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 Ecriture et souffrance

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Pêche Melba
   
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Pêche Melba  /  Pour qui sonne Lestat


Je précise d'emblée que ce n'est pas un sujet sur la souffrance de la vie qui conduit à devenir ou non écrivain, mais bien un sujet sur la souffrance d'écrire.

Je lis ici ou là, depuis que je fréquente ces lieux, des réflexions sur le plaisir d'écrire et sur la passion qui éclaire la vie d'un aspirant écrivain. Tout le monde, ou presque, a l'air joyeux et semble s'amuser follement.

Je ressens tout ça (sinon j'aurais arrêté depuis longtemps), mais en des proportions moindres que la souffrance d'écrire, trop présente à mon goût et contre laquelle je lutte en permanence.

Je m'explique : il y a des choses qui me rendent dingues et j'aimerais savoir comment vous les gérez (si vous les gérez...)

1) Ecrire un passage indispensable et délicat le jour où on a l'impression d'avoir enfilé ses moufles littéraires : ça rame, ça pédale, et donc ça stagne (phase "j'arrache mes mots à la tenaille")

2) Passer trois heures à corriger deux paragraphes, rouvrir le fichier le lendemain pour recommencer avec les mêmes paragraphes (phase "un jour sans fin")

3) Penser à cette intrigue géniale, à ces persos hauts en couleurs, à ce cliffhanger parfaitement ficelé au milieu du livre, se comparer à des écrivains reconnus...avant de comprendre que tout est convenu, que le suspense mis en place ne trompe personne, qu'un enfant de dix ans pourrait écrire lui-même la fin du bouquin et qu'il aurait mieux valu que j'emploie ces centaines d'heures à faire le ménage chez moi (phase "bipolaire").

Plus j'approche de la fin de mon texte, plus ces troubles se manifestent. C'est normal, docteur ?
Est-ce un passage obligé, selon vous ?
 
Mahili
   
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Mahili  /  Tentatrice chauve


Sans vouloir tout ramener à moi, j'ai traiter à peu près le même sujet ici ^^ (c'est un peu nuancé par rapport à ce que tu demandes, mais je pense que tu pourrais y trouver des réponses)

Pour répondre tout de même, oui, c'est normal, enfin je pense.

Perso, j'ai un rapport assez particulier avec l'écriture. si je n'écris pas, ça ne va pas. Si j'écris, ça va, et après l'écriture, ça ne va encore pas.

Le doute, chez moi, comme toutes les phases que tu décris, est indispensable. Parce que même s'il me ronge, il me permet, paradoxalement, de m'obliger à trouver un argumentaire convainquant pour mon texte. Ou à défaut, de le modifier comme il faut.

C'est donc à la fois un allié, et un pire ennemi. Je ne le gère pas, je fais avec, ou au mieux je l'ignore, ou l'écoute. Si l'on doute, ça peut être pour plusieurs raisons : manque de confiance en soi, on sent que quelque chose ne va pas dans le texte, quelqu'un nous a poussé à le ressentir, etc.

Pour reprendre tes points :

1) Plus on se force à écrire, plus ça vient. C'est ma devise, et celle de beaucoup d'autres. Même si tu arrache tes mots avec tes ongles dans l’hémisphère de ton cerveau, il faut que tu écrives, pour écrire (non, sans blague ? mais tu comprends la nuance, non ? ^^)

2) il faut savoir arrêter de corriger, ou laisser reposer quelques jours... peut-être te montres tu trop exigent envers toi même ? Tu auras sans cesse envie de modifier telle ou telle phrase, tel ou tel mot. tout simplement parce que ton écriture évolue tout le temps. Accorde toi une pause, ou permets toi d'être clément ^^

3) ça, je pense que c'est commun à tout le monde... Il ne faut pas s'en préoccuper avant d'avoir finit au moins le premier jet. Quand j'ai des pensées de ce genre, je les chasse en écrivant plus encore Very Happy. Et puis, j'envoie bouler mon double maléfique. ^^




Quand je disais que j'avais un rapport bizarre avec l'écriture, je pense même en faire mon sujet de fin d'études Laughing
 
