Pour résumer, je viens de terminer le premier jet de mon manuscrit et j'ai attendu une semaine ou deux avant de me mettre les mains dedans pour la révision. Le truc, c'est que j'ai soudainement l'impression d'avoir une énorme bouse de 55 000 mots sur mon bureau plutôt qu'un tas de papier.

J'ai l'impression qu'il y a des milliers de problèmes avec mon intrigue et je vois tout noir, au point où je me demande si je ne devrais pas balancer mon manuscrit à la poubelle et repartir à zéro. Petite déprime passagère ou acceptation de la médiocrité? Avez-vous déjà vécu un moment comme celui-là après être venu à bout d'un premier jet? Avez-vous des méthodes de réécriture particulières?

Je me doute que tout n'est pas mauvais, mais je ne peux pas m'empêcher de voir certaines maladresses, voire de me demander si mon univers et mes personnages peuvent paraître ridicules aux yeux d'un lecteur lambda. Bref, je ne sais pas trop par où commencer...

Pardonnez si le sujet a déjà été traité, je n'ai pas trouvé de page similaire en remontant un peu dans l'historique de l'écritoire.

Merci!

Bonjour, bonjour !

Oh coup de déprime dans l'air ? Pourquoi, pour ne pas te remonter tout d'abord le moral, ne relirais-tu pas les passages qui te plaisent le plus ? Laisse ceux que tu trouves mauvais, fades... Une fois que tu auras retrouvé le "moral" avec les bons passages, tu seras plus en clin avec le reste.

Puis, je tiens à te dire que rare sont les auteurs qui sont satisfaits de leur travail... Perso, sur une vingtaine de nouvelles, une ou deux seulement m'ont vraiment plu lol Tu vois le pourcentage est faible.

Sinon, cela ne m'est jamais arrivé car au fil de l'écriture, j'arrive à voir si c'est vraiment mauvais xD

Technique de relecture : j'en fais plusieurs... D'abord, orthographe, grammaire et conjugaison car si tu commences par "l'intrigue" et que tu vois des fautes, tu vas focaliser dessus et tu vas oublier "l'intrigue". Alors tout d'abord, tu fais les fautes en tout genre... Puis seulement après, tu passes au fond (ce que j'appelle "l'intrigue") et là, tu vois s'il n'y a pas de grosses incohérences quitte réécrire certains passages ou certaines émotions, réactions.

La relecture, peut-être le plus gros travail de l'auteur - courage !

Haaaaaa oui c'est la phase difficile...

Mon truc à moi c'est de réécrire au fur et à mesure. J'écris un chapitre, le lendemain j'écris un deuxième et je corrige le premier, etc. du coup je n'ai pas la bouse en une seule fois, ça fait moins peur.

Maintenant que tu en es là, un truc qui a bien marché pour moi : tu prends un passage que tu aimes bien mais qui est foireux (de la semi-bouse, quoi), et tu t'inscris à un atelier. Les autres vont t'aider (c'est jouissif mais ça fait un peu mal quand même), et ça va te lancer pour le reste.

Pour moi il y a deux types de corrections : les corrections sur le fond, sur l'intrigue. On a l'impression que c'est énorme, mais bien souvent il suffit d'ajouter une scène par ci, de déplacer un chapitre par là pour que ça fonctionne, par contre faut savoir où on va. C'est le truc que je fais après avoir laissé reposer bien plus qu'une semaine, parce qu'il faut du recul.

Ensuite il y a le style. Là on se dit bon, c'est pas grand chose, c'est juste à polir. Et finalement c'est ce qui prend le plus de temps parce qu'il faut tout reprendre phrase par phrase. Perso je suis incapable de faire ça de manière linéaire, je fais ça par thème : un jour je m'attaque aux tics de langage, un jour je suis motivée pour tailler dans les dialogues, un jour je cherche toutes les occurrences des verbes être, avoir et faire et je vois si je peux les remplacer, en passant je remodèle un passage...

Voilà mes trucs, après je pense que chacun fait sa sauce. Werber récrit tout de zéro à chaque fois, le tacheron, il fait confiance à son cerveau pour trier et ne garder que le bon, si tu t'en sens c'est sans doute radical, pour moi c'est trop d'effort !

Courage !

Zetta, mon dieu que la citation de ta signature est de convenance.

Ouais, peut-être que je devrais passer un coup de crayon rouge sur le style et relire ensuite pour m'attarder en profondeur à l'intrigue.

