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 Du fameux mythe de l'auteur inconnu

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Leah-B
   
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Leah-B  /  Blanchisseur de campagnes



Bonjour/Bonsoir,

Je viens discuter avec vous d'un sujet qui me turlupine depuis quelques jours, et qui touche à la fameuse question des perspectives de publication dans les grandes maisons d'édition pour les auteurs "sortis de nulle part".

J'ai eu l'opportunité, via l'ami d'un ami d'un ami, de déjeuner avec quelqu'un qui travaille au sein d'une ME renommée. Dans un souci de discrétion, je choisis de taire le nom.

Comme vous vous en doutez, ce genre de rencontre, c'est du pain béni pour un.e jeune auteur.e. Mais même si mon interlocuteur a été des plus agréables, nos échanges m'ont laissé un goût particulier.

La ME pour laquelle il travaille reçoit entre 5000 et 6000 manuscrits par an, par la Poste, pour une centaine de publication dans l'année, pour l'ensemble des collections.

Ces chiffres, si vous n'êtes pas arrivés dans le monde de l'édition de la dernière pluie (de tout à l'heure, en somme), vous les connaissez. Le fameux, "beaucoup d'appelés, peu d'élus", "un manuscrit sur cent est publié" etc.

Sauf que.

Sur la centaine de livres publiés dans l'année par cette ME (qui n'est pas Gallimard non plus), moins de deux ou trois textes proviennent du service des manuscrits. Et encore, à ce que j'ai entendu, quand on creuse un peu, il est très facile de trouver des liens de copinages entre les "heureux élus" et toute une population d'auteurs, d'éditeurs, d'universitaires, d'influents...

Selon cette même personne, chez eux, il est quasiment impossible de voir popper un auteur sorti de nulle part, même s'il a accouché d'un chef d'œuvre. On en pioche un de temps en temps, histoire de maintenir le mythe du génie sorti de sa fange par la grandeur de son talent, (parce que ça, ça plaît), mais c'est tout.

Tout ça, parce que, en toute simplicité : la ME croule sous les opportunités. Parce que les auteurs installés se disputent la place, parce que les classiques n'en finissent plus de se vendre, parce que c'est plus intéressant de surfer sur les tendances, parce que c'est parfois stratégique de publier telle ou telle relation, parce que c'est plus sexy de présenter Marie-Adèle de Prout-Prout, 25 ans, tout juste sortie de la Sorbonne, que Jean-Michel de la Creuse... Les éditeurs sont comme dans un champ de fleurs au mois d'août. Ils n'ont qu'à se baisser et cueillir.

J'ai parlé un peu de moi, de mes projets. Je n'ai aucune prétention en temps qu'auteure et aucune volonté de me servir de cette rencontre pour amorcer quoi que ce soit. De toute manière, je n'ai aucun manuscrit de prêt. J'ai donc parlé de De sueur et de ciel, de mon parcours éditorial avec la jeune "Abeille Bleue", petite maison d'édition fort sympathique, mais avec un rayonnement limité (pour le moment en tout cas). Mon interlocuteur est très clair, et met en exergue le "fossé" qui sépare l'édition qu'il connaît et le "petit monde des auto-édités et des petites maisons de provinces" (ça a l'air super pédant dit comme ça, mais promis, le gars était sympa, juste pas méga optimiste). Selon lui, avoir déjà signé dans une maison d'édition, si ce n'est pas une de celles domiciliées dans le quartier latin, eh bien ça n'a aucune espèce d'importance sur un CV d'auteur.

Nous en arrivons alors à la partie lunaire de l'échange, qui n'a pas été sans m'évoquer la tirade des "non merci" de Cyrano de Bergerac. Selon cette personne, si on est auteur et qu'on désire "percer", une fois qu'on a dans la poche un manuscrit "publiable" (notion discutable), ce qu'il convient de faire, c'est du contact, et rien que du contact. Que les services manuscrits, c'est un outil marketing pour faire rêver les lecteurs aspirants auteurs et donner une image d'une maison ouverte sur le monde. Mais qu' "à part 2-3 pélos dont on se gardera bien de dire que c'était un ancien stagiaire ou la fille de tel fournisseur, personne ne sortira de la Poste".