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Invité  /  Invité


Tu fais part de deux sentiments qui peuvent en effet s'entremêler, le doute et la léthargie artistique. Moi, je ne peux pas trop te conseiller, car je suis dans le même cas. Je ne sais pas encore si je vais écrire toute ma vie, mais je veux écrire sur quelque chose qui me tient à coeur. Je me suis ainsi lancé dans une aventure un peu à l'aveugle, pas sûr de moi du tout. C'est un risque à prendre, un risque nécessaire.
Quand tu dis

"Penser à cette intrigue géniale, à ces persos hauts en couleurs, à ce cliffhanger parfaitement ficelé au milieu du livre, se comparer à des écrivains reconnus...avant de comprendre que tout est convenu, que le suspense mis en place ne trompe personne, qu'un enfant de dix ans pourrait écrire lui-même la fin du bouquin et qu'il aurait mieux valu que j'emploie ces centaines d'heures à faire le ménage chez moi (phase "bipolaire")."

C'est normal, tu vis avec tes personnages si j'ose dire depuis des semaines, voire des mois. C'est normal que leur histoire te semble prévisible et que les intrigues apparaissent ficelées. Là, j'écris une nouvelle avec une chute assez imprévisible pour le concours du forum. Bah, aussi bonne que puisse paraître la chute, quand j'ai relu cent fois le texte, j'ai l'impression qu'elle est téléphonée. Bon, après elle l'est peut-être, mais les critiques m'aideront à y voir plus clair. Bref, fonce et pose toi les questions quand tu seras dans la phase de correction. C'est naturel de douter en cours de route. Et comme dit Hanili, s'il le faut, repose toi un peu.
 
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Tout ce que je peux te dire, c'est que tu témoignes de mes trois démons, aussi Cool

Il faut faire avec, et comme tu dis écrire est une souffrance, qui ne s'avère vraiment jubilatoire (pour moi) qu'une fois apposé le point final (au moment même où je l'appose). Tout le reste est torture :mrgreen:
 
Marc Anciel
   
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Marc Anciel  /  Sous-chef de projet démoniaque chez Édilivre


S'il n'y avait pas de souffrance, il n'y aurait aucun mérite.
Quand on fait du sport, on souffre aussi. C'est rigoureusement la même chose.
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LuluCoccinelle
   
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De mon point de vue, ce n'est pas vraiment ce que j'appelle une souffrance. Ça fait partie du travail d'écriture, c'est peut-être moins agréable mais on n'y coupe pas. Je souffre beaucoup plus quand mes personnages sont malheureux que quand mon cerveau a mal à la tête à force de trop réfléchir à des phrases simples, à de bonnes situations, de bons personnages… L'inspiration c'est bizarre, ça vient n'importe quand. C'est pour ça que j'ai toujours un calepin avec moi pour prendre des notes si j'ai des idées.

Pour moi, y a pas vraiment de remède miracle aux deux premiers problèmes que tu pointes du doigt : y réfléchir à tête reposée, faire autre chose, se changer les idées, à la rigueur bosser une autre partie du bouquin, un passage à venir, dessiner les personnages ou préciser leur fiche si on ne peut vraiment pas se sortir le bouquin de la tête. Ensuite, je relis une fois le paragraphe qui coince et je note dans un coin ce qui gêne à la lecture, ce qui ne va décidément pas (en général, je conserve la version originale papier ou premier jet pour pouvoir y revenir si besoin). Et puis je reprends.
Je pense que c'est important de prendre du recul sur ce qu'on fait. Il y a un temps pour écrire et un temps pour revoir. Pour moi, les deux sont très complémentaires. Il y a le plaisir d'écrire et le plaisir de redécouvrir certaines tournures intéressantes, être fier de soi. Mais quand je pense qu'il vaut mieux éviter de passer trois heures à faire la même chose. Là pour le coup, tu n'as plus aucun recul et c'est au risque de faire pire que mieux… en tout cas c'est comme ça que je fonctionne Wink

Pour ce qui est du troisième point que tu soulèves… je pense que ça n'a pas d'importance. Tu peux très bien écrire un texte "déjà vu", qui n'a pas l'air original en y mettant de la sensibilité, ton propre point de vue et une écriture originale. À mon sens, il ne faut pas non plus chercher l'originalité à tout prix, c'est archi-casse-gueule l'originalité et si l'auteur part dans son trip tout seul sans emmener le lecteur qui n'est pas obligé de suivre… c'est dommage.
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Marc Anciel a écrit:
S'il n'y avait pas de souffrance, il n'y aurait aucun mérite.
Quand on fait du sport, on souffre aussi. C'est rigoureusement la même chose.
Comparaison intéressante.
 
