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 Différence entre Fantasy ou Fantastique

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RydnSolquill
   
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RydnSolquill  /  Magicien d'Oz


Hello !

Je me souviens en études de littérature médiévale d'une définition qui m'a marquée : le fantastique, c'est :
– L'autre
– L'ailleurs
– L'autrefois

(cf. cette thèse, https ://theses.fr/1990PA030025)

C'est différent du merveilleux (qui s'apparente à la fantaisie) où le surnaturel n'est pas perçu comme inexplicable et dérangeant.
Donc si tes personnages ne se posent pas de question, ne sont pas dérangés/ apeurés par les éléments surnaturels alors on est plutôt dans la fantaisie.

Tu as peut-être les deux dans ton texte. Finalement, rentrer dans une case et une seule est assez rare maintenant. On aime bien mélanger les genres.

En tout cas, le texte a l'air séduisant !
https://scribocumfulgure.com/
 
Aliénor
   
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Aliénor  /  Miss Deadline


Bonjour RydnSolquill,

Comme stipulé dans notre règlement, ton premier message aurait dû être ta présentation. Je t’invite à y remédier en ouvrant un topic dans la section dédiée. Si tu ne te sens pas inspirée, un formulaire est à ta disposition juste ici.

Merci Smile


Différence entre Fantasy ou Fantastique  - Page 2 1f47d.png?v=2.2
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Docal
   
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@Sarashina

"La question de la frontière entre croyance et choses purement inventée est un peu difficile "
Je ne parle pas ici de croyance VS fiction de manière absolue mais par rapport à un public cible. Pour moi, le fantastique, c'est quand l'auteur prends le parti de dire au public qu'il vise "ça pourrait être vrai", peu importe que la croyance soit historique ou non. Par exemple, je place les creepypasta dans le registre du fantastique car tout le jeu de ces histoires est de dire qu'elles ont eu lieu. Même si tout le monde sait qu'elles sont inventées pour l'occasion.
Bref, je pense que la distinction fantastique/fantasy se fait dans le contrat auteur/lecteur plus que dans le contenu. GRRM assume dès les premières lignes de son récit qu'il s'agit d'une fiction, même s'il utilise des figures folkloriques historiques.

Pour qu'il y ait du fantastique il faut un auteur qui dise "ce qui se passe dans cette histoire est vrai" et un public qui puisse au moins un peu y croire, d'où une sorte de prise de température du zeitgeist du moment pour proposer des histoires pas trop farfelues ou qui s'ancrent dans des superstitions réelles.

@Mika :

"Pour toi Docal, les fantômes t'apparaissent comme crédibles et vraissemblables"

Non, et ce n'est pas mon propos. Ce que je dis, c'est que comme la croyance aux fantômes est assez répandue, les récits qui s'ancrent dedans se parent plus facilement d'un vernis de réel, que le fantastique se construit dans la relation public/auteur plus que dans le contenu même du récit. Un récit du point de vue d'un fantôme peut se trouver dans le fantastique car beaucoup de gens placent les fantômes dans la catégorie "pourquoi pas". Pour moi, le fantastique est un genre au croisement d'un auteur qui dit "ça s'est passé pour de vrai" et un public qui admet d'y croire le temps de la lecture. Même quand l'objet de cette supposition est totalement inventé (et que tout le monde le sait) comme pour les creepypastas. Les croyances communes dans une aire culturelle aident simplement à créer cette suspension consentie de l'incrédulité qui est plus complexe a établir qu'en fantasy.

Et bien sûr, vu que c'est une relation entre un auteur et un public perçu, il peut y avoir des couacs dûs à la perceptions et des difficultés à exporter culturellement ces histoires qui perdent leurs sel sans ce vernis de "ça pourrait être vrai".
 
Mika
   
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Mika  /  Effleure du mal


Pas simple cette question 😁
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Mika
   
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Mika  /  Effleure du mal


Je me permets un double post.

Je relisais une thèse sur la fantasy pour vous partager une reflexion sur la fantasy et sa difficile définition. Je trouve que l'autrice a bien résumé nos différents points de vue et explique mieux que moi ce que j'essayais de vous dire plus haut concernant la fantasy, la fantasy vs le fantastique et sa difficile classification.

Femmes guerrières / Femmes en guerre dans la fantasy épique
anglοphοne et francοphοne.
Présentée et soutenue par Angélique SALAUN
Thèse soutenue le 24/09/2021

Bref, je cite directement le passage sur la définition de la fantasy :

La fantasy : un genre en quête de définition

Un « fuzzy set1 » : flou générique et disparités culturelles

Se présente à l’orée de cette étude une première difficulté : la définition des termes et notamment celle du genre littéraire abordé. Plusieurs ouvrages universitaires2 ont tenté, en France comme dans le monde anglo-saxon, de donner une définition de la fantasy, quête qui soulève davantage de questions qu’elle ne donne de réponses. L’expression formulée en 1992 par l’Américain Brian Attebery, l’un des pionniers des études universitaires sur le sujet3, semble aujourd’hui faire consensus : la fantasy est un « fuzzy set », soit un « ensemble flou » pour reprendre la traduction française proposée par Anne Besson en 2007.

