Bonjour,

Une question un peu stupide me tracasse depuis quelques temps et je n'arrive pas à résoudre mon problème...

Je suis en ce moment sur un petit projet d'écriture. Mon personnage principal est une jeune fille nommée Mathilde, qui doit avoir aux environs de vingt ans. Bref, à la limite peut-importe, ma question se pose pour tous les personnages.

Lorsque je parle de ce personnage, je manque cruellement de mots pour le qualifier. J'utilise le plus souvent «Mathilde», «Elle», «La jeune femme», «La jeune fille» (quoique celui-là est déjà trop loin à mon avis), et c'est à peu près tout. Du coup, lors d'enchaînement d'actions, c'est archi-répétitif et très gênant à la lecture.

Avez-vous une astuce/des habitudes pour qualifier vos personnages sans trop vous répéter ?

Merci =)

On a vite fait le tour des termes pouvant servir à désigner son personnage, tu as mis le doigt sur un des problèmes de l'écriture. L'astuce c'est justement de trouver des formulations qui te permettent d'éviter la structure suivante :

[personnage] [verbe] [compléments divers répartis dans la phrase]

"La jeune fille entendit soudain un bruit tonitruant" peut être facilement remplacé par "Soudain, un bruit tonitruant résonna dans la demeure" (et hop, un équivalent évité )

Tu pourrais éventuellement poster un petit extrait?

Si ton texte ressemble à un enchaînement d'actions, je pense que le problème se situe à ce niveau-là... Et qu'il est donc possible de remodeler un peu la structure de tes phrases pour que ça coule mieux, d'une part, et que tu évites les répétitions des "elle" ou autres périphrases, d'autre part.


EDIT: Ben voilà, mon avis rejoint celui de mikaroman.

C'est une question difficile. Hors-contexte, sans connaître ton texte, je crois qu'il est impossible d'y répondre. La plupart des auteurs, pour désigner un personnage, alterne entre pronom et prénom/nom de famille, sans aller plus loin, et honnêtement ça ne me dérange pas. Ce que tu peux éventuellement faire, c'est la nommer en fonction de la situation et du contexte. Elle cuisine, tu l'appelles cuisinière (version simple). Si vraiment la répétition te gêne, creuse dans ce sens, mais je pense que tu te tracasses pour rien

EDIT : L'astuce de mikaroman est excellente quand tu peux t'en servir.

A la demande de havok_, voici un extrait pour que vous voyiez un peu mieux ma situation.
Pour replacer dans le contexte: Mathilde fait des études de journalisme. C'est une jeune fille à la fois très (beaucoup trop !) sérieuse, qui a fort caractère, et paradoxalement un peu naïve. Un de ses professeurs l'a invitée boire un café, et elle est persuadée qu'ils vont discuter de son projet de fin d'année, un devoir important qui la stresse beaucoup...

Citation :

Le professeur vida d'un trait ce qui restait de son verre de bourbon et en demanda un autre d'un claquement de doigt sonore.

- Ma chère Mathilde, opina l'homme en posant sa main sur la table, cela m'est impossible. Mais vous, votre talent vous permet d'aborder sereinement tous les sujets, n'est-ce pas ? Et puis, vous pouvez compter sur moi pour un peu d'aide, ajouta-t-il en contemplant les reflets de la lumière au travers du liquide ambré.

La jeune fille sourit timidement, flattée par les éloges du jeune professeur qui s'en montrait d'ordinaire plus avare. Elle le regarda vider son verre d'un trait, sans savourer l'arôme puissant de l'alcool, puis fermer les yeux quelques secondes avant de les rouvrir, illuminés d'une lueur nouvelle.

- Je ne vois vraiment pas comment aborder ce sujet, reprit Mathilde. Vous savez, d'habitude, on sait toujours par où commencer les recherches. Mais le «rock'n'roll», c'est réellement un domaine qui m'est tout à fait inconnu...
- Faites-en une opportunité, dit Westboy en contemplant son visage d'un oeil étrange. En ne connaissant rien, vous pourrez écrire un article pur, factuel, libéré des opinions trop marquées des partisans. Imaginez un tel article écrit par Miss Dodge, ce serait un vrai désastre...

