PortailAccueilRechercherS'enregistrerConnexion
Partagez
Aller à la page : 1, 2  Suivant
 

 L'écrivain est mort...?

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 

 
Artsenic
   
    Masculin
   Nombre de messages  :  229
   Âge  :  33
   Date d'inscription  :  03/10/2012
    
                         
Artsenic  /  Autostoppeur galactique


J'ai survolé la section et ne pense pas avoir vu de topic semblable. J'espère ne pas m'être trompé.

En fait je me suis fait une réflexion sur laquelle j'aimerais que vous rebondissiez, sans vouloir vous commander bien sûr, parce que vous n'êtes ni mes esclaves ni des menus best of, donc bon.

Il faut que je vous explique mes réflexions, qui sont peut-être fausses mais qui m'ont mené là où j'en suis. Désolé si c'est chiant.

Bref, du haut de ma maigre culture historico-littéraire j'estime qu'au XVIe on voyait les auteurs/écrivains comme des érudits, des intellectuels qui, forts de l'humanisme ambiant, s'imposaient comme des sages très instruits et respectés. Vers le XVIIe-XVIIIe la figure de l'intellectuel est toujours en place mais a peut-être moins de prestige, ou un prestige différent, puisque leur influence est plus concrète, à la cour ou dans la société. Ils passent de symboles d'érudition à des repères sociaux, des gens qu'on écoute aux salons ou qui divertissent les rois. Puis, romantisme oblige (et peut-être un peu à cause de la plus grande importance accordée aux scientifiques quant aux artistes, moins "utiles") l'artiste devient maudit, isolé, seul à côté de sa lampe à huile le dos voûté sur son manuscrit à toussoter à cause de la poussière qui s'accumule dans sa mansarde. Les écrivains étaient "séparés" du lot car au-dessus, symboliquement puis socialement, et maintenant les voilà séparés car en dehors, à côté.

Mais...aujourd'hui ? Aujourd'hui tout le monde peut y arriver, tout le monde a quelque chose à dire, pas vrai ? Y a plus de valeurs ma bonne dame ! Encouragés par un relativisme outrancier on peut tous se dire écrivain, on peut même tous accéder facilement à des plateformes nous permettant de communiquer nos écrits, pensées et autres ébauches de réflexion (ce que je fais ici), alors qu'est-ce qu'un écrivain, sinon un type lambda qui a eu la chance de réussir, puisqu'on peut tous se prétendre écrivain désormais ? Il n'y a plus de "séparation" et le mythe de l'auteur est bel et bien mort je crois. N'importe quelle âme un peu sensible et avec trop de temps libre peut se prétendre poète maudit. Est-ce que ce n'est pas un mal ? Tout le monde peut prétendre à ce titre ? Est-ce qu'être écrivain aujourd'hui c'est encore possible, quand les plus connus sont juste des stars qu'on accueille au même titre que des chanteurs, des participants à Secret Story ou des sportifs ?

Je sais que c'est un peu bancal et pas très clair mais il fallait que je partage, parce que ça m'inquiète un peu que n'importe quel con puisse se dire écrivain dès lors qu'il publie un texte sur son skyblog ou sur Facebook.


 
avatar
   
    
                         
Invité  /  Invité


Citation :
le mythe de l'auteur est bel et bien mort je crois. N'importe quelle âme un peu sensible et avec trop de temps libre peut se prétendre poète maudit. Est-ce que ce n'est pas un mal ? Tout le monde peut prétendre à ce titre ? Est-ce qu'être écrivain aujourd'hui c'est encore possible, quand les plus connus sont juste des stars qu'on accueille au même titre que des chanteurs, des participants à Secret Story ou des sportifs ?

Ce mythe existe depuis le romantisme, et les mauvais écrivains n'ont pas attendu 2012 pour se prétendre poètes incompris.

Ensuite je crois que ce mythe est bien présent. Il suffit de voir à quel point l'écrivain est devenu, aujourd'hui, un archétype romanesque. Un héros urbain au regard sensible cheveux au vent bla bla bla.

Là où tu as vu juste, c'est qu'écrivain, avant, était synonyme d'intellectuel. Aujourd'hui j'ai l'impression que ces deux figures sont un peu plus distinctes, moins facilement associées, quoiqu'un bon écrivain actuel est toujours un intellectuel de près ou de loin. Les écrivains se sont poeplisés, au même titre que les politiques. Ca fait partie du jeu.
 