Outre-Atlantique, Farah Mendlesohn reprend également la même formule : « the debate over definition is now long-standing, and a consensus has emerged, accepting as a viable “fuzzy set”, a range of critical definitions of fantasy5 ». Il ne s’agit donc pas ici d’élaborer une énième tentative de définition d’un genre insaisissable, mais de mettre en avant quelques caractéristiques majeures de la fantasy, en se souvenant que cet « ensemble flou » doit être décrit par son centre et non par ses limites comme le suggère ici Brian Attebery :
Genres may be approached as “fuzzy sets,” meaning that they are defined not by boundaries but by a center6.
Sous le nom de fantasy se retrouvent regroupées, du XIXe siècle à aujourd’hui, des oeuvres textuelles, picturales ou cinématographiques, qui mettent en scène des personnages le plus souvent nobles. Ils agissent dans un passé légendaire marqué par l’héroïsme, une nature préservée et la présence forte du sacré et d’un surnaturel magique. Ce sont ces quelques motifs fondamentaux qui permettent de cerner un cadre d’action et un personnel narratif et que l’on retrouve dans les définitions formulées à des fins bibliographiques, par exemple celle de la notice RAMEAU7 de la Bibliothèque nationale de France (BnF) : « Genre de fiction caractérisé par la mise en scène de mondes imaginaires, d’éléments magiques, fabuleux ou surréalistes, ayant ses racines dans les contes et légendes populaires et la mythologie8 ».

Le motif des « mondes imaginaires » est aussi très présent dans la définition formulée à l’entrée « Fantasy » de The Encyclopedia of Fantasy (1997) dirigée par John Clute et John Grant :

"A fantasy text is a self-coherent narrative. When set in this world, it tells a story which is impossible in the world as we perceive it; when set in an otherworld, that otherworld will be impossible, though stories set there may be possible in its terms9."

Brian Attebery, tentant de définir ce « centre » de la fantasy, nous livre quelques clefs fondamentales et revient également sur cette notion d’« impossible » :

"The essential content is the impossible, or, as I put it in The Fantasy Tradition in American Literature, “some violation of what the author clearly believes to be natural law” (1710)."

À ceci s’ajoute une structure similaire à celle des contes de fées décrite par Vladimir Propp dans Morphologie du conte en 1928 que reprend Brian Attebery :

“a round-trip journey to the marvelous, complete with testing of the hero, crossing of a threshold, supernatural assistance, confrontation, flight, and establishment of a new order at home11.”

Cette difficulté à définir plus précisément la fantasy se trouve accrue par la tradition critique française, plus récente que celle qui s’est développée dans le monde anglo-saxon et qui se distingue fortement des théories littéraires anglophones. Depuis L’Introduction à la littérature fantastique12 de Tzvetan Todorov, la critique française tente de catégoriser de manière beaucoup plus rigoureuse, si ce n’est rigoriste, les différentes variantes du genre.

Travaillant sur un corpus d’oeuvres du XIXe siècle, Todorov arrête trois conditions pour définir le fantastique.
D’abord, il faut que le texte oblige le lecteur à considérer le monde des personnages comme un monde de personnes vivantes et à hésiter entre une explication naturelle et une explication surnaturelle des évènements évoqués. Ensuite, cette hésitation peut être ressentie également par un personnage ; ainsi le rôle de lecteur est pour ainsi dire confié à un personnage et dans le même temps l’hésitation se trouve représentée, elle devient un des thèmes de l’oeuvre ; […] Enfin il importe que le lecteur adopte une certaine attitude à l’égard du texte : il refusera aussi bien l’interprétation allégorique que l’interprétation « poétique ». Ces trois exigences n’ont pas une valeur égale. La première et la troisième constituent véritablement le genre13.

On voit ici que, selon Todorov, le fantastique se fait synonyme d’hésitation, équilibre fragile entre deux pôles, l’étrange et le merveilleux, qu’il récapitule sous la forme d’un diagramme.

Étrange pur
Fantastique-étrange
Fantastique-merveilleux
Merveilleux pur

Le fantastique pur serait représenté, dans le dessin, par la ligne médiane, celle qui sépare le fantastique-étrange du fantastique-merveilleux ; cette ligne correspond bien à la nature du fantastique, frontière entre deux domaines voisins14.

Si le récit fantastique fournit une « explication naturelle », il bascule dans l’étrange, alors qu’il tendrait vers le merveilleux si l’explication était « surnaturelle », pour reprendre les termes du critique. Ces distinctions, ces frontières, floues puisque Todorov lui-même crée des catégories mixtes et d’autres « pures », n’existent pas dans les théories littéraires anglophones, dans lesquelles la fantasy regroupe à la fois « l’étrange », le « fantastique » et le « merveilleux » français. C’est pourquoi le substantif anglais s’est imposé sans traduction véritablement satisfaisante pour évoquer les oeuvres plus récentes des XXe et XXIe siècles, comme l’observe Anne Besson :

Le terme fantasy va donc poser des difficultés liées à la variabilité de ses acceptions : notamment selon qu’on en adopte une définition large ou étroite, le mot anglais se trouvera correspondre à des catégories différentes de la tradition critique française, qui postule la distinction entre « fantastique » et « merveilleux »15.