Mathilde sourit intérieurement en songeant à Julia, qui tentait probablement de rassembler quelques documents sur les femmes du Kansas en écoutant le dernier album des Doors. Il y eût un silence et Simon Westboy en profita pour demander un nouveau verre à la serveuse. Mathilde s'inquiéta un peu de la teinte rougeâtre que prenait son visage alors qu'il portait une nouvelle fois à sa bouche le liquide ambré.

- Mathilde, opina l'homme en avançant sa main sur la table, ne vous tracassez pas trop avec ça. Enfin, j'veux dire, on s'arrangera toujours... Et puis, vous travaillez trop. Il y a d'autres choses dans la vie, vous savez... Il y a des gens, des gens qui vous haïssent et des gens qui vous aiment, et vous, vous ne les voyez même pas. Mais pourtant c'est ça qui est le plus important...

Mathilde nota la curieuse manière avec laquelle il avait prononcé ces mots, lascive et troublante, si différent du ton franc qu'il adoptait d'ordinaire. Elle remarqua ses yeux qui se fixaient sur elle, observant tour à tour son iris bleuté, ses cheveux sombres et les perles nacrées qui ornaient ses oreilles. Le verre de Simon Westboy était vide, et une odeur d'alcool imprégnait l'atmosphère. La jeune femme, quant à elle, n'avait pas bu une goutte de son jus d'orange. Les yeux de l'homme erraient sur son corps, s'arrêtant çà et là au gré des reliefs et Mathilde commença à trouver ce regard un peu trop audacieux.

- Vous savez, reprit-il les yeux perdus dans le vague, ca arrive sans prévenir, et cela vous détruit un homme...

Voyant qu'elle ouvrait des yeux interrogateurs, il posa sa main sur la sienne et ses yeux dans les siens en ajoutant:

- Ma chère Mathilde, vous savez bien que nous ne sommes pas venus ici pour parler de cet article.
- Je ne vois vraiment pas de quoi vous parlez, répliqua Mathilde d'un ton froid.
- Je vous aime, Mathilde... acheva l'homme d'une voix brisée.

La jeune femme voulut retirer sa main prisonnière des cinq doigts potelés et moites, mais elle sentit qu'il la serrait. Le regard de l'homme s'était fait implorant.

- Vous avez trop bu, remarqua-t-elle d'un ton froid en observant les yeux vitreux de l'homme. Il vaut mieux que je m'en aille.
- Non, Mathilde, non... Ne faites pas ca, murmura-t-il d'une voix faible. Nous pourrions faire tellement de choses tous les deux, vous savez... Laissez-moi vous embrasser, vous verrez comme c'est agréable...
- Ca suffit ! éclata Mathilde en retirant ses doigts d'un coup sec. Espèce de vieux vicieux, vous devriez avoir honte !

Et voilà. J'ai l'impression qu'il y a des «Mathilde» partout, c'est assez désagréable. Pour le reste, c'est une ébauche, bien sûr. Bref, n'hésitez pas à critiquer, toussa toussa, je ne demande que ça pour progresser =)


Edit: Merci pour vos nombreuses réponses ! Je suis impressionné par votre rapidité

Il n'y en a pas tant que ça, je trouve.

Par contre, tu peux très certainement virer une bonne partie (sinon tous) des "Mathilde" qui sont prononcés par le professeur. Placer le prénom de l'interlocuteur dans les dialogues est une manie qui se retrouve chez pas mal d'écrivains amateurs... sauf que, dans une discussion de la vraie vie, personne ne passe son temps à rappeler à l'autre comment il s'appelle.

Vire-les tous, et tu te retrouves déjà avec 5 "Mathilde" en moins, sans que tes répliques n'aient perdu un iota de leur sens.

