Un ami, c'est un passager clandestin sur la route de la vie. Il s'est placé là, ou on s'est mis là sans trop savoir pourquoi. Pis, s'il voit une meilleure place (oui la vie c'est un bus pas une bagnole, hein, vous saviez pas ?), bah il dit à peine au revoir et se tire. On se dérange pas pour faire pareil.

Un ami, c'est un mec à qui on est utile et quand on a besoin de lui traine des pieds. Un ami, c'est un type qui apprécie de vous avoir à ses côtés parce que vous lui donnez une bonne image de lui-même, parce que vous êtes une relation utile ; quand vous cessez d'avoir ces relations, quand vous ne lui renvoyez plus rien parce que vous avez changé de boulot, perdu votre job, déménagé, vous n'êtes plus rien. Et c'est normal. Non, non, je parle pas des potes, qui sont la même chose mais qu'on voit moins, et qui sont moins utiles que les amis.

Un ami, c'est le mec qui est sympa avec ta femme et qui finit par se la taper parce... ils sont bons amis. Il peut même se tirer avec. Parce que... l'amitié, c'est un prérequis à l'amour (enfin dans certains cas, dans d'autres on passe directement par la case prison : amour).

Un ami, c'est le type avec qui on a statistiquement le plus de chance de se friter, après son amoureu(se) et juste avant la mère marâtre.

Un ami, c'est juste un pote, sauf que quand il est plus là, ça ses remarque. "Ah merde je l'aimais bien, il était vachement utile. Bon, heureusement, on a déjà refait la peinture dans le salon."

Un ami, c'est un mec qui arrête pas de te dire que t'es trop sympa d'écouter toutes ses histoires perso et qui... a toujours un truc à faire quand on commence à lui raconter un truc qui a aucun intérêt pour lui.

Un ami, ça fait semblant de donner, tant qu'il tire des avantages (sociaux, personnels, psychologiques, financiers, professionnels, plans cul, travaux). Quand il cesse d'avoir besoin de recevoir, il cesse de donner (si tant est qu'il ait jamais donné un peu sans faire semblant).

Un ami, c'est un mec qui se permet, parce qu'il est votre ami, de se mêler de ce qui ne lui regarde pas ("tu veux pas que je te parle de ma vie, donc évite de donner un avis sur elle") ou de vous proposer des plans totalement bidon qu'il faudrait qu'on accepte parce qu'on est bons amis ("tin ah oué t'es friqué je savais pas autant ! tu me payes mon voyage avec ma copine ? ah quoi il te sert tout ce fric ? C'est l'avantage, entre amis, on sait que ton argent tu le reverras").

Un ami, c'est comme votre ex-femme, il a un seul mot à la bouche : la fidélité. C'est beau la fidélité en amitié. Quand ça tient. Et pourquoi ça devrait tenir ? mystère. Quand on cesse d'avoir de l'intérêt pour quelqu'un, si tant est qu'on ait au moins eu l’honnêteté d'être clair dans la relation, on se force pas. Parce que c'est là qu'on s'autorise des choses, qu'on devient un ingrat, qu'on a plus aucune considération pour l'autre entant qu'individu, c'est là que "l'ami" devient au choix, un petit chien, un paillasson, SOS amitié dignité perdue et que lui devient une enflure, un profiteur. Non, un ami, c'est pas un mec avec qui on peut parler de tout et avec qui on se permet tout et qui nous pardonne tout. Même les amis ont droit aux respects.

Bref, les amis, c'est certes comme un bon couple de tourtereaux. Si la relation est égalitaire, franche (c'est à dire qu'on ne se fait pas d'illusion sur la beauté éthérée de l'amitié...), ça peut durer. Mais la fidélité, la longévité, c'est pas ce qui définit l'amitié. Il y a que les chiens et les masos qui sont fidèles. J'évite de traiter les autres comme des chiens, donc je demande qu'une chose, qu'on évite de me traiter comme un cleps. Le plus souvent on aura une relation inégale : un faire-valoir, un commandant, etc. C'est la même chose dans tous les couples, que ce soit aussi les binômes au boulot, un duo d'écriture ou un vieux couple marié. Si on arrive pas à se mettre au niveau de l'autre, faut cesser de suite, sinon les problèmes arrivent (seulement le vice, c'est qu'en voulant parfois en faire moins pour se mettre au niveau de l'autre, certains sont tellement en manque d'attention, d'écoute compréhensible, de confiance en soi, d'autorité, etc. que tout à coup quand vous leur proposer une relation sur un plan d'égalité, ils voient la porte ouverte et veulent saisir l'occasion pour changer les rôles et devenir enfin, puisqu'en général ils sont eux les faire-valoirs, une sorte "d'ami leader", comme dans les cours de récré où y a toujours un mec qui commande les autres...).