Si le substantif « fantaisie » existe bien en français, il désigne déjà un concept littéraire du XIXe siècle fondé sur un refus de se prendre au sérieux, une insouciance feinte, un écart lumineux par rapport à une norme pour reprendre le sens étymologique de phantasia16. La fantaisie, pratiquée par les romantiques comme Hugo en France et Hoffmann en Allemagne, cristallisée par Musset avec Fantasio en 183017, se caractérise par son écriture séduisante, son décalage, sa grâce, mais aussi par son apparente négligence. Elle se teinte également d’ironie à l’égard de son époque et se fonde sur une esthétique de la surprise, un rapport ludique au langage et une certaine indépendance d’esprit. Philippe Andrès voit la fantasy moderne comme la descendante naturelle de la fantaisie française mais sans véritablement s’en justifier : « De nos jours, la fantaisie a pleinement droit de cité avec la mode anglo-saxonne du courant “fantasy18” ». Le glissement du français à l’anglais ne s’accompagne pas d’une très grande proximité génétique : le substantif « fantaisie » semble aujourd’hui étroitement lié au romantisme français et allemand, son équivalent anglais lui ayant été préféré autant par le milieu éditorial qu’universitaire pour désigner des textes au fonctionnement bien différent19.

Une nouvelle locution s’impose peu à peu dans les pratiques universitaires et culturelles françaises, celle de « littératures de l’imaginaire », qui apparaît comme la traduction la plus fidèle à l’esprit de la fantasy anglo-saxonne selon Anne Besson :

"Pour un anglophone, le terme de fantasy recouvre un champ beaucoup plus large que celui que nous aurions tendance à lui réserver : fantasy se traduit à peu près par « littératures de l’imaginaire », pour désigner les produits de l’imagination dégagés de tout objectif mimétique20."

À ces disparités culturelles s’ajoute la multiplication des sous-genres de la fantasy, dont une typologie exhaustive semble difficile à établir. Ces sous-catégories, désignées lexicalement par les procédés d’antéposition anglaise et de postposition française d’un complément au substantif « fantasy », ont pour conséquence de fragmenter un peu plus la perception que nous pouvons avoir du genre comme ensemble cohérent. Quelques exemples : light fantasy, high fantasy, dark fantasy, oriental fantasy, science fantasy, heroic fantasy, steampunk, bitlit etc. En français on peut trouver : fantasy humoristique, fantasy urbaine, fantasy exotique, fantasy historique, fantasy épique etc.

Il semble bien que ces sous-genres, souvent proposés par les éditeurs, relèvent d’objectifs plus commerciaux que critiques. De tels classements ne sont ni fiables, ni stables, puisqu’ils se concurrencent et se confondent avant de disparaître pour être remplacés par d’autres en fonction des tendances porteuses.

Ces sous-catégories sont pourtant intéressantes car leur existence même, leur dénomination, dit quelque chose de l’intérêt du lectorat (et des éditeurs) en termes de sujets abordés, de tonalités ou d’atmosphères recherchées. La typologie esquissée par Jacques Baudou21 en 2005 constitue une base intéressante bien que partielle. Dans son chapitre intitulé « les différents types de fantasy », il relève sept catégories – six en réalité puisque la septième, baptisée « les francs-tireurs », regroupe les « écrivains qui occupent sur la carte de la fantasy les positions les plus excentriques, les plus singulières22 » – et nous allons brièvement les présenter.

La première est la fantasy humoristique, ou light fantasy. Cette catégorie réunit les textes parodiant les archétypes même de la fantasy, jouant des codes et des vocabulaires. Le meilleur représentant en serait Terry Pratchett et ses Annales du Disque-Monde23 dans lesquelles il use de tous les procédés comiques pour souligner parfois le ridicule de situations en écho au monde de ses lecteurs.

Le deuxième sous-genre identifié est la fantasy urbaine. « On appelle ainsi un type de fantasy dont les oeuvres ont pour décor une ville contemporaine dans laquelle se manifeste d’une manière ou d’une autre la magie24 », résume Jacques Baudou, en soulignant le caractère explicitement social de certaines de ces oeuvres. Ces romans ont pour cadre notre monde et la magie peut y être inconnue d’une partie de la population.

Le troisième sous-genre listé par Jacques Baudou est quant à lui mis de côté par Anne Besson : la fantasy exotique, ou oriental fantasy, ayant sombré, selon elle, dans l’oubli.
Elles [les catégories] s’exposent aussi à l’obsolescence, comme c’est le cas de l’oriental fantasy regroupant des oeuvres inspirées par la réception des Mille et une nuits, qui eurent leur heure de gloire mais ne justifient plus aujourd’hui d’une représentation suffisante pour constituer encore un sous-genre25.

C’est oublier que par « exotique » ou oriental, on peut entendre certes une référence aux Mille et une nuits, mais aussi aux civilisations asiatiques (Chine, Japon, Inde etc.), cadres qui peuvent renouveler le genre, par l’exploration d’autres mythologies, systèmes politiques et folkloriques.

