| Invité / Invité Mar 16 Oct 2012 - 12:28 | |
| Bon, merci à tous d'avoir participé à ce petit test bien mesquin...
Un petit mot sur l'auteur de ces lignes : Joseph Kessel, académicien, mon auteur préféré. Ces premières lignes sont celles du quatrième tome de sa quadrilogie "le tour du malheur" son œuvre majeure, mûrie près de 20 ans.
L'extrait est donc l'entame du premier chapitre. Je l'ai choisi au hasard pour illustrer mon propos lors d'un échange avec Elénita : un auteur que j'aime, je peux le feuilleter n'importe où, à n'importe quel moment du livre : il me transporte.
Évidemment, l'appréciation du texte est éminemment subjective et je respecte vos avis (sur le fond). S'agissant d'un membre de l'académie Française à qui l'on doit des monuments de la littérature et des témoignages exceptionnels de part ses récits (je vous invite à consulter sa biographie, cet homme a eu la vie de 100 autres) j'ai plus de réticences sur vos avis sur la forme.
Personnellement, je suis surpris de voir à quel point je me reconnais dans ces phrases laissant planer le doute ("sentir" même si j'avais compris dès la première lecture). J'affectionne tout particulièrement ces phrases tantôt courtes, tantôt longues, qui achèvent ou essoufflent.
je note aussi que je partage avec lui cette distance entre la tombe et le défunt : jamais pu me recueillir sur une tombe, si loin du souvenir de l'être aimé.
Je constate aussi, décontenancé, à quel point je me reconnais stylistiquement parlant, dans ces lignes : est-ce que je l'imiterai inconsciemment ? Ce serait la belle preuve que nous forgeons notre plume dans nos lectures
J'ai lu ce livre il y a plus de 10 ans, j'avais pleuré au tome précédent à l'annonce de la mort du narrateur -Richard et non Simon- ce frère que j'avais fait mien au fil de ma lecture. C'est toute la puissance d'un livre que de créer un personnage, une âme, qui vibre en nous des années après avoir terminé le livre.
Enfin, j'ai reçu le plus joli compliment de Pom, qui m'a avoué que j'aurai pu l'écrire (et oui, elle est de la confidence...) Un toast pour Nathanael qui a relevé cette expression d'un autre temps (le livre fut imprimé en 1948).
Voilà : désolé de vous avoir trompés, en espérant que cela vous aura donné envie de lire Joseph Kessel, un formidable conteur, amoureux de l'étranger et des hommes, un écrivain si loin des préoccupations nombrilistes de nos contemporains, qui a toujours écrit -et plaidé- pour la connaissance de l'Autre.
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Nombre de messages : 6836 Âge : 51 Localisation : Savoyard de corps et d'esprit Pensée du jour : "J'ai pris l'habitude de ne jamais être satisfait ; c'est une position confortable qui me permet de ne pas en changer." J.P.Melville Date d'inscription : 26/06/2012 | Aventador / Iphigénie in a bottle Mar 16 Oct 2012 - 12:34 | |
| Comme il nous a endormi le David lol! |
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| Invité / Invité Mar 16 Oct 2012 - 12:39 | |
| mais t'as vu : ils ont tous aimé... c'aurait été plus drôle de lire des critiques acerbes. On reprochait à Hemingway de surabuser des "et" Ces "et" me semblent essentiels : j'en mets partout et suis obligé de me retenir. Certains n'apprécient toujours pas.
Enfin, la répétition de "Daniel" est voulue : on martèle le souvenir du frère mort. Cette quadrilogie est en partie autobigraphique |
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Nombre de messages : 35 Âge : 22 Localisation : Coincée entre deux neurones Pensée du jour : Etre content de soi, voilà la plus grande satisfaction (Sheigh) Date d'inscription : 19/09/2012 | Sheigh / Petit chose Mar 16 Oct 2012 - 13:00 | |
| Mais quelle espièglerie se cache dans la tête de David!
Bizarrement, ce n'est pas la forme qui me gênait au contraire, je lui trouvais une certaine audace stylistique que j'ai apprécié de suite, et je prenais plutôt peur qu'elle déséquilibre toute l'histoire. Maintenant je vois bien que non! Je m'en mords bien les lèvres, j'ai senti qu'il y avait une réserve, il m'était impossible de savoir quoi. Et puis, je connais pas bien Joseph Kessel, ma plus grande honte à son sujet, c'est que je suis restée des années à le confondre avec Joseph Joffo pour une raison que j'ignore.
