L'Assassin Royal met peut-être un peu de temps avant de démarrer, c'est pour ça que tu n'as pas accroché. Mais ça vaut le coup, franchement, jusqu'à la fin.

Je suis en train de lire le Soldat Chamane. J'en suis au 5ème tome, et c'est très bon. Là aussi, ça met un peu de temps à démarrer, quelques temps un peu plus mou dans le 4ème tome, mais ça reste d'une incroyable densité et d'une grande cohérence.

L'Assassin Royal est trèèèès lent comme cycle. C'est l'une des marques de fabrique de la série.
Il ne s'y passe pas grand-chose, et on doit suivre les problèmes existentiels du héros pendant de nombreux chapitres. Les problématiques personnelles (ses relations, sa situation) se mêlent aux problématiques plus larges (le royaume), et finalement, comme dans un royaume les évolutions ne vont pas très vite, on a plus souvent le résumé de sa vie de cour, ses amis, ses amours, ses pouvoirs...
Effectivement, ça peut rebuter. Moi, ça me rebutait, comme j'étais rebuté par le Trône de Fer à l'époque où la fantasy pour moi c'était les poncifs installés par le SdA.
(J'aime bien comparer l'oeuvre de Martin à celle de Robin Hobb. Ils sont un peu le duo magique tous les deux, à faire de la fantasy de qualité, et à sauver un genre saturé par la merde du naufrage.)
Elle est où la quête? Il est où le voyage initiatique? Y a pas de combats? Y a presque pas de MAGIE??? Mais elle est où la fantasy alors?
Les intrigues de cour au début on peut se dire que c'est pas fun, surtout si on veux sentir les grands paysages, les prodigieux voyages, etc... Mais en fait c'est tout sauf ennuyeux. Ce cycle est certes très lent, le personnage est parfois (surtout dans son enfance) très passif ce qui peut être frustrant, mais c'est ça qui fait de Robin Hobb un formidable écrivain: elle fait vivre un personnage.
On sait que ça avancera à la vitesse d'une brique sur une tortue morte mais on dévore les chapitres tant il nous tarde que Royal se prenne une bonne branlée, que Fitz puisse enfin profiter un peu de la vie, que Vérité puisse être heureux et épanoui, qu'on sache qui sont les pirates rouges, qui sont les Anciens...

Dans ce cycle, il n'y a pas de destruction du monde, de combat final, de terrible prophétie, juste des relations compliquées entre tous les personnages, qui font tout le sel du roman. Kettircken, Fitz, Subtil, le Fou... Le seul personnage qui m'énerve un peu (à part Royal, mais lui c'est comme Jeoffrey, c'est fait pour et c'est ça qui est génial) c'est Molly, mais elle aussi est bien construite, on comprends toujours ses réactions.

Bref, c'est lent, ça prend son temps mais c'est loin d'être ennuyeux.
En plus la particularité de cette série c'est que le rythme s'accélère toujours à fond sur la fin de chaque volume. L'Assassin du Roi et La Nef du Crépuscule, ça va à cent à l'heure, il se passe plein de trucs, des dénouements incroyables, beaucoup d'action...

Bref Robin Hobb elle est géniale!

Je suis bien d'accord. Elle nous livre la vie d'un personnage dans son intégralité, avec un tel foisonnement de détails qu'on a l'impression de connaître autant le héros principal qu'un ami (peut-être même mieux...). Elle a un talent monstre vis à vis de ça.

Et puis je crois qu'on peut dire tout simplement qu'il y a une immersion énorme dans l'univers! C'est original et habité

Et pas manichéen. Ça, c'est important. Je ne sais pas si tu as lu le deuxième cycle (qui se passe 15 ans après le 1er). On comprends mieux les pirates rouges, pourquoi ils ont fait tout ça et on découvre... comment dire... l'envers de l'ennemi. C'est très bien vu.

Je vais commencer Le Poison de la Vengeance... je suis en retard

Je me suis fait toute la série (les 13 tomes) en un mois, du coup je n'ai pas senti la lenteur. C'est vrai que l'élément fantasy se fait un peu rare pour une référence du genre, il apparaît plus comme un espoir, une attente, que concrètement. Une excellente série tout de même, le plus gros défaut que je lui reproche, c'est qu'après le tome 3, les dangers me semblent tous moindres que ceux affrontés quand Subtil dépérissait. C'était à ce moment là que la tension était le mieux rendue.