Bonus : quelques précisions sur les lectures de manuscrits : toujours selon cette personne, qui a travaillé au service manuscrit de cette ME : il suffit souvent d'une page pour savoir si un manuscrit rentre dans la catégorie des "publiables". Mais la moindre boulette dans la première page ou le synopsis et c'est le bac de recyclage. Problèmes les plus fréquents : erreur de langue, de syntaxe, présentation douteuse, pitch qui laisse entendre une intrigue creuse, mal construite ou déjà vue. En tête de liste pour la destination poubelle : tout ce qui a trait à l'autobiographie "On en a ras-le-bol de recevoir des récits de familles de gens qui s'imaginent que leurs petites vies vont enflammer la sphère littéraire". Proscrit aussi : le ton "Baudelaire" --> camper l'artiste torturé dans sa lettre de présentation.

Cette ME applique une politique "on ne perd pas de temps", et "si un manuscrit ne paraît pas intéressant, que ce soit de par sa lettre, son incipit ou son résumé, on ne fait pas de sentiment, on passe au suivant". Et clairement, on ne peut pas leur en vouloir. Combien faudrait-il embaucher de personne pour lire 6000 manuscrits par an ? Cela en fait 16 par jour !

Nous avons ensuite parlé des maisons "moyennes" et convenu que leur fonctionnement était probablement plus souple, et peut-être finalement la bonne cible pour les jeunes auteurs "sortis de nulle part". Et encore...

En ce qui me concerne, je suis tout à fait perplexe. Je suis très satisfaite de mon expérience chez l'AB, même si j'ai pas fait mille ventes, et je sais qu'il me reste encore un très long chemin à parcourir avant d'accoucher d'un texte véritablement "littéraire". La question sera donc plus tard (peut-être).

Voilà, j'espère que je n'ai pas ruiné votre soirée Cool J'espère que ce post pourra vous aider à mieux recevoir votre non de chez Gallimard ^^ Personnellement, même si j'avais bien en tête le "un manuscrit sur mille" etc., je ne m'imaginais pas que les relations humaines prenaient autant de place et cela m'interroge... Qu'en pensez-vous ?


 
Page de Bâtons
   
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Autant le côté "un manuscrit sur mille" et "de toute façon les éditeurs jugent en une page", ça ne parait pas surprenant, voire même assez logique. Mais l'aspect aussi prépondérant des relations et du réseau (du moins pour les grandes ME) me déprime un peu, je ne pensais pas que c'était vraiment à ce point.

Ça colle pas mal avec d'autres discussions que j'avais lu ici, où il était indiqué que le fait de relancer une ME après avoir reçu une proposition de contrat d'une autre ME n'était que rarement utile, puisque cela n'avait soit aucun effet, soit même cela les poussait à sortir notre manuscrit de la pile. Si, comme tu le dis, les ME ont autant de possibilités... cela se comprend. Peu leur importe de passer à côté d'un bon manuscrit, finalement. Et je me demande si ça n'explique pas en partie pourquoi la littérature anglo-saxonne a largement dépassé la francophone (alors, certes, le nombre d'auteurs en langue anglaise aide, mais, malgré les problèmes de leur système basé sur les agents, au moins, leur fonctionnement semble plus ouvert aux véritables auteurs inconnus, et donc peut-être au renouvellement et à la créativité).

Je me souviens, en SFFF en France, avoir lu les parcours de certains auteurs aujourd'hui célèbres, et de me rendre compte que finalement, pour beaucoup d'entre eux, au début de leur carrière, ils connaissaient tel éditeur ou personne importante, ou que c'est leur ami machin truc qui les a référé à telle autre personne...

Après, j'espère bien que ce n'est pas tout le monde. Il y a bien des exemples d'auteurs inconnus publiés par de grosses maisons (je pense à Dabos par exemple), mais peut-être que, effectivement, cela illustre qu'il est possible, voire même très probable, de ne jamais être publié par une grande ME malgré un excellent manuscrit.

Bon, après, j'imagine qu'on ne peut pas y faire grand-chose à notre niveau Razz
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J'ai eu cette conversation quelques fois sur d'autres topics avec Enir' par rapport à l'importance des contacts.

