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 [½ Nuit 17 Sept.] Extraits

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Mitsu
   
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Mitsu  /  Powerpuff girl


Vous pouvez - et vous êtes même fortement encouragés à - poster ici des extraits de votre prose écrite pendant cette demi-nuit JE.

Les extraits ne doivent pas dépasser 500 mots.

Pour que ce sujet reste lisible, postez vos commentaires ici.
http://anthilemoon.net/
 
Nywth
   
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Nywth  /  Ex-Ombre passée du côté encore plus obscur.


Avant d'oublier de poster :
Citation :

Extrait de la demi-nuit du 17/09 : réécriture complète (passage un peu cliché mais nécessaire)
.
Le cavalier avança. Sur son visage se gravaient des traits cruels, accentués par le pli ironique de sa bouche et ses pupilles herculéennes. Le tout reflétait son désir de tuer aussi surement qu’un miroir. Il poussa sa monture vers l’homme qui gisait à terre ; lorsqu’il arriva à la hauteur de celui-ci, il fit pivoter le cheval, qui n’eut d’autre choix que d’écraser la jambe de l’infortuné. L’os craqua. Le cri que poussa le père de Liliane fit écho à celui, sauvage, de son persécuteur, assoiffé de sang et de destruction.
La jeune fille se trouvait à quelques pas de là, sur le perron d’une chaumière. Elle cria le nom de son géniteur et tenta de se soustraire à sa mère. Mais celle-ci la retenait avec fermeté, dans un étau inébranlable. Après quelques efforts vains, l’adolescente abandonna, tandis que des larmes coulaient dans ses cheveux, écho parfait à celles qui cascadaient sur ses joues.
Le cavalier descendit de son cheval. Tout en le tirant derrière lui, il s’approcha de sa victime et la regarda avec des yeux froids, plus vides que la mort, plus vides que le néant lui-même. Son épée glissa le long de son fourreau et se dégageait dans un son cristallin ; le tueur la pointa vers le ciel l’espace d’une seconde. Elle accrocha le soleil et s’éleva jusqu’au ciel, blanche, immaculée même, et si pure que c’en était effrayant pour une arme de guerre. Puis, toujours avec cette grâce indicible, elle décapita l’homme. Après quoi elle s’abaissa, le sang courant sur l’acier en rigoles sombres.
Au contraire de ce que suggéraient les apparences, il n’y avait non pas eu un meurtre, mais deux. La lame et le père.
Cette réalité n’atteignit Liliane que quelques instants plus tard. Ses épaules se voutèrent sous le poids d’un voile glacial, et elle hurla :
- Non ! Papa ! PAPA !
Son cri attira le regard de l’homme, qui tourna la tête et fixa les deux femmes avec insistance. Toujours ces pupilles froides, qui semblaient au-dessus de toute compassion ou même d’humanité. Et elles leurs transmettaient un message limpide : ‘’vous allez mourir’’. Quelques mots suggérés sur le ton de l’irréalité, mais pourtant pas moins conséquents. Ils en devenaient même plus cruels et plus durs.
La mère poussa sa fille toujours hébétée à l’intérieur de la maison et referma la porte derrière elle. Elle saisit un fourreau blanc, accroché sur le mur, d’où dépassait la garde tout aussi immaculée d’un poignard, le fourra dans les mains de Liliane. Puis elle la regarda avec une expression remplie d’amour et d’espoir, qui n’était pas sans rappeler celle d’un martyr, et l’exhorta à s’enfuir :
- Débrouilles-toi pour sortir vivante. Tu nous dois bien ça, à ton père et à moi.
La porte d’entrée se tordit, émit une plainte sourde, tint miraculeusement sur ses gonds. La femme s’arc-bouta contre le bois dans un vain espoir de résister à la charge de l’assassin, attrapa la première chose qui lui passa sous la main – une louche – et cria :
- Vite !



Dernière édition par Encre le Dim 18 Sep 2011 - 7:48, édité 1 fois
 
Lo.mel
   
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Lo.mel  /  Troll hunter un jour, troll hunter toujours


Voici donc, soumis à votre jugement, 452 mots, le tout composé pour cette demi nuit.