Je reviens sur cet auteur bien que j'ai déjà mis un commentaire. Comme certains l'on déjà dit, c'est une nouvelle génération de fantasy, se rapprochant beaucoup plus du fantastique à la Guy de Maupassant que de l'héroïco fantasy à la Tolkien. Ce "nouveau" genre a prouvé son efficacité avec le succès monstre du trône de fer. La marque de fabrique de Robin Hobb (sous ce pseudo ou sous d'autres) est effectivement de ne pas écrire des histoires comme elle le dit elle même, mais de créer des personnages et de les voir évoluer. Cette méthode a beaucoup de charme mais aussi quelques défauts.

Ses oneshot sont très bien aussi. Personellement j'ai lu le dernier magicien qui est une bombe atomique (ça se passe à notre époque) et Retour au pays qui est un prélude très intéressant aux aventuriers de la mer.

L'assassin royal commence effectivement avec un rythme assez lent, mais le style d'écriture et les différentes intrigues de la cour nous donnent envie d'en savoir plus sur l'univers et les personnages. L'histoire est racontée à la première personne par Fitz, bâtard se sang royal. Fitz est toujours tiraillé par deux extrêmes: simplicité et noblesse, amour et devoir, Art et Vif, fidélité et facilité. Il est le bâtard, l'enfant imprévu, inutile et dangereux que la couronne choisit d'utiliser et de sacrifier au besoin au bénéfice du sang royal.

"Nous sommes des créatures mensongères, fils mais non héritiers, royaux mais non princes."

Et là arrive l'étrange bouffon du roi, jeune, timide, fou, agaçant. Et pourtant il semble toujours en savoir plus qu'il ne devrait, et surtout il trouve en Fitz un levier rattaché à toutes les composantes des Six-Duchés qu'il lui suffirait d'actionner pour déplacer tout le royaume.

L'assassin royal est l'une de mes saga préférées et Fitz est le héros auquel je me suis identifié le plus facilement. Pourtant, ce n'est pas un héros, il n'est que le sabre dans les mains de ses maîtres et du destin, et un sabre beaucoup plus aiguisé qu'ils ne le soupçonnent.

Et on peut reparler du rythme de l'histoire. Robin Hobb a créé un personnage qu'elle manipule pour le faire évoluer, seulement, certaines évolutions sont longues, et dans d'autres cas elle échoue tout simplement à le faire évoluer... Mais n'efface pas forcement ce passage du récit. Du coup à certains moments, notamment au commencement ou inversement, lorsque le héros perd tout, elle est aussi perdue que lui et ne sait que faire pour redémarrer l'histoire sans la forcer.

L'assassin royal est centré sur un personnage et la pilule passe plutôt bien. Ça se complique dans les aventuriers de la mer ou l'histoire est narrée du point de vue de plusieurs personnages, tous aussi importants que les autres. Et du coup, chacun se retrouve à certains moments dans une impasse scénaristique, ce qui ralentis à mort une histoire pourtant intéressante. A un moment j'ai sauté une moitié de bouquin parce que ça me saoulait.

Néanmoins ce qui est intéressant c'est de voir l'histoire d'un point de vue non humain, puisque parmi les héros de l'histoire il y a un banc de serpents de mer dont les souvenirs ataviques les poussent à quitter l'océan tropical pour rejoindre l'embouchure d'un énigmatique fleuve aux eaux corrosives et laiteuses. Mais pour trouver leur chemin ils doivent retrouver Celle-Qui-Se-Souvient.

Du coté humain tout tourne autour d'un bateau pas comme les autres. Le Vivacia, une vivenef fabriquée dans un bois qui la rend la figure de proue vivante et capable de s'exprimer. Althéa devait en hériter et cherche à le récupérer, Hiemain le prêtre est engagé de force et finit par s'attacher au navire et Kennit le pirate qui cherche à prendre une vivenef car ce sont les seuls bateaux capables de remonter le fleuve aux eaux corrosives dont les berges regorgent de richesses.