Un ami qui m'appelle à trois heures du matin, il s'en prend déjà une bonne parce qu'à cette heure j'ai envie de dormir. Et si en plus monsieur veut me rendre complice de ses conneries nocturnes, j'ai vite fait de le dénoncer auprès de la police, comme j'espère qu'on me dénoncera de la même façon. On rêve de concept creux comme la fidélité et on accepte ensuite "parce qu'on est entre nous, entre "amis"" qu'un crime reste impuni ? Morale à géométrie variable. Non merci. Au passage, un mec qui se rend coupable d'un crime et qui appelle un ami, n'a rien d'un ami. Au mieux il est juste con d'appeler son meilleur pote et de risquer de le mettre dans la merde ; au pire, il appelle juste un pote, parmi tous ceux dont il prétend être "le meilleur ami".

Ensuite, concernant la différence entre amitié et amour. C'est que l'amitié, c'est toujours un "mariage" de raison. Puisqu'il est essentiellement basé sur l'avantage qu'on a à entretenir une relation, même si on a vite fait de perdre de vue ce qui nous avantage tant chez l'autre (et ça peut être tout con, comme juste donner une bonne image de soi-même). A moins d'être totalement trompeur en amour dès le départ (soit parce qu'on est une lavette, soit parce que là encore on tire avantage de l'autre), l'amour c'est tout sauf rationnel. L'amour, c'est chimique. C'est une drogue et c'est une dépendance. Les neurologues peuvent nous expliquer comment ça fonctionne. Adieu la poésie et le romantisme, adieu le "Et si je t'avais pas rencontré ce soir là à l'arrêt d'autobus où il y avait une pub pour un roman de Marc Levy? c'est le destin, on devait se rencontrer !". L'amour, c'est de la chimie, des hormones, des attentes, des malentendus profitables, une douce folie qui nous montre l'autre idéalisé. Bref, pas de christallisation en amitié. Rien d'hormonal. L'amour, c'est un trompe l’œil pour nous pousser à nous reproduire. Et comme il ne suffit pas que de se reproduire, qu'on est des êtres sociaux vivants dans un monde où chacun a sa place, il nous faut participer à la vie sociale et espérer monter en grade dans l'organigramme de la meute. On passe du trompe l’œil à l'outil. L'ami, c'est un outil. Mais c'est du donnant donnant. C'est le même principe que dans le boulot où on accepte de faire parfois un travail qui nous empoisonne pour pouvoir vivre. Eh ben il y a des amis (oui oui pas des connaissances) qui nous empoisonnent et qu'on s'oblige à voir parce que le tissu relationnel, on tire sur une bobine, on peut faire péter tout le maillage ; on se prend donc pas la tête, et alors qu'il est difficile de voir un(e) conjoint(e) qu'on ne supporte plus tous les jours, l'ami lui, il est plus facile de s'en tenir éloigné. Les fils disparaissent d'eux-mêmes. Pour se défaire d'un ami gênant, il faut juste laisser faire, ça viendra tout seul. Eh oui, faut cesser de rire au blague et se contenter de sourire poliment. Là où l'amour et l'amitié se rejoignent, c'est qu'il y a des messages subliminaux à comprendre... Encore faut-il qu'ils le soient, compris.

Donc voilà, on va pas écrire des poèmes à la gloire des "amis". La différence entre connaissances, amis, potes, au-delà du style, de véritables affinités réconfortantes, c'est la même chose. Rien de fondamentalement différent (comme ça peut l'être avec un amour où la chimie et l’irrationnel jouent beaucoup plus) sinon une habitude, une obligation, d'en voir plus certains que d'autres. Ces habitudes ne seront pas régies par un pouvoir puissant, mystérieux comme l'amour, mais par la simple nécessité d'entretenir des rapports avec les bonnes personnes. Là où encore ça rejoint l'amour, c'est que quand l'amour cesse, parfois, et que dans un couple il ne reste plus que les intérêts communs, on passe direct à ce stade dans l'amitié. A la grande différence que les intérêts ne sont pas si imbriqués. On parle d'intérêts divertissants pour passer la vie agréablement, et d'intérêts communs entre un homme et une femme qui peuvent avoir des enfants, des biens en commun, des aspirations communes, des ambitions pour leur famille, communes, etc.