Pasiphae
   
    Féminin
   Nombre de messages  :  10122
   Âge  :  31
   Localisation  :  Paris
   Pensée du jour  :  nique la miette
   Date d'inscription  :  22/06/2010
    
                         
Pasiphae  /  Truquage geniphasien


Ah non mais tu as oublié le truc essentiel en fait: le talent (pour l'homme) la qualité (pour la production littéraire)

donc je ne vois pas trop où tu veux en venir du coup
 
Artsenic
   
    Masculin
   Nombre de messages  :  229
   Âge  :  33
   Date d'inscription  :  03/10/2012
    
                         
Artsenic  /  Autostoppeur galactique


Fabre => Cet archétype romanesque est bien loin des mythes qu'ils pouvaient représenter apparemment, du respect qu'on pouvait leur témoigner. C'est presque les tourner en ridicule en se servant de relents du mythe du romantique à la René. Je ne pense pas que ça aille à l'encontre de ce que je dis du coup. Si ?

Pasiphaé => Je comprends pas ta remarque, tu peux développer ?

Et je veux en venir à la question de la valeur de ce titre, "écrivain", qui a changé au cours des siècles et qui aujourd'hui m'apparaît creuse ou beaucoup trop utilisée pour avoir encore un sens précis. Puisque tout le monde peut être écrivain (même nous) et que ceux qui sont "reconnus" sont tout juste bons à ranger à côté des people, que signifie ce mot aujourd'hui, quelle valeur il a ?
 
avatar
   
    
                         
Invité  /  Invité


Ca rejoint fort le débat en cours sur la définition de l'écrivain. Lock?

Je ne veux pas te vexer mais c'est ce que tu soulèves comme question non?
 
Pasiphae
   
    Féminin
   Nombre de messages  :  10122
   Âge  :  31
   Localisation  :  Paris
   Pensée du jour  :  nique la miette
   Date d'inscription  :  22/06/2010
    
                         
Pasiphae  /  Truquage geniphasien


bah ma remarque est très simple; l'écrivain c'est celui qui a du talent, voilà
 
Artsenic
   
    Masculin
   Nombre de messages  :  229
   Âge  :  33
   Date d'inscription  :  03/10/2012
    
                         
Artsenic  /  Autostoppeur galactique


Non je voulais pas parler de ça.
C'est pas ce qui fait un écrivain qui m'intéresse, c'est la façon dont on perçoit ce titre, la valeur qu'on y accorde, la représentation qu'on s'en fait. Si on raccourcit on peut l'intégrer à une définition, mais c'est un raccourci.
Comme vous le sentez.
 
SergentMajor
   
    Féminin
   Nombre de messages  :  478
   Âge  :  43
   Pensée du jour  :  Je crois qu'il est temps de remettre les pendules à leur place (Johnny Hallyday)
   Date d'inscription  :  15/08/2012
    
                         
SergentMajor  /  Pour qui sonne Lestat


Artsenic a écrit:
Bref, du haut de ma maigre culture historico-littéraire j'estime qu'au XVIe on voyait les auteurs/écrivains comme des érudits, des intellectuels qui, forts de l'humanisme ambiant, s'imposaient comme des sages très instruits et respectés. Vers le XVIIe-XVIIIe la figure de l'intellectuel est toujours en place mais a peut-être moins de prestige, ou un prestige différent, puisque leur influence est plus concrète, à la cour ou dans la société. Ils passent de symboles d'érudition à des repères sociaux, des gens qu'on écoute aux salons ou qui divertissent les rois. Puis, romantisme oblige (et peut-être un peu à cause de la plus grande importance accordée aux scientifiques quant aux artistes, moins "utiles") l'artiste devient maudit, isolé, seul à côté de sa lampe à huile le dos voûté sur son manuscrit à toussoter à cause de la poussière qui s'accumule dans sa mansarde. Les écrivains étaient "séparés" du lot car au-dessus, symboliquement puis socialement, et maintenant les voilà séparés car en dehors, à côté.

le mythe de l'écrivain maudit isolé seul à côté de sa lampe à huile et grelotant n'a jamais été qu'un mythe. Comme ces peintres affamés qui préféraient acheter un pinceau plutôt qu'un quignon de pain. C'est une légende.
Ces mecs là étaient en fait issus de familles aisées, voire riches et n'avaient pas besoin de travailler pour gagner leur vie. Ils étaient entretenus financièrement. La "vie de bohème" était un choix pour eux par une fatalité.
En ces temps "reculés", les écrivains étaient des gens qui avaient grandi dans des familles pouvant leur payer une instruction et des professeurs. Les petites gens ne savaient même pas lire.
Mais pour un Victor Hugo, combien de fils à maman qui se croyaient géniaux et n'ont écrit que de la daube? L'histoire ne les a pas retenus, mais à mon avis ils étaient aussi nombreux que les écrivains-people( ou people-écrivains) actuels. La médiocrité a toujours existé.

