Le sérieux et l'humour peuvent-ils coexister sans se blesser l'un l'autre?
Nombre de messages : 4379 Âge : 30 Pensée du jour : SUR JE DEPUIS 10 ANS C'EST LA FÊTE Date d'inscription : 03/12/2007
Kid/ Un talent FOU Dim 23 Sep 2012 - 16:10
Hey guys
Je ne sais pas trop si je dois publier ce truc-là dans "entraide" ou "l'écritoire"... Alors dans le doute je me lance... Bon, je n'ai pas énormément d'histoires terminées à mon actif. La faute à des projets nombreux et à une motivation erratique. Mais, comme la plupart d'entre vous je pense, j'ai l'esprit à cent à l'heure tous les jours, et dans le bus, dans ma chambre, sous la douche, je recycle tout ce que j'entends, tout ce que je vois, et je crée des personnages, et avec ces personnages, je crée des fascinations, et avec ces fascinations, je crée des histoires. Et ainsi de suite...
Souvent, avant de me lancer dans une prise de note ou dans l'écriture d'une nouvelle histoire, je décide du ton de cet histoire. Ce sont souvent des histoire parodiques, humoristiques que j'ai à l'esprit, avec des personnages déjantés, des situations délirantes, ce genre de choses... L'idée étant de ne pas prendre trop au sérieux des personnages que je trouve rarement très crédibles. Et puis écrire une histoire sur le ton de la rigolade permet de rendre plus crédible pas mal de choses, puisqu'on est là pour se marrer. Seulement, je n'ai pas commencé à écrire parce que ça m'amusait, mais bien pour exprimer des sentiments profonds, bref, tout le tintamarre qu'on retrouve partout... C'est ainsi que souvent, dans le "processus de création", mes personnages passent de situations sans enjeux, ou avec des enjeux débiles, à des situations graves, qui les font souffrir, et les font évoluer vers une trame beaucoup plus sombre et sérieuse. C'est là que je rencontre un problème.
Partons déjà du fait que je ne peux pas "empêcher" mes histoires de virer au sérieux... Les personnages évoluent comme ils le souhaitent. Nous sommes nombreux à connaître cette sensation. Maintenant, quand vient l'écriture, je me demande: est-ce que cette histoire drôle vaut-elle encore quelque chose quand les personnages stupides se prennent à la jouer sérieux? Une histoire drôle peut-elle devenir triste et dure comme diable sans que le lecteur ait l'impression d'un désagréable décalage, ou pire, qu'on se fout de sa gueule?
Je m'interroge. Qu'en pensez-vous, vous?
Invité/ Invité Dim 23 Sep 2012 - 16:59
Oui. Exemple : La Vie est belle de Roberto Benigni. Ils s'y soutiennent
Nombre de messages : 684 Âge : 48 Localisation : Il est vilaine... Date d'inscription : 28/06/2012
Les livres qui parviennent à concilier humour et sérieux, ce sont mes préférés. Donc, déjà, ça existe. Et j’ai des preuves :
Douglas Adams, Le guide du routard galactique et les 5 tomes qui composent la série : ça commence comme une vaste blague (la Terre est détruite pour laisser la place à une déviation hyperspatiale) et ça vire à une réflexion philosophique sur à peu près tout : le bonheur, l’amour, la paternité, les cachalots et les dauphins. La fin est sombre – en tout cas, c’est comme ça que je l’ai perçue. J’adore. J’aurais voulu l’écrire. (Et devenir culte. )
La série des Malaussène, de Daniel Pennac : là aussi, un humour certain dans l’écriture, moins dans les situations qui s’appuient sur des problématiques très réalistes (immigration, cohabitation, le métier d’éditeur…)
La série des Thursday Next, de Jasper Fforde : je le cite beaucoup, celui-là, mais il est remarquable à plus d’un titre (même si je trouve que la série s’essouffle un peu sur la fin). On y trouve un humour complètement délirant au service de messages forts sur : qu’est-ce que la littérature. L’auteur n’apporte pas franchement de réponse mais pose beaucoup de questions, ce qui est aussi bien.
Molière : ses comédies servent toujours à dénoncer un phénomène de société tout ce qu’il y a de plus sérieux.
Et puis, pêle-mêle, Saga, de Benacquista, sur le succès télé, the gun seller, d’Hughes Laurie, sur le cynisme des multinationales, Quand les dieux buvaient, de Catherine Dufour, sur tout un paquet de trucs…
J’aimerais pouvoir ajouter la Tentation de la pseudo-réciproque à cette série sans paraître immodeste (mais c’est impossible) car c’est exactement ce que j’ai voulu faire : partir d’un truc drôle et léger pour arriver à quelque chose de… ben, moins drôle et moins léger. Ce n’est pas à moi de dire si j’ai réussi, mais en tout cas, il s’agit de mon intention depuis le début.
