Je ne sais pas vous, mais lorsqu'un roman commence par:

1° une constatation plate sur le temps qu'il fait

Citation :

"L'air était frais au cœur de cette nuit sans Lune, face aux vallons escarpés de la Dordogne"

2° Un narrateur-témoin qui fait l'intro

Citation :

"1906. Je n'étais qu'un jeune prêtre à cette époque, et Timothy n'était pas encore revenu de ses classes au bras de la jeune Pénélope; Oscar tenait sur ses deux jambes et John Jr, encore doux et rêveur, n'avait pas repris la confiserie de John Sr pour lui imprimer sa marque et forger le destin qu'on lui connait...Moi, je raconterai leur histoire"

3° Un prologue pseudo-mystérieux qui bourre juste l'expo sans finesse

Citation :

"La Lune de Smorvetron flottait dans les abîmes de l'espace-temps pendant que Jethro, un verre de Fonrovitz rouge à la main, regardait les vaisseaux de l'amirauté franchir le trou de ver nord-ouest. Il repensait à son père, mort lors de l'attaque des mutants, obligé de se faire sauter avec la bombe à neutrinos. Cet acte héroïque avait-il vraiment renoué les liens avec les Atarexiens? Et comment mesurer l'ampleur des conséquences diplomatique de ses vingt dernières années, sans parler des bonds technologiques depuis que Terre I avait fusionné avec Terre IX? Jethro n'osait plus regarder son escort transhumaine ni repenser à cette blague de Monsieur Trodion, il y a quelques heures, lorsqu'il lui avait demandé, d'un gros clin d'oeil, si la fille de ce soir avait un con en platine ou fait de chair et de sang..."

Je referme le livre directement.

Faisons une liste!

Le troisième, c'est pour Dune ?

Non mais justement: Dune on ne peut pas lui en vouloir pour ça, c'est un classique.

Tout comme le 2ème est un passage obligé des romans du 18ème/19e !

Oui, c'est un grand classique de commencer un roman par des considérations météorologiques !
Les américains ont une phrase pour ça :
"It was a dark and stormy night..." moqué souvent dans Peanuts

Pour ma part, j'adore les introductions de type 2 qui me donnent envie de lire le roman tout de suite, et les considérations météorologiques ne m'arrêtent pas.

J'avoue que c'est une question à laquelle je n'ai jamais pensé.
Je ne me fie pas trop aux premières pages, car il y a pas mal d’œuvres qui m'ont demandé de dépasser cent ou deux cents pages avant d'accrocher... Donc je passe outre les clichés de début de roman.
Quand j'ai tenté d'en écrire, j'adorais faire arriver le lecteur en pleine action, mais ça aussi, ça pourrait être un cliché...

De manière générale, je suis plus énervée par des stéréotypies de traitement (intrigue, rebondissements, personnages...), finalement. Et si en plus c'est écrit avec les pieds...

Le trait de caractère du narrateur ou du personnage qui lui sert d'introduction.

"J'ai toujours été casanier. Petit, je ne voulais même pas quitter ma chambre pour aller au foot remplir mon rôle de gardien. Je me postais devant la fenêtre, les bras levés pour protéger les cages que j'imaginais derrière moi, jusqu'à ce que le ballon cadré en pleine lucarne fasse voler la vitre en éclats et que ma mère se mette à vociférer que c'était la troisième fois ce mois-ci. Alors quand j'ai rencontré Marie-Francine, championne de parapente et globetrotteuse depuis toujours, ça a été toute une histoire..."

Ahah, je plaide coupable, pour le trait de caractère.

En ce moment, la grande mode, c'est la première page de roman qui commence direct sur un meurtre/l'annonce d'une mort/une scène d'enterrement. J'en ai vu passer au moins cinq ou six, en peu de temps, au rayon thriller. Le pire, c'est que c'est une technique vieille comme le monde, Albert Camus et Victor Hugo l'ont utilisée aussi en leur temps.

Ou alors, deuxième grande tendance, ouverture du roman sur un dialogue avec une question ouverte dont on ignore totalement la portée.

Vous allez lister tous les débuts possibles et imaginables ?
Quels sont les critères pour déterminer ce qui est "cliché" ou non ?

En ce qui me concerne, les débuts qui me font fuir, ce sont les longues expositions géopolitiques en guise de prologue. Je m'en fiche, de savoir que la superbe ville A du royaume B a été construite à côté du fleuve C qui se jette dans la mer D ; et qu'elle se trouve sous le joug du roi E, en guerre avec l'empereur F de la race G depuis la nuit des temps... Et pas parce que c'est cliché : c'est juste que je trouve ces débuts imbuvables, je sais que j'aurai tout oublié en tournant la page !

Citation :

Quels sont les critères pour déterminer ce qui est "cliché" ou non ?

Je dirais justement que c'est totalement subjectif et c'est ce qui rend son intérêt à la discussion. S'il s'agissait d'une liste objective de choses à faire/à ne pas faire, la littérature deviendrait bien ennuyeuse!

Je rejoins Flora sur les débuts géographiques, et j'y ajoute les débuts historiques.
"En l'an 742 avant la fusion des Royaume, un terrible guerre éclata entre les elfes du Nord et les hommes du Sud, mené par le terrible Dragha. A l'issue de cette guerre, le roi Meldir premier du nom convoqua à Rosendir les rois des six royaumes. Joarh, roi de Pygmalion et descendant d'Avetnor, Haludo le Barde qui règnait sur Doncaslef (...)"Trop d'info pour mon cerveau.

Si vous voulez écarter les débuts géographiques et historiques des romans, vous supprimez d'un coup plus de la moitié de la fantasy.

s.tupido a écrit:

Si vous voulez écarter les débuts géographiques et historiques des romans, vous supprimez d'un coup plus de la moitié de la fantasy.

Ce ne serait pas un mal.

Vive les incipits de HF avec un peu d'originalité ! Après, il y a toujours moyen de détailler le contexte plus loin dans le récit.

Pour moi, ce qui est cliché, c'est ce qui revient tout le temps. Le genre de truc que tu vas lire en hurlant intérieurement "Noon ! Encore ça !" Très subjectif, comme le dit à juste titre Fleur de Lys.

Mokkimy a écrit:

s.tupido a écrit:

Si vous voulez écarter les débuts géographiques et historiques des romans, vous supprimez d'un coup plus de la moitié de la fantasy.

Ce ne serait pas un mal.

Amen

Il faut reconnaître que les premières phrases sont importantes pour un roman. Personnellement, il m'est arrivé de ne pas aller plus loin que la page 10 parce que l'auteur me perdait dans des banalités, des descriptions ou des explications alambiquées. Même si certaines choses sont essentielles pour la compréhension de l'histoire, et je pense aux récits de SF ou de Fantaisie, ça peut se glisser dans le corps de texte et pas en début. Personnellement, je suis pour attraper mon lecteur et le mettre d'entrée dans une situation où il va se demander ce qui lui arrive. Quitte a faire un retour en arrière pour expliquer.
Quand je suis lecteur, j'aime bien que les premières pages me donnent le ton du livre, que l'auteur me montre ce qu'il est capable de m'inspirer et après, j'accepte qu'il délaye un peu, parce que c'est nécessaire à la bonne compréhension de l'histoire.