Vient ensuite dans le déroulé de Jacques Baudou la fantasy arthurienne, inspirée de la légende du roi Arthur et des chevaliers de la Table Ronde. Avec ses multiples personnages, quêtes, batailles et intrigues amoureuses diverses, la matière de Bretagne est une source riche pour les auteurs de fantasy. Les univers celtiques et la civilisation médiévale dans son ensemble suscitent un intérêt toujours vif, liens largement abordés par les études universitaires, françaises notamment26. Cet intérêt pour l’histoire, qu’elle soit véridique, légendaire ou mythologique, est aussi porté par la fantasy épique, avant-dernière catégorie présentée par Jacques Baudou que nous abordons plus loin.

L’hybridation est du reste une caractéristique majeure de ces sous-genres : fantasy et histoire, nous venons de l’évoquer, mais aussi fantasy et science-fiction se contaminent volontiers. Ce dernier hybride, baptisé science fantasy, constitue un pont entre deux genres que l’on oppose fréquemment. Dans cette catégorie, illustrée notamment par les romans de Marion Zimmer Bradley27, si le contexte est celui de la science-fiction, certains éléments rappellent la fantasy. Le monde imaginaire de référence est celui d’une autre planète, souvent découverte par des humains maîtrisant une technologie avancée, et habitée par un peuple plus primitif ou « médiéval ». La science fantasy est un bel exemple de la confusion qu’entretiennent volontiers les auteurs des littératures de l’imaginaire qui jouent sans cesse avec ces catégories et leurs frontières.

La dernière véritable catégorie évoquée par Jacques Baudou est certainement la plus connue : la fantasy épique. Elle sera au coeur de notre travail.
C’est le type de fantasy qui dérive directement de l’oeuvre de Tolkien. Située à l’époque médiévale, elle constitue le continent le plus important de ce territoire protéiforme qu’est la fantasy28.
S’il semble que cette fantasy soit la plus connue et la plus représentée, elle reste pourtant, selon nous, la plus difficile à cerner. Si les autres catégories que nous avons déjà pu présenter se voient définies par un cadre spatial et géographique (l’Orient, la ville), un ton (la fantasy humoristique) ou la pratique de l’hybridation (la fantasy historique, la science fantasy), comment faut-il comprendre l’adjectif « épique » ?

Souhaitant doter la fantasy d’une légitimité qui lui est souvent refusée, des critiques considèrent l’épopée – qu’elle soit antique, médiévale ou indienne – comme la plus ancienne ascendance de la fantasy. Il est vrai que la fantasy a su reprendre à son compte nombre de motifs épiques : l’affrontement guerrier entre le Bien et le Mal, mettant en jeu le destin d’un royaume ou d’un monde ; destin reposant sur les épaules d’un héros aux talents guerriers hors du commun dans un monde où les dieux et la magie peuvent intervenir. Ces motifs empruntés sont aussi souvent détournés pour réinterroger les pratiques du genre ou le système de valeurs mis en place : ainsi les dieux peuvent être absents, l’héroïsme guerrier être critiqué, et le héros peut être un marginal, enfant, paria… ou femme. À bien des égards, la fantasy épique peut être considérée, non comme un sous-genre, mais comme le coeur même de la fantasy, sur lequel peuvent venir se greffer d’autres motifs comme l’exotisme ou l’humour.

Cette classification date de 2005 et ne relève pas certaines dénominations pourtant devenues canoniques : où sont l’heroic fantasy, la dark fantasy, le steampunk, la bitlit etc. ?

On ne peut que constater la complexité du phénomène et revenir plus prudemment au « fuzzy set » de Brian Attebery, les éditeurs de fantasy reconnaissant eux-mêmes le manque de clarté des catégories utilisées.
Trouver un nom pour qualifier un genre littéraire n’est pas chose aisée. Stéphane Marsan, directeur des éditions Bragelonne29, à propos de la bitlit par exemple, explique que :

Le premier enjeu était de trouver une dénomination qui soit la plus unificatrice possible. Si on avait commencé à dire qu’il y a de la paranormale romance, de la Fantasy urbaine, donc si on avait essayé de traduire tout ça… Il y a plein d’autres vocables d’ailleurs que je cite de temps en temps qui sont très rigolos, et sur lesquels on s’est penchés. Au tout début, je me souviens, les Anglais parlaient de Paranormal Porn, ce qui a le mérite d’être clair. Il y a fang bang aussi… D’ailleurs, à chaque fois qu’on rencontre un éditeur ou un agent, il y a une autre dénomination ! Jusqu’à dire Paranormal en général. Parce qu’avec Paranormal, les livres avec des sirènes, ça passe, le livre qui n’est pas tout à fait de l’Urban Fantasy, mais où il n’y a pas de romance, pareil. En gros, on s’est dit qu’il faudrait bien appeler ça d’une façon ou d’une autre, et la vérité vraie, c’est qu’en feuilletant un catalogue américain de droit qui pitchait plein de bouquins, à un moment donné, sur une liste, je suis tombé sur Bitlit, vraiment au milieu d’un paragraphe. Et je me suis dit que c’était rigolo, j’ai
29 proposé à Alain, et il a trouvé rigolo aussi. Et à ce moment-là, on s’est dit qu’on allait dire que c’était de la Bitlit30.

