Bonjour

Une question me trotte dans la tête :

A quoi juger vous qu'un auteur a du style, que c'est un "bon" roman ?

Car j'entends dire souvent, c'est un bon livre mais il n'a aucun style et vice versa, tous genre confondu. Mais surtout dans le domaine de l'imaginaire.
Je suis curieuse d'avoirs avis et explications.

Merci

Merci

Je suis d'accord sur le fait qu'il ne dois pas y avoir de mélange.

Mais le style c'est quoi ? Et surtout un bon style. Ceux qui disent q'un roman a un bon style, c'est la manière de tourner les phrases, la façon de mené l'histoire, c'est les descriptions ?

Un débat aussi intéressant et aussi complexe que celui de l'Essence de l'Art, j'en ai peur...

Une question qui mérite d'être posée..
Mais dont la réponse est tout sauf évidente !

Oui, car les goûts diffères pour chaque personnes, et tous le monde à sa vision des choses.

Mais tout de même j'avais envie de lancer le sujet

Il y a bien d'une manière général des critères qui définissent un bon livre, et un bon style.
Je félicite celui ou celle, ou ceux qui pourrons me répondre avec détails, car c'est vrais que ce n'est pas simple.

C'est une bonne question, mais difficile de trouver une réponse ! Je vais donner mon avis, mais bien entendu, cela n'engage que moi.

Pour moi, le style, c'est ce qui ressort quand on lit un texte d'un auteur. Pas au niveau du fond, mais au niveau de ce qui s'en dégage, de ce qu'on en retient. La façon dont l'écrivain tourne ses phrases, alterne description, dialogues et narration, toutes ses petites choses qui font qu'un texte, à mon avis, est agréable – ou pas – à lire.

Ce que j'apprécie dans le style d'un auteur, c'est avant tout la fluidité ! Des phrases qui coulent toutes seules, sur lesquelles on ne bute pas, c'est pour moi la base. Selon moi, tout le reste vient après.

Pour moi, le style, c'est la capacité à utiliser l'image de manière originale, sans se borner à un étalage de figures de style ou de tournures soutenues vides de sens. C'est l'habileté à dépeindre la réalité autrement mais de manière pourtant universelle. C'est aussi une "patte" : l'auteur utilise les mêmes outils que le commun des mortels ( mots, phrases) mais de façon unique par le travail du rythme, de la formule, du ton.
Pfff, c'est quand même compliqué comme question !  

Prenons l'exemple de Baudelaire, le plus stylé des poètes, grande classe internationale yeahyeahyeah  
Il décrit de manière très particulière quelque chose d'universel et on se dit en le lisant : Mais ouiiii, c'est troooop ça ! Il possède un pur sens de l'image et tout "coule".

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;

Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;

Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux


Et je ne résiste pas à vous mettre quelque vers de mon poème préféré de lui : une tuerie.


Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l'odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l'eau d'une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l'air.

...

Dans l'ardent foyer de ta chevelure, je respire l'odeur du tabac mêlé à l'opium et au sucre; dans la nuit de ta chevelure, je vois resplendir l'infini de l'azur tropical; sur les rivages duvetés de ta chevelure je m'enivre des odeurs combinées du goudron, du musc et de l'huile de coco.
     Laisse-moi mordre longtemps tes tresses lourdes et noires. Quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles, il me semble que je mange des souvenirs.

Oakira, donc pour toi c'est la fluidité, mais sans tourner à l'ennuis. Un bon dosage est une des clefs, je prend note

Ah, plus de détails j'aime, merci à toi Violine. Utiliser l'image, donc le lecteur doit facilement imaginer ce qu'il lit ? mais ce doit être original et clair.

Par exemples, je suppose que les phrases du style " cheveux blonds comme les blés" est à bannir.
Oui je sait ce n'est pas simple , c'est pour cela que je la pose.
 
Merci pour ces extraits de poèmes, très éclairant. Il a en effet une belle manière de décrire, les choses .

Pourquoi ?    Tu as quelque chose contre les cheveux blonds comme les blés ?

Tu veux dire : les images trop cliché ?
Ca dépend en quel contexte ils sont placés, je suppose...
Les clichés peuvent être employés aussi comme une composite de style.

"blond comme les blés" => une formule grammaticalement assez maigre pour dire une image poétique mais archi-connue.

Une description de personnage faite sérieusement mais employant "blond comme les blés" fera sensation de rebattu, bien sûr
Mais si tu tournes tes phrases de manière humoristique, ça peut passer très bien.
On peut aussi faire des variations de style sur la formule.