Pour terminer on peut parler de les cités des Anciens. Cette histoire se passe le long du fleuve cité plus haut mais n'est pas réellement une suite des aventuriers de la mer. La narration y est beaucoup plus fluide, peut être parce que la plupart des protagonistes sont ensemble et vivent la même histoire. Néanmoins des passages sont chiants car certains personnages sont des adolescents qui ont envie de bai*er mais hésitent (ou pas) sur le partenaire (ça reste néanmoins beaucoup moins gnangnan que des "classiques" du genre). Le background est pourtant excellent.

Des dragons mal-formés sont nés, incapables de voler et dépendent des humains pour les nourrir. Les reptiles devenant de plus en plus gros et dangereux, la ville décide de les évacuer en amont du fleuve. Les gardiens qui ont pour mission de s'en occuper sont choisit parmi ceux qui sont le plus durement touchés par la malédiction du fleuve. Ensemble, les dragons et leurs gardiens remontent le fleuve, à la recherche de la mythique cité de Kelsingra, pendant que les envoyés du duc de Chalcède cherchent à assassiner un dragon, car ce dernier pense que la consommation de leur chair le rendra immortel.

Tu en parles très bien, Stalker (Robin Hobb devrait t'engager comme agent)

Le dernier magicien est effectivement un très très beau livre.

L'assassin royal est LA série qui m'a le plus donné envie de me remettre à l'écriture. C'est bizarre, à aucun moment je ne l'ai trouvé lent. Cette complexité/subtilité des personnages fait tout son intérêt et son charme.

J'ai moins aimé Les aventuriers de la mer, mais peut-être parce que je l'ai lu en anglais. Cela dit, je n'ai ressenti pour aucun des persos l'attachement que j'avais pour Fitz, sauf peut-être pour Hiémain, dans une moindre mesure.

Le soldat chamane est excellent également, bien que plus "difficile" d'accès, plus rébarbatif, avec un univers a priori moins séduisant. Mais la complexité est là, l'absence de manichéisme, la finesse de la psychologie, l'inventivité aussi, surtout.

Pas encore lu Les cités des anciens, mais je me réjouis d'avoir une nouvelle série de cette auteur à découvrir. C'est sorti en poche ?

Molly a écrit:

Pas encore lu Les cités des anciens, mais je me réjouis d'avoir une nouvelle série de cette auteur à découvrir. C'est sorti en poche ?

Molly brisepif?
Je ne sais pas si c'est sortis en poche, mais c'est à lire si tu as aimé le reste car ça donne des infos importantes et très complètes sur la biologie des dragons et les rapports anciens-dragons-cités. Mais "en soit" c'est pas génial génial. Ca ressemble limite à de l'Applegate (et c'est pas vraiment un compliment).

Je n'ai pas non plus trouvé le début de l'assassin royal long, mais je comprend que des gens soient de cet avis, après tout il y a peu d'actions.

J'ai également lu le premier tome de "Ki et Vandien", c'est aussi très sympathique, mais plus sombre et macabre que ses autres romans. Je lirais la suite un de ces 4.

J'ai eu également de très bons échos concernant "Alien Earth", son premier roman de SF et "Le dieu dans l'ombre". Plusieurs nouvelles sont sorties, se passant essentiellement dans l'univers de l'assassin royal et des aventuriers de la mer mais je n'ai pas encore eu l'occasion de mettre la main dessus.

Citation :

Molly brisepif?

Ha ha ! Je suis démasquée.

Citation :

J'ai également lu le premier tome de "Ki et Vandien",

Pas trop aimé, pour ma part. Je n'ai lu que le premier tome, et me suis arrêtée là.

Citation :

"Le dieu dans l'ombre"

J'ai beaucoup apprécié la première partie. Ensuite, on tombe dans une sorte de délire érotico-zoophile qui m'a mise mal à l'aise, mais le livre reste prenant jusqu'au bout.

C'est vrai que l'Assassin Royal a également été l'un de mes plus gros coup de coeur, d'ailleurs ça doit être le tout premier livre de fantasy que j'ai dû lire (à 13 ans, ça ne laisse pas indifférent...), mais j'ai dévoré les 13 tomes comme rarement, et ils ont sans doute fortement influencé mon gout pour ce type de fantasy.

Plus tard, j'ai appris l'existence des Aventuriers de la mer, que je me suis empressé de dévorer avec la même voracité, même si la série m'a laissé une impression moins prenante (peut-être parce que je savais déjà comment ça allait finir ?).