La fantasy, objet littéraire et éditorial, reste aujourd’hui encore un défi en termes de définition générique pour les théoriciens de la littérature. La critique anglo-saxonne ne s’y est d’ailleurs pas trompée, dans la réflexion qu’elle mène sur les littératures de l’imaginaire depuis plusieurs décennies.

La fantasy et la critique anglo-saxonne

La critique universitaire de la fantasy a tout à voir, ou presque, avec la naissance même du genre. Même si J.R.R. Tolkien (1892-1973) n’est pas l’inventeur de la fantasy – Anne Besson cite ses précurseurs dans son ouvrage La Fantasy31 –, il n’en reste pas moins l’un de ses pères fondateurs, aux côtés de Mervyn Peake (1911-1968) et de Clive Staples Lewis (1898-1963). Il faut noter que les deux membres les plus notables de ce « triangle », Tolkien et Lewis, étaient des universitaires, professeurs de langue et littérature anglaises à l’université d’Oxford et membres d’un cercle littéraire appelé les Inklings, où ils donnaient des lectures de leurs oeuvres en cours de composition : The Lord of the Rings (1954-1955) pour le premier, The Chronicles of Narnia (1950-1956) pour le second.

Il n’est donc pas étonnant de voir rapidement paraître des études universitaires sur le genre après le succès du Seigneur des anneaux et des Chroniques de Narnia. C.N. Manlove publie par exemple dès 1975 Modern Fantasy Five Studies32, études portant sur Charles Kingsley (1819-1875), George MacDonald (1824-1905), C.S. Lewis, J.R.R. Tolkien et Mervyn Peake tandis que Peter Tremayne s’intéresse aux influences du folklore irlandais dans le genre avec Irish Masters of Fantasy33 en 1979

Pourtant, en termes quantitatifs, la critique sur la fantasy fait pâle figure face à celle qui porte sur sa soeur-ennemie, la science-fiction. D’une part, l’histoire de ce genre est plus ancienne34. D’autre part, le genre bénéficie d’une réputation plus sérieuse et « scientifique ». La science-fiction a suscité une critique riche et variée, notamment si l’on s’intéresse, comme c’est notre cas ici, aux gender studies. Plusieurs études se sont penchées sur les personnages féminins présents dans les oeuvres de science-fiction, ont interrogé le traitement des questions de genre dans ces récits d’anticipation ou de projection dans des sociétés futuristes, qu’il s’agisse d’ouvrages entiers, comme The Battle of Sexes in Science Fiction de Justine Larbalestier paru en 200235, ou d’articles insérés dans des ouvrages plus généraux sur ce genre littéraire36. Cette concomitance entre science-fiction et études de genre s’explique peut-être par le caractère fondamentalement prospectif de cette littérature. Jane Donawerth, dans son article « Feminisms » paru en 2009, explique ces liens. Le personnel romanesque de la science-fiction permet aux auteurs de développer de véritables théories féministes : le cyborg37 par exemple, créature mi-machine mi-humaine, permet de dépasser les concepts de genre et de sexualité et l’androgyne peut devenir un nouvel ordre du genre dans des oeuvres ouvertement féministes."


Différence entre Fantasy ou Fantastique  - Page 2 1f600 Voilà voilà, je vous invite à lire la suite. Je ne vais pas coller toute la thèse ici !

Pour tous les amateurs de fantasy qui trouvent ces questions intéressantes, cette thèse apporte un ensemble de réponses, mais aussi de nouvelles questions. Elle vous permettra aussi de comprendre nos différents points de vue cités plus haut et pourquoi on les a, notamment pourquoi on considère la fantasy comme peu sérieuse, peu crédible. Mais aussi que même les éditeurs n'y pigent rien du tout à ces questions, même si ce sont eux qui le plus souvent créent ces classifications dans un but purement commercial afin d'indiquer ce qu'on doit écrire, ce qu'ils cherchent à publier, selon les mode du moment.

PS : cette thèse porte sur "la guerrière en fantasy", ça fait un moment que je voulais vous en parler ici et je le ferai quand j'aurai plus de temps. Une question qui m'avait beaucoup intéressée car j'ai plusieurs guerrières plutôt atypiques dans mon roman de fantasy et je me posais la question de leur traitement, de pourquoi elles me paraissaient insolites etc.
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fabiend
   
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C'est très marrant toute cette histoire, parce que dans le monde anglo-saxon, au moins les choses sont claires : fantastique et fantasy, c'est la même chose (les deux sont étiquetés "fantasy").

