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| [Poésie] Fiche introductive | |
| | | Invité / Invité Lun 5 Mar 2007 - 20:16 | |
| Voili voilou, à la demande générale ( ) une petite fiche sur la poésie. J'espère que j'aurais le temps d'en faire d'autres, et surtout qu'elle vous plaira et vous sera utile !! Partie I - Vers. Le vers est la brique sur laquelle repose la poésie (du moins la poésie versifiée ; pour la prose poétique ... une autre fois ^^ ). Elle est délimitée avant tout typographiquement: un vers correspond à une ligne, elle se finit donc par un blanc. Un passage à la ligne équivaut ainsi à un passage au vers suivant. Dans la poésie classique, celle codifiée par La Pléiade et ses descendants au cours du XVIe siècle essentiellement, le vers débute par une majuscule, et la plupart du temps par un signe de ponctuation. Mais attention : le vers correspond rarement exactement à une phrase. Exemple : " Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur des gouffres amers. " (Baudelaire, L'Albatros) Dans cet extrait, il y a quatre vers, et une seule phrase grammaticale; Maintenant, voyons plus en détails les types les plus courants de vers. L'alexandrin, bien sûr, est le plus connu et le plus usité. Son nom vient d'une épopée du Moyen-Age Le Roman d'Alexandre (1170). Il est composé de 12 syllabes, ce qui en fait un vers très rythmé, et aux possibilités variés de découpe: 3-3-3-3, 6-6, 6-3-3, etc... La césure se situe au milieu de l'alexandrin. L'octosyllabe fut lui aussi très utilisé par les classiques. Plus court, il ne compte que 8 syllabes. Il en résulte un rythme plus rapide, plus vif. Enfin, les autres genres de vers sont apparus plus tard, vers la fin du XIXe siècle, surtout sur l'impulsion de Appollinaire, qui introduisit le décasyllabe (10 syllabes) et l'heptasyllabe (7), vers impair qui permet de s'approcher pour Apolliaire d'une plus grande musicalité. Pourtant, il ne faut pas oublier que la versification est avant tout une affaire de goût, de styles personnel, et que nul n'est tenu d'utiliser absolument ces différents vers codifiés. Le vers libre vit ainsi le jour au début du XXe siècle, chez les Parnassiens, et plus tard chez les Surréalistes. Partie II - Strophe et rimes, musique et métrique. Si le vers est la brique poétique traditionnelle, la strophe en est véritablement la fondation. Par analogie, la strophe se rapproche du paragraphe ; elle regroupe plusieurs vers, et est elle aussi délimitée, cette fois par un espace. Les strophes les plus classqiues sont le quatrain, le tercet et distique, qui ont respectivement 4, 3, 2 vers. Cet assemblage permet d'apporter ce qui définit la poésie: le rythme. En effet, la strophe engendre une série d'instruments qui, en se complétant, crée une véritable musique. Ainsi, qui dit strophe dit rime: c'est la répétition d'un ou plusieurs même(s) son(s) à la fin des vers. Les rimes les plus classiques, dans un quatrain, sont: -> rimes embrassées abba ; -> rimes plates aabb ; -> rimes croisées abab ; Il y a beaucoup d'autres rimes, et il faut le dire, beaucoup à dire sur la rime, véritable moteur du poème ! Je m'y pencherais plus avant dans une autre fiche... Dans la strophe, et le vers solitaire aussi, d'autres outils permettent de rythmer le poème. Par exemple les allitérations et assonances ( rythmique phonique ), les parallélismes de constructions et syntaxe, et les champs lexicaux ( mots d'une même origine, qui se ressemblent donc fortement ). La aussi, les outils rythmiques sont nombreux, et méritent d'y passer plus de temps et d'attention. ( autre fiche ?? ). Pour conclure cette première fiche, j'aimerais rappeler que, comme vous le savez, je suis très loin d'être infaillible, et il doit y avoir des erreurs ou des approximations un peu houleuses, et j'espère que vous m'en ferez aprt. Aussi, je n'ai pour l'instant fait que dresser quelques bases en poésie, pour ceux qui débutent, et j'ai donc mis l'accent sur la poésie classique, très codifiée et donc très bon entraînement !! Sur ce, bonne lecture ! |
| | | Invité / Invité Mar 6 Mar 2007 - 2:06 | |
| Je rajouterai que le rythme en poésie française est nettement plus difficile à manier par manque d'outil, contrairement aux vers anglais, le francais n'étant pas une langue accentuée, contrairement à l'anglais. Si j'ai le temps je vous ferais un cours de poésie anglo-saxonne où le rythme est plus important que les rimes ^^.
