|
|
| Un cursus pour devenir écrivain. | |
| | Nombre de messages : 474 Âge : 41 Date d'inscription : 11/09/2012 | Pêche Melba / Pour qui sonne Lestat Ven 12 Avr 2013 - 11:55 | |
| - Citation :
- J'ai longtemps pensé comme vous; mais à bien y réfléchir, quelle légitimité a un prof d'art plastique ? Plus qu'un écrivain qui jugerait des textes?
Argh! Le prof d'arts plastiques que je suis va répondre. Je suis d'accord, ce n'est pas parce qu'on est un artiste qu'on peut enseigner l'art. Ce n'est pas parce qu'on est écrivain qu'on peut aider les autres à écrire. Juger n'est qu'une partie du travail. Ce qui en fait le sens, c'est de donner une direction à la pensée des élèves pour qu'ils puissent exprimer leurs potentialités. Cela commence par : 1. analyser des oeuvres 2. donner un sujet (ouvert sur le fond quand restrictif sur la technique, et inversement) 3. donner des techniques (je suis toujours amusée quand je fais une démo à la classe sur les différents effets -empâtement, lavis, dégradé, gravure au shaper, peinture au couteau, etc.... et que je vois leurs yeux émerveillés) 4. inciter les élèves à sortir des sentiers battus feuille canson/crayon de couleur (ce que faisaient les profs d'arts plastiques jadis, quand il n'y avait pas de programme, ce qui est objectivement nul car ça, les gamins le font tous seuls chez eux...). Chez moi, ils font de la sculpture, de l'assemblage, de la peinture, du fusain, ils utilisent du fil de fer, du plâtre, certains me mettent l'électricité (piles+led) dans leurs installations pour faire comme Boltanski. Des gamins de quatrième. La légitimité, ce n'est pas quelque chose que l'on possède avec un diplôme. Elle se voit dans les faits, dans les résultats, dans les productions. C'est vrai à 12 ans comme à 60, pour un cursus d'écriture ou d'art : si tu estimes que celui qui t'enseigne quelque chose est un charlot (parce qu'il n'en sait pas plus que toi), alors tu n'apprendras rien. Un cursus pour devenir écrivain, pourquoi pas, mais il ne faut pas attendre que cela fasse des élèves qui le suivent des écrivains. Au mieux, ça donne des techniques et dégage du temps. Je suis très dubitative concernant la valeur d'un tel diplôme sur le marché du travail. Si c'est pour filer direct au Pôle Emploi à 25 ans, je ne vois pas l'intérêt. Quant à l'idée selon laquelle on peut se former tout seul dans une discipline artistique, elle est on ne peut plus vraie. J'ai eu mon capes en autodidacte (pratique artistique continue + bouquins) alors que ce concours est rempli d'étudiants des Beaux-Arts qui n'ont fait que ça pendant cinq ans. Au bout du compte, ce qui est important, c'est ce que l'on a appris, et pas un bout de papier sauf quand ce bout de papier autorise l'accès à la pratique de la profession (en l'occurence les concours, ou les professions réglementées). C'est une tendance très française, au fond, de croire que pour passer le balai il faut un CAP balayage, ou pour classer des dossiers un diplôme de secrétariat (dixit l'ancienne étudiante qui s'est faite jeter de toutes les boîtes d'intérim quand elle cherchait du boulot avec son bac +5 "pas qualifiée", qu'ils disaient...) (Bon, je mélange un peu, désolée... |
| | Nombre de messages : 478 Âge : 43 Pensée du jour : Je crois qu'il est temps de remettre les pendules à leur place (Johnny Hallyday) Date d'inscription : 15/08/2012 | SergentMajor / Pour qui sonne Lestat Sam 25 Mai 2013 - 12:16 | |
| Un diplôme d'écrivain! Enfin! On est sauvé! Quand je pense à ces inconscients de Hugo, Voltaire, Dumas, Balzac, Sagan, Hemingway, Rowling et autres qui n'ont pas eu l'incommensurable chance de suivre des cours en master de lettres en création littéraire...Eh, les mecs y écrivaient, ils 'avaient même pas le diplôme. Les ringards... |