En France, on a voulu compliquer les choses parce qu'on avait un certain savoir-faire en fantastique au XIXe siècle, et que quand les genres littéraires se sont développés au XXe, c'était vraiment trop la honte d'étiqueter Balzac et sa "peau de chagrin", ou Maupassant et son "Horla", ou George Sand et sa "Petite Fadette" dans la même catégorie que Conan le Barbare ou que le Seigneur des Anneaux, alors on a fait deux catégories distinctes, en essayant tant bien que mal de justifier la coexistence de ces deux catégories ("mais siii ! Le fantastique, c'est quand il y a du surnaturel, et la fantasy, euh, c'est quand il y a du surnaturel aussi, mais du surnaturel qui est accepté par le personnage principal, ah mais s'il y a des fantômes et que le personnage croit aux fantômes, euh, c'est du fantastique quand même, parce que, euh...") Et je ne parle même pas du réalisme magique, que les critiquent tentent tant bien que mal de distinguer de la fantasy, sans jamais être capables de donner une définition de la fantasy dans laquelle le réalisme magique ne s'intègre pas.

Dans les faits, on se rend compte que, même dans l'acception anglo-saxonne, les frontières entre les sous-genres de la fantasy sont très floues et très poreuses (par exemple l'urban fantasy c'est de la fantasy contemporaine dans un cadre urbain, mais bien peu de gens iront classer les histoires de super-héros type Marvel dans la fantasy urbaine alors que ça colle parfaitement à la définition). On peut prendre n'importe quelle oeuvre de fantasy, demander à 10 spécialistes "c'est quel sous-genre ça", et on n'aura pas 10 réponses identiques. C'est beaucoup moins vrai avec les autres genres (la distinction entre hard SF et dystopie est très claire par exemple, pareil en policier avec la distinction entre roman cosy et thriller).

Moi j'aime bien ce genre qui se joue des classifications, je trouve que c'est ça qui fait le charme de la fantasy en fin de compte : c'est un genre assez mal défini, avec des sous-genres très mal définis, et qui ne se laisse pas mettre facilement en boîte. Même si c'est vraiment pénible au moment où il faut s'occuper du marketing et trouver le bon éditeur / la bonne illustration de couverture (selon qu'on s'autoédite ou pas).
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Mika  /  Effleure du mal


fabiend a écrit:
C'est très marrant toute cette histoire, parce que dans le monde anglo-saxon, au moins les choses sont claires : fantastique et fantasy, c'est la même chose (les deux sont étiquetés "fantasy").

En France, on a voulu compliquer les choses parce qu'on avait un certain savoir-faire en fantastique au XIXe siècle, et que quand les genres littéraires se sont développés au XXe, c'était vraiment trop la honte d'étiqueter Balzac et sa "peau de chagrin", ou Maupassant et son "Horla", ou George Sand et sa "Petite Fadette" dans la même catégorie que Conan le Barbare ou que le Seigneur des Anneaux, alors on a fait deux catégories distinctes, en essayant tant bien que mal de justifier la coexistence de ces deux catégories ("mais siii ! Le fantastique, c'est quand il y a du surnaturel, et la fantasy, euh, c'est quand il y a du surnaturel aussi, mais du surnaturel qui est accepté par le personnage principal, ah mais s'il y a des fantômes et que le personnage croit aux fantômes, euh, c'est du fantastique quand même, parce que, euh...") Et je ne parle même pas du réalisme magique, que les critiquent tentent tant bien que mal de distinguer de la fantasy, sans jamais être capables de donner une définition de la fantasy dans laquelle le réalisme magique ne s'intègre pas.

Dans les faits, on se rend compte que, même dans l'acception anglo-saxonne, les frontières entre les sous-genres de la fantasy sont très floues et très poreuses (par exemple l'urban fantasy c'est de la fantasy contemporaine dans un cadre urbain, mais bien peu de gens iront classer les histoires de super-héros type Marvel dans la fantasy urbaine alors que ça colle parfaitement à la définition). On peut prendre n'importe quelle oeuvre de fantasy, demander à 10 spécialistes "c'est quel sous-genre ça", et on n'aura pas 10 réponses identiques. C'est beaucoup moins vrai avec les autres genres (la distinction entre hard SF et dystopie est très claire par exemple, pareil en policier avec la distinction entre roman cosy et thriller).


Je suis tellement d'accord avec toi ! Je ne le dirais pas mieux.

Les autres genres voire sous-genres ont en effet une description bien claire (romance [ennemies to lovers, slow burn...], SF [dystopie, post-apo...] etc), avec des tropes bien identifiés permettant de les classer sans soucis. En fantasy, c'est plus flou et beaucoup rejettent même les tropes de la fantasy avec virulence, en les traitant de non-originaux, d'américains ou autre ! Cela créé des déserts dans certains sous-genres de la fantasy en France et une multiplication de certains sous-genres (pourtant jugés originaux, même si majoritaires, allez comprendre !). C'est fou je trouve, car on ne rejette pas les tropes de SF, de romance, de thriller etc quand bien même ils nous viennent de l'étranger, comme la New Romance qui nous vient des US, la romance inspirée de Jane austen, une autrice anglaise pourtant, à l'instar de Tolkien, ou encore des polars inspirés de polars scandinaves. Pourquoi juste la fantasy dans ce cas ??  Shocked


fabiend a écrit:
Moi j'aime bien ce genre qui se joue des classifications, je trouve que c'est ça qui fait le charme de la fantasy en fin de compte : c'est un genre assez mal défini, avec des sous-genres très mal définis, et qui ne se laisse pas mettre facilement en boîte. Même si c'est vraiment pénible au moment où il faut s'occuper du marketing et trouver le bon éditeur / la bonne illustration de couverture (selon qu'on s'autoédite ou pas).