Citation :
Je me demande souvent où s'arrête l'hérédité. Moi qui suis si différent de mon père, j'emprunte le même chemin. Je finirai déchet. Le suis-je déjà ? Le ver est dans le fruit.
Il n'avait rien d'un artiste. Il n'était pas complétement rustre non plus, tant qu'il croyait à une autre de mes lubies, il m'offrait même volontiers des boites de feutres ou des crayons neufs. Je l'aimais bien, je crois juste qu'il m'a déçu. Mon père, ce n'était pas Eugène Delannoy. C'était un ouvrier comme des millions d'autres, et je m'en suis voulu de lui en vouloir. Il savait s'user, donner de sa personne sans s'en plaindre ouvertement, sans autre ambition que celle d'être une fourmi zélée. J'étais plutôt « fourmi ailée », je voulais chercher mon accomplissement dans un destin princier. J'avais bien les aspirations, mais lui avait la force, celle qu'un fils est en droit de réclamer et se doit d'admirer. J'étais son fils unique et il me le rendait bien. Il subvenait à mes besoins, et tolérait difficilement que ma mère puisse lever la main sur moi. J'ai aimé mon père. Malheureusement, il y avait cette fissure en lui, pot de terre qui se niait, il y avait ces soirs de solitude, ces soirs de malgré-nous où il implosait dans son mutisme. Le lendemain pouvait être différent, plein de ces horizons dont j'ai déjà parlé, ces horizons limitant qui n'existent qu'à l'instant T et qui meurent à T+1. Combien d'entre eux ont succombé sous ses yeux rouges ? Suffisamment pour abandonner au hasard cet affreux devoir qu'est celui de chef de famille. Non, il n'a pas terminé dans l'alcool, comme ces veaux à cinq pattes que l'on sacrifie par fétichisme de la science, non, il n'est pas parti, il n'est même pas mort, il a survécu. Le mot exact serait sous-vécu, comme un légume, une vache qui regarde passer les trains, un wagon recyclé en cabanon que l'on laisse rouiller dans sa pâture. Mais il n'était plus vraiment là, et quand il l'était, c'était un autre, irritable, un autre que j'irritais moi, plus particulièrement, avec mes « délires d'artiste » et mes « grandes idées de futur chômeur ». Peut être qu'en fait, c'est moi qui l'ai déçu. A l'amour a succédé la tolérance, celle qui unit malgré tout un père et son jeune fils. Une histoire des plus banales. Il est mort l'été dernier, plus de dépit que d'usure, discret comme l'éclipse d'une lune noire, stoïque sous la pluie tandis que l'orage passait. Personne n'a jugé nécessaire d'avertir la presse, pas même moi, mais j'ai eu mal, très mal. J'entamais enfin le deuil du père que j'avais perdu des années auparavant. Il ne lui manquait qu'un cercueil.
 
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Extrait de la mi nuit du 17 septembre
extrait du roman Gaza ( dernier chapitre de la deuxième partie) 549 mots ( désolée, un peu long)
15 janvier 2009, en pleine opération militaire israélienne sur la bande de Gaza, Salim rejoint Beit Hanoun ( distante de quelques kilomètres de Gaza) à pieds, en pleine nuit. Il arrive sur une zone industrielle bombardée.

Citation :

