Quand j'étais plus jeune, je les pourchassai ardemment. Mais depuis que j'ai terminé mon roman, j'ai remarqué qu'une répétition d'un mot placé quelques lignes plus haut valait parfois mieux qu'un quasi synonyme qui peut donner un éclat très artificiel à l'ensemble si le procédé vient à se répéter fréquemment.

En fait, si je lance le débat, c'est parce qu'en replongeant dans des textes écrits à 16 piges, j'ai vu que ceux-ci finissaient par ressembler à des étalages de vocabulaire, à trop vouloir éliminer toutes les répétitions.

Donc voilà, dites-moi un peu quand une répétition est justifiée pour vous et quand elle ne l'est pas ^^

Ça dépend du mot, y a parfois pas de mal à répéter porte, mais par contre lascivement, c'est mauvais. Les noms communs sont plus facilement répétables que le reste de toute façon, mais pas les noms propres. Le secret de toute façon, c'est de pas avoir à répéter ou à synonymer, donc de feinter.

Il y a des mots qu'on ne peut s'empêcher de répéter, tout simplement, comme dit Nihilo, parce qu'ils n'admettent pas de synonymes exacts. Mais lorsque la palette est large, alors il ne faut pas hésiter. L'exemple de Hugo (93) est éloquent :

les Vendéens étaient repoussés de Nantes, débusqués de Montaigu, expulsés de Thouars, chassés de Noirmoutier, culbutés hors de Cholet, de Mortagne et de Saumr ; il évacuaient Parthenay ; il abandonnaient Clisson ; ils lâchaient pied à Châtillon ; ils perdaient un drapeau à Saint-Hilaire ; ils étaient battus à Pornic, aux Sables, à Fontenay, à Doué, au Château-d'Eau, aux Ponts-de-Cé ; ils étaient en échec à Lucon, en retraite à la Châtaigneraie, en déroute à la Roche-sur-Yon.

Voilà ce qu'on appelle de la variété dans le style, non ?

Les rares fois où je me demande ce que je fais encore sur ce forum, je devrais relire ce genre de topics que je lance. Toujours intéressantes vos réponses ^^

Comment fais-tu pour feinter, Ma ? (Ca m'intéresse ^^)

Sinon, quelles sont les répétitions de structure qui vous gonflent ?

Ba c'est pas dur.


Au lieu de dire par exemple.

J'ai acheté des poireaux des courgettes et des ananas. Après, je suis allé manger chez mes cousins, j'ai mangé des poireaux des courgettes et des ananas

ou

J'ai acheté des poireaux des courgettes et des ananas. Après, je suis allé manger chez mes cousins, je les ai mangé. (mon dieu j'ai mangé mes cousins)

ou

J'ai acheté des poireaux des courgettes et des ananas. Après, je suis allé manger chez mes cousins, j'ai mangé des Allium porrum, des Cucurbitacés et des Bromeliacés.

Tu dis

J'ai acheté des poireaux des courgettes et des ananas. Après, je suis allé manger chez mes cousins, j'ai mangé tous le bordel que j'avais pris au marché.


Alors l'exemple est nase, mais au lieu de chercher le synonyme, ou de faire la répétition, si le pronom est impossible, ba tu changes la phrase.

Bah, là c'est simple :

J'ai acheté des poireaux, des courgettes et des ananas, et j'ai été les manger chez mes cousins.

Le plus dur, c'est avec les verbes "trouver", "dire" et "voir". Il y a aussi les lourdeurs des plus-que-parfait et des participes présent. Le seul remède, c'est la relecture incessante de ce qu'on écrit.

Moi ça me dérange pas du tout une avalanche de verbe dire. Ce qui me dérange c'est quand l'auteur veut systématiquement mettre un synonyme adapté.

Oui Vian, mettait des "dire" une réplique sur deux et ça paraissait plus naturel que redondant.

Par contre faire, devoir et voir ainsi que permettre et sembler

Moi, j'hésite pas à faire des répétitions lors du premier jet, notamment quand j'ai du mal à exprimer une image, puis je reviens dessus après. Il faut s'armer d'un bon dico des synoymes, mais bon, comme le dit Ma, il ne faut pas tomber dans l'excès, car certains synonymes ont un sens parfois légèrement différent qui peuvent dénaturer ta phrase ou carrément la rendre erronée.

Après on peut jouer avec ça, j'aime beaucoup donner l'appellation scientifique d'un animal ou d'un aliment en synonyme. Mais je fais ça que dans un contexte un peu " second degré " comme De L'Usage De L'Acide ou une nouvelle.

Après, avec un style oralisant, c'est mille fois plus simple de faire des répétitions parce qu'elles signifient quelque chose. Sur un récit à la troisième personne omniscient, tout de c'est c'est moins bien.

C'est toujours la même chose me semble-t-il en littérature (et ailleurs) concernant les effets de style : il faut que ce soit pertinent, jamais gratuit, jamais, justement, "pour faire style".

Le problème de la répétition (il me semble que l'on en a déjà discuté sur ce forum mais j'ai oublié où), c'est que nous sommes comme qui dirait "formaté" pendant notre scolarité, dans nos rédactions au collège et même dans nos dissertations par la suite, pour mal réagir face aux répétitions. Elles sont forcément un ennemi à éradiquer (ce qui n'est pas blâmable en soit, les objectifs des profs étant différents de ceux que l'on peut avoir à présent : diversifier le vocabulaire de leurs élèves), alors qu'en réalité les répétitions sont un effet de style comme un autre : il faut avoir un peu d'expérience en la matière pour parvenir à les manier plus ou moins convenablement.

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Finalement, il y a deux sortes de répétitions : les répétitions fastidieuses et les répétitions littéraires. Les premières échappent à l'attention, les secondes sont voulues.
Hugh !
C'était la pensée du soir...

La répétition est un bel outil dans la sacoche de l'écrivain, à mon avis.

Je ne vais pas répéter ce qui a déjà été dit et qui me semble très vrai concernant celles qui échappent, celles qui sont littéraires, et celles qui sont là parce que c'était tout simplement le meilleur mot à placer et que l'utilisation d'un synonyme aurait sonné faux.

A mon sens, la répétition littéraire à l'avantage de réactiver dans l'esprit du lecteur une idée un peu plus forte, elle agit comme un raccourci, une balise dans son esprit, en lui rafraîchissant la mémoire avec un mot ou groupe de mots qu'il a déjà rencontré. A partir de ce moment-là, on voit rapidement les possibilités que la répétition littéraire offre, notamment dans la structure des trames narratives. Et elle est d'ailleurs largement utilisée en poésie, ou dans le roman contemporain ("phrase slogan", aussi).

Reste le réflexe scolaire de changer chaque mot répété qui est légitime (comme l'a bien dit Menear). Un réflexe qui peut, heureusement, très vite/facilement se perdre.

Personnellement, je ne traque quasiment jamais les répétitions dans mes textes, même les "échappées".

Juste un truc: quelque chose que l'on doit répéter et qui ne peut supporter plus de deux synonymes, ce sont les personnages, leur nomination. Il faut leur nom + un nom commun (genre: Arthur / le garçon) et alterner ou répéter, selon la fluidité. Mais c'est une grande preuve d'amateurisme que de trouver dix synonymes pour son personnage.

Et après, toute répétition mauvaise saute aux yeux lors des relectures.