Les habitués de la CB le savent, j’aime tellement La Ballade de Pern que les McCaffrey devraient me payer une commission, vu la pub que je leur fais. Comme c’est une série plutôt méconnue en France et que j’ai régulièrement des questions, autant ouvrir un topic pour que tout le monde en profite \o/

Sachez, pour commencer, que Pern est une excellente série avec des dragons, mais ce n’est pas de la fantasy, quoi qu’en disent les couvertures françaises. Il n’y a pas de magie ni de race intelligente non-humaine (sauf les dragons dans une moindre mesure) ni pouvoirs extraordinaires en dehors d’une aptitude à la télépathie développée par la science (communication entre dragons, ou entre les dragons et des hommes triés sur le volet) et de la possibilité innée de se téléporter (dragons). C’est de la SF

Résumé de l’œuvre

Il est assez difficile de résumer la série vu que les enjeux et la situation de la population varient beaucoup au cours de la série, mais je vais faire de mon mieux. L’action se déroule sur une autre planète, Pern (en réalité P.E.R.N = Parallel Earth, Ressources Negligible), où des hommes vivent avec un mode de vie assez semblable à celui de l’époque médiévale, avec un minimum de technologie et un certain respect de la nature. Tout serait idyllique si un corps céleste nommé l’Etoile Rouge ne tournait pas en orbite autour de Pern. Tous les 200 ans, au moment où l’Etoile Rouge est le plus proche de Pern, des filaments argentés appelés Fils tombent sur Pern ; ces Fils ne sont pas conscients, mais vivants et voraces : ils sont capables de dévorer et de brûler tout ce qui est organique, si bien qu’ils tuent les plantes, les animaux et les hommes sans aucune distinction. Ces Chutes mortelles rythment la vie des Pernais pendant 50 ans avant de s’arrêter... jusqu’au prochain cycle.

Il n’existe que deux moyens connus de détruire les Fils : l’eau et le feu. A l’époque où ils avaient encore la technologie (très avancée) de la Terre, les Pernais ont eu l’idée de modifier une espèce locale, capable de cracher le feu et de se téléporter, afin de former des escadrilles pour protéger la population. C’est ainsi que les dragons ont été créés.

Les dragons

Encore une fois, il y a beaucoup à dire sur les dragons mais je vais essayer d’être brève. A l’éclosion, chaque dragon se choisit un cavalier (chevalier-dragon), avec lequel il entretient un lien privilégié, télépathique et empathique ; c’est un choix pour la vie, un dragon ne peut pas abandonner son chevalier et aucun chevalier ne renoncerait à son dragon. Un dragon qui ne trouve pas de chevalier ou qui perd le sien se suicidera toujours à court terme. D’une intelligence variable, les dragons possèdent leur propre hiérarchie, à laquelle les hommes se conforment pour former des Weyrs : quelques centaines de dragons sont rassemblés (en général dans un volcan éteint) sous la direction d’un petit groupe de femelles reproductrices dominantes (3-4) et de leurs dames-dragons.  

Soigner, baigner, nourrir et entraîner un dragon (et se battre quand les Fils sont là) est un travail à temps plein, si bien que les chevaliers-dragons n’ont pas un instant à consacrer à des cultures, un élevage ou la fabrication des biens nécessaires à leur quotidien. Ils sont donc dépendants des Forts, les villes où vivent les autres Pernais, et dont le système ressemble beaucoup au système médiéval : un seigneur, des guildes d’artisans (rassemblées sous le nom d’Ateliers), des travailleurs. Vice-versa, les Forts et les Ateliers sont dépendants des dragons dès que les Fils sont là : chacun y trouve donc son compte.

Mon avis

Je conseille vivement cette série parce que je trouve l’univers creusé et intéressant. J’adore les idées que l'auteur a eues pour ses dragons, et la relation qu’ils entretiennent avec leurs chevaliers est très bien équilibrée : les hommes tiennent tant à leurs dragons qu’ils sont bien plus que de simples montures, mais ceux-ci ne sont pas assez intelligents et intrusifs pour leur voler la vedette. Même si les dragons sont omniprésents et la base de nombreux enjeux, La Ballade de Pern reste une histoire d’hommes, avec son lot de trahisons, d’embrouilles politiques, de combats et (ne cachons rien) de romance. McCaffrey a exploré son univers sous plusieurs angles, si bien que tous les lecteurs peuvent y trouver leur compte : vous avez aimé les dragons ? Les Harpistes ? Les dauphins ? Les sans-Forts ? Le tout ? Vous trouverez votre bonheur dans la série, il suffit de bien sélectionner vos tomes.

Il  y a tout de même des défauts, je ne vous vends pas une série parfaite. L’auteur a écrit sa Ballade pendant 30 ans et il est facile de trouver des contradictions d’un cycle à l'autre, voir au sein d’un même cycle, car ses idées ont évolué au fil de la série. Ses héroïnes sont parfois un peu redondantes et les plus mordantes ont une fâcheuse tendance à devenir niaiseuses. Je n’en reste pas moins une grande fan de Lessa, qui a été une garce dans toute sa splendeur à l’époque où elle n’était pas amoureuse (et qui a tout de même conservé un foutu caractère après).

Maintenant, si je vous ai donné envie de lire... Par où commencer ?

