Bonjour,

J'ai une petite question qui ne devrait pas prendre trop de temps : je n'arrive pas à choisir la narration de mon texte. J'ai des chapitres en "je" et d'autres en "il" qui s'alternent. je suis a mon aise avec les deux narrations, et avant de prendre ma décision finale, je voudrais savoir si les éditeurs ont une préférence pour l'une ou l'autre forme de narration. En auriez-vous déjà entendu parler ?

Merci beaucoup, des bisous !

Je sais que les éditeurs de romance ont tendance à privilégier la 1ère personne, mais pour le reste des genres littéraires, ça ne dépend que de toi, de ton roman et de l'éditeur que tu vises. N'hésite pas à feuilleter les ouvrages précédemment publiés par les ME qui t'intéressent, ça peut te donner une idée générale de la tendance.
Après, je pense que pour beaucoup d'éditeurs, ça n'a pas d'importance.

Absolument pas d'accord avec le fait que la majorité des fictions actuelles sont écrites à la 3e personne. Tout dépend du genre littéraire, et même là, il n'y a pas de règles. De plus, certains romans de fictions ne se prêtent pas à une narration à la 3e personne : ça dépend.

Pour ce qui est de changer de personne selon le chapitre, en réalité, pourquoi pas. Ça peut coller avec un style de narration ou avec une intrigue ; il faut juste que ça ait du sens, que ce ne soit pas une alternance hasardeuse.

Et un roman écrit à la 3e personne peut être très interne, très intimiste : encore une fois, ça dépend du roman.

J'ai écrit un roman qui a été accepté en ME et qui alterne entre la 1ère et la 3ème personne (intrigue dans le passé VS le présent). Il avait par ailleurs été bêta lu avant, et tout le monde m'avait dit que ça fonctionnait bien. Donc, si tu as une bonne raison narrative d'alterner entre les deux, c'est tout à fait possible !

Après si tu veux absolument choisir entre 1ere et 3eme personne, il faut que tu te poses la question de ce qui s'impose le mieux à ta démarche narrative.

Exemples :
- Est-ce un roman intimiste ? Un roman introspectif ? Un roman qui pourrait bénéficier d'avoir un "unreliable narrator" ? --> Plutôt 1ere personne

- Est-ce un roman à multi-points de vue ? Un roman où l'intrigue bénéficie du fait que la narration prend du recul/de la distance sur les pensées du personnage principal ? Un roman très descriptif ? --> Plutôt 3ème personne

J'ai aussi un roman alternant entre 1ère personne (chapitres racontés du PDV interne, limité, de mon personnage principal féminin) et d'autre en 3è personne (omnisciente) dans les chapitres qui suivent les autres personnages, quand mon héroïne est absente, surtout que je suis deux histoires en parallèle d'elle et d'un autre personnage qui se recroiseront plus tard, donc deux intrigues parallèles sur la même durée de temps. Et je m'étais posée la question de savoir si cette alternance était un souci mais depuis j'ai trouvé pas mal d'exemples de romans où cela se fait : le plus connu c'est apparemment Outlander (même si je ne les ai pas lus, j'ai jeté un oeil pour vérifier), mais en romans plus classique il y a "Les tambours de la pluie" d'Ismaël Kadaré, et je suis aussi en train de lire "Terreur" de Dans Simmons qui alterne un chapitre par personnage, et si la plupart sont à la 3è personne, une partie est à la 1è personne (les chapitres du médecin, qui écrit son journal). Et parmi ceux à la 3è personne, certains sont écrits au passé simple et d'autres au présent (surtout au début du roman), comme quoi on peut prendre pas mal de libertés formelles, tant que c'est maitrisé !!

Bonjour,

Ca dépend du genre et du sujet. Il y a certains sujets qui fonctionnent mieux avec "je" (si tu veux écrire un truc très chargé émotionnellement, par exemple). C'est pour ça que les romances privilégient souvent la première personne. Pour tout le reste, je dirais que la troisième personne est ce qu'il y a de plus conventionnel.

Dans mon roman, j'ai aussi prévu d'écrire la majorité à la 3e personne, mais certaines parties seront à la 1ere personne. C'est totalement assumé et il y a des choix narratifs derrière, en-dehors même des obligations de genre comme l'épistolaire et l'autobiographie.