| | Nombre de messages : 106 Âge : 56 Localisation : Paris Date d'inscription : 04/05/2013 | Marionde / Barge de Radetzky Sam 25 Mai 2013 - 13:41 | |
| Il semble qu'il existe beaucoup d'écrivains anglo-saxon qui soient passés par des études de cette sorte, très en vogue, aux USA par exemple. En France, où règne l'idée d'un talent de naissance, du génie créateur, c'est mal vu. Portant, un certain nombre d'écrivains sont allés dans tes ateliers d'écriture, mais ne s'en vantent pas. |
| | Nombre de messages : 5496 Âge : 27 Localisation : ça bouge... Tout le temps... Date d'inscription : 20/02/2010 | Hiendi Mond / Maîtrise en tropes Dim 26 Mai 2013 - 0:38 | |
| En recherchant des infos sur des universités, je suis tombée sur un cursus de "creative writing" à Manchester. Cependant, ils précisaient que peu de diplômés se faisaient ensuite éditer et continuaient là-dedans... A méditer ! |
| | | Invité / Invité Dim 26 Mai 2013 - 9:01 | |
| Et vive le formatage de l'écriture et de la pensée ! |
| | Nombre de messages : 3213 Âge : 49 Localisation : Devant le PC Pensée du jour : 50 nuances d'earl grey Date d'inscription : 05/12/2012 | Mikaroman / Jeune et fringant retraité Dim 26 Mai 2013 - 9:33 | |
| - lemineche a écrit:
- Et vive le formatage de l'écriture et de la pensée !
Les musiciens qui sortent du conservatoire ne se destinent pas tous à la musique classique. Les dessinateurs ou sculpteurs qui sortent des beaux arts ne produisent pas tous la même chose. Les danseurs, eux aussi, au débouché d'une école, sont capables de styles variés. Les cuisiniers diplômés des école hôtelières, pareillement, sont capable de créativité. (et pourtant personne ne remet en question l'utilité des cours qu'ils ont reçu) L'école fournit des outils d'écriture, elle n'oblige à quelque chose que durant le temps de formation. L'écrivain qui ne saurait pas s'affranchir de règles apprises en fac n'aurait probablement jamais été capable de s'affranchir d'autres règles apprises à l'école ou au lycée. Il aurait produit un travail "scolaire". Fournir un travail formaté, durant ses études, pour s'approprier des techniques d'écriture n'oblige pas l'étudiant à n'écrire QUE comme cela. Un cours de fac peut très bien déboucher vers une licence poétique. |
| | | Invité / Invité Dim 26 Mai 2013 - 13:54 | |
| Je pense que c'est justement incomparable avec la danse, la musique, le dessin, la cuisine. Toutes les formations scolaires officielles laissent déjà une très large place à la lecture et l'expression écrite, ce qui n'est pas le cas des autres arts. Pas besoin, pour moi, d'implanter par-dessus le marché ces pseudo-écoles où les professeurs font de leurs élèves des clones, et qui est un prétexte à ramener un nouveau concept américain. J'ai entendu parler un auteur -américain-, une fois, à ce sujet. Il était par ailleurs prof dans une de ces écoles et le premier des conseils qu'il donnait à ses élèves était : n'utilisez pas d'adjectifs. ça c'est du conseil. |
| | Nombre de messages : 392 Âge : 28 Date d'inscription : 19/03/2013 | Float / Tapage au bout de la nuit Dim 26 Mai 2013 - 14:08 | |
| T'es un clone si tu veux l'être. Dire "n'utilisez pas d'adjectif", et que l'élève le prend au pied de la lettre sans comprendre pourquoi, il fera évidemment de la merde.
Si tu penses que l'écriture ne s'apprend pas, libre à toi, mais je crois n'avoir jamais vu un écrivain de talent sans reconnaître derrière les mots un certain savoir-faire, appris seul, ou parce qu'il l'avait lu quelque part probablement.
