1.

Je t’ai dans la peau

Faut-il encore se dire
Les mots que l’on respire
Ne sont-ils pas encrés
Dans nos cœurs accolés
Nos chairs, nos idéaux
J’ai tatoué ma peau
D’initiales natives
Entrelacées, lascives
A l’envers, à l’envie
Quatre lettres nous lient
Des syllabes, un nom
A toi, mon compagnon.




2.

Dans le bon pain d'un compagnon
Dans ton gobelet, ami splendide,
Rares compas rencontre-t-on !
Ils nous rendent le ciel limpide
Guidant l'arc haut du bon vin
Alors
Nos rires fusent, cristallins

Devin navigant à travers
Toutes les digues nécessaires,
Je m'en irai honorer, fier,
La vraie nature de nos fers
Ainsi que les compas cerclèrent
Tous nos communs itinéraires

Gare aux élans ulysséens
Qui nous en remettent au chien
Ce que nous connûmes en mer
Défend de te laisser derrière.

C'est une loi de géomètre
De légionnaire, de kilomètres.
C'est la charnière solidaire
Entre la pente et le rayon,
Une sorte d'alchimie solaire
Entre la pointe et le crayon.




3.

Nuit chaleureuse.

La douceur d'une lumière brune et or.
La chaleur d'une chambre, drôle de décor.
Bien sûr, quelques squelettes qui fument encore
Et le reste du monde que la nuit dévore.

Un brave harmonica qui valse quelques pas,
Chants ivres qui ratent et râlent et rient quelques notes,
C'est dans les sots détails débiles posés là
Que l'implicite humanité, souris, grelotte.

Entouré des vieux frères ris à demi-mort,
On pense aux demi-frères pris de vieux démons.
On prie. Et se dessine l'immatériel corps,
Qui seul peut nous tirer jusqu'au-delà des monts.




4.

Elle aime
Quand il vient se loger
Dans le creux de son lit.

Elle aime
Regarder à ses côtés
Comment tombe la pluie.

Elle aime
Ses deux yeux verts,
Où elle peut lire la tendresse

Quand elle lui offre sa cuisse,
Et des poignées de caresses.

Quand elle brosse son dos,
Qui se courbe sous ses doigts.

Quand elle lui sert son eau,
Quand il ronronne tout bas.

Elle prend,
Avec effroi,
Ses offrandes, ses cadeaux.
Une mésange ou un rat
Qu’elle enterre aussitôt.

Elle retrouve,
Près de lui,
Celui qui la quitta.
Et sèche ses larmes la nuit,
Le serrant dans ses bras.




5.


Parasite intestinal


Depuis des années, il m’accompagne
De sa blancheur sous cutanée
Qui me ronge chaque jour
De ses dents avides

Cela fait maintenant 16 ans
Que j’essaie d’être Achab en colère
Qui tente vainement
De le faire disparaitre.

Car depuis que je l’ai rencontré
Je n’arrive plus à m’en détacher
Bien qu'il y a 2 ans environ
J'ai presque réussi à m'en débarrasser.

Mais cette baleine blanche sous cutanée
Compagnon d’infortune parasité
Me nargue
Me ronge
M’attaque
Mes organes se fanent
Leur printemps fond et se noie
L’énergie d’antan
La volonté de renouveau
De découverte
Les plongées dans les profondeurs
Des livres
Des mots
De la pensée
Tout se noie
Et disparait
Entrainé dans les bas-fond
De la paresse
Par ce compagnon
A la blancheur sous cutanée

Cela fait maintenant près de 16 ans
Que je suis obèse
Et que mon gras me pèse
Vil compagnon que je hais
Et que je n’arrive pas
A définitivement me débarrasser.




6.

- Petit Panda -

Il se faufile sous les draps
Silencieux, croit-il,
comme un secret qui danse
sur son monde endormi.  

Un oreiller de pavés
brille à la lune
son domaine, son ballet
d’un rodage de minuit

Il vole, un peu, il court,  
Au milieu du chaos des  
chaussettes enroulées,  
des lessives ? A la folie !

Au printemps l’aspirateur
séduira, trahira son pipou !  
Le tube serpentant le brisera
Il reviendra sans un bruit

Après la pluie les sables
mouvants d’aventures sur
un coussin de viande crue  
Après minuit plein de vie



7.

Mon petit ami

J'ai un petit ami
Plus qu'un petit souci
Vous savez c'est toujours à demi
Mais c'est lui qui me l'a dit

L'un j'ai pas assez bien promis
L'autre c'est lui qui me l'a dit
Vous l'avez reconni ?
Oui oui c'est bien lui qui me l'a dit



8.


Concours de poésie : Saison 2023 - 2024
Dixième session
Thème : "Le compagnon"
Position : 8 / 8
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Ian Donnelly
Manu
Matt Kowalski

Je devine une ode au compagnonnage, à ses exigences techniques et aux rencontres humaines qu’il véhicule. J’ai bien aimé les rythmes et lu ton poème avec plaisir.
Bel effort de rimes parfois décalées : du coup je n’aurai pas mis Alors tout seul.

Bel effort également pour les rimes. Presque 12 pieds partout. Des enchaînements de mots et d’idées parfois agréables, des fois moins. Que font des squelettes dans cette histoire ?

Une belle ode à son chat. J’aime beaucoup la forme du poème, les mots qui s’enchaînent et la musicalité.
Détail : pour maintenir un lien avec les doigts j’aurai utilisé caresse ou frotte plutôt que brosse.

Le poème est touchant, intime et décrit bien les ressentis. Des bons paragraphes rythmés et musicaux, d’autre moins.
Répétitions comme sous-cutanée

J’aime bien la première strophe, elle est bien rythmée et musicale. Ensuite, petit à petit, je pers la mélodie. Au final je n’ai pas compris l’histoire contée et je ne vois pas de compagnon

J’ai des pertes de rythmes à la lecture qui font que le texte ne coule pas en moi.
J’ai pas compris qui est l’autre.
Reconni : la rime est forcée