Les contacts sont très importants, mais je pense qu'il y a tout de même moyen de gravir les échelons. Publier avec une petite ME permet de faire des salons, d'y nouer des contacts, peut-être de publier dans une ME moyenne, de nouer d'autres contacts au fil des événements et ainsi de suite...

Parfois, il y a aussi de petits miracles. Une autrice d'une série vampirique chez Petit Caveau a été repêchée par Bragelonne il y a quelques années

Ensuite quartier latin... Je me suis pas Française, qu'elles ME y ont leurs bureaux ? J'ai l'impression que ça touche surtout la blanche et pas forcément le jeunesse, la romance ou l'imaginaire (dites-moi si je me trompe).

Pour ma part, je me suis faite seule. Je suis passée par les soumissions traditionnelles et, petit à petit, je joue des contacts qui me servent. Ce n'est pas impossible sans être là nièce de x ou le petit-fils de y ! Même si, concernant les grosses ME, c'est plus dur d'y entrer par la voie traditionnelle, certes. Cela confirme ce que j'ai déjà entendu (et que je savais déjà) sur plusieurs ME.
 
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J'imagine que c'est pour ça qu'il y a des concours qui servent à piocher le nouveau champion sorti de sa campagne, une fois de temps en temps ?
Y'a quand même de grosses ME où on rentre sans "contacts" : Bayard presse, par exemple (j'ai testé pour vous).

https://linktr.ee/emilie_goudin.lopez En ligne
 
Phyrik
   
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Marrant, parce que c'était exactement ce que j'étais en train de me dire: qui pourrais-je connaître qui soit proche d'une maison d'édition, aha?
J'en avais entendu parler il y a quelques temps par des écrivains édités par de grandes maisons et qui disaient exactement la même chose.
Ce qui me fait penser à tous ces grands concours, qu'ils soient littéraires ou autres, où le copinage entre pour 99% dans les résultats.( de source sûre et directe)
 
Florence_C
   
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Je viens dire le contraire : mon manuscrit a été publié chez Actes Sud Junior alors que je n'avais aucun contact.

Quand l'éditeur m'a téléphoné, il m'a posé des questions et il ne savait pas que j'avais déjà publié d'autre livres.

Effectivement, il m'a dit qu'ils publiaient en moyenne 1 livre arrivé par la poste tous les 2 ans... Mais comme quoi, il est possible d'entrer dans une grande ME sans aucun contact...
http://fcochet.wix.com/fcochet
 
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1 livre tous les deux ans, ça laisse songeur...
 
Leah-B
   
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Leah-B  /  Blanchisseur de campagnes


Hello !

Je rebondis sur quelques remarques + quelques précisions


@Pâge

Je ne connais pas bien la littérature anglo-saxonne, en tout cas pas la moderne. J'ai eu vent de ce fonctionnement "par agent" et le concept est séduisant et peut-être, au final, un peu plus égalitaire... à voir.

Effectivement, la ME dont je parle est une ME qui publie essentiellement de la littérature blanche. C'est sans doute moins fermé en SFFF, jeunesse... ^^

J'ai cherché des noms d'auteurs qui publient de la blanche dans les grandes ME parisiennes et pour le moment, je ne trouve personne "sorti de nulle part". Ce sont la plupart du temps des gens qui ont fait des écoles ou des carrières spécifiques. (diplomates, professeur.e.s, historien.ne.s, journalistes...)

Pour le "passer à côté d'un excellent manuscrit", je ne sais pas. Le service de manuscrit de cette maison tel qu'il m'a été présenté laissait entendre que si, s'il y avait un "bon" manuscrit dans le lot, ils étaient capables de le saisir. C'est ce que disait la personne. La première lecture élimine la quasi totalité des docs envoyés (premières pages + syno) , mais ceux qui restent sont lus et si pépite il y a, on saute dessus parce que comme s'il s'agit d'une grande ME, "l'auteur ne peut que dire oui."

Au final, ça ne colle pas trop avec le "chez nous, aucun auteur ne sera signé s'il ne vient pas de la part de quelqu'un". J'imagine que ça arrive une fois de temps en temps...


