... plusieurs mois après son écriture?

Cette question pourra paraître curieuse, même dérangeante pour certains:

Vous avez très certainement travaillé sans relâche, lu et relu des milliers de fois votre roman avant, enfin, d'écrire la dernière ligne.

Une fois celui-ci achevé, chacun procède selon son bon vouloir, certains se remettent immédiatement en selle et commencent une nouvelle histoire, d'autres n'écrivent plus pendant quelque temps, il n'y a pas de règle.

Mais quelques mois plus tard, parvenez-vous à relire votre roman avec un regard plus distancié que celui que vous aviez auparavant? Parvenez vous à "apprécier" votre texte comme le ferait un lecteur lambda?

J'ai toujours réagi dans l'excès vis à vis de l'écriture et de la vie en général. Quand je suis "d'humeur", je passe des jours et des semaines entières (dans la limite de mes obligations personnelles et professionnelles) ) écrire et réécrire mon histoire, disséquant chaque mot jusqu'à plus soif. Mais quand ma tâche est enfin terminée, je deviens incapable de m'y replonger. Pas plus tard que tout à l'heure, j'ai essayé de relire mon roman. Je n'ai tenu qu'une page avant de le refermer. Je deviens allergique à ce que j'ai écrit.

Si un jour un éditeur acceptait un de mes romans en m'imposant des corrections (ce qui arrive dans l'immense majorité des cas), cela me poserait de gros problèmes.

Suis-je le seul névrosé à réagir de la sorte?

Je m'impose désormais un long moment entre la fin d'une écriture et sa relecture. C'est à ce moment là seulement que je peux être objectif avec ce que j'ai écrit. Parfois j'ai honte ( et je corrige, rature, réécrit...) parfois ça me plait et je garde, mais d'une manière générale j'aime bien relire mes romans. Ce sont des univers que j'ai créés, je tire une certaine fierté teinté de nostalgie à l'idée de les avoir tiré du néant.

C'est sans doute une réponse assez narcissique, mais ça a le mérite d'être sincère.

Je me sens concerné, sans pour autant pouvoir dire que je suis allergique à mes écrits. J'ai terminé mon roman en juillet et j'ai tout de suite entamé une réécriture qui a duré jusqu'à la Toussaint (il y avait du boulot). Puis j'ai fait des envois par mail pour laisser décanter et là, à présent, avant de faire des envois postaux, je m'y replonge, histoire de parfaire, encore une fois. Et j'ai beau me relire et réécrire X fois, je trouve toujours Y défauts, ce qui se révèle être particulièrement agaçant. Il arrive un point où l'on est plus à même, je crois, en tant qu'auteur, de juger son texte avec clairvoyance (d'où la nécessité de le faire lire à d'autres)
Puis, il faut se faire patience (ce qui n'est pas simple) et être carrément perfectionniste. Si on m'impose des corrections, je sais que je les bosserais à fond, parce que je veux faire au mieux et ne veux en aucun cas publier un livre pour le crier sur le toît.

Mais, pour relativiser, dis-toi que ton texte, quel qu'il soit, ne sera jamais publié tel quel et qu'une intrigue peut fortement déplaire au même point qu'elle peut être appréciée en fonction du lecteur.
Et puis, le plus important, je pense, c'est de ne pas rester passif. Réécrire tout le temps devient lassant et inefficace, (on n'est pas des machines !) passe à un autre projet ou file faire un tennis de temps à autre. Pour ma part, je jongle entre mon tome 2, la réécriture du tome 1, les réponses des éditeurs, et mes cours, et mon sport... (non non, je ne dors jamais)

Moi quand j'ai fini d'écrire un roman, je ne l'approche plus pendant deux mois. Après je le reprends et là je vois plus facilement les choses qui ne vont pas, de manière plus objective. Et une fois imprimé, eben je le relis sans problème, je me retrouve immédiatement plongée dans cet univers qui est mien et qui, en fait, ne m'avait jamais quittée.