Du phosphore blanc.
Heureusement, je portais des croquenots lourds et solides et non mes sandales de cuir usées jusqu’à la trame. En plein été, j’aurais eu la plante des pieds bouffée par cette saloperie, mais la poudre incandescente n’a cramé que mes semelles et je me suis précipité à l’intérieur.
Les vitres du hall avaient toutes été soufflées et je marchais sur un lit de verre brisé. Les morceaux crissaient sous mes pas, tandis que j’avançais avec précaution. Je n’avais aucune envie de m’empaler sur ces griffes translucides. Mais j'ai atteint l’escalier sans incident et suis monté, dans le noir le plus complet, à l’étage supérieur.
La trappe de secours menant au toit était restée ouverte et laissait un courant d’air froid s’engouffrer dans le bâtiment. Je frissonnais, glacé dans mes vêtements humides, et hésitais à grimper là-haut. Le point de vue m’aurait sans doute permis de découvrir une issue à cette nasse dans laquelle je m’étais enfermé sans le savoir, à deux pas de l’ennemi. Mais les courbatures que je commençais à ressentir m’en ont dissuadé.
Après quelques secondes à écouter le silence et le sifflement du vent dans la petite ouverture carrée, je me suis engagé dans le couloir. Il n’y avait là personne. Pas le moindre signe d’activité humaine. Juste des bureaux vides, certainement désertés depuis bientôt trois semaines. La plupart étaient fermés à clé. Je vérifiais pourtant, sans raison particulière, chacune des portes, méthodiquement.
Mes semelles brulées couinaient sur le lino. L’odeur du cuir calciné qu’elles dégageaient, mélangée au parfum d’un désinfectant industriel, me donnait la nausée. Mais j’avançais, sans avoir d’autre but que de parvenir au bout de ce long couloir.
Ce que je ferais après ? Aucune idée.
J’avançais, c’est tout.
Mes doigts, ankylosés par le froid, se sont refermés sur l’AK47 lorsque j’ai entendu un premier claquement de porte, sans parvenir à en identifier la provenance.
Devant ? Derrière ? En haut ? En bas ?
J’ai hésité un moment, le dos trempé d’une sueur glaciale.
Je n’étais pas aussi seul que j’aurais pu le penser.
Une cavalcade soudaine dans les escaliers m’a décidé à agir. De façon idiote, j’ai encore essayé d’ouvrir une porte. Par miracle, la poignée s’est enclenchée et je me suis précipité dans cet abri une fraction de seconde avant que ces inconnus pressés et bien peu discrets ne me découvrent.
J'avais atterri dans le bureau du patron, si j’en jugeais par l’imposant fauteuil en cuir trônant derrière un large plan de travail en bois massif - le style de meuble dont je ne disposerais jamais. Et surtout si j’en jugeais par l’immense baie d’un seul tenant auquel il faisait face.
Autrefois vitrée, la façade translucide avait explosé en des millions de petits éclats blancs. Sans doute à cause de la même déflagration qui avait eu raison de l’entrée. Du verre sécurit. Moins dangereux que ceux de son homologue normal, ses débris recouvraient l'épais tapis oriental aux motifs compliqués sur lequel je marchais.
Visiblement, certains parvenaient encore à s’enrichir malgré le blocus. Et cette entreprise semblait bien prospère. Avant la guerre, du moins. Je me demandais quel produit pouvait bien assurer un tel rendement à son propriétaire quand une nouvelle cavalcade, plus proche que la précédente, m’a rappelé à des considérations plus pratiques.
Je n’étais vraiment pas seul.



Dernière édition par Bighit le Dim 18 Sep 2011 - 11:32, édité 7 fois
 
Pomcassis
   
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Pomcassis  /  Tentatrice chauve


Voici un extrait de Trafiquants d'âmes, 522 mots.

Citation :
Les deux hommes procèdent à l'échange et quelques secondes plus tard, Apollinaire se croit de nouveau seul, une enveloppe bleue à la main. Il se dirige vers le fond de la cour, passe sous le porche qui mène dans un couloir sombre, puis grimpent les marches qui montent aux niveaux supérieurs. Au deuxième étage, il entre dans le premier appartement, vide, et le traverse jusqu'à atteindre une fenêtre qui s'ouvre sur des escaliers de secours. En bas, la terre meuble annonce le désert qui étire ses dunes ensablées jusqu'à se confondre avec le ciel bleu. Apollinaire rase les murs des bâtisses pour éviter de s'embourber dans le sable, et atteint bientôt un petit jardin. L'entrée est gardé par quatre géants tout de noir vêtus.
Un brouillard tourbillonne aussitôt autour d'eux. La terre tremble. Un froid dur comme de l'acier installe une ambiance nauséeuse. Apollinaire disparaît, aspiré par les immeubles qui s'écroulent puis s'effacent sur une plage.
Au loin dans la mer, les vagues dodelinent autour du corps d'Emma et le sel scintille sur ses cheveux blonds. Elle les essore, les gouttes plicploquent dans l'eau. D'un geste de la main, elle chasse l'envie de vomir et l'atmosphère se réchauffe.

