Tu t'es déjà persuadé qu'avoir "le plus beau, ou le plus élégant" des personnages n'appartait rien. La prochaine étape, c'est de prendre conscience que la valeur de ces personnages ne tient pas de quelques caractéristiques pseudo originales. Il n'y a guère que les jeunes filles de treize pour s'émouvoir de "l'originalité" de certains traits physiques. Quand on grandit, on comprend que ça n'apporte strictement rien au récit et au personnage. Ca peut même devenir des caractéristiques, tellement faciles et accessoires, qu'elles finissent par être agaçantes et stéréotypales. A moins d'écrire pour les enfants, une fable, un conte, ou que cette particularité ait une importance dans le récit, c'est inutile, voire incombrant et bien naïf.
Ton personnage, il est déjà dessiné : une jeune fille de 23 ans issue de l'aristocratie (ce qui est déjà un petit machin original). Tu peux lui donner quelques caractéristiques parfaitement banales, mais seulement s'il est pertinent de l'évoquer dans un récit. Quand le personnage arrive, tu ne fais pas "attention, pause, regard caméra, souriez, merci la photo est terminée". Un personnage, ça se dévoile tout au long du récit, aussi bien psychologiquement que physiquement, seulement quand c'est nécessaire, c'est à dire quand ça revèle un point significatif lié au développement de l'intrigue (ses ambitions, ses enjeux, ses freins, ses atouts, etc.).
Par exemple, si tu as à parler de ses yeux, quelle pertinence cela peut il avoir de parler de la couleur de ses yeux ? Probablement aucune. C'est une erreur qui est comme une épidémie chez les mauvais auteurs. Ils cherchent à meubler en cherchant à dépeindre tout et n'importe quoi, et en particulier le physique de leurs personnages. S'il y a certes un art de la description, il y a aussi un art de la non-description : savoir quoi révéler et quoi, à quel moment.
Tu évoques les caractéristiques "grande aux yeux bleus", c'est pas ça qui est un stéréotype. Au contraire, si tu le dis comme ça, ça reste suffisamment vague pour justement ne pas tomber dans le piège de la pseudo originalité. Une gande aux yeux bleus, ce n'est pas un stéréotype, c'est une banalité. Tu dis ça, on se fait une image vague pour commencer, et tu t'appliques ensuite à parler d'autre chose. Si au contraire, tu en rajoutes sur "les yeux bleus", sa grande taille à la Twiggy, rappelant sans cesse la même information insipide, là oui ça devient un stéréotype.
Le talent, ce n'est pas de trouver des caractéristiques "originales" à ses personnages. Qu'est-ce que c'est des "caractéristiques physiques" ? Que dalle. C'est accessoire. Donc, si le lecteur voit que tu t'es creusé un peu les méninges pour trouver "quelque chose d'original" sur un point parfaitement accessoire et que le reste ne fait pas preuve d'autant "d'originalité" ou d'attention, ça passera pas. Sauf si on est une gamine de treize ans et qu'on trouve un intérêt seulement aux personnages qui ont des mèches blanches dans les cheveux.
Applique-toi à construire ton personnage autour d'enjeux, d'une personnalité contrastée et cohérente, programme tout ça au milieu de l'intrigue, le tout s'alimentant joyeusement, et l'intérêt du récit, il sera là. Pas dans la couleur de ses yeux dont il nous est rappelé à chaque page qu'ils sont bleus ou jaune ou qu'il a des manies, des tocs tout autant envahissant et qui n'ont aucun rapport avec l'intrigue.
Pour les personnages "originaux", il y a les Sims, ou Barbie.