Aujourd'hui tout le monde va à l'école. Même les pauvres ont accés à l'instruction. On vit en plus dans un monde d'ultraconsomation où le livre est devenu un objet banal, jetable, que tout le monde posséde.
La littérature n'est plus réservée à une élite, toutes les couches sociales lisent, et n'importe qui peut s'improviser écrivain.

Cela ne veut pas dire que l'écrivain est mort...il a juste plus de mal a exister parce qu'une biographie d'enfant de star réglant ses comptes avec son géniteur ou d'un candidat de téléréalité intérressera davantage les "masses populaires" et rapportera toujours plus que le premier roman d'un illustre inconnu, si bon soit-il.
 
Mahili
   
    Féminin
   Nombre de messages  :  1398
   Âge  :  33
   Localisation  :  Belgique
   Date d'inscription  :  13/08/2012
    
                         
Mahili  /  Tentatrice chauve


Tout le monde peut être écrivain. Mais tout le monde ne peut être un écrivain reconnu et talentueux qui perdurera. Je rejoins l'avis de pasiphae. Voire celui du sergent major.

[coup de talonnette, signe rigide de la main, menton dressé]
 
avatar
   
    Masculin
   Nombre de messages  :  379
   Âge  :  39
   Localisation  :  Deux-Sevres et partout dans le monde
   Pensée du jour  :  La plume s'allume d'une flamme amertume aspirant sous son aile les neiges éternelles
   Date d'inscription  :  01/11/2011
    
                         
toniodelavega  /  Tapage au bout de la nuit


Hola Artsenic, rien n'a jamais été clair, mis à part notre tentative de clarté personnelle.

L'écrivain est mort....

Le contexte a changé mais y'a toujours du bon et du mauvais pour moi.

L'écriture, c'est ce qu'on y met, notre âme, notre coeur, nos lames aussi, comme la peinture ou le dessin, la photo aussi.

C'est vrai qu'il faut faire gaffe et je ne pense pas que le milieu artistique en général soit source d'avancée personnelle. Donc il faut choisir là où on veut aller, et quand à moi, je préfère m'entourer de personnages humains, que ce soit les maisons d'edition, presse, ou soutiens.
C'est mon petit choix.

Je n'ai pas une grande affinité pour les grandes structures, car elles perdent en qualité. Bien sûr, ces grandes structures peuvent permettre de mieux te faire connaitre, d'avoir un peu plus de tunes mais ce n'est pas pour ça que tes écrits gagneront en qualité donc aucun intérêt.

Je préfère avoir juste un minimum vital, m'entourer de gens humains dans le sens oû il y a échange, questions, projets et tout, plutôt que cela soit impersonnel, dénué de sens, et que cela te pousse à écrire pour respecter un accord salarial, comptable.

Je fais ce choix là, j'ai le droit de le défendre, et de m'amuser de l'industrie des livres, ou des auteurs cherchant à vendre en sirotant une bière sans âme, mais qui ont la satisfaction d'être considérés, reconnus, qui ont des avantages, ne permettant pas forcément leur développement personnel mais leur permettant d'avoir une vie pécuniaire sécurisante, et un statut de "stars" .

Je préfère essayer de faire comme je peux avec moi, comme je le sens, et avancer doucement avec un minimum vital, qui restera tel quel ou qui s'amplifiera.

Enfin, de toute façon, j'essaie de partir de moi, après le reste, je sais pas.

Et je trouve plutôt marrante la glorification des écrivains ou autre, on doit s'en amuser, ou la dénoncer si on le souhaite mais elle n'est en aucun cas à jalouser.

Je préfère avoir de la sympathie pour le journaliste ayant mis en avant le danger que représentait Hitler que pour le chef du journal ayant refusé de le publier.

De la même façon que je préfère un Pierre Rabhi, qu'un Bernard Henry Levi.

Affaire de goût. Poil aux genoux.

http://art-antoineteillet.wifeo.com/
 
A.my
   
    Féminin
   Nombre de messages  :  123
   Âge  :  30
   Localisation  :  Dans la boîte de jazz
   Date d'inscription  :  31/08/2012
    
                         
A.my  /  Barge de Radetzky


Demain je dois justement rendre une dissert sur le sujet Smile enfin, moi ça serait plus généralement "la mort de l'institution littéraire"

Je suis d'accord pour dire que le statut de l'auteur a changé.
Prenons Victor Hugo, il est considéré comme un monument à lui seul, et tout ce qu'il a touché (dessin, poésie etc) s'est transformé en oeuvre/or.
Il y a une certaine sacralité dans ses auteurs du passé qu'il n'y a plus aujourd'hui. Cela n'empêche pas qu'il y ait des petits génies, des auteurs talentueux. Mais la figure de l'autorité intellectuelle (ou la personnalité de l'écrivain) s'est effacée au profit de l'oeuvre.