Archibald était blond comme les blés.
Alistair était blond comme les champs de blés environnant la maison.
La tête d'Amédée était surmontée de cheveux blonds comme les blés.
La tête d'Agénor resplendissait au soleil comme un champ de blé.
Adalbert avait des cheveux blonds comme les blés et il n'avait aucun sens de l'orientation. Se promener dans les champs en été l'inquiétait donc plutôt.

Je n'aime pas le blond non je rigole hihihi. Oui les descriptions, trop connues, que l'on à marre de voir écrites partout.
On pourrait peut-être dire : Elle avait des cheveux si blonds, que le soleil lui même aurait pu s'y refléter.

Je suis d'accord que ça peut passer dans certain contexte, mais c'est quant même du vu et revu.
Dans le cadre d'un roman, d'une description de personnage, le lecteur prendra plus de plaisir à lire "du nouveau", enfin je pense.

Ce qui reviens a mon sujet sur le style. Si l'auteur fait un effort dans ses comparaisons ça peut y jouer aussi, non ?

... Ça dépend de la tête de la comparaison. Je pense qu'il est maladroit de partir dans des comparaisons douteuses et/ou alambiquées pour éviter d'utiliser une formule tout faite ^^'

Le style d'un auteur, c'est tout simplement sa façon d'écrire.

Un cuisinier expérimenté aura un stye bien à lui (mélange de goût osés, pimenté, ...etc) pour un écrivain c'est un peu pareil Dur à expliquer, en faites.

C'est vrai aussi, il faut peut-être alterner dans un roman, recherche, et simplicité.
Mais dans ce cas quant utiliser ou pas ces formules toute faites ?

Pour le coup de la cuisine ça tombe bien c'est mon métier hihi. Bonne comparaison. Le style d'un cuisinier est sa capacité a inventé ou réinventé , c'est peut-être ça que tu à voulu dire Sethi.

J'écris moi même un roman fantastique, et je fait tout pour qu'il ne soit pas fade, trop vu, ou trop simple ^^

disons que si tel est le cas (fait pour éviter la formule toute faite) ça ne doit pas se sentir.

je suis d'accord pour la fluidité et l'angle pris pour parler d'un domaine éculé. La constance aussi, sauf si on veut volontairement un style évolutif.
Pour moi le style est inhérent au fond du récit, voire aux personnalités dépeintes. Les débat fond/forme en viennent toujours à dire que c'est un peu comme corps/esprit : parler de l'un engage à parler de l'autre, ils sont yin/yang, l'un n'est pas sans l'autre, ni au-dessus de l'autre. D'un roman à l'autre ma plume diffère. J'ai le sentiment de changer de style à chaque fois, parce que mes personnages sont plus lyriques, plus empressés, plus négatifs, que d'autres. Et pourtant ! Et pourtant ceux qui ont lu plusieurs de mes livres reconnaissent mon style dans chaque. Il y a donc le style adapté au roman-même, et le style continu, les réflexes personnels contre lesquels on en cherche pas à lutter parce qu'ils nous conviennent, et sont adéquats à notre façon d'écrire, quand  chez d'autres ça paraîtrait lourd ou faire tache.
Par exemple, y en a qui aiment les longues phrases, d'autres les phrases courtes, voire sans le classique sujet/verbe/complément dedans. Il y a des auteurs à qui je vais dire dans mon commentaire "ce choix des phrases courtes est étrange, il fait tache", quand sur un autre récit je dirai justement "ça donne bien, cet alignement de phrases courtes". Parce que ce qui les entoure, rend cet effet efficace.
Pour moi le style, c'est aussi les efficacités d'un auteur, dans ses formulations, qu'il arrive à exploiter et à manipuler. Ce qui fait qu'une même tournure de phrase aura l'air efficace chez l'un et pas chez l'autre, c'est une affaire de style.
On peut même arriver à redonner goût à des lecteurs à des formulations, des temps, des types de récit, que généralement ils n'aiment pas. Parce que derrière ça, ils ont aimé le style. Pour moi, l'un des plus gratifiants commentaires que j'ai pu recevoir c'est "tu m'as réconcilié avec le présent/les dialogues soutenus/les descriptions lyriques/l'érotisme/les vieilles tournures romanesques" parce que cela prouve que j'ai un style me permettant de sortir du lot.
Y a un truc qui a fait que moi, je les ai réconcilié avec quelque chose, que d'autres n'ont pas réussi à faire, auteur connu ou pas. Point de vue stylistique, c'est une consécration ^^