*

Betty confirma et compléta mon rêve. Elle n'avait pas craint les créatures qui me terrifiaient et glaçaient mon sang jusque dans ma vie onirique. Elle avait vu Apollinaire sortir des papiers de l'enveloppe. Ils étaient bleus, fades et tristounets. Elle avait entraperçu le sceau représentant un chat et une salamandre qui s'emberlificotaient et supposa qu'ils étaient officiels. L'un des monstres les avait examinés, impassible, les avait retournés dans tous les sens, avait touché et même reniflé plusieurs fois le sceau sans dire un mot. Puis il avait fait un pas de côté pour laisser passer Apollinaire et son ombre dans laquelle Betty s'était fondue.
Elle aperçut alors au bout d'un chemin de graviers bordés de haies de buisson une racine qui sortait de la terre et s'élevait à hauteur d'homme, se courbait, se nouait, redescendait et serpentait sur deux ou trois mètres à ras du sol. Apollinaire passa au milieu de l'arche qu'elle formait. Des spasmes lui parcoururent tout le corps. Il convulsa trente secondes en silence. Et s'effaça. Sous le regard ébahi de Betty.
Maria-Magdalena en conclut qu'une visite à Apollinaire s'imposait. Elle se porta volontaire et demanda qui voulait bien l'accompagner. Caleb déclina l'invitation, ces admiratrices attendaient sur la place du marché qu'il fasse pousser des fleurs dans leurs cheveux et que de son chapeau magique naissent des lapins en peluche. Quant à Tom, il s'était engagé à prêter de nouveaux livres à ces quelques lecteurs qui tuaient le temps à coup de plumes bien aiguisés et de vers bien acérés. Elle se tourna vers moi. Je n'avais rien de mieux à faire. D'une voix timide, Betty proposa de se joindre à nous, mais Maria-Magdalena lui suggéra que la meilleure façon de nous aider était de ne pas trop se montrer et de se faire discrète. Les yeux de Caleb firent quelques loopings au plafond. Il soupira un « qu'est-ce qu'il faut pas entendre » et entraîna son ombre derrière lui.
 
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Donc, comme j'ai écrit sur mes deux romans, je vous offre deux extraits. Et oui, je suis généreux parfois (ou machiavélique, ça dépend si vous aimez mon écriture ou non Smile )

Iota Basileus - Chapitre XI (Liam a enfin recontré un autre être humain, Naomi Lee, une jeune femme amnésique)

Citation :
- Vous en êtes certain ? Vous n’avez vraiment vu personne ?, demanda-t-elle.
L’angoisse transparaissait dans ses paroles, sa voix n’était guère maîtriser et ses lèvres tremblaient légèrement.
- À moins que vous ne considéreriez les cadavres comme des gens. Non.
Liam regretta aussitôt ses paroles. Il n’avait pas voulu se montrer blessant, et pourtant, elles étaient sorties toutes seules. Il marmonna quelques excuses. Naomi resta digne malgré tout ; la mâchoire crispée, elle continua de fixer son interlocuteur. Ses jointures avaient blanchi à force de serrer les poings. Cette révélation avait de quoi déstabiliser même le plus endurci des hommes : la réaction de la jeune femme impressionna Liam, qui regretta d’autant plus sa pique.
- Des corps ? Vraiment ?
- Plutôt ce qu’il en reste. Que des squelettes, tenta-t-il de se rattraper, éparpillés sur l’autoroute menant à Richmond.
- Qu’est-ce qui a bien pu provoquer ça ?
- Je ne sais pas. Enfin, je ne peux que faire des hypothèses. Néanmoins je suis quasiment sûr de connaître la cause de toutes ces destructions. Un holocauste nucléaire.
- Comment ça ? Vous pensez que notre pays a été attaqué ?
- Oui. Par qui, je n’en sais rien. Pourquoi, je n’en sais rien. Mais j’ai vu les dégâts occasionnés sur l’autoroute et sur Richmond. Il y avait l’empreinte résiduelle de certains corps sur un mur, pas très loin d’ici. Des gens qui se trouvaient là, et ces pauvres types ont été soufflés par une explosion titanesque. Et ils n’ont laissé qu’une trace noirâtre, rien qu’une simple marque. Une ombre humaine à jamais peinte sur un mur défoncé d’une station service.
- Je suis désolé.
Liam eut un sourire crispé.
- Je pensais être la dernière personne encore en vie … Je suis content d’avoir eu tort.