@Boisée

Je crois tout à fait à l'ascension "par marche". Publier dans une petite ME, puis une plus grande et ainsi de suite... jusqu'à arriver au niveau qu'on espère, qui n'est pas forcément celui des grandes maisons parisiennes.

L'importance des contacts... ça, je pense que tout le monde a en tête qu'avoir un réseau, ça aide. Ici, mon post visait davantage à mettre en lumière l'idée que pour ce type de ME, les contacts ne sont pas "importants", mais essentiels. (sauf très rares exceptions)

Le quartier latin, c'est un lieu bien particulier, puisque c'est tout simplement le berceau de la littérature française. (J'imagine que même sans être française, tu as quand même quelques notions)Tu as la Sorbonne, (l'université), le Panthéon, les bouquinistes, la rue des écoles, le boulevard Saint-Germain, le fameux Café de Flore...  C'est le rendez-vous des grandes plumes depuis le moyen-âge. Baudelaire, Rimbaud, Balzac et tant d'autres sont passés par le quartier latin.

En ME, tu as  : (de tête, il y en a beaucoup d'autres, rien que dans la rue St André des Arts, tu croises plusieurs noms sur les portes)

- Eyrolles (avec leur librairie d'un km de long...)
- Gallmeister
- Calmann-Levy
- Héloïse d'Ormesson
- Fayard
- Hachette
- Gallimard
- Denoël
- Payot
- POL
- le CNRS
- Dunos
- Stock
- Les éditions de Minuit (ils ont été racheté, je crois ?)
- les  Arènes
- Odile Jacob
- Lattès

Et si tu traverses le boulevard Montparnasse, tu as Albin Michel.

Donc, oui, ça concerne beaucoup la blanche, mais, non, ça ratisse extrêmement large Smile

Citation :
Pour ma part, je me suis faite seule. Je suis passée par les soumissions traditionnelles et, petit à petit, je joue des contacts qui me servent. Ce n'est pas impossible sans être là nièce de x ou le petit-fils de y !

Tu t'es "faite" seule (ça fait écho à une tirade de la marquise de Merteuil Wink ), mais tu es encore jeune et nulle doute que beaucoup d'aventures et de rebondissements t'attendent dans ta vie d'auteure Smile Ce serait dommage d'être "fait" à 21 ans. Et oui, dans les petites/moyennes ME, c'est déjà plus facile sans être le neveu ou la nièce de quelqu'un ^^


@Elo

La question des concours mérite réflexion, j'ai le sentiment que "the" outil pour court-circuiter le problème. On en a déjà parlé un peu en MP, et il me semble qu'un post était passé...


@Phyrik

C'est ce qui m'a rendu un peu amère. Ce "besoin" de créer du contact, alors qu'à la base, ce n'est pas ça le métier d'auteur. J'ai eu le sentiment que cela remettait beaucoup en question l'idée de "occupe toi d'écrire un bon manuscrit, le reste viendra tout seul" qui se décline pour toutes les formes d'art "si tu fais du bon travail, ceux que tu cherches à intéresser viendront naturellement vers toi". Pour ma part, j'ai quelques connaissances sur Paris, dont certaines dans le milieu de l'édition. (Chez Albin, notamment). Mais je ne vois pas du tout aller "leur lécher l'écorce", pour reprendre la métaphore de Cyrano. Pire, je pense qu'ils me verraient venir de très loin, et c'est absolument pas l'image que je veux donner. Enfin, tant que je n'ai pas de manuscrits pour ce type de ME...

Je vous met la tirade de Cyrano, qui pourrait plaire aux adeptes de l'auto-édition :

Spoiler:

En début d'année dernière, j'avais été contacté sur Instagram par un éditeur d'une maison parisienne "moyenne", désireux de savoir si j'avais un manuscrit disponible... La place des RS est à interroger elle aussi.

@Florence

ça colle tout à fait aux propos de mon gars... et ça laisse un peu d'espoir quand même ! Cool Bon, pour moi, la question risque de ne pas se poser avant un moment, mais c'est toujours bien de savoir à quoi s'attendre.

Belle journée à vous !
 
