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 L'utopie de l'écrivain : écrire vite, bien et... pas seul !

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Invité  /  Invité


Je me joins à Nywth et Flora. On ne peut pas remettre en question les façons d'écrire et les stimulus ou rituels que l'on a pour écrire. Autant, je respecte ceux pour qui une Nuit, une Constance ou une WW n'est pas utile ou nécessaire, autant on doit respecter ceux pour qui ça l'est.

Je suis une paresseuse chronique. Je n'écris bien que sous pression. J'ai BESOIN d'une date limite, d'un stress pour démarrer mon cerveau léthargique. Quand j'étais étudiante, c'était pareil. Ça me prenait beaucoup plus de temps si je commençais un travail d'avance. Par contre, le soir avant la remise, j'étais une machine et un peu comme Nywth, c'est dans ces moments un peu de transe d'écriture que la magie opère. Ce n'est pas parfait, mais j'ai toujours eu de meilleurs résultats dans ces conditions.

On pourrait en discuter longtemps parce que ça revient un peu au topic sur les rituels d'écriture. Toujours difficile de débattre sur un sujet aussi personnel. Les goûts et les couleurs Wink
 
Cafecito
   
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Cafecito  /  Clochard céleste


Je n'écrit pas d'un seul trait mais j'écris vite, par à-coups. Hier pendant la nuit JE j'ai écris 1115 mots mais, si l'on retranche les moments où je n'étais pas du tout concentré, cela m'aurait sans doute pris une heure ; je suis du genre «auteur qui suçote son stylo pendant deux heures en pensant à autre chose avant d'écrire trois lignes». Je puis enchaîner, en vrai, mais cela donne des choses souvent négatives, impossibles à retravailler car tout simplement hors-propos. En revanche, j'ai perdu depuis un certain temps l'illusion du bon premier jet, celui dont on jettera peu de choses ; cela le mythe de «l'écrivain qui écrit avec ses tripes», je trouve. L'art est aussi une technique, qu'il faut travailler et la relecture est primordiale pour cela selon moi, je l'intègre entièrement à l'acte d'écrire. Ainsi, les mots écrits pendant cette nuit étaient déjà condamnés, pour une grande partie, à disparaître aujourd'hui ou demain (ou plus tar) ; cela ne veut pas dire que je me suis «pressé».

Ce que m'a apporté cette Nuit JE, c'est d'avoir débuté mon roman. J'ai déjà passé des heures, autrefois, sur un incipit qui se révèlerait banal par la suite. Autant écrire un premier quelque chose qui semble convenir sur le coup pour ensuite le retravailler dans une sorte de dialogue avec soi-même. Un peu comme une réunion : il en faut un qui propose quelque chose, bon ou mauvais, pour que les autres rebondissent et, en le critiquant, façonnent le produit fini (non je ne suis pas schyzo, rassurez-vous). Le roman sur lequel je travaille doit être, pour des raisons particulière, fini très vite (je ne chercherai par ailleurs sans doute pas à le faire publier). Avoir dédié un moment à l'écriture, en collectif, m'a permi de bénéficier d'une certaine émulation pas tant par le chiffre que par le doute : en voyant les autres parler, galérer ou simplement dire comment ils parviennent à avancer, cela m'invite à ne pas chercher le truc parfait et me débloque pour mon premier jet.

Je ne suis pas du tout fan des concours de «kikinalaplusgrosse» et pas plus des évaluations chiffrées (bien que j'adore les nombres, hein). Je n'ai toutefois pas ressenti cette nuit cette ambiance-là, en tout cas pas sur la CB (peut-être un tout petit peu sur le fil). Je crois qu'il faut simplement avoir en tête que ce n'est pas un concours, que le but n'est pas de faire plus que l'autre ; nous avons des projets et des manières d'écrire différents, ce serait insensé. Du coup, c'est plutôt le principe des WordWars (outre le nom) qui me rebute même si je ne les exclue aps d'emblée pour autant.
 
QuillQueen
   
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QuillQueen  /  Wallonne OUvreuse de LIttérateurs POstiches


bah tu vois cafecito, ce mythe n'en est pas un, c'est comme les autres aspects des visions des choses que certains partagent et pas d'autres ici : moi je peux te dire que je n'ai quasiment rien du changer dans mon roman "Qu'Aeliga me soit rendue", j'ai ajouté des éléments au pire, mais le jet que j'ai rédigé en deux mois jour pour jour est resté pour au moins 98% dans ma version actuelle, quasi finalisée. Et j'ai pour principe de toucher le moins possible à la première version d'un poème, car la poésie est pour moi directement liée à la spontanéité, elle doit s'affranchir des codes et des réflexes d'autocensure pour être elle-même. La meilleure métaphore est celle que je n'ai pas vue venir.