Choc et Effroi - Chapitre IX (Retenu prisonnier dans une infrastructure souterraine, Dean Jenkins s'apprête à subir son premier interrogatoire.)

Citation :
Une odeur de tabac agressa ses narines. Dean n’avait pas fumé depuis des années, juste avant d’entrer l’armée. Le tabac ne lui avait jamais manqué, mais lui rappelait des souvenirs trop lointains, presque indécents à se rappeler ici.
Le temps s’étira, mais il ne s’en plaignit pas. Bien au contraire, il appréciait chaque instant ; d’un instant, le capitaine pouvait revenir et alors commencerait son calvaire. Déjà hier, il avait subi ses foudres et put constater la force de son bras. Les coups portés au visage ouvraient un nouveau chapitre dans son périple nord-coréen et il n’était pas pressé d’y goûter à nouveau.
La porte d’acier grinça. Plusieurs personnes entrèrent dans la pièce. Aveugle, il tenta de suivre leurs pas. Ils lui tournaient autour comme des vautours, dans l’attente de participer à la curée. Privé d’une partie de ses sens, Dean n’était qu’une proie sans défense ; il se prépara à recevoir des coups. Lorsqu’il apercevait son agresseur, la douleur était moins forte ; ne pas voir l’interrogateur privait l’individu d’un formidable atout. Les coups se révélaient alors plus vicieux, plus douloureux et intervenaient sans que l’on puisse s’y préparer.
Sans un mot, ils continuaient leur manège.
Une main s’aventura jusqu’à son visage et souleva le bandeau qui le privait de ses yeux. Le geste doux et lent contrastait avec la poigne ferme de ses gardiens. Après une bonne demi-heure plongée dans l’obscurité la plus totale, ses autres sens se révélaient plus aiguisés. Il huma un parfum très différent, un parfum féminin.

J'ai essayé de présenter des extraits pas trop mauvais. Donc voilà Smile
 
Sasha
   
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Sasha  /  Pour qui sonne Lestat


La barre des 20 000 mots est franchie.

Extrait de Sol Invictus
Chapitre 3 "Mytilène"
Kunné et Lysandra ont rendez-vous avec un contact à l'Aquarium de Mytilène. Ils s'y rendent sous le prétexte d'être un jeune couple en lune de miel.