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Leah-B a écrit:
Selon lui, avoir déjà signé dans une maison d'édition, si ce n'est pas une de celles domiciliées dans le quartier latin, eh bien ça n'a aucune espèce d'importance sur un CV d'auteur.
Ça ne m'étonne pas du tout. En revanche, avoir signé dans une petite ME te permet l'accès à certains Salons, où, là, tu as l'opportunité de réseauter et donc de pouvoir sauter dans "plus grand" par le biais des rencontres (et donc on revient à ce que cet éditeur te disait (et au raisonnement que j'avais proposé dans le sujet de BoiséeNoire)).

Leah-B a écrit:
je ne m'imaginais pas que les relations humaines prenaient autant de place et cela m'interroge… Qu'en pensez-vous ?
Je ne l'avais pas envisagé "à ce point-là" mais en même temps ça ne m'étonne pas. On parle de grosses grosses groooosses entreprises avec tout plein d'enjeux "politiques" et de "pouvoir" alors, forcément…
Mais c'est le jeu. Au lycée, j'avais deux camarades de classe qui voulaient faire journalisme. Pour leur stage d'observation au collège, elles avaient toutes les deux demander au France 3 de notre région. L'une n'a pas été prise. L'autre l'a été parce que sa sœur y travaillait. C'est comme ça que ça marche, dans les grosses boîtes...
Quand je cherchais encore du boulot, RTL m'appelle. Ils ont un besoin urgent et cherchent dans les CV gardés des anciennes candidatures. Au final, je n'ai pas le poste : l'autre décideur en recherche de son côté a trouvé quelqu'un avec pile la bonne expérience. Par le bouche à oreilles. Quand tu t'appelles RTL, France 3, Gallimard ou L'Oréal tu t'embêtes pas à prendre des gens inconnus sortis de nulle part : tu prends là où ça arrange ton entreprise : faire plaisir à un fournisseur qui du coup sera plus ouvert pour faire une ristourne, à un collaborateur pour maintenir son plaisir de travailler dans l'entreprise, etc.
Je suis peut-être pessimiste ou cynique mais je ne crois pas qu'on puisse s'en étonner. Ça me fait un peu le même effet que quand on tombe des nues parce qu'un politique a magouillé. Bah oui, ils magouillent. Y a tellement d'enjeux de pouvoir, d'image, de réputation, etc. pour bien se placer, qu'évidemment, si Macron peut faire en sorte de dire à ses petits copains à gauche qui se méfient des riches qu'il a pas à payer l'ISF, il le fera. Pour une question d'image et de relations dans sa classe politique. Et c'est comme ça pour tous.
Ça s'appelle un être humain. (Ouais, bon, là je suis carrément cynique xP)

Elopez a écrit:
J'imagine que c'est pour ça qu'il y a des concours qui servent à piocher le nouveau champion sorti de sa campagne, une fois de temps en temps ?
J'y pensais l'autre jour, justement, et je pense que du coup ça répond à la question de BoiséeNoire sur blanche/imaginaire. Les Imaginales, les Murmures et le concours Rageot, c'est pour les gens jamais publiés. S'ils en sont à monter un truc comme ça, c'est bien qu'ils savent qu'il y a un "problème" de renouvellement dans le système. Donc blanche/imaginaire, même combat (et tout à coup, le fait que Yaëlle ait été refusée de Hachette pour ensuite gagner leur concours 6 mois plus tard s'explique).

Florence_C a écrit:
Effectivement, il m'a dit qu'ils publiaient en moyenne 1 livre arrivé par la poste tous les 2 ans... Mais comme quoi, il est possible d'entrer dans une grande ME sans aucun contact...
Ce que rapporte Leah-B ne dit pas le contraire : on en pioche un de temps en temps. Comme ce gars qui a lu les classiques pendant le confinement à la caisse de sa supérette, qui se met à écrire et est publié dans une grosse ME (Albin Michel ? me souviens plus). Les journalistes en parlent, ça maintient l'illusion, et puis hop !