Sinon c'est très joli tout ça ^^. |
| | Nombre de messages : 2266 Âge : 35 Pensée du jour : Quand je mordille tes cheveux élastiques, il me semble que je mange des souvenirs Date d'inscription : 25/07/2006 | Corwyn / Fontaine Publique Désaffectée Mar 6 Mar 2007 - 8:31 | |
| Oui, bonne initiative Le Gritche, c'est un bon résumé et ça ne fait pas de mal d'en avoir un - Maerlyn von Junzt a écrit:
- Je rajouterai que le rythme en poésie française est nettement plus difficile à manier par manque d'outil, contrairement aux vers anglais, le francais n'étant pas une langue accentuée, contrairement à l'anglais. Si j'ai le temps je vous ferais un cours de poésie anglo-saxonne où le rythme est plus important que les rimes ^^.
Je prends, je prends . |
| | | Invité / Invité Mar 6 Mar 2007 - 17:52 | |
| Merci pour ces indications, je n'avais jamais écrit de poésie auparavant. Mais je ne vais pas tarder à m'y mettre. |
| | | Invité / Invité Jeu 8 Mar 2007 - 17:50 | |
| Merci pour vos merci !
Maerlyn, si la langue française ne dispose pas d'accents toniques pour chaque mot (à l'inverse de l'anglais, et de finalement beaucoup d'autres langues), c'est au niveau des groupes de mots voire des phrases qu'apparaît l'accentuation. C'est ce qu'on appelle l'accent de groupe. En effet, en français, il existe des syllabes accentuées, et des syllabes atones ; ainsi, c'est la dernière syllabe du groupe sémantique et syntaxique qui est accentuée, ou l'avant-dernière si la dernière est un e muet. C'est d'aileurs ce rythme linguistique qui permet des figures comme l'enjambement, le rejet, l'utilité de la césure, et finalement, suivant l'accentuation des vers, le sens peut différer ( ce qui permet une très grande polysémie ). Voili voilou !! Pour en savoir plus, je te conseille ( et aux autres d'ailleurs ^^) ce livre: "La stylistique", de Joëlle GARDES-TAMINE, excellent. |
| | | Invité / Invité Jeu 8 Mar 2007 - 17:54 | |
| Perso, je pensais que le mot "alexendrin" pour parler du vers de 12 syllabe venait d'Alexandre le Grand, en tant que symbole de perfection, de grandeur et d'équilibre. Toutes les grandes tragédies du 17ième devaient être écrites en alexandrins pour être considérées comme parfaites. |
| | | Invité / Invité Jeu 8 Mar 2007 - 18:03 | |
| Et non !!! Moi aussi, au début, je pensais que c'était lié à Alexandre le Grand, même si je ne comprenais pas pourquoi. Et c'est en lisant un livre sur la poésie du XIXe et XXe siècles que j'ai su. Et d'ailleurs, l'alexandrin est un vers utilisé depuis le début du XIIe siècle. |
| | | Invité / Invité Jeu 8 Mar 2007 - 18:15 | |
| Et bah je m'endormirai moins bête ce soir ! Ca sert aussi à ça le forum ! Mon credo : essaie de rendre chaque journée utile en y apprenant au moins 1 chose nouvelle !