Citation :
Le semi-planeur glisse sur le vent chaud et file vers l'horizon. Lysandra repose sa tête contre le fauteuil et son regard caresse l'azur du ciel et le cobalt des flots sans fin. Partout où elle regarde, le même bleu pur l'entoure et l'apaise. Son esprit ondule et la ramène aux mêmes souvenirs d'enfance, quand elle courrait vers les vagues, les bras ouverts. Elle ferme les yeux et s'assoupit. Elle rêve. Des silhouettes lui reviennent, qu'elle connaît sans savoir leurs noms. Le passé existe toujours, lui dit Morphée, tout ce qui a été sera pour toujours.
Kunné la regarde dans le rétro-viseur. Elle a la bouche entrouverte, et le foulard blanc qu'elle a noué sur ses bandages lui couvre une partie du visage. Il sent son cœur se serrer. Il aurait voulu pouvoir la serrer contre lui jusqu'à ce qu'elle s'endorme et écouter son respiration se ralentir, il voudrait pouvoir sentir son souffle et respirer son parfum. Les cadrans lui indiquent qu'ils ne sont plus loin, mais il ne peut se résoudre à l'idée de la réveiller. Il abaisse lentement les manettes pour rendre leur descente aussi douce que possible. Au loin, un point d'écume blanche commence à apparaître.
Il ne voit d'abord aucune piste d'atterrissage et choisit de décrire une courbe autour de l'île pour se donner une chance de regarder de plus près. Une plage entoure le petit rocher sur lequel sont perchées plusieurs maisons, et il décide de s'y poser. Repoussé par une brise contraire, l'aérodyne est agité d'une brève secousse. La main de Lysandra vient toucher son épaule.
"Déjà ?" Dit-elle dans un bâillement.
"Tu as dormi au moins vingt minutes."
Elle ne semble pas le croire mais déjà, le semi-planeur touche le sable dans lequel il s'arrête sèchement. Kunné défait la sangle de sa ceinture.
"Tu crois que je peux le laisser ici ?"
Lysandra hausse les épaules et se détache à son tour. Une fois sa tête dehors, elle ne peut retenir un sourire. Elle avait presque oublié l'odeur de la mer. La jeune femme s'extrait souplement de l'appareil et va faire plusieurs pas dans le sable. Elle retire ses sandales qu'elle accroche à la ceinture de sa tunique et esquisse plusieurs mouvements dansants. Kunné sort à son tour de l'aérodyne avec bien moins de grâce et son poids quittant le petit vaisseau, celui-ci retombe dans un bruit de métal plié. La scène est accueillie par un rire, et Lysandra vient lui saisir la main.
"Alors dis-moi, est-ce qu'on est Kunné et Lysandra Nhoya, ou Kunné et Lysandra Yahwa ?"
Et elle rit à nouveau pour l'empêcher de répondre.
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Le_conteur
   
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Le_conteur  /  Roberto Bel-Agneau


Voilà mon extrait
J'ai ajouté ce personnage 'Asialis' qui intervient dans le tome2

Citation :

Tard dans la nuit, on vint taper à sa porte. Las, il gronda ne pas souhaiter être déranger. Pourtant la porte s’ouvrit et Asialis pénétra les bras chargés de fruit et de vin. Armort n’eut pas le courage de la renvoyé et la remercia d’un geste. La jeune femme déposa son plateau sur la table et en s’inclinant lui dit :
- Nous autres, gens du nord n’avons pas l’habitude de nous plaindre et encore moins de remercier pour des faveurs que l’on n’a pas sollicité. Mais tu as fait preuve d’une grandeur d’âme qui t’honneur, seigneur Armort.
- Tu ne sais rien de moi, je ne suis pas un homme ‘bon’, loin de là !
- Je n’aurais pas l’audace de te prendre pour un saut. (dégrafant sa tunique, elle la laissa tomber au sol, se révélant nu aux yeux du Prophète) Mon peuple a coutume de dire à ses filles, si tu croises la route d’un puissant, il est de ton devoir de t’incliner.

Et elle s’agenouilla devant lui. Armort l’aida à se redresser et releva sa robe :
- Fille du nord, tu te dévêtiras et t’agenouilleras devant l’homme qui vouera sa vie à protéger la tienne. Je ne suis pas cet homme et tout puissant que je puisse être, je ne mérite pas cet honneur.
- Et moi, que dois-je faire pour le mériter ?
- Rien ! Ma femme m’a été enlevée et je reste seul avec ma peine.
- Laisse moi te soulager de ce fardeau, une simple nuit et je me retirerai de ta vie si vite que cet instant ne subsistera que comme un rêve, un répit.
- Tu es belle comme le jour, mais tu n’es pas mon soleil. Je vais me contenter d’espérer et me nourrir de ma colère afin de vaincre mes ennemis.
- Parle-moi d’elle.