J'ai jamais vu à quoi ressemblait ces écoles, mais elles ont au moins le mérite de mettre au centre des préoccupations de l'écrivain la méthode. Je crois pas une seconde qu'une de ces écoles propose une méthode pour arriver infailliblement à écrire un chef d’œuvre. La plupart du temps ce sont des conseils. Si tu veux étudier la littérature, tu peux aller à la fac. Si tu veux avoir des conseils qui t'interrogent sur ta propre méthode, ça peut être une solution. Le tout est de s'interroger sur ces questions essentielles. Présente-moi un écrivain qui ne s'est jamais soucié de la structure, de la construction des personnages, de la manière d'introduire une histoire, d'amener l'intérêt du public, d'éviter des erreurs grossières... de talent, t'en trouveras aucun.
Sinon tu peux écrire comme tu pisses. Ça n'aura d'intérêt que pour ta balayette (même plus pour toi, une fois pissé, ce genre d'écrivains n'a pas envie de se relire).
Si t'es pas convaincu, je te mets au défi d'arriver à pondre quoi que ce soit qui puisse intéresser un lecteur ou un éditeur.
Dans un cours de danse, t'apprends à danser ; dans un cours de cuisine, t'apprends à cuisiner. Dans un cours de français, t'apprends pas à écrire une histoire. Je vois même pas le rapport. Le cours de français, est un cours de langue, pas un cours d'art comme peuvent l'être le cour de danse ou de musique... |
| | Nombre de messages : 5496 Âge : 27 Localisation : ça bouge... Tout le temps... Date d'inscription : 20/02/2010 | Hiendi Mond / Maîtrise en tropes Dim 26 Mai 2013 - 14:09 | |
| C'est incomparable avec la danse, la musique, le dessin, la cuisine, parce que ces disciplines demandent un apprentissage et des techniques très spécifiques avant d'être pratiquées.
Tandis que tout le monde sait lire et écrire, mais pas forcément bien. Je ne trouve pas que les formations scolaires laissent une si grande place à l'écriture. A la lecture, oui, mais l'écriture est toujours bridée, et c'est toujours le côté scolaire et non le côté artistique qui est mis en valeur.
Mais en même temps je ne pense vraiment pas que l'écriture est un art qui puisse s'apprendre. On en apprend la technique (l'orthographe, la syntaxe), comme on apprend des pas de danse, des rythmes et des notes en musique, des techniques de peinture, mais le vrai travail vient après et ne peut être fait que par l'artiste. |
| | Nombre de messages : 3213 Âge : 49 Localisation : Devant le PC Pensée du jour : 50 nuances d'earl grey Date d'inscription : 05/12/2012 | Mikaroman / Jeune et fringant retraité Dim 26 Mai 2013 - 14:22 | |
| - lemineche a écrit:
- Je pense que c'est justement incomparable avec la danse, la musique, le dessin, la cuisine. Toutes les formations scolaires officielles laissent déjà une très large place à la lecture et l'expression écrite, ce qui n'est pas le cas des autres arts. Pas besoin, pour moi, d'implanter par-dessus le marché ces pseudo-écoles où les professeurs font de leurs élèves des clones, et qui est un prétexte à ramener un nouveau concept américain. J'ai entendu parler un auteur -américain-, une fois, à ce sujet. Il était par ailleurs prof dans une de ces écoles et le premier des conseils qu'il donnait à ses élèves était : n'utilisez pas d'adjectifs. ça c'est du conseil.