En tout cas, merci pour cette mini encyclopédie ! |
| | | Invité / Invité Lun 3 Déc 2007 - 22:44 | |
| :cheers:Merci pour ce post ! Moi perso j'apprécie le système Allemand (qui me parait assez proche du Latin) qui est assez différent du français mais très interressant !! => http://www.zum.de/Faecher/D/BW/gym/interpretation/index_6.htm Si vous ne comprenez rien à l'Allemand, ou simplement pour plus d'infos, MPez-moi ou traduisez tout simplement la page grâce à un moteur de traduction ... Et comme supplement un petit poème Allemand assez connu : - Spoiler:
I Entflieh mit mir und sei mein Weib, Und ruh an meinem Herzen aus; Fern in der Fremde sei mein Herz Dein Vaterland und Vaterhaus.
Gehst du nicht mit, so sterb ich hier Und du bist einsam und allein; Und bleibst du auch im Vaterhaus, Wirst doch wie in der Fremde sein. II
Dieses ist ein wirkliches Volkslied, welches ich am Rheine gehört
Es fiel ein Reif in der Frühlingsnacht, Es fiel auf die zarten Blaublümelein, Sie sind verwelket, verdorret.
Ein Jüngling hatte ein Mädchen lieb, Sie flohen heimlich von Hause fort, Es wußt weder Vater noch Mutter.
Sie sind gewandert hin und her, Sie haben gehabt weder Glück noch Stern, Sie sind verdorben, gestorben. III
Auf ihrem Grab, da steht eine Linde, Drin pfeifen die Vögel und Abendwinde, Und drunter sitzt, auf dem grünen Platz, Der Müllersknecht mit seinem Schatz.
Die Winde, die wehen so lind und so schaurig, Die Vögel, die singen so süß und so traurig, Die schwatzenden Buhlen, die werden stumm, Sie weinen und wissen selbst nicht warum.
Et la traduction française ... - Spoiler:
Sauves-toi avec moi et épouses-moi, Et reposes-toi sur mon cœur, ma belle; Loin, à l'étranger mon cœur sera pour toi, Ton pays et ta maison paternelle Si tu ne viens pas, je mourrai sur place Et tu seras toute seule et solitaire; Et même dans la maison paternelle, hélas! Ce serait comme si tu étais étrangère. II Ceci est une vraie chanson populaire, que j'ai entendu sur le Rhin
Une gelée blanche tomba en une nuit de printemps, Elle tomba sur les douces fleurettes bleues, Elles sont fanées, desséchées. Un jeune homme aimait une jeune fille, Ils s'échappèrent en secret de chez eux, Et ni le père ni la mère ne le savait. Ils ont traîné par ci , par là, Ils n'eurent ni chance ni bonne étoile, Ils sont ruinés, il sont morts.
III
Sur leur tombe un tilleul se dresse, Oiseaux et brises du soir y sifflent sans cesse, Et dessous, sur la place verte s'assied, Le garçon du moulin avec sa bien-aimée. Les vents soufflent si suaves, si effrayants, Les oiseaux chantent si tristes et si charmants, Les courtisants qui parlent se taisent, Ils pleurent sans en connaître la cause.
Bon, j'arrête la torture et j'espère que vous savez l'auteur de ce poème ... et peut-être le titre ? Pour voir la réponse cliquer sur spoiler : - Spoiler:
Tragödie du célébrissime Heinrich Heine !!
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| | Nombre de messages : 1468 Âge : 35 Pensée du jour : "Deux rimes en or pour mille enfers" Date d'inscription : 26/12/2007 | Onicosmo / Roland curieux Mer 9 Jan 2008 - 9:55 | |
| Je précise que rythme en décasyllabe, heptéasyllabe et énnéasyllabe sont antérieurs à Appolinaire. Ils étaient déjà le fer de Lance de Paul Verlaine, pour qui le rythme impair était à préférer en raison de sa musicalité. C'est sans importance, mais bon, ^^. Pour les Alexandrins, le nom français "alexandrin" provient bien du roman évoqué par le Gritche, mais il est directement inspiré par la poésie alexandrine de la grèce antique (et donc en rapport indirect avec Alexandre le Grand) qui présentait la poésie comme un forme pure, à la stylistique parfaite et épurée, concise, brilliante. Ainsi, si le rythme et le nom propre à l'alexandrin proviennent bel et bien du Moyen-âge, son esprit se situe en Grèce Antique. Bonne initiative sinon |
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