Sur ce, j'ai assez de pâté pour mon chat, donc comme je l'aime et qu'il n'a absolument aucune idée de cet amour (pas plus qu'il a conscience qu'il m'est totalement inutile entant qu'ami) je vais lui donner mon post à mâcher. En voilà un autre de passager clandestin. Sauf que lui, c'est moi et rien que moi qui décide s'il change de place dans le bus. Le maître, c'est moi. Ou c'est lui. En tout cas, ni lui ni moi n'ira prétendre être sur un plan d'égalité. Je lui offre un toit et les couverts, en échange, il me laisse le regarder dodeliner du cul. Même une femme n'accepterait pas ça.

Allez zou ! Viens kiki, il y a une place de libre à côté de la dame... Pierre ? c'était un plaisir de faire un bout de route avec vous. Vous savez ce que c'est... l'appel de la forêt... D'ailleurs : on s'appelle (pas). Viens kiki. -- Bonjour, madame. Je vois que vous avez un chien. Vous aimez les animaux de compagnie je parie. -- Oh oui ! Bedorf est très réconfortant depuis la mort de mon mari. -- (Ok une pleureuse...) Il est mort comment votre mari ? -- Il est parti... sniff... il est parti... hic... il, il... -- avec votre meilleure amie, j'ai compris. -- Ouin...ouin ! -- Écoutez, ma douce, votre chien mérite une meilleure vie. Pourquoi n'essayerions-nous pas de marier nos hormones, voir si la chimie entre nous joue la mandoline. Ensuite, nous pourrions changer de bus, vous me présenteriez à vos amis utiles, je vous présenterais les miens; nous nous en ferions d'autres pour tisser ensemble notre réseaux et assoir notre famille à la meilleure place du bus. Et... si tout se passe bien, vous pourriez songer à me présenter certaines de vos amiEs, et nous verrions s'il y a matière à aventures... On est d'accord ? -- Oh, monsieur, vous m'êtes bien sympathique. Toutefois, j'aimerais qu'on se contente de rester bons amis. -- Faisons-donc ça, oui.

Futur sujet de dissertation : l'amitié entre un homme et une femme est-elle possible. Dans un bus.

Float
...
....
.....
C'est chiant parce que t'as pas mal raison en fait. Ca donne envie de chialer.

Je fait pas mille distinctions, je m'en moque et si un ami c'est quelqu'un de présent pendant un temps donner, c'est toujours ça, ça me convient...

Je suis pas de l'avis de Float pour ma part, j'ai des ami qui le reste malgrès les épreuves et qui ne me juge pas que j'écoute autant qu'il m'écoute... On peu voir tout noir ou tout blanc mais la réalité elle est dans l'entre deux.

Citation :

C'est une une personne sur qui tu peux toujours compter, qui répond à tes messages, et qui peut passer 5h à t'écouter déblatérer les mêmes conneries et à te consoler.

Dans ce cas-là c'est ton ami. Mais tu n'es pas le sien.

Dans amitié, il y a relation affective entre deux personne.

Numéro Un a besoin d'un ami pour mieux se contempler lui-même, le mettre en valeur, le rassurer dans son ego, ses petites habitudes et ses certitudes, l'aider à avancer dans la vie. Il ne s'en rend souvent pas compte (Numéro Deux non plus d'ailleurs) et est parfaitement sincère en croyant à une relation équitable et profitable pour les deux parties.

Ce qui est faux, évidemment.

Numéro Deux subit, porte, assume pour deux. Et finit par en souffrir, au bout d'une semaine ou de quinze ans.


L'amitié selon Numéro Deux, c'est donc être disponible, donner sans compter de son temps et de son affection, jusqu'au sacrifice de soi. Il se montre tolérant, compréhensif, permissif parfois. Il reste aux aguets de la moindre variation d'humeur de Un et estime qu'il est de son devoir d'y remédier.
L'amitié selon Numéro Un, c'est être écouté, consolé, conseillé, cajolé, aidé. Il est affectueux, exclusif et jaloux. L'amitié ne peut inclure de distance, sauf celle qu'il impose.

Pendant ce temps, Numéro Deux et Numéro Un ne s'occupent que d'une personne.


La vie continue, les besoins changent, et vient un jour où Numéro Deux attend de Un une infime fraction de ce qu'il a pu donner lui-même. Ridicule, car leur relation n'a pas été construite sur cette base et Deux y a lui-même contribué.
Il sera évidemment éconduit et déçu ; le château de sable s'effondrera. Reste à déterminer s'il passera outre et poursuivra cette relation à sens unique ou s'il brisera le cercle.


Je ne vais pas faire ma vieille désabusée et ériger cette description en loi, j'ai croisé des amitiés décennales aussi simples et solides qu'un roc. Le déséquilibre est là, mais plutôt mineur et stabilisé. Les deux amis ont passé l'épreuve du temps parce qu'ils ont compris la situation et l'ont acceptée.