Donc, Kid, si tu ponds un bouquin qui commence en gros délire et finit sur un truc sérieux qui change ma conception du monde, je me ferai un plaisir de te lire
Nombre de messages : 4379 Âge : 30 Pensée du jour : SUR JE DEPUIS 10 ANS C'EST LA FÊTE Date d'inscription : 03/12/2007
Kid/ Un talent FOU Dim 23 Sep 2012 - 17:19
C'est vrai qu'il existe des oeuvres où les deux registres coexistent, mais dans la plupart de vos exemples, les évènements sont racontés de façon comique, pour soutenir un fond sérieux. Or, je parle d'une histoire où le scénario en lui-même mais en place des personnages et des situations drôles, pour virer à du "noir".
Ce serait un peu comme si dans Le Coeur a ses Raisons (la série québécoise qui parodie les Feux de l'Amour et les autres séries à l'eau de rose), qui est un trésor d'humour absurde et de délire perpétuel, tournait à une histoire très sérieuse, genre si Criquette disparaissait et que Brett devait vivre sans elle, le tout raconté de façon sincère. Je pense que ça passerait mal Alors que dans Kaamelott, la série d'Alexandre Astier qui montre la légende du Roi Arthur comme une vaste blague, les deux dernières saisons sont très sombres, voire tristes (je me rappelle avoir pleuré en regardant le dernier épisode...). La série avait toujours transporté avec elle toutes sortes de thématiques et de réflexions sérieuses sur la vie de couple, la chevalerie, le sens de la vie, etc... Mais c'était drôle. A la fin, ce n'était plus drôle du tout, c'était presque déprimant. C'est un peu comme ça que mes histoires changent... Dans H2G2, on continue à se marrer, quand même
Nombre de messages : 684 Âge : 48 Localisation : Il est vilaine... Date d'inscription : 28/06/2012
On parle bien de la même chose. Dans le domaine des séries télé, Kaamelott est un excellent exemple. Il y a aussi certains épisodes de Dr House, de Scrubs, de Desperate Housewives, de Futurama qui m'ont fait cet effet-là.
L'humour peut effectivement être présent tout du long ou bien disparaître sur la fin.
Les deux me vont
Invité/ Invité Dim 23 Sep 2012 - 17:54
Je connais plein d’œuvres qui commencent happy et finissent darky mais, manque de bol, je ne les ai pas en tête là. Si, par exemple Scream. Je ne suis pas fan, mais c'est d'abord happy happy et puis tu connais la suite.
EDIT: eh ben voilà tu cites Kaamelott, voilà. A savoir que les deux dernières saisons sont un peu le fond tragique des premières, évidemment : la blasitude du roi Arthur enfin manifestée dans ce qu'elle a de plus triste. Mais c'est comme ça que fonctionnent les clowns et le théâtre, aussi.
Nombre de messages : 1906 Âge : 49 Localisation : Roazhon (Rennes) Pensée du jour : Cthulhu is my best fiend... Date d'inscription : 24/01/2011
Je plussoie les exemples de Kylie (hormis la série des Thursday Next que je ne connais pas). On peut aussi rajouter l’absurde tel que Boris Vian l’a développé dans ses romans. Comique et tragique y sont intimement liés.