Sinon, Barthes dit quelque chose à propos dans "la mort de l'auteur" (ce à quoi ton titre fait référence, peut être...)
 
avatar
   
    Masculin
   Nombre de messages  :  379
   Âge  :  39
   Localisation  :  Deux-Sevres et partout dans le monde
   Pensée du jour  :  La plume s'allume d'une flamme amertume aspirant sous son aile les neiges éternelles
   Date d'inscription  :  01/11/2011
    
                         
toniodelavega  /  Tapage au bout de la nuit



Tu as de beaux yeux amy.
http://art-antoineteillet.wifeo.com/
 
Pêche Melba
   
    Féminin
   Nombre de messages  :  474
   Âge  :  41
   Date d'inscription  :  11/09/2012
    
                         
Pêche Melba  /  Pour qui sonne Lestat


A.my a écrit:

Il y a une certaine sacralité dans ses auteurs du passé qu'il n'y a plus aujourd'hui.

Parce qu'ils nous apparaissent sous la patine du temps. Il est dans l'ordre des choses de dire que rien ne va plus, que les valeurs et les talents se perdent, que les jeunes ne respectent plus rien et que c'était mieux avant...

On a ce discours en littérature, on l'a eu aussi en peinture... Quand Manet a exposé en 1863 son Déjeuner sur l'herbe (au Salon des Refusés, puisque personne n'en voulait), on a crié au scandale, au mauvais goût, au massacre. Alors que c'est un tableau qui annonce la peinture moderne, que l'on considère aujourd'hui comme pièce maîtresse du patrimoine français. A l'inverse ceux qui, comme Cabanel, continuaient à peindre des Vénus dans le style académique (validé par les grandes institutions de l'époque) et qui sont tombés dans l'oubli aujourd'hui.

On a crié à la mort de la peinture comme on crie aujourd'hui à la mort de la littérature. Franchement, je ne m'inquiète pas.

Et le fait que tout le monde se mette à écrire aujourd'hui ne signifie aucunement qu'il n'y a plus de vrais écrivains.
 
Pasiphae
   
    Féminin
   Nombre de messages  :  10122
   Âge  :  31
   Localisation  :  Paris
   Pensée du jour  :  nique la miette
   Date d'inscription  :  22/06/2010
    
                         
Pasiphae  /  Truquage geniphasien


Bah il y en a encore des figures d'auteurs/intellectuels...
Je sais pas moi, à commencer par Chamoiseau, Glissant, Kourouma (mort en 2003 c'est vrai), qui ont chacun eu une grande portée sur le plan social ou politique (indépendances et émancipation des DOMTOM)...
Ou encore Elie Wiesel, qui vit encore (!) aux USA, Michel Butor qui, non, n'est pas mort, Salman Rushdie dont la tête est mise à prix, etc.

Donc de grandes figures d'écrivains ayant de l'influence et de la portée, malgré votre défaitisme, ça existe, et il suffit de se renseigner, et si ces noms vous sont encore inconnus, c'est l'occasion de les découvrir, chouette!
 
Xan
   
    Masculin
   Nombre de messages  :  13
   Âge  :  36
   Localisation  :  Chez la plus diabolique des souris.
   Pensée du jour  :  Ce serait donc si simple? J'y crois pas...
   Date d'inscription  :  08/10/2012
    
                         
Xan  /  Homme invisible


Depuis l'époque que tu cites, beaucoup de statuts ont ainsi perdu de leur superbe, dans beaucoup de domaines, que ce soit les enseignants, les prêtres, les medecins, les avocats... C'est une autre époque.

Aujourd'hui, on est tous absolument relatifs, si paradoxal que ce soit. Presque toutes les opinions sont valables, et la seule vérité est celle de la science, encore qu'elle perde aussi en crédit. Comment maintenir une certaine autorité morale due à son érudition, son talent, son art, dans un tel contexte? A cela il faut ajouter les progrès de l’alphabétisation et de l'imprimerie. Ça fait pas sérieux comme élite écrivain si tout le monde peut le faire :mrgreen: .

Pas mal d'auteurs conservent dans les médias un certain poids à leur parole, mais c'est peut etre plus du à leur statut people qu'à celui d'écrivain. Et je suppose que des écrivains d'une grande culture et d'une grande érudition trouvent encore le moyen d'être entendus s'ils le souhaitent.

Je trouve pas ça si regrettable. Je préfère infiniment qu'on me prenne pour un rigolo qui aime raconter des histoires que pour le membre d'une élite intellectuelle. Et ça vaut mieux vu les conneries que je peux sortir^^.
 

 L'écrivain est mort...?

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Forum des Jeunes Écrivains :: Ressources :: Écritoire-