BoiséeNoire a écrit:

C'est une façon de nouer le lien parasocial avec vous. De la même façon que se créent les relations parasociales avec vos YouTubers, influenceurs et Streamers préférés. Pour cette raison, je vous suggère aussi d'être actif en story et de partager des petits bouts de votre quotidien de façon régulière. Vous pensez peut-être que votre saut à la boulangerie et l'achat de cette brioche-caramel n'est pas intéressante... mais vous vous trompez ! Tous ces petits détails contribuent à vous rendre plus humain !

Alors autant je travaille en bonne partie sur les réseaux sociaux... autant cet aspect précis me plombe totalement au quotidien justement. Je ne comprends absolument RIEN à cet aspect parasocial, pourquoi il serait important ou même plaisant de connaître la vie de tel ou tel influenceur (surtout que je perçois à 100% le côté mis en scène et faux quand bien même ça veut se la jouer "authentique"). Il y a déjà eu ce genre de phénomène avec la presse VIP, qui ne m'a jamais intéressée non plus, mais là le truc c'est que ça s'applique à tout le monde.

Dans le cas de la littérature, quand j'aime un auteur, c'est avant tout pour ce qu'il fait. Et déjà quand quelqu'un de ma famille raconte être allé à la boulangerie je m'endors, alors imaginez quelqu'un d'inconnu qui spamme ce genre de truc...

Donc au-delà du fait d'assurer sa propre com' (ce qui sur le principe ne m'effraie pas tant, mais c'est parce que c'est mon métier, et que ça me fait de l'expérience au pire), c'est ce dévoilage généralisé soit considéré de plus en plus comme la norme qui me fait peur et me donne le vertige.

Je suis peut-être déjà une dinosaure mais c'est un pan de la "culture" d'aujourd'hui auquel je suis étanche et que je trouve limite oppressant.

C'est le lien parasocial, quoi ! C'est de s'attacher au créateur derrière le contenu

Le piège quand on fait des réseaux sociaux, c'est de trop coller ses propres goûts et envies sur ceux du public. Je pensais comme ça moi aussi. Je ne voyais pas l'intérêt de voir les YouTubers aller à la boulangerie, je ne m'intéressais pas à la routine makeup de telle autrice.... Puis, j'ai commencé à me passionner pour les réseaux sociaux, pour le marketing... j'ai développé mon intérêt d'abord pour stimuler ma carrière d'autrice, puis je suis allée étudier là-dedans et j'en ai fait mon métier (je suis actuellement chargée de comm). J'ai appris comment jouer avec les codes, ce que les gens voulaient voir. Et maintenant... je me prends au jeu et j'aime bien photographier et partager des petites parties de mon quotidien !

Le lien parasocial est ultra important pour se rendre "humain" aux yeux des gens. C'est ce qui donne envie (souvent, même si pas toujours) d'aller rencontrer un auteur en dédicaces, de participer à la campagne de précommande, à la campagne Ulule.... les succès de l'auteur (réussir à faire publier un roman, atteindre un palier de ventes, avoir des droits vendus en audios, etc.) deviennent ceux de sa communauté toute entière. Ça crée vraiment une effervescence et une force... en vrai, c'est grisant !

Les réseaux sociaux, c'est un jeu.
On peut décider de jouer comme de ne pas jouer, c'est libre à chacun.
Mais si on accepte de jouer, il faut se prêter aux règles (pour avoir un peu de succès).

Je ne suis pas là pour forcer qui que ce soit à jouer, mais si quelqu'un veut tenter le coup, au moins, il aura une partie des clefs et des règles !

Très franchement, j'ai fait ma formation là-dedans et ça fait des années que je fais ce métier (essentiellement en BtoB, certes). Et ça n'empêche pas que cet aspect me rebute. Je fais toujours sans (ou à un niveau minimal).
Cela dit, en BtoB en tout cas, les posts sur la vie privée attirent les likes mais, apparemment, plus rarement les leads (autrement dit les ventes et donc l'essentiel).

En tant que "public" en tout cas, je comprendrais tout à fait qu'un auteur n'aie pas envie d'exposer sa vie privée et ça n'entacherait en rien mon admiration pour elle ou pour lui. Je serais ravie de me faire dédicacer un ouvrage de Robin Hobb parce que j'admire son travail, par contre, ce qu'elle fait au quotidien, je m'en tamponne complètement. Et j'ai l'impression que bien souvent, c'est comme ça, surtout dans l'art (pour un influenceur "tout court", c'est sans doute différent) : quand on va voir un artiste en concert, c'est pour sa musique, pas pour sa dernière story Instagram.

Dans tous les cas, mon tempérament fait que je ne serais pas à l'aise avec l'idée d'être "populaire" avec plein de personnes qui s'identifient à moi. Je crois que c'est le cas de pas mal d'autres artistes (en général) aussi, cette approche maximaliste n'est juste pas adaptée à tout le monde.