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Nombre de messages : 253 Âge : 33 Pensée du jour : Longues agonies d'un hiver trop tardif Date d'inscription : 10/06/2012 | Natanaël Esykie / Autostoppeur galactique Mar 16 Oct 2012 - 14:01 | |
| Comme quoi, on peut toujours trouver à redire de tout le monde si on se penche sur le moindre cm de texte! Voilà qui me gorge d'espoir quant à mes propres écrits |
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Nombre de messages : 5732 Âge : 35 Localisation : Oxfordshire Pensée du jour : Oui, je connais cette théorie. Date d'inscription : 23/12/2007 | Tim / Morceau de musique survitaminé Mar 16 Oct 2012 - 18:41 | |
| Mwaha, c'était bien vu.
Est-ce qu'il n'y a pas eu une expérience au cours de laquelle des manuscrits de grands classiques ont été soumis (comme des nouveautés) à des éditeurs pour voir leurs remarques ? C'est peut-être moi qui l'ai fantasmé. |
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| Invité / Invité Mar 16 Oct 2012 - 18:48 | |
| Si, si : j'en ai le souvenir moi aussi. Pour démontrer que les manuscrits n'étaient pas lus. Après, je comprends qu'un livre publié il y a 50 ans, voir même 10 ans, puissent être refusés par un éditeur aujourd'hui, celui-ci étant naturellement porté vers ce qui touche la vie de nos contemporains. Bon d'accord, ça ne marche pas pour la poésie et la littérature de genre.
Quoiqu'il en soit, on a toujours à redire sur un texte et j'imagine que les stagiaires des maisons d'édition plus que les autres. |
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Nombre de messages : 746 Âge : 45 Localisation : Indonésie Pensée du jour : Tout bien considéré, il n'y a que deux sortes d'hommes dans ce monde, ceux qui restent chez eux et les autres. (R. Kipling) Date d'inscription : 17/04/2012 | Elenita / Blanchisseur de campagnes Mar 16 Oct 2012 - 19:19 | |
| C'était mesquin en effet. (partie de la mesquinerie m'incombe, je le reconnais)
Du coup c'était drôle de lire les avis en sachant évidemment de quoi il retournait.
Ce qui me fait me demander à quel point on est influencé par le nom sur la plume. Est-ce que les mêmes avis auraient été émis en donnant le nom de l'auteur? Et si on donne un extrait avec en bas un nom sur lequel on a déjà une idée arrêtée, jusqu'à quel point est-on biaisé? J'ai pas de réponse, hein, je m'interroge.
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Nombre de messages : 684 Âge : 48 Localisation : Il est vilaine... Date d'inscription : 28/06/2012 | Kylie Ravera / Hé ! Makarénine Mar 16 Oct 2012 - 20:45 | |
| Clap clap. (Chuis deg, tu m'as piqué mon idée pour le prochain concours d'extrait... En même temps, ça vaut sans doute mieux!) Un lien sur le même genre de démarche: http://suite101.fr/article/ledition-labsurde-et-beau-defi-a3181 |
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Nombre de messages : 489 Date d'inscription : 28/12/2010 | MaxLouis / Pour qui sonne Lestat Mar 16 Oct 2012 - 21:14 | |
| Effectivement, nous avons été roulé dans la farine ... pour la bonne cause sans doute. Et puis comme le dit Natanaël : " Voilà qui me gorge d'espoir quant à mes propres écrits". Cela n'empêche que je maintiens que les "et", trop rapprochés, même en figure de style n'apportent pas autant de marquage, au rythme. Oui, je sais, je suis têtu. héhéhéhéhéhé En tout cas l'exercice est intéressant Merci quand même. |
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Nombre de messages : 6963 Âge : 37 Date d'inscription : 03/01/2010 | Lo.mel / Troll hunter un jour, troll hunter toujours Mar 16 Oct 2012 - 21:27 | |
| Comme je l'avais signalé à David sans savoir qu'il nous jouait un tour, (le coquin ), on peut difficilement juger de quoi que ce soit sur un extrait aussi court, sans savoir exactement qui sont les personnages cités dans ces quelques lignes. Je reviens souvent sur l'incipit après avoir lu un roman. C'est là que j'arrive le mieux à en apprécier la qualité. |
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