Citation :

Toutefois l'expérience a souvent prouvé que les "stratèges" dûment formés dont on était en droit d'attendre de grandes réussites étaient parfois incapable de gagner des batailles: je pense notamment a la triste expérience de la guerre de 14, du coté Français, a ses débuts.

Tout simplement, parce que comme la société, la guerre évolue. Thomas Kuhn le démontre parfaitement. Les révolutions scientifiques entrainent un changement de paradigme, et les militaires y sont réticents. Si l'armée française était considérée comme la meilleure du monde en 1940, son état-major vieillissant l'a mené droit à la chute, tout simplement parce que les généraux ont été incapables de réformer leur manière de penser, comme Guderian avec son ouvrage sur les panzers ou Rommel avec son ouvrage sur les troupes de montagne. Là où les Allemands ont misé sur la mobilité, la flexibilité, la vitesse (avec les Kampfgruppe, le Blitzkrieg ou encore la défense élastique), les Français se sont contentés des leçons de la Première Guerre Mondiale (les chars ouvrant la voie à l'infanterie, les fortifications, la défense d'une ligne fortifiée).
On peut voir la même chose dans pas mal de conflits. Les Allemands ont battu les Autrichiens à Sadowa grâce notamment à leurs fusils, et par le déplacement bien plus rapide de leurs troupes via un réseau de chemins de fer beaucoup plus dense que celui des Habsbourgs. Bismarck et Moltke ne se sont pas trompés en amassant des forces supérieures en peu de temps.
De même, les Confédérés n'ont pas su tirer parti des nouvelles technologies apparues au cours de la Guerre de Sécession, et n'ont pas compris que sur le long terme, les Yankee courraient vers la victoire, puisque la guerre industrielle en était peut-être à ses prémisses, mais l'industrie était déjà une composante essentielle de la guerre.

Hum quand aux généraux de l'armée française en 1914. Encore une fois, les militaires sont restés dans la logique de la Guerre contre la Prusse en 1870 et 1871, une guerre où la cavalerie tenait une place encore importante, où l'infanterie se déplaçait en masse compacte à la napoléonienne. Sauf qu'en quarante ans, les mitrailleuses se sont développées, les canons sont devenues encore plus redoutables. Mais ça, les Allemands aussi ne l'avaient pas prévu, tout comme leur plan Schliffen était à la ramasse, car pensé des années plus tôt et exécuté par Moltke "le Jeune", qui n'avait pas participé à l'élaboration de ce plan (Par exemple, les Russes se sont mobilisés beaucoup plus rapidement que prévu, et j'en passe). Faute de mobilité, les armées se sont enterrées avec ce qu'on sait de la boucherie que cela occasionnera.

Pour ceux qui veulent des précisions sur le récit, c'est une histoire de science-fiction où une armée, recherchant désespérément de nouveaux stratèges se retrouve à enseigner l'art de la guerre à un adolescent (qui leur est tombé inopinément dessus, mais se révèle doué). J'essaie donc d'alléger les explications, autant pour ne pas perdre le lecteur que par souci de crédibilité (quoique, quand un ado apprend à commander des troupes, je ne suis plus à ça près...).

En somme, apprendre d'abord les variables comme la topologie, la météo, les efforts que peuvent fournir les soldats, puis entrer dans le vif, c'est ça ?

Si les professeurs savent enseigner l'art de la guerre, il serait certainement plus opportun de les laisser prendre les décisions stratégiques plutôt que de former un stratège depuis zéro.

Oui. Une fois que tu as les bases tu peux démarrer, pour de vrai.
Tout ce qui est communication, également, c'est très important si dans ton monde l'armée dispose de ces moyens.

archangel a écrit:

En somme, apprendre d'abord les variables comme la topologie, la météo, les efforts que peuvent fournir les soldats, puis entrer dans le vif, c'est ça ?