J'y réfléchis en toile de fond, mais je dirais qu'il y a d'autres positionnements possibles pour fonder un personal branding (puisque c'est de ça dont il s'agit).
Et ça va d'ailleurs probablement aussi avec le genre de ce qu'on écrit aussi : par exemple sur ce topic, la SFFF est citée comme moins adaptée à ce genre d'approche. Ben oui, pas mal de personnes qui apprécient ce type de littérature tendent à rester plus en retrait et à être assez rétives aux RS et à la surexposition.

Je suis à 100% d'accord avec Calathea. Je me moque du quotidien de mes auteurs préférés. C'est intéressant de lire leurs interviews et d'en apprendre parfois un peu plus sur eux, mais voilà, leur morning routine, bof quoi.

En revanche, ce n'est pas le cas de tout le monde, rien qu'à voir tous ces magazines qui dissèquent la vie des stars. Y a des personnes que ça intéresse vraiment. Pourquoi ? Je l'ignore. Peut-être un processus d'identification ou d'attachement, comme s'ils connaissaient cette personne ? Donc ils veulent voir leur chanteuse préférée réussir. Ou à l'inverse, ils sont contents quand il y a des fails de leurs côtés (i.e. cet intérêt pour des actrices non maquillées par exemple ou leurs déboires dans le showbiz). On ne peut pas nier que ça existe, même si personnellement ça me passe au-dessus.

Pire, je n'aimerais surtout pas partager ma vie et encore moins ma morning routine ou quoi que ce soit d'intime avec des inconnus. Il y a un côté effrayant à ça. Surtout moi qui vit au Japon et voyage beaucoup, je suis sûr que des posts sur des destinations atypiques, des petits coins hors sentiers battus, des petits restos, ce genre de trucs, attireraient carrément le chaland, mais c'est niet ! Je suis là pour papoter autour du roman. Je n'ai aucune vocation à devenir influenceuse !

C'est vrai que l'intérêt dépend du public.
Des jeunes adolescentes ou des vieux boomers ne vont pas s'intéresser à la même chose sur les réseaux sociaux (et ne lisent pas la même chose!).
C'est aussi pour ça qu'il est important d'identifié ton lectorat cible et/ou potentiel.

Calathea tu dis que tu connais d'autres positionnements possibles pour fonder un personal branding. Pourrais-tu nous donner des pistes?

Citation :

C'est intéressant de lire leurs interviews et d'en apprendre parfois un peu plus sur eux, mais voilà, leur morning routine, bof quoi.

Oui voilà, pour connaître leur démarche, en savoir plus sur comment ils se situent par rapport à leur propre texte...

Citation :

En revanche, ce n'est pas le cas de tout le monde, rien qu'à voir tous ces magazines qui dissèquent la vie des stars. Y a des personnes que ça intéresse vraiment.

Oui mais c'est loin de constituer de constituer la totalité du public. Une partie peut même être rebutée par ça.
Et je ne crois pas que nos "publics cibles" seraient attirés par ça, pour le coup (même si me concernant, ça le pourrait probablement si je rendais mon livre plus superficiel).

Citation :

Calathea tu dis que tu connais d'autres positionnements possibles pour fonder un personal branding. Pourrais-tu nous donner des pistes?

Ce que j'avais lu sur le personal branding, ça avait pas mal trait à Linkedin, donc pas tout à fait adapté. Mais il y avait effectivement une façon d'écrire (plus formel/plus détendu), des contenus plus pro ou plus perso, etc.

Tu peux choisir le ton sur lequel t'exprimer, le degré d'exposition aussi. Certains vont par exemple adopter carrément un ton "edgy" et provocateur, et ça peut marcher aussi (même si probablement moins bien vu des ME, encore que ça peut dépendre desquelles).
Il y a aussi moyen je pense, de mettre plus en valeur une esthétique en rapport avec le roman ? J'aime bien ce que fait la maison Hurlevent sur Instagram par exemple, même s'ils mettent pas mal en valeur leurs propres livres-objets et qu'on ne peut pas toujours faire ça.
J'avais pensé à mettre présenter des tropes, aussi ? J'ai l'impression que ça marche pas mal, même pour les non-auteurs.
Et puis mettre en valeur des extraits, aussi.

Il y a sans doute dix mille choses à faire, à voir à quel point tout ça fonctionne après, parce que je n'ai pas tellement exploré le monde de la littérature sur les RS.
Mais je regardais le parcours de Page de Bâtons par exemple, et elle semble un peu revenue de l'approche Tiktok, parce que ça n'attirait pas son public cible justement.

Merci Boisée noire pour l'ouverture de ce sujet. Beaucoup d'info et des débats intéressants. A suivre .