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 [L'Immeuble - appartement 602] - Esperanza Reyes

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Pénélope
   
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Pénélope  /  Bile au trésor


Hier a été une journée horrible... Depuis que Diaz est venu me chercher pour soigner Teofano, le temps se passe très lentement et... j'ai trop de mauvais souvenirs qui remontent... Je ne peux pas dormir, impossible pour moi.
Je n'ai pas réussi à le sauver ! Pourquoi mais pourquoi Diaz est venu me chercher ! Pourquoi lui ai-je dis que j'avais fait un bon nombre d'années d'études de médecine ?! Je ne lui ai pas dit que j'avais arrêté aussi en partie parce que je n'avais pas pu sauver ma mère et que je pense que c'est ma faute si elle est morte... Donc il ne pouvait pas savoir que je ne veux plus essayer de sauver des gens... Mais, quand je l'ai vu à ma porte me dire qu'il y avait un voisin qui était mal en point, je n'ai même pas réfléchi. Je me suis tout de suite mise en mode médecin, comme avant, durant mes études, quand j'adorais faire ça durant mes stages en hôpital. Je me rappelle, j'étais toujours excité à l'idée d'aller travailler. Mais, depuis ce jour maudit, je ne peux plus. J'ai essayé pourtant mais j'ai perdu la flamme...
Mais je n'allais pas laisser Diaz tout seul, à chercher à s'en occuper alors que le voisin était sur le point de mourir... Je ne suis pas cruelle à ce point. Mais là, vraiment, le fait de ne pas avoir pu le sauver, ça m'a détruite. Je n'ai pas pu retenir mes larmes. Diaz a essayé de ma consoler, il m'a prise dans les bras, c'était rassurant d'avoir quelqu'un qui m'a réconforté comme ça, ça faisait si longtemps... J'ai fini par réussir à m'arrêter de pleurer, en pensant que Diaz allait avoir sa chemise qui allait être trempé de mes larmes. Mais il ne m'a rien dit, il a été si prévenant envers moi... que je me suis même demandé s'il était si sincère que ça. Il avait l'air.
Il m'a raccompagné à ma porte, pour que j'essaie de me reposer, même si je savais très bien que je ne pourrais pas. Et j'avais raison. Il m'a dit qu'il repasserait me voir, j'ai besoin de lui, je me surprends à le penser mais j'ai vraiment besoin de quelqu'un qui va m'aider.

Après une bonne douche, je roule ces vêtements en boule et les lance dans un coin de l'appart pour ne plus jamais les réutiliser. Trop de sang et je n'aurais pas le courage de les remettre un jour. Mes baskets, c'est pareil, je ne peux pas les remettre, je les balance avec le reste et je reste en chaussettes. Habillée en jogging et haut assez large, très court, je ne peux pas m'empêcher de repenser à ce jour, si horrible, que j'avais refoulé dans le fond de mon esprit. Je suis debout, devant l'évier, les doigts qui sont accrochés au rebord, comme si j'allais tomber.

Esperanza, étudiante en médecine, dans sa chambre, en train d'étudier ses cours. Elle entend sa mère crier, mais elle n'intervient pas car elle sait très bien que son père et elle doivent encore être en train de s'engueuler. Mais, quelques secondes après, elle entend son père sortir. Alors, Esperanza descend dans le salon, voir sa mère et la réconforter si elle en a besoin... Arrivée en bas, elle voit sa mère par terre. Allongée, elle semble respirer avec difficulté. Du sang partout, provenant de sa tête lorsqu'elle est tombé sur le bord du meuble télé. Non ! Esperanza accourt à ses côtés, lui parle, essaie qu'elle ne s'évanouisse pas, fait tout ce qu'elle peut mais... sa mère ne survit pas. Elle s'arrête de respirer très rapidement, cause de la perte massive de sang. Esperanza se retrouve bloquée, elle ne peut plus bouger. Si elle était intervenue plus tôt, quand elle l'avait entendu crier, elle l'aurait sauvé. Elle en est sûre. Son père n'aurait pas pu l'empêcher de la soigner et tout irait bien. Elle ne serait pas à côté de ce corps, si proche d'elle, si intime, et encore si chaud. Elle ne sait pas quoi faire, il faut qu'elle prévienne un médecin pour qu'il confirme le décès et elle doit aussi prévenir la famille... Elle se met à sangloter et regrette de n'avoir personne autour d'elle pour la réconforter.

