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 Procédés littéraires: Infodump, foreshadowing, MacGuffin et autres...

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Marc Anciel
   
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Marc Anciel  /  Sous-chef de projet démoniaque chez Édilivre


Bah on n'a qu'à dire que le cliffhanger c'est quand c'est suivi d'un chapitre qui parle de tout autre chose, genre page de pubs et trouver un nom pour l'autre possibilité...
http://leguidedelecrivainambitieux.blogspot.fr/
 
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Float  /  Tapage au bout de la nuit


Un cliff, c'est justement le contraire.

C'est arrêter le développement d'une scène (le plus souvent à son niveau de tension le plus élevé) et de réserver son dénouement pour le début du chapitre suivant.

Il peut y avoir deux sortes de cliff à mon avis. Celui placé en général à la fin d'un roman où une pause est nécessaire pour laisser le lecteur reprendre son souffle, et surtout parce que le dénouement en question va amener d'autres scènes "à faire". On ne plante pas la fin de l'événement en question pour passer direct à autre chose qui n'a plus rien à voir. Ensuite, il y a celui, artificiel, mais pas forcément inutile, dans les bons page-turners. Si tout le récit se concentre là sur le seul cliff, il y a de chance pour que l'effet soit un peu grossier. Mais si le récit présente d'autres éléments intéressants (et à commencer par l'intrigue elle-même), ça peut très bien passer. Justement parce qu'il s'agit juste d'un procédé de transition et non de tension comme on s'en sert souvent en fin de roman. Par exemple, évoquer un élément de l'histoire, un nouveau personnage, un détail un peu obscur qui amène l'intérêt du lecteur et qui nécessite des précisions, etc. C'est une question de mesure : le procédé est bon quand on ne le voit pas.

Sinon, toujours pas convaincu par la nécessité de traduire ces termes... Un "accroché à la falaise" ? Moi je dis "cliff", tout le monde comprend, et c'est encore le but de la manoeuvre. Si tout à coup on se mettait à vouloir traduire "allegro" "moderato" avec des termes français, on serait tout autant ridicule. Certains termes, la plupart, sont en anglais, et alors ? Parce qu'ils s'intéressent aux techniques narratives, point. Les Français en ont rien à foutre le plus souvent : "apprendre à écrire ? quelle connerie, comme s'il y avait des recettes ! moi j'écris avec mon cœur."

D'ailleurs suspense prend un "e". Et il est entré dans les dictionnaires français, puisque rentré dans le langage courant (après avoir été à ses origines un terme... français).

Suspense et cliff participent à la même idée ou au même concept. Celui de tension et d'attente. Dans le suspense, on sait comment ça va se passer et on craint la résolution qu'on attend de voir ; le cliff, c'est encore plus prêt de la résolution parce qu'on nous en donne un aperçu mais on ne nous montre pas sa résolution. Et la différence là c'est que le cliff ne dit rien sur la nature de cette résolution, contrairement au suspense dont la tension nait de l'attente uniquement. Reste deux problèmes à résoudre pour les deux : ne pas décevoir. Le suspense, puisqu'on sait ce qu'il va se passer, doit on au final surprendre, prendre un détour ou montrer ce qu'on sait déjà avec un angle différent avec un nouvel élément qui va relancer l'intrigue. Le cliff, parce qu'une fois qu'on sait ce qu'il s'est passé, la tension retombe méchamment, surtout si la résolution du cliff en lui-même n'a apporté aucun élément nouveau. Comme disait l'autre "surprendre avec ce qu'on attend". En clair : le chemin est tracé, il faut savoir rester dessus, mais arriver encore malgré tout à étonner tout en respectant ce qu'on a promis ; ou encore donner vite ce qu'on a promis au lecteur, et renouveler son intérêt, ses attentes, avec de nouveaux enjeux.

Donc les procédés sont utiles dans un ensemble. Ils sont les petites conséquences formelles d'une intrigue réussie. Mais on ne peut pas construire tout un récit avec ça, commencer par ça, puisqu'ils sont le résultat d'une intrigue. C'est bien de mettre le doigt dessus, mais chercher à comprendre la dramaturgie qu'à travers des procédés qui ne sont que des boulons dans un ensemble plus complexe, c'est un peu vain. On ne peut pas comprendre le principe du suspense si on n'a pas réfléchie à la question de la tension de l'histoire ou de la nécessité de construire ses histoires selon des schémas cohérents. Tout est possible en matière narrative, et tout à été fait. On n'échappe donc pas à ces "procédés" sans même s'en rendre compte. Encore faut-il être conscient des effets qu'ils procurent sur le lecteur, et d'avoir toujours à l'esprit des principes qui n'ont pas changé depuis deux mille ans : cohérence de structure et de ton, vraisemblance, clarté. C'est con, mais il ne faut pas oublier qu'une histoire, c'est le plus souvent, une histoire extra-ordinaire qu'il faut arriver à rendre crédible (parfois ça peut être une histoire ordinaire qu'il faut savoir rendre intéressante...). S'il fallait multiplier les événements étonnants pour séduire, ma foi, ce serait plus simple.