Cette fois, je n’ai aucune hésitation sur la réponse : lisez Le Vol du Dragon, alias Dragonflight (1971)


Un petit résumé pour ce tome :
Plus de 2000 ans après la colonisation de Pern, les hommes ont presque complètement oublié leurs origines et vivent au rythme des jours et des Chutes de F... Ha non, il n’y a plus de Fils. Alors que les livres indiquaient que la population devait se préparer à un retour des Fils tous les 200 ans, tout est calme sur Pern : les Fils ne sont plus tombés depuis 400 ans et plus personne ne croit à leur retour, sans compter un groupe de chevaliers-dragons, dans l’unique Weyr qu’il reste sur Pern. Faute de Fils, les dragons ont été tellement négligés qu’il en reste moins d’un demi-millier – et parmi eux, moins de dix mâles reproducteurs, et une unique femelle pondeuse. Cette dernière vient de mourir, après avoir pondu une dizaine d’œufs et un œuf de Reine, promesse de l’éclosion d’une nouvelle femelle reproductrice. Certain que les Fils vont revenir, le chevalier-dragon F’lar cherche une femme forte et courageuse pour se lier à cette nouvelle dragonne. Il va croiser la route de Lessa...

Au passage, si vous voulez le lire en anglais, lancez-vous, le vocabulaire est plutôt facile, une fois qu’on a reconnu/compris les néologismes de l’univers ^^

Le Vol du Dragon s’inscrit dans une trilogie, à laquelle vous pouvez ajouter deux tomes :
Je les ai tous lus et je vous déconseille très vivement la lecture des Ciels de Pern, qui est très mauvais. C’est la clôture officielle du cycle et on y découvre une autre capacité des dragons mais... c’est si mal exploité que franchement, je préfère considérer que ce tome n’existe pas.

Une fois que vous avez lu ce cycle (ou au minimum Le Vol du Dragon), le reste de la série vous ouvre les bras ! Si vous aimez les Harpistes (chanteurs, musiciens et surtout archivistes de Pern, qui mettent toujours leur nez partout et ont toujours un coup d’avance sur les autres), cette trilogie est pour vous :
Vous pouvez y ajouter un tome :
N’étant pas une amoureuse des Harpistes, je ne les ai pas lus mais j’en ai entendu du bien.

Dans Le Vol du Dragon, vous entendrez parler de la célèbre dame Moreta. Vous voulez en savoir plus ? Deux tomes pour vous :
Ils sont bons mais très déprimants...

Les Sans-Forts ont piqué votre curiosité ? Lisez Les Rénégats de Pern (Renegades of Pern). Pas lu, pas vu, mais encore une fois, j’ai eu de bons échos.

J’ai gardé le meilleur pour la fin. L’histoire de Lessa et de ses compagnons se passe 2000 ans après l’atterrissage des colons... mais comment s’est passé leur arrivée sur Pern ? Et leurs premiers siècles sur cette curieuse planète ? Vous le saurez grâce aux livres qui retracent les origines :
Quelques précisions :
- Les Chroniques est un recueil de nouvelles
- Les Dauphins est un tome particulier car organisé en deux parties – et une partie se passe... après Tous les Weyrs de Pern. Il y aura donc du spoil, vous êtes prévenus !
Ces livres sont inégaux, mais très intéressants, c’est un vrai régal d’avoir les détails d’histoires évoquées rapidement dans les autres tomes. L'Aube des Dragons est dans le top de mes livres favoris, toutes catégories confondues.

Je pense qu’avec tout ça, vous avez déjà de quoi lire. En théorie, le fils de l’auteur, Todd McCaffrey, a écrit une suite ; en pratique, je vous déconseille absolument cette lecture. Je laisse la parole à une lectrice anglophone à ce sujet :

Citation :

I'm so angry at Todd McCaffrey I could spit on his shoes.
(Je suis tellement en colère contre Todd McCaffrey que je pourrais cracher sur ses chaussures)

Lisez-les si vous voulez vous faire votre opinion mais je ne vous les recommande pas. Il a visiblement lu les autres tomes en biais...

Les intégrales

Actuellement, des intégrales de Pern sont en vente mais elles sont atrocement mal foutues. Le résumé est mauvais, l’ordre des tomes est mauvais, bref... C’est de la bouse de dragon. Si vous devez en lire une, commencez par Intégrale III (Le Maître Harpiste, Le Vol et La Quête). Il aurait été cent fois plus pertinent de mettre Le Vol, La Quête et Le Dragon Blanc ensemble... et d’en faire l’Intégrale I -_-

Le mot de la fin

Voilà, vous savez tout... Histoire de conclure sur une touche personnelle, mon petit préféré, c’est L’Aube des Dragons, suivi par Le Vol du Dragon, puis par Le Dragon Blanc et Tous les Weyrs de Pern ex-aequo.

Ca donne envie de découvrir.

Contente de lire ça

Haaaaa, LA série qui a bercé mes années lycée. Mes préférés sont les deux avec Menolly, sur les harpistes. La série est assez inégale comme tu le dis bien Flora.
Certains personnages sont forts et l'histoire est bien bâtie. C'est une série qui a une place spéciale dans mon coeur !
Je voudrais souligner pour ceux qui peuvent : lisez-les en anglais. Ce n'est pas splendidement écrit, et assez mal traduit... (voire même truffé de coquilles pour certains tomes, à moins qu'ils les aient corrigées depuis car ma lecture ne date pas d'hier matin).

Déjà que j'ai toujours été intrigué par cette série, ta critique me donne encore plus envie de me pencher dessus.

Pauvre de moi, tant à lire et si peu de temps pour le faire