1.
2.
F-A-U-V-E-S
L’air est fauve,
un souffle
fragile et dense,
où l'
ambre serpente dans la terre.
L'ombre d'un
unique fauve traverse,
comme un
vœu effleurant la lumière
ephémère.
Un parfum
sauvage se disperse,
fuyant, insaisissable,
il
flirte avec la nuit,
s'évapore dans les replis du silence.
Les
âmes vacillent,
cherchant à
unir l'éphémère,
ce moment où tout devient
vertige,
écho,
enigme,
sous la pulsation
sourde de l’obscurité.
3.
Hors du bois, du bois noir où rien ne gêne la frénésie folle des ronces
Oublieuses, on vit un soir se frayer passage le dernier des hommes,
Peut-être, qui marchait au hasard, sans mémoire ni sourire.
Ses habits déchirés, sa piteuse cotte, préservaient encore un vestige de blason ;
Une bête en bois peint brisée ornait les rouilles de l'armet.
À l'abord, les bûcherons y virent un peu d'ours, fauve ancien,
Immense dévoreur des troupeaux et seigneur des cavernes.
Ourlée de sang sa gueule ôta le souffle aux serfs, sa griffe terne
Massacrant encor dans leurs souvenirs les troupeaux alpins.
On crut cet homme un puissant roi tombé de ses sommets.
Leur clerc fit trois pas vers l'inconnu pantelant.
Il lui vit des reflets d'or vieil et de vieil gueules ;
Était-ce, à sa poitrine, un beau griffon ardent,
Bête noble éclairant la nuit lorsqu'elle feule ?
On crut voir un des paladins que Dieu promet.
Enfin, ils lui jugèrent un lion au pavois.
Un lion las, vaincu, l'œil noir aveugle,
Aux crocs cruellement rognés, rongée sa voix...
Il ne rugirait plus que comme un bœuf fou beugle.
On le crut survivant de cadavres d'armées.
Un grand rire remua le village.
Des moqueurs dansèrent devers lui,
Criant "Fol", "Fuyard", mimant la truie,
Pour railler ce débris d'un autre âge.
Le bailli voulait l'enfermer.
Alors dans leur torrent d'injures,
Triste et furieux, il se rua,
Mordant, griffant à l'aventure.
Il voulait tuer. On le tua.
Nul ne sut quel fauve l'armait.
4.
Les fauves allongés sur le perron
Le soleil ne pleure jamais en été,
Les tournesols connaissent mon secret,
Ils suivent mon défilé de piété,
Redoutent ce que cachent les cyprès.
Au bout de l’allée, le manoir doré,
Les fauves allongés sur le perron
Bâillent et clignent des yeux mordorés
Sous les vastes lauriers en floraison.
Sphinx divins engourdis de désespoir,
Ils écoutent figés mes oraisons
Alors que montent les soupirs du soir,
Me refusent l’accès à la maison.
La fête ouvre, je n’arrive au heurtoir ;
À l’intérieur vibrent les dionysies,
Les lyres, les cris rauques des jaguars,
Les buffets de nectar et d’ambroisie.
Par les fenêtres brillent les princesses
Des Syrtes, d’Ithaque, de Lémurie,
Les couronnes, les verres de Xérès,
Les chants sacrés me frappent d’aphasie.
Au pied des marches passe ma jeunesse,
À minuit, le roi n’a fait son entrée ;
Dehors les lions, entachés de prouesses,
Ramènent un jeune cerf éventré.
5.
A-
croc-stiche
frôlant une
tu admirais
mes oreilles
retroussées
contemplant
et écoutant
un nouvel éclat
vibration inouïe
(on l'entendrait naître)
tu étais enragée
mais en un trait
épanouie
6.
Fauve énorme
Plus gros que sa cage
Odeur âcre de viande
Décomposée au coin des babines
Rouge gueule gueule d'amour
Mort
Plus grand que sa cage
Son cosmos peut être
Étouffé d'être fauve
Soi-même
Affamé de petits lapins malingres
Faméliques
Qui peine à
Remplir la dent creuse
Plus grosse que sa cage
Plus grosse que le ventre
Rien
Qui sert à rien
Qui disparaitra a-
-vec les petits lapins
Fauve de rien rien à fauve
Ça fait sac une fois vidée
Une fois retroussée
7.
"Désolée je n'ai plus le lien pour vous retranscrire la création.
Le lien a expiré et le copié-collé ne fonctionne pas.
sorry sorry"
8.
Fauve mon rire
Fauve mon cri
Et fauve ton absence
A mes yeux caraïbes