- Sébours a écrit:
- Moi je trouve qu'écrire à partir d'archétypes n'est pas forcément la preuve d'un manque d'originalité. Avoir des elfes, des nains et/ou des orcs fournit déjà certains jalons au lecteur. Charge ensuite à l'auteur de sublimer le matériau de départ. Il y a plein de choses à faire. Élaborer un scénario sophistiqué. Construire des personnages complexes (ou à l'inverse caricaturaux). Casser les codes du genre.
Prenez un auteur comme Terry Pratchett. On est loin de Tolkien et pourtant, on part des même codes.
Je pense que cela peut même s'étendre à tous les genres. M'est avis qu'on s'inspire toujours des artistes précédents et qu'on s'inscrit dans un genre, même en littérature blanche. Et surtout en littérature blanche en fait ! Je ne compte plus le nombre de romans du type Flaubert-like avec un/une dépressif/ve qui erre sans savoir que faire de sa vie. Ou des romans d'amour pendant la première ou la seconde guerre mondiale. Ou des Modiano-like où des gens discutent dans un café sans qu'il ne se passe rien. Ou des tranches de vie. Pour autant, chaque roman est unique.
À mon avis, un roman est d'autant plus original si peu d'auteurs/autrices écrivent dans ce genre, i.e. des récits avec des Elfes et des Nains !
(pour être honnête, c'est parce que je n'en trouvais pas qui me plaisait que j'ai écrit un roman avec Elfes et Nains. Si y en avait beaucoup, peut-être que j'aurais essayé autre chose, il y a d'autres types de fantasy que j'apprécie. Mais récemment, je me suis dit, c'est pas possible, il doit y en avoir d'autres que j'ai loupé ! Y en a vraiment moins de dix ? D'où l'ouverture de ce fil).
- Sarashina a écrit:
- Une des raisons de ce manque de diversité est sans doute à chercher dans le fait que les éditeurs préfèrent publier des traductions de succès anglophones plutôt que de lancer de jeunes auteurs francophones qui, à mon avis, ne manquent pas vu la quantité de personnes qui semblent envoyer des manuscrits de fantasy aux ME.
On peut ajouter qu'un filtre est effectué par les ME de l'imaginaire. Il n'y en a pas tant et toutes courent pour publier la même chose (YA et romantasy en ce moment). Celles qui font des traductions ne tapent donc pas dans un large panel, pour ne pas prendre de risques j'imagine.
Celles qui sont indépendantes, ce qui est rare, prenons le Belial par exemple en SF, disent publier des coups de cœur, donc uniquement ce qui va plaire aux Éditeurs, pas sûr qu'ils aient la mission de satisfaire un large public SF ou qu'ils publieraient un truc juste pour se faire du pognon, à l'inverse de grands groupes. Il y a donc toujours un filtre subjectif. Par exemple, je regarde souvent les critiques de romans et films SF sur Youtube (la chaîne Nexus VI qui est cool), mais j'ai des goûts SF opposés au mec !
Typiquement, il va adoré Avatar, mais pas Dune, l'inverse de moi. Si ce type était un éditeur, il ne publierait donc que de la SF que je n'aime pas ! Je suspecte de plus en plus que c'est pour cette raison que je peine à trouver chaussure à mon pied dans la fantasy française. Une partie du public fantasy est ignoré par les ME pour diverses raisons (effet de mode, choix subjectif, recentrage sur la fantasy jeunesse, peur du risque, peu de moyens/connaissance en marketing, vision centrée sur le roman et pas sur d'autres médias, envie que l'imaginaire soit de la blanche, etc.).
Je précise que je ne critique pas le choix des ME, chacun ses goûts. En fait, je trouve ça très cool quand on a la possibilité de publier ce qu'on aime sans pression financière derrière. C'est ce que je ferais moi aussi si j'étais éditrice !
- Sarashina a écrit:
- Il y a aussi le manque de budget de marketing pour les romans de Fantasy Français, comparé au budget des Américains.
C'est vrai, mais pour nuancer, le marché aux US est énorme comparé à la France. Normal qu'ils y mettent la gomme. Ici, même les maisons de l'imaginaire considérées comme grandes, Bragelonne par exemple, fait pâle figure comparée aux maisons de blanche qui, elles, ont un gros budget marketing, vendent en supermarché, dans les gares, ont des articles dans de gros journaux - Le Monde, Lire... -, etc. Leur chiffre d'affaire est incomparable. D'autant que presqu'aucun roman français ne s'exporte à l'étranger, comparé aux romans anglophones. Donc un roman de fantasy français ne fait son chiffre qu'en France (et éventuellement en Belgique, Suisse, Canada si les maisons ont des connexions avec des librairies là-bas, ce qui est anecdotique à mon avis).
J'en parlais aussi dans le fil "Pourquoi la fantasy se vend mal" dans lequel je décortiquais un article sur le sujet.