On corrige pour pas se répéter, mieux tourner les phrases... mais à force d'écrire, ben perso je peux déjà assimiler ces astuces au moment de l'écriture directe. je faisais plein de répétitions avant, ce n'est plus le cas. Sans pour autant ne pouvoir écrire autant de mots qu'avant en un temps imparti.

la nuit d'écriture est un rassemblement de solitaires. Donc on peut tous y trouver son compte. Parce que chacun se fixe un objectif à dépasser momentané et adapté à ce qu'il cherche à fournir comme effort ce soir-là, puis en fait part aux autres, voit ceux des autres et s'en inspire. Y a des gens qui font la nuit en ouvrant leur page word sur le "go !" de 21h, puis réapparaissaient sur la CB deux heures plus tard "ah ben j'en ai eu pour 3000mots tiens !". Ils ont fait la nuit tout en écrivant seul. Chacun fait comme il veut dans ses rythmes de partage.

Donc je ne vois pas le souci d'adaptation soulevé ici.
 
Cafecito
   
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Cafecito  /  Clochard céleste


QuillQueen a écrit:
On corrige pour pas se répéter, mieux tourner les phrases... mais à force d'écrire, ben perso je peux déjà assimiler ces astuces au moment de l'écriture directe. je faisais plein de répétitions avant, ce n'est plus le cas.

Donc tu as intégré une technique, tu n'écris pas qu'avec tes tripes. Après mon propos n'était pas de dire que tout le monde fonctionne pareil (j'ai écrit strictement l'inverse), déjà à mon niveau je ne fonctionne pas tout le temps de la même manière. En revanche je pensais plus effectivement à l'écriture en prose qu'à la poésie (que je ne pratique pas) bien que je pense que dans cet exercice aussi il y a celles et ceux qui préfèrent la spontanéité et les autres qui reviennent sur leur travail plus longtemps ou plus en profondeur.

À la relecture toutefois je m'aperçois que ce que j'ai écrit pour moi peut sembler être posé comme une vérité générale : quand je parle de l'illusion du premier jet, c'est mon cas et seulement mon cas que j'évoque, je ne souhaite pas dire que personne ne peut faire un premier jet très satisfaisant voire parfait;
 
C.P.Metzquer
   
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C.P.Metzquer  /  Gloire de son pair


Salut à tous,

Tout d'abord, je ne place aucune vérité comme absolue ni aucune hiérarchie entre les méthodes. Chacun les siennes, et les hippopotames seront bien gardés. Le ton était certainement un peu provocateur mais le but n'était que de vous faire réagir, pas de vous tacler.

Maelis : Certes, la nuit JE n'est pas obligatoire. Ce n'est pas la question. Je n'ai rien contre ça, c'est une bonne idée qui est bénéfique pour beaucoup.

Molly : Idem. J'ai du mal à être concentré si je ne fais pas qu'écrire Wink

Flora :
Flora a écrit:
Donc non, pas d'accord pour dire que "écrire ensemble vite et bien" est impossible. Pas d'accord non plus pour dire que l'écriture est un "acte solitaire qui demande un temps indéfini" ; quand mon lectorat est avec moi, je peux soulever des montagnes Wink Je ne dis pas que le premier jet sera parfait et ne demandera pas des remaniements, mais la phase d'écriture (et qui est pour le moi le plus "facile" dans un roman) sera terminée. Pas d'accord non plus pour dire que l'on écrit jamais bien sans l'aide de multiples relectures et réécritures ; à vrai dire, je suis en train de vivre le contraire sur mon roman. Il a déjà été lu par de nombreuses personnes, à de nombreux stades, et certains m'ont dit "tu es en train de dénaturer ton roman". Ce qu'elles aimaient, c'était sa spontanéité, l'impression que tout glissait sans accroc, et le fait de modifier des petits mots par-ci par-là, au gré des corrections et de mes réécritures, ça leur donnait l'impression de petits bouts collés ensemble, en espérant que ça tienne vaille que vaille. C'est aussi pour ça que lorsque je corrige X9-0, je suis radicale pour certains chapitres, je vire tout et je reprends tout depuis le début, en gardant seulement les meilleurs passages, et en me laissant guider par mon lectorat pour améliorer le reste.
Je peux comprendre ton point de vue mais je reste sur mes positions. Je ne me base pas sur des stéréotypes de l'écrivain mais sur mes propres méthodes; donc peut-être que je suis ce même stéréotype. Ce qui est sûr, c'est qu'il faut savoir arrêter de travailler son texte; et je ne connais aucun auteur qui trouve la perfection dans ce qu'il fait. Je me souviens des bordels des schémas de Balzac et je me sens plus proche de ça que de l'écrivain 2.0 qui arrive à être rapide et efficace. C'est jamais très évident le travail de réécritures.

Duvodas : Sur le nombre de mots. C'est vrai que c'est satisfaisant de remarquer que l'on avance sur notre projet, mais ça ne doit être qu'un indicateur je pense. Je ne comprends pas l'origine du ''1000 mots/15mn".
Duvodas a écrit:
Et puis souvent, le fait de tous partager notre avancement (comme lors des constances) c'est motivant pour les autres : quand on voit que ça marche pour quelqu'un, on a de suite envie que ça marche pour nous aussi et donc on redouble d'effort.
Partager quand c'est post-écriture, je suis d'accord. Pendant c'est plus handicapant que bénéfique je trouve. Là encore c'est subjectif, j'arrive à avoir suffisamment de volonté pour ne pas me reposer sur l'avancement des autres.