En effet, je comprends que tous soient confus à ce propos, y compris les éditeurs. J'ai lu certaines interviews d'éditeurs avec leur définition de la fantasy qui m'a quasi faite tomber de ma chaise ! Comment des professionels du livre peuvent se tromper à ce point ?


Je me permets de revenir en citant cette fois-ci l'introduction d'un mémoire qui résume bien ce qu'est la fantasy et ses origines, pour ceux qui s'y intéresse (comme moi !) :

Université Lumière-Lyon2 Master 2 Recherche
Lettres Modernes
Maucourant Elie
POUR UNE FANTASY ENTRE RUPTURE ET CONTINUITÉ
Une étude de Même pas Mort de Jean-Philippe Jaworski

Ici : https://www.academia.edu/28315690/POUR_UNE_FANTASY_ENTRE_RUPTURE_ET_CONTINUIT%C3%89_Une_%C3%A9tude_de_M%C3%AAme_pas_Mort_de_Jean_Philippe_Jaworski?auto=download

Je cite directement :

"La fantasy est un genre originellement anglo-saxon, comme le prouve la morphologie du mot. On notera donc le choix de privilégier la désinence en « y » plutôt que de choisir l’orthographe française. Si le terme anglais est maintenu, c’est parce que ses fondateurs sont de langue anglaise. Avant de s’imposer en France dans les années 1970, la fantasy émerge avec des auteurs anglais tels que William Morris. Ses travaux d’ordre préraphaélite et utopistes le définissent comme précurseur du genre, notamment avec The Water of the Wondrous Isles (1897)1, The Wood beyond the World (1894)2, The Well at the World’s End (1896)3, des œuvres épiques qui auront un impact direct sur Tolkien. Il n’est cependant pas le seul écrivain de langue anglaise à annoncer la fantasy. Lord Dunsany, Clark Ashton Smith, H-P. Lovecraft et Robert Erwin Howard4 font également figure de précurseurs du genre. Tolkien donne l’assise que nous connaissons au genre, notamment avec le triptyque du Seigneur des Anneaux. Comme le précise Vincent Ferré :

Tolkien se place dans la lignée de Thomas Malory et des romans médiévaux comme ceux qui ont utilisé une matière ancienne pour en faire un nouvel usage, maillon d’une tradition littéraire millénaire, une longue ligne continue, indivisible, proche (...) de Milton ou de Chaucer, sans compter la littérature nordique.5

Il apparaît alors que la fantasy est un genre, par essence anglo-saxon, dont les origines sont à chercher du côté des « chansons de geste, des légendes arthuriennes et des sagas nordiques », comme l’explique Jacques Goimard. La fantasy, puisqu’elle s’inspire de la geste médiévale et des sagas, relève donc de l’épopée. Issue du grec « epos », définie par Aristote dans La Poétique comme un récit de style soutenu évoquant les exploits de héros et faisant intervenir « les puissances divines », l’épique est une des caractéristiques du genre qui nous intéresse.

Toutefois, à la différence des récits homériques ou de la geste médiévales, la fantasy est un genre romanesque. En ce sens, elle se rapproche à nouveau des grands récits médiévaux plaçant l’aventure au centre de la construction narrative, comme l’explique Erich Köhler : « le roman médiéval ne comporte pas seulement une suite presque ininterrompue d’aventures, il ne comporte surtout rien d’autre que ce qui a trait à l’aventure (...) c’est un monde spécialement créé et agencé pour la mise à l’épreuve du chevalier » 2. Le merveilleux est également une caractéristique du genre. Colin Manlove nous explique, en effet, que la « fantasy is a fiction evoking wonder, and containing a substantiel and irreductible elements of supernatural worlds, beings, or objects with which the mortal characters in the story or the readers become on at least partly familiars terms » 3.

Cet univers fictif et magique doit être décrit avec minutie. On retrouve, dans la fantasy, le besoin d’être exhaustif pour que le lecteur devienne familier avec le monde étranger qu’il découvre et pour qu’il en
perçoive l’immensité : La topographie, la toponymie, la faune et la flore, différentes des nôtres, font de cet univers un tout apparemment autonome, dont on peut tirer un atlas, classer les langues et les espèces (...) le monde semble donc excéder ce qu’en perçoivent les personnages et le lecteur. Les univers de fantasy sont, par ailleurs, « médiévalisants », c’est-à-dire qu’ils utilisent des éléments médiévaux sans toutefois prétendre à une quelconque historicité. Cependant, l’aspect « médiévalisant » n’est pas une norme, comme le prouvent les romans de fantasy se déroulant durant des époques rappelant l’Antiquité et ses mythes5. Mais le caractère épique et merveilleux occupe toujours une place essentielle dans ces récits. Leurs fonctions énonciatives restent les mêmes et seuls changent les noms de lieux ou des héros.

