Pobre vida...
Pauvre vie que je mène. J'ai été ouvrier de l'usine pétrolière Petroleos Aguacopos depuis mes 17 ans. J'ai, avec l'aval des médecins du département où j'ai passé mes examens, définitivement interrompu mes activités au sein de cette usine. D'après le rapport de l'hôpital, à cause des inhalations répétés de gaz et de vapeurs d’hydrocarbures, celles-ci pénétrèrent mes poumons pour se diffuser dans mon corps, en passant par le sang, puis dans le cœur et le cerveau, avec des répercussions potentielles sur la moelle osseuse et le système nerveux central.
Voilà tout ce que je suis parvenu à comprendre de ce rapport.
En rentrant chez moi ce jour-là, à l'appartement n°502 où je loge depuis quelques semaines, après ce dernier rendez-vous qui allait déterminer le reste de ma vie, je tombai. Littéralement. Je tombai près du vieux canapé que mon père avait tenu à ce que j'emporte avec moi lors de mon tout premier emménagement et qui, finalement, me suivit dans tous les autres. Je dis « vieux » parce qu'il a été acheté il y a une vingtaine d'années, mais son état est resté impeccable et son confort, inchangé. Dans mon vertige, j'eus du mal à distinguer les choses qui m'entouraient. Seulement, je commençai à sombrer dans un tel abattement que je fus incapable de réagir.
J'ai dormi longtemps sur le sol.
À mon réveil il faisait nuit. L'habituel et étrange tintement provenant de l'appartement d'à côté me berça. Je me rendormis aussitôt.
C'est le lendemain que j'entamerai mon journal.
Dernière édition par Ruben Huezo le Mar 17 Oct 2023 - 16:15, édité 1 fois