Ensuite, il y a bien des principes comme voix passive/voix active, discours direct/indirect, phrase pronominale/complexe/subordonnée, la structure d'un chapitre, d'un paragraphe, d'une phrase (oui c'est pas évident de savoir quand on change de chapitre, quand on change de paragraphe et même de savoir quand mettre des points), etc. Ça aussi c'est des "procédés littéraires". Déterminer si un dialogue est plus efficace dans le corps de texte ou avec un tiret, s'il est préférable de l'évoquer ou de le faire évoquer par un personnage. Quand donner telle ou telle information ? Est-ce du détail opportun qui créé de la valeur ajoutée ou est-ce que c'est du remplissage ? Est-ce que le lecteur comprend ici que je lui donne un élément à se rappeler pour la suite, se demande-t-il de quoi je parle ne voyant pas où je veux en venir avec cet "indice"? Quand utiliser les omissions volontaires et les ellipses ? Vais-je droit au but ou est-ce que je me perds un peu dans des détours ?... Il y a beaucoup de chose qui se cache derrière "les procédés". Alors c'est intéressant de regarder le monde à travers un petit trou de serrure, mais si ça nous aide pas à pousser la porte y entrer de plain-pieds.

En attendant, tu peux rajouter "ellipse" et "descriptions" par exemple (pour commencer). Il y aurait beaucoup à en dire et se sont aussi des "procédés littéraires". Mince, ils ne sont pas en anglais. Bloody english! Ils n'ont donc pas tout inventé !^^
 
PetitLu
   
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PetitLu  /  Autostoppeur galactique


Ces derniers temps, j'utilise un procédé qui consiste à s'adresser directement au lecteur ou à dire ce que seul le lecteur peut comprendre. Par exemple, une phrase dont je suis particulièrement content :

"-Je vous ai dit texto ''contentez-vous d'aller chercher Mr P à son domicile'', si vous ne me croyez pas, reportez-vous donc au chapitre 2 !"

Voila, je ne sais pas comment on appelle ça mais si quelqu'un trouve le nom, je pourrais me la péter en société.

Et merci pour toutes ces notions, c'est super intéressant. Même si je pense que la plupart des auteurs les utilisent sans connaitre le nom.
 
Mikaroman
   
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Mikaroman  /  Jeune et fringant retraité


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Float  /  Tapage au bout de la nuit


Une apostrophe, oui (y a une entrée sur wiki si ça intéresse).

Tu l'utilises d'une manière assez extrême (c'est pas seulement une apostrophe, c'est une apostrophe avec l'emploi du rapport "je-vous" dans un roman) mais c'est un procédé (ou un mode de discours) commun oui. Les amoureux de Tolkien remarqueront qu'il s'adresse directement au lecteur par exemple dans son intro (enfin il l'évoque, à la troisième personne). Il me semble que c'était même très répandu avant que le roman soit codifié et que l'écriture d'un texte était encore souvent destiné (ou lié dans la forme) à être déclamé, lu. C'est une rupture dans le discours que je trouve assez similaire à l'aparté au théâtre. Il faut faire attention toutefois à ne pas en abuser (sauf si on construit toute son œuvre justement autour d'un petit jeu entre l'auteur et ses lecteurs).
 
Manfred
   
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Float a écrit:


C'est arrêter le développement d'une scène (le plus souvent à son niveau de tension le plus élevé) et de réserver son dénouement pour le début du chapitre suivant.
Pas nécessairement. On peut intercaler un ou plusieurs chapitres entre la coupure et le dénouement.
 
narrationetcafeine
   
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narrationetcafeine  /  Homme invisible


Sympa cette initiative! En français, le terme pour Forshadowing est préparation . On parle aussi de set off et pay off en anglais, respectivement Préparation et paiement (source la dramaturgie de Lavandier).

Et pour Tchekov's gun= on dit simplement fusil de Tchekov (toujours la dramaturgie de Lavandier, en même temps le livre est tellement bien...)

Voili, voilou Smile
http://narrationetcafeine.fr/
 
David Raymond
   
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David Raymond  /  Barge de Radetzky


Float a écrit:
Les amoureux de Tolkien remarqueront qu'il s'adresse directement au lecteur par exemple dans son intro (enfin il l'évoque, à la troisième personne). Il me semble que c'était même très répandu avant que le roman soit codifié et que l'écriture d'un texte était encore souvent destiné (ou lié dans la forme) à être déclamé, lu. C'est une rupture dans le discours que je trouve assez similaire à l'aparté au théâtre. Il faut faire attention toutefois à ne pas en abuser (sauf si on construit toute son œuvre justement autour d'un petit jeu entre l'auteur et ses lecteurs).

En effet. D'ailleurs, à la lecture de Chrétien de Troyes, Lancelot ou le Chevalier de la charrette, l'introduction amène à quelques idées générales de l'idéal de la courtoisie, de sa mécène (Marie de Champagne) et d'une recommandation morale (si on lit entre les lignes). Et c'est d'autant plus flagrant avec Perceval ou le conte du Graal qui est grosso-modo un guide pour éviter d'être un plouc.

Les romans de Jules Verne sont assez amusants à cet égard ; il s'adresse quelques fois au lecteur en insistant bien sur le fait que l'histoire racontée est véridique et dans d'autres situations où il prend place pour insister sur un point dans le récit.

Très délicat à utiliser, ceci-dit.
 

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