Je corrige aussi au fur et à mesure, mais vient un moment où je trouve que c'est impossible de contextualiser ce que l'on relit vu la grosseur du truc...

Haha oui, tiens c'est un truc supplémentaire, j'ai écrit ça en gros sur un carton que j'ai posé à côté de mon écran... mais c'est surtout pour l'écriture que ça m'aide.

Salut Leokar,

Je pense qu'on passe tous par cette phase-là.
Sur un autre forum, quelqu'un avait écrit comme signature quelque chose comme : "chaque écrivain pense que son texte est le meilleur et le pire". Et c'est un peu ça.

Oui, tu as des corrections à faire !
Mais non, je ne pense pas qu'il faille tout jeter.
Tu relis, tu corriges, tu améliores. Ensuite tu fais relire ! Il faut absolument des bêta-lecteurs !
Tu recorriges, tu réaméliores.
Et ce ne sera jamais fini !

Pour ma part, je fais des listes de ce que je dois travailler :
- répétition de tel mot
- pas assez de sentiment
- chapitre 3 trop mou
- personnage trop cliché
etc et je m'attaque ensuite à un problème par un problème.

Sois déjà fier d'avoir terminé un roman ! 50 000 mots, ce n'est pas rien !

Salut Leokar (une connaissance d'Ornicar ? même pas drôle).

Laisse-moi te parler (brièvement) de mon expérience toute récente.
Je vois que Writer, Zetta et Plume d'elle sont organisées. Ce n'est pas mon cas.

Laisse-moi donc te parler de la méthode d'un gars sans méthode.
Imagine une piscine à contre-courant. Tu arrives à visualiser ? Trèèès bien. Tu vois le côté opposé ? Celui qui te semble un jour à une longueur de bras, et le lendemain aussi éloigné que la face cachée de la lune ?
Nage jusqu'au côté opposé.
Voilà. C'est tout.

Non c'est pas tout, en fait.
Des fois, tu tombes sur une jolie fille (ou un beau mec) qui nage en sens inverse. Boum. Le choc, la surprise. C'est agréable.
Et puis d'autres fois, tu tombes sur des cheveux qui se coincent dans tes lunettes de piscine, ton slip de bain, ou tu ouvres la bouche pour respirer et voilà-t-y-pas que tu bois la tasse (l'eau a un goût de pisse, tu nages juste après le passage d'un centre aéré). Ce n'est pas agréable.

Il faut juste que tu penses à atteindre l'autre côté.

Ahahaaaaa je suis ravie d'avoir l'air organisée moi qui ne suis guidée que par mon hypertrichose palmaire chronique et ma meilleure amie (qui est aujourd'hui la bouillotte, mais parfois la plaque de chocolat). Du coup je me suis peut-être mal exprimée. Je m'attaque au texte par petits morceaux et en suivant mes envies. Des fois je fais des listes comme Plume d'elle, mais souvent c'est juste l'impulsion du moment. Après, c'est sans doute plus agréable que de nager avec les cheveux coincés dans le slip, mais c'est pas super efficace : j'ai fini le premier jet en juin 2014, j'ai mis jusqu'à novembre pour faire une première passe de corrections, puis jusqu'à juin de l'année suivante pour faire des grosses modifs structurelles suite aux beta lectures... Alors que Werber, pendant le même laps de temps, il récrit tout trente fois. (Je m'en remets pas)

Mais Werber n'a pas un autre métier à côté !

Idem de mon côté, j'adore les listes mais ça n'empêche pas d'avoir des moments où je pense que ça ne vaut pas le coup et surtout, ça prend beaucoup de temps.

1 an pour écrire 100 pages jeunesse + premières corrections
6 mois pour bêta-lecture famille/amis + deuxièmes corrections surtout des détails
6 mois pour laisser reposer puis troisièmes corrections (importantes pour le coup, ajout de presque 50 pages, changement du début, ...)
6 mois d'envoi aux ME avec nombreux refus
Et maintenant je dois m'attaquer à une nouvelle phase de corrections à partir des retours personnalisés (surtout fin trop prévisible, personnages trop clichés, premier chapitre à remodeler).

Merci pour vos réponses, celle de Pangolin m'a particulièrement fait sourire.

J'ai commencé à éplucher le monstre, en essayant d'être un peu indulgent avec moi-même, tout en m'assumant comme ayatollah du stylo rouge. Suffisait de me mettre dans le mood je crois, on verra bien pour la suite.