J'ai tout de même rencontré beaucoup plus de Numéros Un et Deux...

ce topic est très instructif : depuis sa création je classe et déclasse mes amis. Une petite question cependant : si la question de l'ami est résolue, la question de l'ennemi reste entière...

Pour moi, un ami, c'est quelqu'un avec qui je m'entends bien, à qui je peux, pourquoi pas, me confier. (Il passe avant les "potes", qui sont pour moi de simples connaissances.

Après, il y a le stade au dessus, celui du "meilleur ami". Une personne capable de me supporter et de m'accepter telle que je suis ... mais surtout capable de me dire quand je déconne, de me dire la vérité (celle qui fait parfois mal) tout ça sans que je ne le prenne mal. Evidemment, c'est réciproque. Tout un programme !
En ce qui me concerne, j'entretiens avec ma meilleure amie une relation fusionnelle, un peu "amour/haine" : on passe la plus part de notre temps à se chercher, à s'engueuler, mais je ne me souviens pas lui en avoir vraiment voulu ...

Je pense qu'une amitié "simple" peut évoluer vers de l'amour, après tout pourquoi pas. Mais un "meilleur ami", j'avoue que je n'y crois pas du tout. Ce n'est pas la même chose, pas le même amour ! Même si je crois attendre la même chose de la personne dont je suis amoureuse, mais peut-être dans une version plus ... soft

Float, ta vision est assez noire et pessimiste, pourtant il y a beaucoup de vrai dans ce que tu dis. Sans doute, parce qu'au fond de nous, nous idéalisons l'amitié et l'Ami, et que, fatalement, nous serons déçus un jour ou l'autre car l'idéal n'existe pas.

Quant à savoir si l'on peut faire une définition précise de ce que peut être, ou doit être, un ami, je rejoins l'avis de Mikaroman, chacun a sa propre vision de l'amitié, surtout quand la relation évolue au fil du temps, renforçant les liens qui unissent deux personnes, ou au contraire... les éloignant pour de bon.

C'est un peu comme pour la classification des amis, copains, connaissances, collègues... tout dépend des barrières que nous érigeons dans nos relations. Certains ne feront aucune distinction, d'autres oui. J'ai tendance à beaucoup segmenter les choses, peut-être une façon de se rassurer ? Mais quand, au final, c'est pour se rendre compte que les cases sont vides, je me dis que ce n'est peut-être pas une si bonne idée.

Un ami c'est quelqu'un qui partage un bout de chemin avec toi pour te le rendre plus agréable, mais parfois douloureux aussi dans les moments de déception, inévitables. Et puis les chemins diffèrent, nouvelles de moins en moins nombreuses, sans rancunes, on s'donne des nouvelles de temps en temps ; - tu d'viens quoi ?- pas grand chose - moi non plus - on se revoit bientôt ? - bien sûr ! ... et on se revoit jamais.
Pourquoi avoir lui pour partager ça ? C'est comme ça, ça s'explique pas, alchimie de deux âmes qui se sont trouvées, "parce que c'était lui, parce que c'était moi". Les amis chez moi, ça part, ça vient, je suis foutrement incapable de garder contact quand la distance s'impose, je me lasse, je suis déçue, je me dispute, je me sépare et je finis parfois par ignorer sans pardonner. Amitié avec mauvaise réciprocité, comme ça a été mentionné plus haut. Les autres sont là, mais finissent toujours par s'estomper quand le corps-à-corps n'est plus...

Mon D... : ça continue...

Va donc pigner ailleurs, David.

Quand Condor dit à David d'aller pigner ailleurs.



(Pardon: irrésistible)

Trop drôle marc anciel

Je ramene mon petit grain de sel dans ce débat.

Pour moi un ami, un vrai, pas juste un pote ou une connaissance, en dehors des petits coups de mains a droite à gauche, c'est surtout quelqu'un qui à de l'empathie pour toi, qui est heureux de te voir heureux, et que ton malheur rend triste.

Je développe peu, mais pour moi tout y est, c'est quelqu'un qui se soucie de ta condition.

On peut fréquenter beaucoup une personne, bien la connaitre et appréçier passer du temps avec, sans rien en avoir de foutre de comment elle se sent ou l'inverse, dans ce cas la ce n'est pas un ami.

Aie, Marc : tu finis par fantasmer un peu trop sur moi. Je suis beaucoup moins sexy que cette fille (enfin, ça dépend de tes inclinations).

Je m'en fous de tes formes, de ce que tu as entre les jambes, de ta religion, de ta pilosité, je veux être ton jonathan!!!

Lysiah a écrit:

FlSans doute, parce qu'au fond de nous, nous idéalisons l'amitié et l'Ami, et que, fatalement, nous serons déçus un jour ou l'autre car l'idéal n'existe pas.

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