Edit
Leah-B a écrit:
En début d'année dernière, j'avais été contacté sur Instagram par un éditeur d'une maison parisienne "moyenne", désireux de savoir si j'avais un manuscrit disponible... La place des RS est à interroger elle aussi.
Très clairement, quelqu'un qui a pas mal de présence sur les réseaux (cas extrême, Nabila qui a sortis au moins un bouquin, de mémoire) a des chances d'attirer parce qu'il a un public d'acheteurs potentiels. Ça me fait penser aux réponses sous le tweet d'Adrien Tomas, il y a quelques temps. Il avait donné le montant de son premier contrat, et de son dernier et invitaient les auteurs à faire de même pour démystifier. Une fille a répondu qu'elle avait eu un gros avoir (très honnêtement, je ne me souviens plus de la somme mais ça dépassait le millier d'euros) pour son premier livre (roman ?) et ajoutait : "mais j'ai 6 000 abonnés". Que ça soit sa manière d'expliquer, ou issus d'une négociation avec l'éditeur où les abonnés étaient clairement mis dans la balance, la raison est quand même là.
Comme il y a de plus en plus de livres mais que le nombre de lecteurs acheteurs (je distingue avec les lecteurs des plateformes, qui n'achètent pas toujours les livres à côté : par exemple ma sœur s'enfile des kilomètres d'histoires Wattpad mais elle n'achète pas de livres, à moins que ce soit la version imprimée d'un Wattpad qu'elle a aimé) n'augmente pas, eh bien avoir un socle d'acheteurs permet à la ME de se dire "OK, on sait que 50% des abonnés achètent les livres [je donne le chiffre au pif, c'est pour le raisonnement] : elle a 6 000 abonnés, donc elle en vend 3 000, on gagne de l'argent, on y va !".
(Ce qui permet, en principe d'avoir de l'argent à investir dans un auteur inconnu – quoi que vue comment la conversation tourne, j'y crois plus trop ou en tout cas c'est pas généralisé xP)
 
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Pour info il y avait un JE qui il y a peut être 3/4 ans avait publié chez Gallimard, en ayant envoyé son manuscrit par la Poste  (un ex militaire).
(je dis ça mais, oui, ça reste une exception...)

EDIT :
Citation :
Au lycée, j'avais deux camarades de classe qui voulaient faire journalisme. Pour leur stage d'observation au collège, elles avaient toutes les deux demander au France 3 de notre région. L'une n'a pas été prise. L'autre l'a été parce que sa sœur y travaillait. C'est comme ça que ça marche, dans les grosses boîtes...
Quand je cherchais encore du boulot, RTL m'appelle. Ils ont un besoin urgent et cherchent dans les CV gardés des anciennes candidatures. Au final, je n'ai pas le poste : l'autre décideur en recherche de son côté a trouvé quelqu'un avec pile la bonne expérience. Par le bouche à oreilles. Quand tu t'appelles RTL, France 3, Gallimard ou L'Oréal tu t'embêtes pas à prendre des gens inconnus sortis de nulle part : tu prends là où ça arrange ton entreprise
Effectivement ça marche pas mal comme ça... après, pas toujours...
J'avais fait un stage au Monde, et parmi les nouveaux stagiaires j'y ai rencontré un mec qui avait de la famille dans le milieu (et c'est pour ça qu'il a été pris), en revanche moi, pas du tout... la DRH m'a d'ailleurs bien dit qu'elle m'avait pris parce que j'avais de l'expérience en PQR (presse quotidienne régionale : j'y avais fait un stage plus quelques piges), qu'elle trouvait ça bien...


Dernière édition par Cosmos le Dim 10 Avr 2022 - 12:17, édité 1 fois
 
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Camusso a reçu un mail comme quoi son roman était passé en comité de lecture chez Gallimard, donc, oui, c'est possible, mais ça reste une goutte d'eau dans un océan.
 
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Le père d'une pote qui est éditeur + auteur avait répondu "c'est déjà tellement compliqué pour nous..." quand elle lui avait parlé de moi et de mes projets. (je ne lui avais rien demandé ^^) C'est un lauréat du Prix Solidarité.

J'en reste sur l'idée de l'ascension "par marches"
 
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Leah-B a écrit:


@Boisée

Je crois tout à fait à l'ascension "par marche". Publier dans une petite ME, puis une plus grande et ainsi de suite... jusqu'à arriver au niveau qu'on espère, qui n'est pas forcément celui des grandes maisons parisiennes.