Certes, même si je suis là depuis peu. Une astuce simple consiste à définir ton personnage selon plusieurs caractéristiques.

Par exemple : les liens de parenté ou les status entre les divers personnages, le métier, le status social, les caractéristiques physique ou mentales etc.

Comme ça, on peu, pour un même personnage, avoir plusieurs termes.
(ex : Jules, de la Vinasse (c'est un noble on imagine hein. ), le rouquin, le baron, le petit homme bedonnant... )
En utilisant ce système plus ce que l'on a déjà dit, les répétitions de ce genre s'envolent vite.

Autrement, même si le thème n'est guère à mon goût, (mais bon, là mon avis n'est pas à retenir de façon sérieuse, parce que moi et la lecture... ) le texte est néanmoins assez bien écrit. (bon l'orthographe n'est pas important, ça se corrige toujours après et on trouve toujours un moyen de le faire.)

Vedomec a écrit:

Certes, même si je suis là depuis peu. Une astuce simple consiste à définir ton personnage selon plusieurs caractéristiques.

Par exemple : les liens de parenté ou les status entre les divers personnages, le métier, le status social, les caractéristiques physique ou mentales etc.

Je trouve que c'est un peu l'archétype à éviter. La facilité de la multiplication de surnom qui prend vaguement un gout de farce au final.

Moi perso, je trouve toujours ça un peu indigeste à la lecture quand on qualifie autrement le personnage: "la jeune femme", "la blonde", etc.

L'astuce de Mikaroman est bonne, pour commencer.
Ensuite, dans des dialogues où tu as seulement 2 personnages, tu n'es pas obligée de rajouter à chaque fois "répondit-elle", "répliqua Bidule", vu que sur quelques lignes on suit qui parle.
+ d'accord avec ce que dit havock plus haut.

Tentative de travail sur ton texte :



Le professeur vida d'un trait ce qui restait de son verre de bourbon et en demanda un autre d'un claquement de doigt sonore.

- Ma chère, opina l'homme en posant sa main sur la table, cela m'est impossible. Mais vous, votre talent vous permet d'aborder sereinement tous les sujets, n'est-ce pas ? Et puis, vous pouvez compter sur moi pour un peu d'aide, ajouta-t-il en contemplant les reflets de la lumière au travers du liquide ambré.

La jeune fille sourit timidement, flattée par les éloges du jeune professeur qui s'en montrait d'ordinaire avare.


Une lueur nouvelle naquit dans le regard de Westboy sitôt qu'il eut vidé d'un trait son verre, sans même en savourer le puissant arôme. Comme pour masquer une gène naissante, la jeune fille enchaina :

- Je ne vois vraiment pas comment aborder ce sujet. Vous savez, d'habitude, on sait toujours par où commencer les recherches. Mais le «rock'n'roll», c'est réellement un domaine qui m'est tout à fait inconnu...
- Faites-en une opportunité, dit il. En ne connaissant rien, vous pourrez écrire un article pur, factuel, libéré des opinions trop marquées des partisans. Imaginez un tel article écrit par Miss Dodge, ce serait un vrai désastre...

Un sourire discret naquis sur ses lèvre tandis qu'elle imaginait Julia, tentant de rassembler quelques documents sur les femmes du Kansas tout en écoutant le dernier album des Doors. Il y eût un silence et Simon Westboy en profita pour demander un nouveau verre à la serveuse tout en lorgnant vers le visage de Mathilde. Cette dernière s'inquiéta un peu de la teinte rougeâtre que prenait son visage alors qu'il portait une nouvelle fois à sa bouche le liquide ambré.

- Ne vous tracassez pas trop avec ça, dit il en avançant sa main sur la table. Enfin, j'veux dire, on s'arrangera toujours... Et puis, vous travaillez trop. Il y a d'autres choses dans la vie, vous savez... Il y a des gens, des gens qui vous haïssent et des gens qui vous aiment, et vous, vous ne les voyez même pas. Mais pourtant c'est ça qui est le plus important...