Mais le Soldat chamane est vraiment le cycle que je considère comme le plus réussit. A l'instar de l'Assassin Royal, le personnage principal est complètement détourné de sa destiné, à cause cette fois de la magie d'une ancienne peuplade. D'ailleurs, je trouve que ces cycles abordent de nombreux thèmes communs (la "séparation" du personnage, son refus de se soumettre à son destin...), tout en étant très différent !

J'ai lu Le Soldat chamane une fois, l'Assassin Royal deux fois, Les aventuriers de la mer deux fois et La cité des Anciens, je suis sur le point d'entamer ma deuxième lecture des premiers tomes et la découverte des prochains... J'adore, tout simplement, c'est une merveille.

Robin Hobb, tout le monde l'a dit, est un miracle pour ce qui est de donner vie à ses personnages. C'est ce qui m'a d'abord fait apprécier l'Assassin Royal, par quelle série j'ai connu l'auteur. On dit "lenteur", mais je dirais plutôt profondeur, car Robin Hobb creuse dans le quotidien de ses personnages pour nous apporter un maximum de précisions sur l'univers entourant ses séries, au point que nous soyons toujours en mesure de nous faire une excellente idée de tout ce que vivent les personnages. Elle a le don de faire mention d'un détail très anodin, comme une chaussure abîmée, alors qu'une intrigue est en cours, et de tout de même trouver le temps, quelques pages ou chapitres plus tard, de réparer la chaussure en question ... Vous savez, celle qu'on avait oublié parce que trop de choses se passaient en même temps ?

Je l'admires énormément, et ce n'est pas peu dire ! Jamais de ma vie, je n'ai aimé un roman ou une série au point de la relire. Jamais. Mais avec Robin, je veux me pénétrer entièrement de ses œuvres car, je l'ai découvert pendant mes relectures, même si tu crois connaître l'histoire par coeur, tu te rends compte à la seconde lecture que tu n'as eu qu'un aperçu de la complexité de l'univers de ses séries. Et pas que ça, en fait ! Quand on dit que Hobb donne vie à ses personnages, ça signifie aussi que tu apprends à les connaître comme tu le ferais dans la vraie vie. Lorsqu'on rencontre une nouvelle personne et qu'on l'apprécie beaucoup, on se fit à une première impression. C'est pareil avec les personnages de Hobb. On dit "j'aime tel personnage" à la première lecture car il nous a fait bonne impression, mais à la seconde, on peut commencer à se sentir frustrer par celui-ci en se rendant compte que derrière les caractéristiques que nous aimions de lui, se caches des laideurs partant des mêmes racines que ce que nous appréciions tantôt. Par exemple, Fitz. Je l'ai admiré à la première lecture pour sa modestie, puis il m'a frustré durant ma seconde parce que je me suis rendu compte qu'il n'était pas modeste, mais tout bonnement incapable de se reconnaître des qualités ou des vérités dans ce qu'on dit de lui. En fait, je me suis rendu compte que je n'aime pas beaucoup Fitz lorsque je le regarde de près, mais que si je me borne à ne le voir que de façon générale, sans chercher à creuser ma perception de lui, je l'aimes bien. Désolé si ça n'est pas clair.

Ce que j'apprécie le plus, je crois, c'est la modestie de la magie et de son utilisation. Rien n'est tiré par les cheveux, elle est mise en second plan et le réalisme de son existence dans ses univers est, je crois, ce qui donne tant de vie à ses séries ! La magie devrait toujours être aussi modeste qu'ici, car les auteurs de fantasy oublient souvent que la magie n'est qu'une part d'un univers, que les intrigues réalistes ont également de l'importance et qu'à moins que TOUT ne soit gérer par la magie dans l'univers (et là, moi je dis que c'est arracher les cheveux), la part de réalisme ne doit pas être mise de côté pour favoriser la magie ... Dans l'univers de Hobb, elle fait un parfait mélange des deux, je trouve, allant progressivement et ne dévoilant pas trop des attributs des magies, comme pour nous laisser nous en imprégner ... C'est rafraîchissant, c'est merveilleux, Hobb est une perle !

Enfin, voilà ce que moi j'en pense !