L'importance des contacts... ça, je pense que tout le monde a en tête qu'avoir un réseau, ça aide. Ici, mon post visait davantage à mettre en lumière l'idée que pour ce type de ME, les contacts ne sont pas "importants", mais essentiels. (sauf très rares exceptions)

Le quartier latin, c'est un lieu bien particulier, puisque c'est tout simplement le berceau de la littérature française. (J'imagine que même sans être française, tu as quand même quelques notions)Tu as la Sorbonne, (l'université), le Panthéon, les bouquinistes, la rue des écoles, le boulevard Saint-Germain, le fameux Café de Flore...  C'est le rendez-vous des grandes plumes depuis le moyen-âge. Baudelaire, Rimbaud, Balzac et tant d'autres sont passés par le quartier latin.

En ME, tu as  : (de tête, il y en a beaucoup d'autres, rien que dans la rue St André des Arts, tu croises plusieurs noms sur les portes)

- Eyrolles (avec leur librairie d'un km de long...)
- Gallmeister
- Calmann-Levy
- Héloïse d'Ormesson
- Fayard
- Hachette
- Gallimard
- Denoël
- Payot
- POL
- le CNRS
- Dunos
- Stock
- Les éditions de Minuit (ils ont été racheté, je crois ?)
- les  Arènes
- Odile Jacob
- Lattès

Et si tu traverses le boulevard Montparnasse, tu as Albin Michel.

Donc, oui, ça concerne beaucoup la blanche, mais, non, ça ratisse extrêmement large Smile

Citation :
Pour ma part, je me suis faite seule. Je suis passée par les soumissions traditionnelles et, petit à petit, je joue des contacts qui me servent. Ce n'est pas impossible sans être là nièce de x ou le petit-fils de y !

Tu t'es "faite" seule (ça fait écho à une tirade de la marquise de Merteuil Wink ), mais tu es encore jeune et nulle doute que beaucoup d'aventures et de rebondissements t'attendent dans ta vie d'auteure Smile Ce serait dommage d'être "fait" à 21 ans. Et oui, dans les petites/moyennes ME,  c'est déjà plus facile sans être le neveu ou la nièce de quelqu'un ^^

Ah, merci pour la liste (et non, je n'avais pas vraiment de connaissances hahaha) ! C'est beaucoup de ME auxquelles je n'ai jamais envoyé de manuscrit (sauf peut-être Hachette Roman et Gallimard Jeunesse) parce que ça colle pas avec ce que je fais.

Je suis rentrée chez Hugo Roman via un contact fait en salon. Par contre, je suis passée par les soumissions traditionnelles chez Robert Laffont.

Je sais pas si le contact interne est essentiel, mais assurément, ça facilite les choses et, sans lui, ça peut-être beaucoup, beaucoup plus long. Ça prend un coup de chance, être LE manuscrit chanceux de l'année ! Hahah !

 
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BoiséeNoire a écrit:
(et non, je n'avais pas vraiment de connaissances hahaha)
Si ça peut te rassurer, moi non plus x)
 
Caliria
   
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Caliria  /  Autostoppeur galactique


C'est vrai que tout ça n'est pas fait pour rassurer... et en même temps oui il parait presque logique quoique pas nécessairement juste pour autant que si on a un contact, ou un contact d'un contact... on a plus facilement l'occasion de voir se présenter une opportunité.

Pour le coup je pense que le "l'édition c'est une histoire de rencontre" que l'on peut voir scandé par plein d'éditeurs est vrai, mais dans tous les sens du terme! Qu'on soit l'Elu parmi des milliers qui a la chance de, pour X raison, faire vibrer un éditeur alors que notre manuscrit sort de nulle part, parce que ce jour là c'est tombé entre ses mains et que c'est bien tombé, ou qu'il fasse tout le parcours de passer entre les mains de plusieurs lecteurs + CL et qu'il émeut tout le monde au point de faire "Bingo", que l'on connaisse qqun qui connait quelqu'un, et que effectivement ça nous permet, non pas de le placer tout de suite, mais au moins d'être lu plus facilement...

Bref finalement c'est comme dans la vie de façon générale, une question d'opportunités... Que confirme le destin de certains auteurs au manuscrit longtemps refoulé devenu best-seller aujourd'hui : le bon moment, le bon endroit, la bonne personne...
 

 Du fameux mythe de l'auteur inconnu

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