Ca dépend, autant je peux être surprise et me dire : C'est moi qui ai écrit ça ?? Waa Ou me dire : J'ai osé une daube pareille ? C'est plus souvent la 2ème option en fait... T.T

Je suis assez critique et dure envers mon mon travail, donc quand je finis un roman, je le mets de côté un moment. Et puis, quelques temps après, un jour ou le coeur m'en dit je vais commencer à le relire et si au fur et à mesure de ma relecture, je n'ai pas envie de m'arrêter et passer à autre chose c'est que, je suis assez satisfaite de ce que j'ai écris, bien sur comme toujours en apportant des petites modifications. Mais si je n'arrive pas à me relire c'est que je ne trouve pas le travail bon.

Je pense que tu dois être du genre perfectionniste, ce qui est bien par ce que ça te permet de faire du bon travail, mais tu devrais essayer de te détendre un peu et t'amuser avec tes écrits, parcourir le voyage avec tes personnages, et peut être essayer de te lire sans tenir compte du fait qu'il est de toi le roman...

je pense qu'à chaque fois qu'un auteur lit ses écrits, il y trouve des corrections à apporter.

Le mieux est de se dire que la perfection n'existe pas et aprés dix corrections... de passer à autre chose.

Autrement comment enchainer sur une nouvelle histoire?

Un roman, je peux le buriner pendant des mois, l'abandonner pendant des mois, le reburiner pendant des mois, tenter des réécriture d'un soir, des redéparts, des ratages, des biffures dans les cartons, mais quand j'approche de la fin je me dis que je ne le relirai jamais que pour corriger l'orthographe-grammaire-syntaxe. Et ça passe par une relecture à l'envers, phrase après phrase, pour me déconcentrer du sens, comme ça je ne fais pas le maniaco-dépressif sur la qualité de ma prose. Et puis, quand tout ça est bien emballé et pesé, je dis ciao et te le tends à lire. Et comme je n'ai pas envie de passer par un éditeur, je n'aurais jamais de corrections à faire, je t'avoue que ça me ferait lourdement chier de reprendre un truc que j'ai clôturé dans ma tête.

Une réponse schizophrène ça marche aussi ?

Je l'aime : Oh le beau roman mignon tout plein, dire que j'ai passé plus de six mois de ma vie à te consacrer mes jours, mes nuits, mes moments d'oisiveté, mes moments de travail. Je t'ai tout donné, mes doutes, mes angoisses, mes élans perfectionnistes maladifs tout ça c'était pour ton bien... je l'ai fait imprimer sur papier et il a une belle reliure et une couverture confectionnée pour l'occasion. Bref, j'en prends soin comme d'un bébé enfanté dans la douleur (pour les autres, pas la peine de les relier)

Je le hais : Je l'ouvre et une faute d'orthographe me viole la rétine, je lis et des phrases maladroites manquent de m'étrangler, je parcours ses pages et je trouve tel personnage GarySue alors que je pensais l'avoir soigné ou tel autre complètement à côté de l'image que j'en avais.

Relations in utero, bien sûr.

Rien d'original pour moi non plus, je ne commence les relectures qu'après avoir réglé son compte au premier jet.
Et puis quand je trouve que tout est parfait ( ou presque), j'attends quelques mois (au moins 5) pour que tout mijote.
Les résultats sont surprenants. Le style évolue tant, en si peu de temps, qu'il m'arrive de me prendre au jeu, comme un véritable lecteur.

Pour renforcer l'impression de lire un roman déjà publié, j'imprime mes textes à relire en petit format.

J'ai énormément de mal à l'aimer une fois terminé. Pendant l'écriture tout va bien, entrainé par l'histoire j'aime beaucoup mon roman mais arrivé à la relecture, puis à la rerelecture, je n'ai qu'une envie tout supprimer et recommencer autre chose. Je sais que la perfection n'existe pas mais je pense avoir un sérieux manque d'objectivité et en général je n'aime pas ce que je fais.