Ce n'était pas tant la curieuse manière avec laquelle il avait prononcé ces mots, lascive et troublante, qui choquait, mais la différence par rapport au ton franc qu'il adoptait d'ordinaire. Elle remarqua ses yeux qui se fixaient sur elle, observant tour à tour son iris bleuté, ses cheveux sombres et les perles nacrées qui ornaient ses oreilles. Le verre d'alcool, une fois de plus, était vide, et une odeur éthylique imprégnait l'atmosphère. La jeune femme, quant à elle, n'avait pas bu une goutte de son jus d'orange. Les yeux inquisiteurs erraient sur son corps, s'arrêtant çà et là au gré des reliefs, provoquant par leur audace une gène difficile à masquer.

- Vous savez, reprit-il les yeux perdus dans le vague, ça arrive sans prévenir, et cela vous détruit un homme...

Profitant de la surprise qu'il avait provoquée, sa grosse main se posa sur celle de Mathilde, puis son regard se fixa dans les yeux de la jeune fille avant qu'il poursuive:

- Ma chère, vous savez bien que nous ne sommes pas venus ici pour parler de cet article.
- Je ne vois vraiment pas de quoi vous parlez, répliqua t'elle d'un ton froid.
- Je vous aime, Mathilde... acheva sa voix avant de se briser.

La main prisonnière voulu se retirer de l'étau des cinq doigts potelés et moites, mais la prise était trop forte. Le regard de l'homme s'était fait implorant.

- Vous avez trop bu, remarqua-t-elle d'un ton froid en observant les yeux vitreux qui la fixaient. Il vaut mieux que je m'en aille.
- Non, Mathilde, non... Ne faites pas ça, murmura-t-il d'une voix faible. Nous pourrions faire tellement de choses tous les deux, vous savez... Laissez-moi vous embrasser, vous verrez comme c'est agréable...
- Ça suffit ! Espèce de vieux vicieux, vous devriez avoir honte !







J'espère que cela te satisfera et te donnera des pistes. (j'ai gardé les deux "Mathilde" dans les réplique du professeur à la fin, car il est bourré et que ça correspond bien à un discours maladroit/amoureux sous l'emprise de l'alcool)

Ha bien sûr, si on l'utilise en boucle et sans combiner avec le système de mikaroman, et le principe d'havok_ ça marchera nettement moins bien. Je dirais que ce problème doit utilisé un jeu de solutions diverses pour être totalement éradiqué.
Je disais cela pour les cas où il faut nommé explicitement le personnage.

Je suis d'accord avec la plupart de ceux qui ont commenté en ce qui concerne les carambolages de surnoms descriptifs. On commence avec Mathilde, puis « elle », puis « la brune », « la jeune femme », « l'étudiante » « celle qui aime les toasts au caramel », et au final on dirait qu'il y a dix-huit personnages dans une scène qui n'en contient que deux.

D'un autre côté, alterner continuellement entre « Mathilde » et « elle », c'est très fade. Personnellement, s'il est impossible de contourner l'utilisation du personnage dans la phrase, je préconise une règle de trois alternative : au départ, on utilise toujours le nom du personnage (surtout s'ils sont plusieurs), puis un pronom (il ou elle), puis un descriptif. Ensuite, on réutilise un pronom, puis on revient au nom, etc. Les pronoms sont généralement moins irritants pour le lecteur et passeront plus facilement deux fois. Mais bon, ça, c'est mon conseil.

Il ne faut pas non plus se casser la tête. À moins que ce soit gros comme le nez au milieu du visage, le lecteur moyen ne remarquera pas quelques répétitions.

Merci =)

Mikaroman, merci beaucoup ! Je comprends mieux comment tu organise tes phrases, et effectivement, c'est beaucoup plus fluide comme ça ! J'aime beaucoup l' "étau", en parlant de la main du mec, c'est le mot que je cherchais, mais je n'arrivais pas à le retrouver sur le moment =)

De rien.

Je suis content si ça te sert.