Armort hésita un instant, il n’était pas dans ses habitudes de se dévoilé ainsi. Mais le roulis du bateau aidant il baissa ses défenses et commença son récit :

« Mon père m’enseigna son art et comme lui, je fus un forgeron. Dur à la tache, endurant à la douleur, j’étais apprécié des miens. A sa mort, je devins soldat puis mercenaire mais c’est dans les arènes de Kracak que je connu la gloire. Un Fléau est un gladiateur hors du commun et un tueur redouté. Après deux années d’un carnage sans nom, j’obtins le titre d’invaincu et à ce jour, le conserve encore.
Un jour, ou les combats furent plus âpres que d’habitude, les griffes d’un lion pénétrèrent ma chair. Mon soigneur habituel, fervent habitué des tavernes, estimant que je me suffisais à moi-même dessoulait, hagard dans un coin de ma salle d’arme.
Je fis appeler un autre soigneur et une femme se présenta. Elle posa alors ses mains sur ma poitrine meurtrie et le calme envahi mon être.
Sache, fille du Nord qu’à ce jour, ma vie n’avait été de fureur et fracas. Elle plaça délicatement ses mains sur mes oreilles et je connu pour la première fois : la paix et le silence. »

 
Go'
   
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Go'  /  Fou de la reine


Mon extrait à moi, projet de roman Les mémoires :

Citation :
Il est une chose d’avoir un projet de roman, une autre de le mener à son terme – et tous ceux qui ont essayé un jour d’écrire, que ce fut en vain ou avec succès, seront d’accord : pour un projet de longue haleine, la difficulté ne réside pas tant dans la création des idées littéraires que dans leur concrétisation en mots, leur agencement en phrases allongées sur des mètres de papier.

Je devais revoir mes ambitions. Si je n’avais pas la force ou l’habileté d’écrire sept volumes de ma vie, mon esprit réduisait l’œuvre finale à cinq tomes et je soupirais, soulagé pour un temps variable selon que l’intelligence me revenait assez pour enchaîner les mots, ou bien que de nouvelles idées de chapitre plus romancés, moins réels, s’imposaient à mon projet. Après tout, n’était pas Proust qui voulait, et s’il me fallait le dépasser, ce serait par la prose et non le volume.

Encore que ma prose n’avait rien d’exceptionnelle, hormis qu’elle différait de celle du maître par l’addition de toutes les tares qui s’étaient opérées dans le style français, des mutations dues aux années, aux nouveaux mots, aux disparus. Les auteurs que j’avais lus m’avaient aussi influencé, je retrouvais telle tournure typique d’une traduction de Stephen King, mauvaise ; au contraire telle formule empruntée à Hugo me ravissait.

Mon attitude oscillait entre deux extrêmes, révélateurs : certains jours, je m’inspirais tant de La Recherche que je me sentais dans la peau d’un moine copiste du XIIème siècle et c’était comme si je sentais frotter contre ma peau la bure râpeuse, l’encre tacher mes doigts. D’autre fois, j’étais le nouveau Proust –littéralement. La Recherche m’appartenait, je la dépassais, je la réécrivais en ne gardant guère que la structure peut-être, car c’était ma vie dont parlaient les pages, mes amis, mes aventures d’enfant.

Souvent je m’arrêtais d’écrire, heureux de ma journée. Ces journées étaient pourtant courtes, j’écrivais rarement plus de deux heures et peu en une heure parce que mon débit n’étais jamais rapide. Je réfléchissais beaucoup, faisais des pauses, effaçais, repartais sur une nouvelle idée, une autre formule… J’étais rarement satisfait de mon premier jet. Ainsi, j’écrivais à un rythme très lent.

Même quand j’avais des idées, à cause de ma lenteur, je n’avais pas toujours le courage de me mettre à écrire. Cependant dès que j’écrivais, à peine avais-je épuisé mes nouvelles idées, je n’avais plus rien à écrire et j’abandonnais aussitôt. C’est que rarement l’imagination et l’envie me venaient en même temps.
 

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