Nywth : On dirait que tu as vécu mes propos comme une agression personnelle. Ce n'est pas le cas donc no rage Wink
Nywth a écrit:
Ça me fait chier d'écrire trop longtemps. La nuit, c'est un prétexte pour que je m'y mette réellement.
J'ai écrit un demi-roman de 100 000 mots en une semaine, pour un Nano. C'était un défi, mais aussi un choix stratégique (les fameux 1000 mots en 15 minutes, donc). Quand tu écris quasiment aussi vite que ce que tu penses (j'atteins des 90 mots / minutes), il peut en sortir des choses quasiment surréalistes, des images, des rapprochements abstraits, parce que tu n'as justement pas le temps de réfléchir à ce que tu imprimes sur papier. Un choix stratégique, donc ; parce que je savais que je n'allais pas commencer la correction avant un moment, et que, dans tous les cas, je devrais tout réécrire, parce que ma conception de l'écriture aurait changé, depuis. Et je préfère devoir réécrire un fil assez mal écrit de base, où percent des images, des idées, des fulgurances que, sinon, je n'aurais jamais développé dans un truc plus propre, et plus vide.
Je crois que nos divergences principales viennent de là. J'ai eu cette expérience de réécriture face à mon premier roman que j'avais écrit très très jeune. En plus d'être mal écrit, c'était totalement dingue et cela partait dans tous les sens. J'ai jamais autant galéré de ma vie pour le réécrire. C'est d'ailleurs depuis cet événement que j'ai opté pur ma méthode actuelle qui est d'écrire sans limite de temps et sans précipitation, j'y trouve alors le travail de réécritures plus agréable et plus performant.  Ce qui fait que je mets longtemps à écrire un roman mais pas si longtemps que ça à le terminer.

gilles :
gilles a écrit:
ça doit être génétique, ça. On peut pas empêcher deux mecs, face-à-face, de chercher à savoir qui a le truc le plus long, le plus rapide.

C'est peut-être pareil pour l'écriture.

Mais au moins, quand t'es tout seul, tu finis par te contenter du truc que t'as.
Pas certain que la pudeur sexuelle reflète la nature de l'auteur, on lance le débat ?

Hel : Oui, c'est un peu comme ça que je prendrais ces nuits si j'y reparticipe. Un peu comme une nuit d'écriture relax, où l'on s'intéresse plus à l'autre qu'à notre projet. C'est peut-être mon erreur d'hier d'ailleurs puisque j'étais vraiment plongé dans mon chapitre.

Nishiso : Je n'ai jamais dit comment faire puisque j'ai dit exprimer un point de vue subjectif.
Citation :
Je trouve très réducteur de dire que l'écrivain se doit d'être dans la solitude pour écrire : Werber aime écrire dans les bistrots parisiens en buvant du café, et ce, avec le bruit de la vie autour de lui ! Moi, j'aime écrire avec de la musique, au casque, et uniquement de l'instrumental. Pourquoi ? Je ne sais pas ! Je me sens bien comme ça, c'est tout. A chacun sa façon d'écrire, de penser, de respirer. Nul n'a le droit de lui dire comment faire !
Et J.K.Rowling également. J'écris aussi en musique, c'est ambiançant et stimulant. Cependant je distingue la solitude de l'esprit de la solitude physique. Je crois que les auteurs qui vont dans des cafés y vont justement pour ressentir davantage la solitude et l'égarement. Je vois mal Werber y allait pour tirer aux fléchettes et draguer la barman.

Edit :
Nast : Oui, les goûts et les couleurs.

Je rejoins QuillQuenn sur la méthode. J'ai l'impression que plus j'écris plus j'intègre à l'écriture des éléments qui étaient autrefois réservés à la réécriture.


Merci à tous pour vos réactions. L'aspect micro-sociologique m'intéresse et j'aime voir des argumentaires.

CPM.

P.S : Je vote pour le design actuel aussi !
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Flora
   
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Flora  /  Serial Constance killer


C.P.Metzquer a écrit:
Je peux comprendre ton point de vue mais je reste sur mes positions.

Je ne te demande absolument pas d'épouser mon point de vue. Je ne cherchais pas à te faire changer ta manière d'écrire en te donnant mes arguments, juste t'expliquer que ta méthode n'est pas une vérité absolue. Après, tu es libre de penser que je suis une auteur médiocre parce que je ne suis pas tes préceptes, mais je ne changerai pas ma manière de faire pour autant... Je ne pense pas que j'écrirai mieux en écrivant seule dans mon coin et en pesant le pour et le contre de chaque mot, bien au contraire ; mais tant mieux si ça réussit à d'autres.
 
C.P.Metzquer
   
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C.P.Metzquer  /  Gloire de son pair


La méthode ne fait quand même pas la qualité de l'auteur. Et je le répète, je ne mets pas de hiérarchie entre les méthodes ni ne me permettrai de poser une vérité comme absolue.
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