Faire de la fantasy, comme les romans épiques médiévaux, durant l’Antiquité n’est donc pas, en soi, un basculement des références, mais bien un rappel des origines de la fantasy, comme l’Iliade, récit fondateur du genre épique. La fantasy est donc un genre anglo-saxon contemporain romanesque, traitant avant tout d’aventure, puisant des éléments thématiques et énonciatifs dans le merveilleux et l’épique, tout comme elle trouve ses origines dans les grandes sagas nordiques, la geste médiévale et les légendes arthuriennes.

Le genre n’est pourtant pas populaire, à ses origines, en France. En effet, Le Seigneur des anneaux ne paraît en France qu’en 1972. Il faudra encore attendre quelques années avant que ne soient créées des maisons d’édition spécialisées : L’Atalante en 1979, Mnemos en 1995, Bragelonne en 2000. Souvent considérée comme relevant de la paralittérature1, elle est principalement portée par des auteurs de langue anglaise, bien que des auteurs français tendent à émerger : Mathieu Gaborit,
Henri Loevenbruck, Jean-Louis Fetjaine, Cédric Ferrand, Jérôme Noirez, Stéphane Beauverger, Hugo Bellagamba, Thomas Day, Olivier Peru, pour ne citer qu’eux.
Mais face aux anglo-saxons et à leurs parutions massives, il apparaît difficile pour les auteurs français de trouver une place à l’intérieur du genre.

C’est, en tout cas, la position intéressée de l’éditeur Stéphane Marsan, co-fondateur de Bragelonne, maison d’édition spécialisée dans les littératures de l’imaginaire : « La fantasy fut négligée des grands éditeurs - qui laissaient les petits s’y ébattre, comme du grand public - qui l’estimait réservée à un lectorat uniformément adolescent et masculin. Les auteurs français, de surcroît, peinent (...) à trouver leur place dans un paysage éditorial majoritairement anglo-saxon. Bien entendu, ni les Chansons de geste, ni l’Iliade et l’Odyssée ne peuvent être classées au rayon Fantasy. Mais reposant sur les mêmes ressorts, elles touchaient certainement leur auditoire de la même manière. Aussi, loin du dédain dont on l’accable, la Fantasy mériterait, de la part des grands éditeurs français, un surcroît d’attention. Les dragons cachent un trésor à prendre (...) Mais beaucoup [d’auteurs français de fantasy] ont en commun une négligence - volontaire ou pas - de l’efficacité narrative au profit de la création, de l’originalité », in Le Magazine Littéraire) : http://www.magazine-litteraire.com/actualite/paradoxe-fantasy-30-04-2008-32291.

Dès lors, comment s’imposer dans un genre dominé par les anglo-saxons, quelle rupture opérer et quels substrats mythologiques choisir pour un auteur français ? Car si la fantasy est si riche en dragons et en avatars de Siegfried, c’est avant tout parce que le substrat esthétique et thématique est celui des scandinaves et des anglo-saxons. Peut-être faut-il alors envisager une poétique entre rupture et continuité pour s’orienter vers une nouvelle fantasy. Nous comprendrons la poétique selon les critères de Roman Jakobson comme La fonction dominante [du langage] , déterminante, cependant que dans les autres activités verbales elle ne joue qu'un rôle subsidiaire, accessoire. Cette fonction, qui met en évidence le côté palpable des signes, approfondit par là même la dichotomie fondamentale des signes et des objets.1 Cette « fonction dominante » permettrait aussi d’entretenir un nouveau rapport à l’Histoire, et d’interroger la fantasy dans son rapport compulsif à l’exhaustivité et au savoir. Une poétique entre rupture et continuité sous entend également le choix de nouveaux substrats mythologiques et esthétiques : l’héritage francophone est riche, par exemple, en « fond diffus » celtique, peu connu du grand public, mais apte à remplir les mêmes fonctions énonciatives que ce que l’on attend dans le roman de fantasy. Une nouvelle poétique amène également à s’interroger sur la question du type de lecteur visé, car si la littérature de fantasy anglo-saxonne ne semble pas souffrir de l’amalgame entre la fantasy et paralittérature2, les productions françaises ont du mal à être considérées comme une littérature en soi, et sont souvent, comme nous l’avons vu précédemment, associées à la paralittérature, une littérature de consommation pour jeunes adolescents. "


Cette définition résume bien ce qu'est la fantasy et notamment les difficultés de la fantasy française à trouver sa voie. Je partage pour ma part l'avis du co-fondateur de Bragelonne cité plus haut. Les auteurs de fantasy française doivent trouver leur place dans un paysage dominé par les Anglo-Saxons. Je suis aussi d'avis, quoi qu'on en dise, qu'il faut dissocier la fantasy de la littérature jeunesse et la considérer comme de la littérature à part entière. Et pour ce faire, cesser de tenter de l'élever en la plaçant dans la littérature blanche et en lui donnant des noms à la con comme "réalisme magique", mais au contraire la prendre comme elle est, en acceptant ses tropes et en considérant l'histoire française comme riche et belle, un bon terreau pour écrire de la fantasy. Smile
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