Dans un roman, on peut tout faire, même ce qu'on n'a en théorie pas le droit de faire. Il faut seulement qu'il y ait des choix conscients derrière. Si tu alternes parce que..., ce sera toujours légitime : le lecteur sera peut-être intrigué au début, mais comprendra vite tes raisons.

Cela dit, si tu n'as aucune raison, je te conseille de choisir. La 1ere personne si c'est un récit émotionnellement chargé, la 3e personne dans les autres cas parce que c'est ce qui est le plus courant.

Comme les camarades l’ont dit, tu fais absolument ce que tu veux, sauf en romance où la première personne du présent est devenue une norme incontournable.

(Je tiens quand même à dire qu’on peut écrire des choses émotionnellement chargées à la troisième personne et que ça fonctionne très bien. En tant qu autrice c’est au moyen de la troisième personne que j’arrive le mieux à transmettre les émotions de mes personnages.)

Je n'interviens pas souvent sur le forum mais je suis tombée par hasard sur ce sujet et je voudrais juste mentionner la nouvelle "Point of view" de Lucia Berlin. J'aime beaucoup cette nouvelle et il me semble qu'elle a tout à voir avec la question posée ici.  

Dans la nouvelle, la narratrice de l'histoire est l'autrice elle-même, donc elle utilise le "je", et elle parle de la création d'un personnage pour lequel elle utilise "elle". Dans son texte, elle nous fait comprendre qu'elle veut que lea lecteurice éprouve de l'empathie pour ce personnage "elle", mais le "elle" et le "je" finissent par se confondre, de façon à ce que ce soit pour l'autrice qu'on éprouve cette empathie.

Je suis désolée, mes propos sont un peu confus et ils ne font absolument pas honneur au texte de Berlin, mais je vous promets, la nouvelle est vraiment bien. Je ne sais pas si elle existe en français, mais si vous lisez l'anglais, elle est dans le recueil "A manual for cleaning women: Selected stories"

Bonjour,

Comme l'ont déjà dit les précédents, il est possible de faire beaucoup de choses, du moment que le choix est réfléchi et participe à la construction narrative.
J'ai déjà alterné 1ere et 3e personne dans un roman. Une fois avec des personnages différents, une autre fois avec le même personnage, à des périodes temporelles différentes.

Ensuite, il faut avoir en tête que chaque personne à ses avantages et ses inconvénients, qui vont dépendre également du temps de narration choisi (une 1ere personne au passé sera plus sous une forme de "journal de vie" et pourra se permettre des réflexions de la part du "je" en train de raconter, alors qu'une 1ere personne au présent sera dans l'immédiat : il ne pourra pas dévier du cadre de l'action, par exemple pour un aperçu de description ou une réflexion en plein milieu d'un affrontement).

Personnellement, je trouve la 1ere personne plus difficile à maitriser (c'est parfois compliqué de rendre un récit naturel en évitant les pièges de 'l'auto psychanalyse" ; il faut aussi éviter l'accumulation des "je" sans possibilité de replacer par le prénom de la personne).
Un récit à la 3e personne focalisée peut souvent être tout aussi (voire plus, selon moi) immersif dans les pensées du personnage, car le narrateur s'efface complètement : ce n'est plus "je" qui nous raconte ce qui est arrivé, c'est le lecteur qui vit l'histoire au travers des yeux du personnage.

Après, chacun a ses propres affinités d'écriture et certains choix peuvent découler de la forme souhaitée pour le récit

Merci a tous ! Je vais écrire le roman entier a une seule personne choisie au préalable, d'où ma difficulté de prendre une décision. Mais si les ME sont plutôt neutres de manière générale, je vais en effet aller feuilleter les ouvrages en librairie et me décider. Il me semble que ca penchera pour la première personne si je n'ai pas d'influence extérieure

Tu peux aussi regarder les articles de Stéphane Arnier sur le sujet, qui sont pas mal pour s'aider à choisir.
(Du moins, ça permet un bon brainstorming.)

Je crois que l'essentiel a déjà été dit plus haut.