Comme tu n'as pas l'air passionné par le sujet, à la limite, visite les nombreux sites de géostratégie, il y existe toujours des entrées intéressantes. Parce que le "de la guerre" de Clausewitz, c'est pas très "marrant" à lire, et en plus ce pavé n'est pas donné. Tu peux consulter sa fiche wiki, deux trucs sur sa pensée, parce qu'il faut toujours citer Clausewitz, surtout si on ne l'a pas lu, sinon ça fait pas sérieux dans ce domaine.

Comme théoricien français de la guerre de contre-insurrection, tu as Trinquier, Galula, et d'autres vers lesquels te mèneront tes pérégrinations sur le web. L'action psychologique de Paul-Alain Léger et Godard est très intéressante, du vrai roman, tu peux te renseigner sur la "bleuite", tu auras accès à tous leurs coups tordus. Si je te dis ça, c'est parce que la querelle "anciens/ modernes" peut être un prisme pour expliquer le génie spontané de ton stratège. Même si, en littérature de l'imaginaire, ce n'est pas automatiquement nécessaire.

Hey Archangel!

Tu peux peut-être discuter avec Shemina sur le sujet; il est dans l'armée. Je crois avoir lu sur un des sujets du forum qu'il se proposait pour discuter de stratégie militaire à ceux qui en avaient besoin!

Il n'est pas nécessaire pour toi de connaitre l'art de la guerre pour que ton personnage puisse se prétendre expert. Mais il faut que tu sois capable de créer "l'illusion du savoir", avec des remarques, des précisions, des exemples judicieusement choisis... un usage précis du vocabulaire... bref, je peux écrire un truc sur un grand chef cuisinier même si je ne sais pas moi-même cuisiner. C'est tout le travail d'écrivain.

Certains auteurs écrivent sur ce qu'ils connaissent et ont du mal à s'en éloigner de plus de quelques lignes. D'autres ont plus de facilité avec ce qu'ils doivent imaginer. A toi de voir sur quelle branche tu te poses.

Du coup, il faut relativiser l'intérêt de se lire tout Clausewitz, Sun Zi et Napoléon...

(mais sinon, oui, la logistique est à la base de toute entreprise militaire. Nourrir, équiper, déplacer et tenir en forme plusieurs milliers, dizaines de milliers, voire centaine de milliers de personnes sur un territoire très restreint, c'est un cauchemars. Pendant longtemps il y a avait plus de morts du fait des épidémies et de la disette que sur le champ de bataille. Deux films intéressants là-dessus, entre autres : La chair et le sang, et The Warlords).

Condor : oui, c'est ce que je comptais faire, mais même là je me sentais vite paumé, d'où la demande d'aide. Mais ça s'arrange, j'y vois déjà plus clair.

Tu peux aussi voir avec des joueurs de Warhammer 40,000. Ça peut te donner quelques bases ou visions différentes pour aborder ton sujet...

Brettshe a écrit:

Tu peux aussi voir avec des joueurs de Warhammer 40,000. Ça peut te donner quelques bases ou visions différentes pour aborder ton sujet...

héhé j'en ai justement fait une partie hier, poutrer un peu d'eldars ça fait plaisir

On a déjà bien répondu à ta question, connaitre ses hommes, la logistique, et aussi connaitre l'enemi ça peut etre un avantage pour mieux anticiper ses réactions

Aprés il faut voir que tes lecteurs ne seront pas de grands généraux non plus, il suffit que ton héros réussisse à exploiter 2-3 idées malines et soit capable de vite s'adapter aux réactions de ses adversaires pour qu'on ai l'impression qu'il est réellement doué.

Citation :

Aprés il faut voir que tes lecteurs ne seront pas de grands généraux non plus, il suffit que ton héros réussisse à exploiter 2-3 idées malines et soit capable de vite s'adapter aux réactions de ses adversaires pour qu'on ai l'impression qu'il est réellement doué.

Les deux premiers bouquins du cycle de Fondation sont d'ailleurs essentiellement basés sur ce mécanisme...

Fondation d'asimov ?
Lu il y a longtemps, mais a mon souvenir, il n'y a pas de batailles dedans, c'est surtout de l'entourloupe politique.

Enfin ça reste pareil, donner l'illusion du génie.