Je ne me rendrai peut-être pas jusqu'à la méthode Werber... je l'ai assez fait pour mon premier roman, recommencé quatre fois avec son co-auteur avant d'être satisfait. C'est épuisant de travailler comme ça.

En tout cas, je trouve ça bien intéressant de voir vos commentaires, comme quoi il y a autant de méthodes que d'écrivains!

En tous cas tu t'exprimes bien à l'écrit dans tes posts, je ne vois pas pourquoi le résultat de ton manuscrit serait monstrueux. Je sais que je me répète parce que j'ai posé une question semblable dans un de mes posts mais as-tu écrit avec un plan, as-tu préparé ton texte, parce que si tu as tout improvisé tout le long, ça peut avoir contribué à donner un aspect brouillon à ton texte.

Un autre point: as tu écrit ton histoire dans un style simple ou dans un langage soutenu? Parce qu' écrire dans un langage soutenu, pour la majorité d'entre nous, ça fait moins naturel, ça ne correspond pas à notre registre de langue usuel. On essaie de mimer les grands auteurs et on finit par se prendre les pieds dans le tapis, à moins d'avoir pas mal pratiqué.
Voilà pour moi, bonne chance pour la suite de ton projet

Merci d'avoir pris le temps de commenter.

Pour répondre à ta question, j'y suis allé un peu à l'inspiration, en sachant un chapitre ou deux à l'avance ce qui allait se produire. J'ai connu quelques embûches dans lesquelles j'ai dû revoir ma fin à plusieurs reprises pour garder le tout captivant. Du coup, je suis en train de me relire en espérant ne pas tomber sur des incohérences scénaristiques trop importantes. Structurellement, ça marche. J'ai placé mes moments clés à peu près aux endroits payants et le rythme de mes scènes est assez cool (du moins, je crois). J'en suis au chapitre V, et jusqu'à maintenant tout beigne à part quelques trucs de style et une scène de combat un peu trop lente à mon goût. Je tourne les pages avec une certaine appréhension...

Pour le language, je dirais que ça reste sobre. Quelques phrases stylées ici et là, mais dans l'ensemble j'essaie de faire mes descriptions avec une certaine neutralité pour essayer de rendre ça immersif étant donné que l'univers est assez éclaté. En gros, c'est de l'anti-Tolkien à bien des niveaux, mais pour les jeunes.

Quand j'aurai fini ma révision et que je trouverai ça pas trop dégueu, je le proposerai en béta-lecture ici. Peut-être que je pourrai avoir quelques avis intéressants sur comment l'intrigue marche, et surtout le cliff de fin. D'ailleurs, sujet à part, ta comparaison avec Martin m'a aidé à assumer un peu mon idée. Je vais effectivement revoir comment je peux closer mes intrigues secondaires de façon efficace, en mettant un maximum de foreshadowing pour la suite.

Je me propose comme bêta-lecteur. J'assume que tu écris de la fantasy à cause de ta remarque sur Tolkien et c'est un genre que j'adore, surtout si tu dis que tu n'essaies pas d'en faire des tonnes. J'ai peu écrit, donc mon avis d'auteur vaut que pouic mais j'ai pas mal lu de bouquins dans ce genre alors si mon avis t'intéresse je te propose de me laisser un message privé pour me prévenir quand ton histoire sera en ligne et je me ferai un plaisir d'ajouter mes commentaires à ceux des autres contributeurs.

Bah recommence si tu trouves ça pourri.

Ou redémarre un truc nouveau.

Tu aimes de grands auteurs non? C'est pourri par rapport à eux ou ça va, ça sent juste un peu la merdouille?

Moi je jette le pourri et je garde ce qui sent la merdouille

Clovis a écrit:

J'ai peu écrit, donc mon avis d'auteur vaut que pouic mais j'ai pas mal lu de bouquins dans ce genre alors si mon avis t'intéresse je te propose de me laisser un message privé pour me prévenir quand ton  histoire sera en ligne et je me ferai un plaisir d'ajouter mes commentaires à ceux des autres contributeurs.

Sans faute! Merci de te proposer!

Fabre a écrit:

Bah recommence si tu trouves ça pourri..

Ouais bon, ça fait un peu mal au bide de jeter 200 pages à la poubelle, comme ça, sans se battre. Je pense que y'a quelque chose à en tirer, sinon j'aurais pas fait ce sujet.