Je n'ai compté que cinq adjectifs dans ton texte (je n'ai pas pris en compte la répétition du mot "américain"). Visiblement, sans aller dans ce genre d'école, tu suis, de toi même, le genre de préceptes que tu décries. Et, effectivement, ton texte est percutant. Il va droit au but et explique clairement ton point de vue. Ensuite, je suis sûr que tu peux rajouté des adjectifs à loisir. Ce n'est pas bien compliqué. Le "conseil", donné dans un cadre scolaire, est avant tout une "consigne" qui vise à atteindre un objectif. Les auteurs ont tendance à se montrer amoureux de leurs propres phrases et à s'étaler dans un verbiage pompeux ? Ok, demandons leur d'écrire sans adjectif. Ainsi il seront obligés de faire un effort de concision et de pertinence dans le choix de leurs verbes. Une fois cette "efficacité" atteinte, libre à l'auteur de créer son style. On peut toujours choisir de ne pas faire quelque chose qu'on a appris. On à plus de mal à se permettre l'emplois d'une technique qu'on ne maîtrise pas. |
| | | Invité / Invité Dim 26 Mai 2013 - 15:21 | |
| En soi, le fait d'apprendre à écrire ne me dérange pas. Il ne faut pas se leurrer, le pur génie, c'est une fiction facile, et tout bon écrivain a un jour appris à écrire. Je n'ai rien contre les ateliers d'écriture faits pour échanger et s'enrichir. Mais ces formations, c'est autre chose. Donner des conseils, des directions, des manières de travailler, pourquoi pas, mais des consignes de ce type... Elle me dérange parce qu'elle confine dangereusement au formatage. On sait que nombre d'auteurs américains on été formés dans ces écoles et on connait leur avarice à l'égard de l'adjectif. Ce qui compte, ce n'est pas l'usage ou le non-usage de l'adjectif, mais la façon dont on l'utilise. Et au delà de ça, ces "professeurs" se jugent par conséquents seuls maîtres de ce qu'est un bon auteur et ce qui ne l'est pas. Qui sait si un de leur élève, parce qu'il a un talent qui ne correspond pas à l'idée que eux se font du talent, ne risque pas d'être mis bêtement au placard ? Si l'on en croit ce que prêche cet "enseignant" dont je parlais tout à l'heure, Gracq est un mauvais auteur. |
| | Nombre de messages : 392 Âge : 28 Date d'inscription : 19/03/2013 | Float / Tapage au bout de la nuit Dim 26 Mai 2013 - 15:59 | |
| S'il a du talent ton élève, il suivra sa propre voie. T'as déjà rencontré un génie qui faisait que répéter que ce qu'on lui a appris ?
Tu devrais y faire un tour, tu verrais à quel point certains points sont effectivement utiles. Et pour les autres, ça te servira à affirmer ce que tu penses être juste pour écrire ta propre histoire ; ou à te situer par rapport aux autres.
Même en dehors de l'art, je conçois mal qu'un prof puisse faire intégrer à un élève des idées auxquelles il ne croit pas. Alors dans l'art... si t'es pas convaincu, tu passes ton chemin. Cite moi un auteur pour toi qui écrit des romans formatés ? Pour moi ça n'existe pas. Ça veut rien dire. Il y a des bons romans, des mauvais, des bien écrits... Des romans formatés, hum, oui, jamais vu. Un roman, c'est pas la cuisine d'une seule recette. Y a le choix. C'est pas parce que deux recettes de deux plats différents utilisent les mêmes ingrédients qu'elles préparent la même chose et que toutes leurs recettes sont identiques et relèvent de la même idée. Après, c'est sûr, en général, en pâtisserie, il faut souvent des œufs, de la farine et du sucre. Pff, formatée comme pas possible la pâtisserie... |
| | | Invité / Invité Ven 20 Sep 2013 - 20:52 | |
| Je ne sais trop, mais je pense qu'avec une licence en littérature française ou anglaise, on peut être un bon écrivain. Mais ce n'est pas tout, seulement si on veut être un auteur sérieux avec de belles réflexions dans ce que l'on écrit. |
| | Nombre de messages : 197 Âge : 27 Date d'inscription : 05/04/2013 | Eclipse Totale / Tycho l'homoncule Ven 20 Sep 2013 - 23:47 | |
| Pour moi, le seul cursus pour devenir écrivain c'est de lire. De se cultiver. D'être ouvert au monde et aux avis des autres pour se forger son propre esprit critique. |
| | Nombre de messages : 874 Âge : 25 Localisation : Proche d'Edelweiss Pensée du jour : La chair n'est pas vraie, c'est l'âme qui est vraie. La chair est cendre, l'âme est flamme. VH Date d'inscription : 22/12/2013 | Sethi / Double assassiné dans la rue Morgue Ven 24 Jan 2014 - 17:28 | |
| Le seul moyen d'apprendre a ecrire est d écrire et de lire, selon moi. Apres, tout est bon a prendre mais je me demande si on fais pas mieux a faire des études moins spécifiques (parce que ka question se pose encore pour moi :') ) pour avoir, comme on dit, une roue de secours. A chacun son avis. |
| |
|
|