Si les dernières saisons de Kaamelott ont déçu un beau paquet de fans de la 1ère heure (moi y compris), c’est parceque l’ensemble de cette série n’est pas du tout cohérent. Des situations débiles avec Perceval et Karadoc au départ, on est passé à quelque chose de très sérieux à la toute fin et qui, le pire, s’est pris au sérieux. Pour que le mariage du comique et du tragique puisse fonctionner, il ne faut pas passer de tout l’un au départ à tout l’autre par la suite. Ca, ça donne une impression de manque de cohérence flagrant, ce qui est très négatif. Il faut je pense que les deux soient liés durant tout le récit, l’un pouvant prendre le dessus sur l’autre au gré des scènes, mais pas passer du tout au tout…
J’ai pris d’ailleurs ce parti pris, celui de mélanger humour et… pas vraiment tragique mais horreur, angoisse, dans le roman sur lequel je travaille. Un exemple : le héros a un petit problème : confronté à un fort stress, il a des moments d’absence complète où il part dans ses pensées. Ca peut être la scène d’un film ou tout autre situation, qu’importe, une scène imaginaire se substitut alors à ce que vit le héros. Aussi, confronté à un évènement terrifiant, lorsque le personnage revoit une scène des Monty Python ou l’entartrage de BHL, le contraste est fort et l’effet comique aussi (enfin, j’espère… on verra bien )
Nombre de messages : 5732 Âge : 35 Localisation : Oxfordshire Pensée du jour : Oui, je connais cette théorie. Date d'inscription : 23/12/2007
Tim/ Morceau de musique survitaminé Mer 26 Sep 2012 - 19:33
Je pense que le tout est de ne pas souligner exagérément les traits d'humour. Il ne faut surtout pas qu'il y ait de gros panneaux "EH ICI C'ETAIT UNE VANNE". En fait, que les gens qui ne sont pas touchés par le style d'humour que tu insères puissent passer au-dessus sans même se rendre compte qu'il y avait une vanne. Il y a plus facilement des choses comme cela dans les films, je trouve, où la moitié des spectateurs vont éclater de rire alors que d'autres n'ont même pas perçu qu'il y avait quelque chose de drôle - sans que ce soit à cause d'une référence obscure. Mais c'est comme distiller habilement les informations sur ton univers en cours de récit : manier tout cela, c'est un réel but vers lequel tendre à force de tentatives...
Nombre de messages : 123 Âge : 30 Localisation : Dans la boîte de jazz Date d'inscription : 31/08/2012
A.my/ Barge de Radetzky Mer 26 Sep 2012 - 20:28
Pour moi les oeuvres capables de faire rire et pleurer sont les plus sincères, les plus prenantes. Un livre (ou film, ou pièce de théâtre) seulement humoristique me fait rarement rire, et à l'inverse, le pathétique exacerbé m'irrite (et m'endort). La vie, c'est con, mais c'est du rire ET des larmes. Tout le monde est d'accord sur ça je pense.
Mais manier l'humour semble le plus périlleux, le plus méritant. Difficile de ne pas être lourd ou de ne pas tomber à plat. Pour ma part, je me sens bien incapable de faire un récit humoristique !!
Nombre de messages : 7093 Âge : 43 Pensée du jour : Zut Date d'inscription : 27/05/2012
Je plussoie les exemples de Kylie (hormis la série des Thursday Next que je ne connais pas). On peut aussi rajouter l’absurde tel que Boris Vian l’a développé dans ses romans. Comique et tragique y sont intimement liés.
Si les dernières saisons de Kaamelott ont déçu un beau paquet de fans de la 1ère heure (moi y compris), c’est parceque l’ensemble de cette série n’est pas du tout cohérent. Des situations débiles avec Perceval et Karadoc au départ, on est passé à quelque chose de très sérieux à la toute fin et qui, le pire, s’est pris au sérieux. Pour que le mariage du comique et du tragique puisse fonctionner, il ne faut pas passer de tout l’un au départ à tout l’autre par la suite. Ca, ça donne une impression de manque de cohérence flagrant, ce qui est très négatif. Il faut je pense que les deux soient liés durant tout le récit, l’un pouvant prendre le dessus sur l’autre au gré des scènes, mais pas passer du tout au tout…
J’ai pris d’ailleurs ce parti pris, celui de mélanger humour et… pas vraiment tragique mais horreur, angoisse, dans le roman sur lequel je travaille. Un exemple : le héros a un petit problème : confronté à un fort stress, il a des moments d’absence complète où il part dans ses pensées. Ca peut être la scène d’un film ou tout autre situation, qu’importe, une scène imaginaire se substitut alors à ce que vit le héros. Aussi, confronté à un évènement terrifiant, lorsque le personnage revoit une scène des Monty Python ou l’entartrage de BHL, le contraste est fort et l’effet comique aussi (enfin, j’espère… on verra bien )
Je ne serais pas aussi catégorique.
Pour reprendre l'exemple de Kaamelot (au risque d'énerver ceux qui voudraient des exemples plus littéraires), le changement des deux dernières saisons est vraiment radical, c'est vrai. Non seulement dans le fond mais aussi dans la forme (épisodes beaucoup plus longs, et donc mise en scène moins rythmée). Mais je suis dans la situation inverse: c'est lorsque la série est devenue moins humoristique que j'ai commencé à accrocher, parce que les mini-épisodes purement humoristique (malgré quelques réflexions intéressantes, il est vrai) ne m'avaient pas plus intéressée que ça. Que le contraste soit vraiment frappant, c'est un fait. Que la cohérence de la série s'en ressente, je ne le nierai pas. Cependant: 1/ Je n'ai pas trouvé que le passage de l'un à l'autre ait été complètement abrupt. Il y a quand même un glissement progressif grâce à des éléments dramatiques.