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Dernière édition par MoLK le Sam 2 Fév 2013 - 18:19, édité 1 fois
 
Pêche Melba
   
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Ah ! Je ne suis pas seule dans ce cas, dieu merci !

Je suis rassurée de constater que l'écriture n'est pas un champ de fleurs pour vous non plus et vos analyses, à tous, sont pertinentes : c'est vrai, à force de le relire, mon texte ne me surprend plus et j'ai du mal à imaginer qu'il puisse surprendre quelqu'un d'autre (il y a une partie suspense qui est voulue, et si je l'ai foirée, ben...ça devient tout pourri, malheureusement).

Le problème vient sûrement du fait que je suis sur le même projet depuis trois ans et que j'en vois seulement le bout.

Plus j'approche de la fin, plus c'est dur. Quand j'en ai cherché la raison, l'idée m'est venue qu'en terminant mon texte, je le tuais. Fini, ça bouge plus. C'est une sensation étrange, aux antipodes de celle qui m'a transportée pendant les premiers mois, où il y avait tout à faire, où toutes les portes étaient ouvertes, où on est le maître de son petit monde.

Avancer dans l'écriture, c'est faire des choix et se couper de tous les possibles qui auraient pu donner une autre forme au récit. D'où cette impression amère...

La comparaison avec le sport me plaît aussi. Hélas, j'ai horreur de ça Cool
 
A.my
   
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Je rejoins à fond Pêche melba !
Plus précisément, pour moi, c'est l'effort. L'effort d'écrire, de persévérer dans un projet.

On a les idées, on a l'inspiration....pourtant, terminer ce que l'on entreprend relève de l'épreuve surhumaine. L'achèvement. Rien que le mot me donne des frissons.
En m'approchant de la fin de mon roman, j'ai cru que je n'arriverais jamais au point final. C'était comme si je m'empêtrais dans une glu aux vapeurs de procrastination. L'obstacle : moi même. Mad
Je n'ai jamais fini, j'ai toujours quelque chose à corriger, c'est un travail sans fin.

Quand j'écris, je pars très loin. Et je pars seule. D'où un certain lunatisme...en étroite liaison avec le doute, de plus en plus persécuteur.

Mais au moins je me retrouve directement face à mes démons, et je peux (essayer de) me surpasser !.......
 
Marc Anciel
   
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Marc Anciel  /  Sous-chef de projet démoniaque chez Édilivre


Pêche Melba a écrit:
La comparaison avec le sport me plaît aussi. Hélas, j'ai horreur de ça Cool

Merci (aux deux) et idem, j'ai horreur de cette souffrance là depuis quelques années. Malheureusement mon ptit corps a horreur de cette horreur donc faudrait que je me fasse violence. VDM
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Courage Marc Anciel Surprised

A.my, je suis lunatique aussi face à mes textes. Il faut du recul. Lorsque je retombe sur des écrits quelques mois plus tard, mon premier mouvement me dit souvent "mais c'est bon" ou "c'est mauvais" sans lunatisme, et si je m'y penche trop la torture recommence... :mrgreen:
 
Hoegaarden
   
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Hoegaarden  /  Bile au trésor


"La nostalgie d'une arkhé-pensée"

(Désolé pas le courage de développer)
 
Guardian of the Moon
   
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Guardian of the Moon  /  Journal du posteur


C'est normal Smile
Je pense que comme c'est toi qui l'a écrit, tu connais la fin, tu sais ce qui va arriver, tu as l'impression que c'est un véritable cliché et en fin de compte, pas du tout.
Si tu as vraiment peur que ta fin soit banale, demande à quelqu'un de te lire, il te dira ce qu'il en pense.
(Je suis passée par là moi aussi, you are not alone ^^)
Bon courage pour la suite.
 
MaxLouis
   
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MaxLouis  /  Pour qui sonne Lestat


Chacun (e) a son ressenti sur ce mot souffrance dans l'écriture.

Pour ma part, si je bloque, je suis en rage. Donc, je décompresse. Et puis ça vient tout seul.

La seule souffrance, c'est quant au départ, dans les premiers chapitres tu as fait une gaffe et qu'au trente quatrième chapitre, tu dis, après relecture, là, y a quelque chose qui cloche. Et ça c'est de la souffrance.

 

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