâme pas la Bible, mais ceux qui ne savent pas la lire.)
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Irvyn/ No fun allowed Sam 14 Oct 2017 - 22:57
Ca dépend de la manière de tourner l'horreur. L'horreur réaliste existe, mais elle est assez minoritaire, et d'ailleurs il n'est pas rare pour des auteurs d'horreur fantastique de ne pas du tout l'apprécier. Clive Barker, dans la vidéo jointe quelques messages plus tôt, l'évoque même en la qualifiant de malsaine. La seule horreur réaliste "noble" tient plus de l'hommage ou du témoignage, avec la volonté de dévoiler un fait historique que des autorités auraient tenté de cacher. Donc des récits avec un fort engagement politique. Après, tout dépend de la manière dont tu la tournes. Misery de Stephen King est en tout point réaliste. Cela dit, il prend un cadre assez soft. On parle certes d'une séquestration avec torture, mais ce n'est pas extrême pour autant. Faire de l'horreur extrême qui soit en plus réaliste tiendrait plus du voyeurisme, en particulier si cela traite de faits trop précis, trop présents dans la conscience collective.
C'est faisable cela dit, et pas mal d'exemples de films sont dans ce cas. A Serbian Film, pour ne citer que lui, est réaliste et extrême, mais il porte une fureur, avec la volonté de dénoncer la pauvreté d'un peuple qui permet à des réseaux très peu recommandables de s'épanouir. On est loin de Saw, par exemple, qui est réaliste mais juste inutile dans sa démarche. De même, les faits divers qui ont reçu une bonne couverture médiatique devraient rester des faits divers et non faire l'objet d'un récit. Ou alors sortir de l'horreur et demeurer informatif. Je pense au film Colonia, qui parle d'un camp de détention détenu par une secte d'ex-nazis au Chili. Ça reste informatif, le film a une volonté politique de faire la lumière sur un fait longtemps dissimulé et méconnu. Si le film avait voulu faire de l'horreur, ou plutôt démontrer toute l'horreur car il y avait matière sans pour autant inventer, il aurait juste basculé dans le voyeurisme. Il suggère, nous donne l'info, et c'est suffisant. Mais du coup, le film n'est pas classé dans l'horreur. C'est le souci principal avec l'horreur réaliste qui se baserait sur un fait précis : ce risque de passer la frontière de l'informatif et de faire du sujet un prétexte.
En bref, prendre un fait historique méconnu et le mettre en lumière tout en conservant l'aspect informatif : Oui. Prendre un fait particulier, de surcroît connu et documenté, et s'en servir comme un moyen de faire de l'horreur : Non. Mais bien sûr, rien n'est interdit (enfin, presque rien). Si tu souhaites écrire sur un fait divers et y mettre les formes, libre à toi. Ce n'est que mon avis d'auteur qui ne s'occupe que de l'horreur fantastique.
Après, je ne parlerai pas de religion. La possession démoniaque rentre dans la catégorie du paranormal, qui se trouve à la lisière entre réel et fantastique. La folie aussi est une approche très utilisée dans l'horreur. Je finirai par dire que, quoique nous écrivions, il nous est impossible de cerner toute l'horreur dont la réalité est le théâtre. Et que, si nous y parvenions, ça ne serait qu'une perte de temps : une oeuvre destinée aux voyeurs, sans aucun respect pour les victimes. Nous n'avons pas besoin de tout (s)avoir.
Nombre de messages : 521 Âge : 47 Localisation : Orbite proche de Cergy Date d'inscription : 29/05/2015
Bohr/ Gloire de son pair Lun 16 Oct 2017 - 9:14
Nordgia a écrit:
En bref, prendre un fait historique méconnu et le mettre en lumière tout en conservant l'aspect informatif : Oui. Prendre un fait particulier, de surcroît connu et documenté, et s'en servir comme un moyen de faire de l'horreur : Non.
Cela dit, l'horreur peut émerger des faits historiques rapportés. Un bouquin comme "La mort est mon métier" de Robert Merle (biographie romancée du Rudolf Höß) me révulse vraiment. Et que dire d'un livre de Stéphane Bourgoin!
Même dans la fiction, l'horreur qui me frappe toujours le plus émane toujours des humains, pas d'une créature dont on sait d'emblée qu'elle veut notre peau et quelques mètres d'intestin.
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Irvyn/ No fun allowed Lun 16 Oct 2017 - 16:43
Ah ça, ça dépend des préférences de chacun. Les créatures "brutes" sont minoritaires dans ce que j'ai lu. Nous trouvons plus des créatures avec conscience humaine ou proche de l'humain, ou des humains ayant évolué au stade de monstres. Les monstres type animal ne sont pas si fréquents.
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Bohr/ Gloire de son pair Lun 16 Oct 2017 - 18:39
Mais je ne parlais pas de monstre strictement animal non plus; mais, souvent, l'horreur surnaturelle est économe d'une complexité qui permettrait d'y identifier, même à travers un prisme, un être humain plausible, avec ses contradictions. Pinhead, Pennywise sont des personnages de cet acabit, et à présent, bof, quoi... Après, c'est peut-être le reflet d'une simple évolution personnelle, aussi.
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Irvyn/ No fun allowed Lun 16 Oct 2017 - 19:30
Oui, après ça n'est pas une obligation de développer la psychologie de l'antagoniste. C'est beaucoup le cas dans la catégorie Tueurs, pour reprendre le premier message, où le meurtrier sera bien plus développé que les protagonistes. Pour ce qui tient de l'horreur psychologique, elle se focalise davantage sur la psyché du personnage principal. Le gore est plus "superficiel" quant à la psyché, ou en tout cas peut se le permettre car ce n'est pas ce qui est attendu.
Nombre de messages : 521 Âge : 47 Localisation : Orbite proche de Cergy Date d'inscription : 29/05/2015
Bohr/ Gloire de son pair Lun 16 Oct 2017 - 21:04
Natürlich. Mais je trouve que l'impact en est amoindri.
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Irvyn/ No fun allowed Mer 15 Nov 2017 - 11:36
Piloupe ! Petit up de sujet et postage de deux liens, un reportage et une interview de deux auteurs phares de l'horreur.
Lovecraft, une vie, une oeuvre : https://www.youtube.com/watch?v=VzaeF1FziJI Reportage très fourni sur la mythologie lovecraftienne ainsi que sur les sens que l'on peut lui donner. On comprend mieux toute la dimension assez monumentale de cet auteur au sein des littératures de l'imaginaire, entre fantastique, horreur, fantasy et SF.
Entrevue de Stephen King, sur France 5 : https://www.youtube.com/watch?v=lMiU4-qg354 Venue en France d'un auteur qu'on ne voit pas si souvent sortir de chez lui hehe.
Nombre de messages : 3357 Âge : 33 Pensée du jour : "Who cares if it doesnt make sense as long as it works ?" Date d'inscription : 30/01/2015
Arkash/ Didon de la farce Mer 15 Nov 2017 - 11:39
Wow, sacré boulot ! Bravo Nord" !
Pas eu le temps de lire tout (je me suis focus sur les parties qui me parlaient le plus pour le moment), mais je fais ça dès que possible, parce qu'il y'a à boire et à manger là !
EDIT : le gars à la bourre, je croyais que c'était un topic tout neuf... mais ça ne change rien à son intérêt et sa pertinence ! ^^
Nombre de messages : 5431 Âge : 29 Localisation : L'Essone résonne, vide de ma Normandie natale... Date d'inscription : 30/05/2012