Spoiler:
L'échange d'épouse, la trahison de Lancelot...
2/ J'ai trouvé le changement de ton déstabilisant mais pas inintéressant. D'abord à cause de la raison 1/, ensuite parce que l'humour ne disparaît pas complètement de la série: il devient plus rare, plus mélancolique et ne sert plus à faire rire le spectateur mais à garder une note légère et à conserver ce que les situations et les rapports entre personnages avaient d'absurdes.
Je laisse maintenant tomber l'exemple de cette série télé pour en revenir au vif du sujet.
Je te rejoins pour dire que comique et tragique ne marchent jamais mieux que lorsqu'ils le font main dans la main, car privés l'un de l'autre, ils perdent en réalisme et en profondeur. Comme dit A.my, la vie est faite des deux: une oeuvre où drame et humour coexistent a donc plus de chance d'avoir un impact sur le lecteur (ou spectateur). De plus les deux se renforcent mutuellement. Qu'y a-t-il de plus tragique que l'absurde des Rhinocéros? La dernière réplique de Cyrano n'est-elle pas pleine d'humour?
Le tout est de garder à l'esprit que l'un dominera l'autre (l'équilibre parfait n'existe pas) et, selon le lecteur, ce ne sera pas forcément le même pour tout le monde. Personnellement, je trouve certains sketchs de Coluche déprimants car très vrais. Et il disait lui-même que faire rire était plus dur que faire pleurer.
Nombre de messages : 1906 Âge : 49 Localisation : Roazhon (Rennes) Pensée du jour : Cthulhu is my best fiend... Date d'inscription : 24/01/2011
Faust Federel/ Journal du posteur Jeu 27 Sep 2012 - 12:50
Pour Kaamelott, il faudrait peut-être que je revois les dernières saisons pour me faire une autre idée. L’impression, peut-être fausse, que j’avais eu, c’est qu’ils s’étaient mis à se prendre beaucoup trop au sérieux (surtout Alexandre Astier).
Cyrano de Bergerac est en effet un très bon exemple.
Après tout, dans l’humour noir, le comique est indissociable du tragique et de l’absurde. On rit du pire, de ce qui indignerait ou ferait pleurer et, finalement, c’est l’humour le plus méchamment drôle (en tout cas, c’est celui que je préfère).
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Kid/ Un talent FOU Jeu 27 Sep 2012 - 15:29
Faust Federel a écrit:
Pour Kaamelott, il faudrait peut-être que je revois les dernières saisons pour me faire une autre idée. L’impression, peut-être fausse, que j’avais eu, c’est qu’ils s’étaient mis à se prendre beaucoup trop au sérieux (surtout Alexandre Astier).
Comme le disait le leader de Lordi (ou, récemment, celui de Powerwolf, en tout cas deux groupes de métal "foutage de gueule"), c'est pas parce qu'on est une blague qu'on est pas sérieux Kaamelott était drôle, mais traitait des thématiques sérieuses depuis le début. On y dépeint des personnages, et en particulier Arthur, le type qui, à trente ans, à le sentiment d'avoir foutu sa vie en l'air alors qu'il pouvait faire quelque de grandiose. Mes épisodes préféré des premières saisons étaient très drôles, mais on sentait que derrière c'était teinté d'une sorte de mélancolie ("vous voyez comme ils vous aiment, les gens!", dans Pupi, "je vois la canne, l'eau, le ciel, je me demande à quoi ça sert tout ça, pourquoi je suis là", Perceval, "on m'a imprimé ça au fer rouge, sur la plante du pied, j'avais douze ans", Arthur). Au niveau scénario, c'est le livre IV qui prépare les choses, mais c'est vrai que la rupture est rude. En tout cas, quand je regarde la série dans son ensemble, j'ai le sentiment qu'Astier reste cohérent (justement) avec sa vision de la comédie: c'est pas un genre, c'est un ton, une façon de traiter une histoire, qui peut être tout à fait sérieuse. Seulement, à la fin (parce qu'il faut bien la faire avancer, cette légende arthurienne), l'histoire sérieuse prend le pas sur la blague.
