Nombre de messages : 163 Âge : 46 Date d'inscription : 28/03/2022 | Gernier / Tycho l'homoncule Sam 27 Avr 2024 - 10:54 | |
| Le retour de celui que l'on appelle dans le milieu : "Le Patron" ! A juste titre ! (La patronne serait Ursula K. Le Guin, mais ceci est une autre histoire...) Si Jérusalem ne mettra jamais tout le monde d'accord - et c'est un euphémisme - je considère, qu'à l'instar de la Maison des Feuilles, c'est une des œuvres le plus importantes du XXIe siècle. Alan Moore a déjà largement révolutionné le comics, mais il donne ici son magnum opus, tout en nous offrant la possibilité d'éprouver l'éternité. Ni plus, ni moins. L'histoire est absolument irracontable, je ne me risquerai pas à un synopsis parce que ça n'a aucun sens d'en faire un. Tout comme les Mille et une Nuits ou le Manuscrit trouvé à Saragosse, on se trouve là devant un ouvrage aux multiples couches, qui se composent d'une myriade de point de vue, des plus prosaïques au plus délirants (l'histoire des enfantômes est un sommet d'inventions poétiques). Après il faut accepter de se confronter à un livre imprimer sur papier-bible, un monstre de plus de 1400p., dont les méandres risquent fort de vous engloutir. Mais vous en sortirez probablement sublimé par l'expérience. Au passage on admirera le travail de fourmi du traducteur Claro qui a dû s'arracher les cheveux sur certaines séquences qui regorgent de néologismes, sans parler d'un chapitre entier qui invente carrément un langage particulier... qui demeure tout de même compréhensible à la lecture, un exploit linguistique en son genre ! Comme beaucoup d’œuvres qui me marquent, c'est un livre qui exigera de vous un effort (comme à peu près tous les livres de Moore). C'est qu'Alan Moore veut un lecteur actif, et non passif. Il souhaite que vous réfléchissiez à ce que vous lisez, à pourquoi vous le lisez... Je ne l'ai pas mis dans d'autre liste, mais clairement, Alan Moore est aussi une de mes références en matière de lecture. Que cela soit en comics, ou en littérature dite "classique"... |
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Nombre de messages : 241 Âge : 35 Date d'inscription : 14/10/2023 | Calathea / Autostoppeur galactique Lun 29 Avr 2024 - 22:24 | |
| En réalité, mon roman préféré lu en 2023 c'était Les Hauts de Hurlevent, mais comme il est très connu (et pour préserver l'aspect découverte du topic), je préfère en mettre en avant un autre : Méduse de Martine Desjardins, aux éditions l'Atalante. (on n'est toujours pas très loin des sorcières) - Résumé a écrit:
- On la surnomme Méduse depuis si longtemps qu’elle en a oublié son véritable prénom. Elle marche tête baissée, le visage caché derrière ses cheveux, pour épargner aux autres la vue de ses Difformités. Elle-même n’a jamais osé se regarder dans un miroir.
Placée dans un institut pour jeunes filles à la merci d’adultes peu scrupuleux, Méduse n’a de cesse d’accéder à la bibliothèque des lieux, seul moyen pour elle de s’ouvrir à la connaissance du monde. À force de ruse et de prise de conscience des pouvoirs de ses globes oculaires, qu’elle se garde longtemps de dévoiler, elle nous entraîne dans sa croisade contre l’oppression et la honte du corps.
Roman d’apprentissage, roman gothique féministe, conte cruel ? Méduse est tout ça à la fois, et surtout un ouvrage tellement finement brodé littérairement qu’on ne peut en manquer un mot ni un propos : Martine Desjardins, tout autant que Méduse, nous prend dans ses filaments. Je cherchais quelque chose de récent et de plutôt confidentiel, et je n'ai pas été déçue. L'illustration de couverture, par Marcela Bolívar (que je suis depuis plusieurs années) est ce qui a attiré mon attention en premier. L'aspect relecture de mythe, sans tomber dans le contemporain bête et méchant m'a aussi intriguée. Comme le souligne le résumé, il s'agit d'un conte gothique, court, qui se lit rapidement, et qui brasse beaucoup de thèmes à la fois : aliénation, image de soi, oppression, patriarcat, émancipation... Le label "féministe" ne me rassurait pas, un peu échaudée par le féminisme hollywoodien manichéen et un peu lourdingue, mais en réalité c'était beaucoup plus subtil que ça. Ce n'est pas forcément un roman facile d'accès : l'ambiance est poisseuse, froide, la violence et la mort sont omniprésentes, et certaines images sont dérangeantes. Mais c'est ce qui m'a plu. J'ai aimé me plonger dans cette ambiance noire, hors du temps, à la langue poétique et parfois alambiquée qui sert parfaitement le propos. |
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