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 [L'immeuble- appartement 302] José Jimenez

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José Jimenez
   
    Masculin
   Nombre de messages  :  7
   Âge  :  55
   Date d'inscription  :  17/10/2023
    
                         
José Jimenez  /  Magicien d'Oz


D'un air d'étrange créature rodant aux abords du bassin central la nuit tombée, le pas si vieux José profite de la douceur du voile nocturne pour se rafraîchir le visage, après son vagabondage quotidien de retraité ennuyé. Et de quoi l'ennuyer il y a matière ! Son dos le fait souffrir, ses genoux craquent à chacun de ses pas, son potager est certainement immergé depuis l'inondation, et le comble ; pas moyen de prendre des vacances pour la première fois de sa vie, en rendant visite à ses enfant en Amérique. Un simple voyage dans la région montagneuse la plus proche aurait tout aussi bien fait l'affaire ! Dépoussiérer ces vieilles chaussures de randonnée et se remettre d'aplomb avec de l'activité, sortir la Pontiac firebird 1969 du garage et bouffer de la route... 

Mais José sait tous cela impossible pour l'heure, et rentre dans son logement en grommelant et en craquant douloureusement des genoux. Bien obligé de se rincer le visage dans le patio depuis hier, il se dit que ce problème de plomberie sera l'affaire de demain. Que le concierge ne fera rien parce qu'il estime ne pas être assez payé pour faire le travail qu'il est censé faire ; le croulant est comme monté en boucle, et ça fait trente ans que JiJi habite cette ruine, il connaît le disque ! 

Peut-être que dans le voisinage quelqu'un s'y connaît en tuyauterie de douche, en tout cas, il se dit qu'il vaut mieux essayer par soi-même dans un premier temps, avant d'aller déranger ses contemporains. Sans allumer la moindre lumière, José progresse aisément jusqu'à sa chambre ; ce chemin, il l'a imprimé jusque dans ses moindres muscles, à toute heure de la journée et dans tous les états possibles. 

Ce sera pour demain.
 
José Jimenez
   
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José Jimenez  /  Magicien d'Oz


D'ordinaire matinal, José ne s'est pas levé bien tôt aujourd'hui. La perspective de devoir gérer son souci de plomberie ne l'invite pas à sauter du lit, en même temps, JiJi n'est pas un homme que l'on pourrait qualifier de polyvalent. C'est donc sans réelle motivation que le quinquagénaire s'attelle à la première activité de la journée ; faire couler la café. 

Sa petite chambre est pourvue d'un lit simple, dont l'encadrement métallique daté laisse entrevoir des traces de rouille ça-et-là. La draperie est banale, unie, et expulse un fin nuage de poussière lorsqu'on daigne s'y asseoir ; poussière révélée par le rai de lumière s'infiltrant au travers des volets vermoulus. Une penderie, simple, et une table de chevet, tout aussi simple constituent le reste de l'habillage de la pièce, ne servant que sa fonction première. 

Une fois extirpé de ce piège à sommeil, José se dirige vers sa petite cuisine en passant par le salon. Autrefois vaste pièce, le séjour semble aujourd'hui bien plus petit de par le fatras accumulé au fil des décades. L'air y est un brin enfumé et poussiéreux, les volets toujours mi-clos, et la circulation rendue compliquée par la disposition aléatoire du mobilier. Un premier canapé de quatre places, habillé et boutonné de velours vert-olive occupe le centre de la pièce, un cendrier sur pied de marbre verdâtre zébré de marron clair, se trouve disposé à ses côtés. Deux tables de bois viennent s'ajouter au rare mobilier central, disposées plus ou moins en travers de la pièce et quasiment rendues invisible par les cartons entassées dessus, dessous, les pots de fleurs et plantes vertes, les petites tasses à café blanches éparpillées un peu partout. Cette seule touche immaculée dans l'espace sombre, donne une impression de taches de moisissure parsemées sur la toile qu'est ce salon, figé dans le temps, vieillissant, refusant l’aménagement, la modernité. 
Pour renforcer cette impression d'enfermement, un autre canapé, de nombreuses étagères et armoires s'adossent le long des murs, donnant l'illusion d'être les étais de ce vieux logement. José, connaît l'emplacement de chacun de ses bidules, quel bordel va dans quel machin, et pourquoi ce truc-ci se trouve précisément dans un tiroir particulier. Une excentricité tout de même, ou peut-être simple mesure de sécurité hyper vigilante, la demi-douzaine de grenades planquées dans des endroits incongrus ; dans un vase vide, au dessus de sa penderie, dans le tiroir à couverts, quelque part sur une des tables, et ailleurs...

C'est toute sa vie qui est exposée là, dans ce foutoir chaotiquement ordonné, les huit casquettes accrochées sur le mur de l'entrée, toutes dédiées à une activité unique comme la conduite ou le jardinage, plusieurs paires de gants de pilotage s'approprient l'espace également. Les outils de jardinages traînent (de manière ordonnée bien sûr) partout dans l'appartement, d'innombrables jeux de clés ornent les espaces nus des murs et reflètent les rares rayons de soleil, à la manière d'une boule à facette ; c'est le lieu de vie chéri de José, son mouroir adoré. 

La tasse dans une main et prêt à en découdre avec sa plomberie, le jeune retraité plonge sa gauche au travers d'un tas de trucs de la table située non loin de sa cuisine. Avec une précision chirurgicale, il en ressort sa pince multi-cran et se dirige vers la salle d'eau en craquant des genoux, mais une fois rendu devant la tâche qui l'attendait, José se rend compte qu'il a failli omettre un détail relativement important ! Si il ne coupe pas l'arrivée d'eau avant de se lancer dans son affaire, c'est tout l'immeuble qui en subira les conséquences... 

Résigné, le chauffeur laisse tomber son outil sur le vieux plancher, non sans provoquer un bruit sourd, siffle d'un trait son poison noir, et décide d'aller plutôt s'aérer la tête avant de se pencher sur le problème. Il se saisit d'un des nombreux trousseaux, enfile une gapette, une paire de gants, un pantalon en toile et sa chemise de travail, pour se donner l'illusion qu'une nouvelle journée de chauffeur taxi allait démarrer, avant de laisser derrière lui, dans cette sombre clarté, son logement abîmé.
 

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