Pour moi, Kaamelott est un très bon exemple même si un forum qui se veut littéraire. Avec ses inspirations empruntées au théâtre et à la littérature en général, et le soin apporté à l'écriture, ça ne me paraît pas si délirant que ça
"Lancelot, je l'ai écrit comme un facho." "Quoi?! Mais moi je le joue comme un héros!" "Mais c'est le but! Tu dois le jouer comme un héros, et il doit être écrit comme un facho. C'est là tout le personnage."
Aaaah rien que d'en parler je m'emballe! C'est mon maître étalon, Kaamelott. Tout le monde me regarde avec des yeux de merlan frits quand j'en parle, mais c'est l'une des oeuvres qui m'a fait ressentir le plus de choses, qui m'a fait voyager, souffrir. Jusqu'à ce que je trouve mieux En attendant:
Spoiler:
Après, c'est vrai que comédie et pathétique se côtoie et se mélangent bien, notamment au théâtre (Molière se moque, mais pas pour des prunes en général. Les thématiques de Shakespeare étaient différentes, mais il y avait beaucoup de passages drôles. Le baroque, en somme). La question qui me taraude, moi (à l'heure où je réfléchis à une saga ayant pour personnages des JE, un petit délire sans prétention), c'est de savoir si un truc résolument débile et absurde (pas comme Kaamelott donc) peut se prendre soudainement au sérieux, dire au lecteur "maintenant, parlons de quelque chose de grave". C'est un peu comme si dans Y a-t-il un pilote dans l'avion? un trésor de connerie avec (si ma mémoire est bonne) Leslie Nielsen, le pilote limite pédophile et con comme une chaise du début, voyons l'avion s'écraser, nous faisait part de ses pensées profondes sur la vie, son histoire qui s'achève... Sans que ça rajoute à l'effet comique
Nombre de messages : 7093 Âge : 43 Pensée du jour : Zut Date d'inscription : 27/05/2012
L'un des éléments qui rend, à mes yeux, Kaamelot assez porté vers la tragédie dès le début, c'est la dépression (tragique) qui menace Arthur à force d'être entouré d'abrutis (comique). Le décalage entre la légende et la bêtise des personnages est tout aussi tragique que comique. Quelle affreuse solitude que d'être cerné par les cons: un aspect fondamental de la condition humaine.
Nombre de messages : 478 Âge : 43 Pensée du jour : Je crois qu'il est temps de remettre les pendules à leur place (Johnny Hallyday) Date d'inscription : 15/08/2012
SergentMajor/ Pour qui sonne Lestat Sam 29 Sep 2012 - 9:44
Faust Federel a écrit:
Pour Kaamelott, il faudrait peut-être que je revois les dernières saisons pour me faire une autre idée. L’impression, peut-être fausse, que j’avais eu, c’est qu’ils s’étaient mis à se prendre beaucoup trop au sérieux (surtout Alexandre Astier).
Je crois surtout qu'Alexandre Astier a voulu glisser vers un truc beaucoup plus dramatique et un format plus long.
Tant que c'était des sketches de cinq minutes parodiant la légende Arthurienne, on savait ce qu'on venait chercher et qu'on le regarder pour se marrer.
Dés qu'il a voulu faire plus profond, plus sérieux, le public n'a plus suivi. Resultat :pas de saison sept, merci mon chien!
Kaamelott était passé de la parodie au drame et là...c'a été le drame, justement. Il veut poursuivre au cinéma, mais à mon avis, on va attendre longtemps...les financiers ne suivront pas s'il ne revient pas à 'la franche rigolade".
Je crois qu'en écriture c'est la même chose. Il faut savoir dés le départ où on va si on ne veut pas se planter et choisir un humour en conséquence.
Tarte à la crême ou esprit subtil?...
Dernière édition par SergentMajor le Sam 29 Sep 2012 - 10:02, édité 1 fois
Nombre de messages : 7093 Âge : 43 Pensée du jour : Zut Date d'inscription : 27/05/2012
Si Astier a du mal à se défaire de son étiquette de "créateur de Kaamelot", c'est aussi parce que la plupart des spectateurs et des producteurs ne voient pas au-delà.
Le péquin moyen a besoin de cloisonnement, de catégorie hermétique. Ça le rassure et le guide, comme les rayonnages de la Fnac. La frontière entre comédie et drame doit être imperméable pour qui ne comprend ni tout à fait la profondeur de la première ni tout à fait les nuances que peut assumer le second.
Donc, un artiste/auteur estampillé "comique" qui veut faire du drame (et là je ne parle plus de Kaamelot, mais en général), ça a toujours un peu de mal à passer. Il y en a qui arrivent à changer leur image, mais peu.
Le sérieux et l'humour peuvent-ils coexister sans se blesser l'un l'autre?