Une semaine plus tard, à l'enterrement. Esperanza ne s'en est pas encore remise, elle sanglote aux côtés de son père qui est si stoïque. Elle sait très bien qu'il est content de ne plus avoir sa femme à ses côtés et elle se rappelle aussi de la manière dont il s'est arrangé pour faire apparaître la cause du décès accidentelle. Alors qu'elle est morte par sa faute. Et toute sa famille qui est venue semble accepter le fait qu'elle soit tombé et se soit cogné la tête en s'évanouissant. Pourquoi ? Elle n'arrive pas à s'en remettre et s'aperçoit quelques jours plus tard, lors de ses journées de travail en hôpital, qu'elle ne peut plus faire face à la mort. L'expérience avec sa mère l'a traumatisée. Elle essaie mais s'effondre en larmes à chaque fois qu'un des patients ne ressort pas de la chambre d'opération. Sans rien dire à son père, elle décide de partir... accentuée par le fait qu'il ait essayé de la violer et qu'il lui cache de très nombreuses choses...


J'essaie de me ressaisir, de ne plus penser à ces choses douloureuses, mais j'ai encore l'image de Teofano allongé par terre, se vidant de son sang, et, moi, incapable de le sauver. Je n'arrive pas à me la sortir et j'aurais tellement besoin d'avoir Diaz à mes côtés, là, que je me sens incapable de faire quoi que ce soit pour améliorer mon état. A part mettre de la pommade sur mon poignet pour le soulager... Je m'assoie sur mon lit pour le faire, et essaie de me vider l'esprit.
 
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Je n'arrive pas à dormir. Je sais pourquoi, trop de pensées me proviennent, sans ordre, comme elles veulent... Signe que je suis crevée, que je devrais dormir et qu'il faut que je me pose... Ma tête me lance, mes yeux voient légèrement flou...

Je me force à me lever et à me faire à manger. Autant s'occuper l'esprit... Je cherche ce que j'ai dans mes placards : pas grand chose apparemment... Ah, si, j'ai un pot de compote de pommes... le dernier de ma mère que j'avais emporté... et j'ai aussi de la farine, du sucre (pas grand chose), un peu de beurre... Je devrais pouvoir faire un petit gâteau avec ça ! Et peut-être en partagerais-je avec Diaz, qui a quand même dû s'occuper du corps... Et peut-être en proposerais-je aussi à Sacha (je crois qu'il s'appelle comme ça...) et également à Luz. Le petit garçon sera sûrement content d'avoir un morceau de gâteau... C'est comme tous les enfants ! Ravie de m'être trouvée une occupation, je me mets à la préparation, tout de suite. Quel bien ça fait de se mettre en cuisine ! C'est dommage que l'on ne trouve plus beaucoup de denrées de nos jours, sinon, l'immeuble me connaîtrait en tant que cuisinière ! Ou plutôt pâtissière...

Bon, je vais me regarder la recette, correctement... J'espère que j'ai tous les ingrédients, sinon, je vais faire à ma sauce ! Mais je me rappelle avec émotion ma grand-mère faire ses petits gâteaux quand on venait la voir quand j'étais plus jeune.

- 200 g de farine avec levure
- 200 g de compote de pommes
- 100 g d'huile d'olive
- 100 g de sucre
Ah, mince, je n'ai pas d'huile... Bon, je vais le remplacer par du beurre, je sais pas ce que ça va donner.

Je me décide à faire quatre petits gâteaux, dans des moules en cuivres que j'ai gardés de ma grand-mère.
Je prends un saladier, assez grand, le plus grand que j'ai d'ailleurs, et je mélange ma farine et mon sucre, correctement. Avec ma cuillère, j'incorpore ma compote, en ayant mangé une petite cuillère à café avant ! Je suis si gourmande quand je suis triste... Je mets mon beurre, j'ai un peu de mal, même si je l'ai chauffé avant. Il ne se mélange pas très bien... Je verse dans mes quatre petits moules et je mets à cuire dans mon four, pendant une petite heure... J'essaie de ne pas les faire cramer. Mais au final, je suis contente du résultat !

[L'Immeuble - appartement 602] - Esperanza Reyes - Page 2 Pomme10

Un pour Diaz, un pour Sacha, un pour Luz et un pour moi... J'espère que ça leur plaira ! Et ils ont l'air si bon...
Je vais aller sonner chez chacun d'eux. Je me regarde d'abord dans ma glace... Oh my god ! Je renvoie une image de très mauvaise qualité. J'essaie de me mettre un peu d'eau sur le visage, mais, de toute manière, ça ne fera pas partir la rougeur de mes yeux, c'est mort pour aujourd'hui, vu mon niveau de fatigue...
Ce n'est pas très grave, Diaz sait dans quel état je suis, il ne me dira rien. Je vais attendre un peu pour Sacha et Luz.
 
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Je suis passée chez Diaz. J'ai envie de retourner le voir, il me manque déjà. Je sais qu'il faudrait que je fasse attention à moi, à ne pas m'attacher autant à lui, car il va me faire du mal. Je ne vois pas pourquoi il serait si différent des autres mecs en fait. Mais j'ai envie d'essayer. Car je ne suis pas sûre de vivre longtemps, vu la situation dans la ville. Quand il m'a embrassé, vraiment, j'ai eu l'impression de planer, dans un rêve éveillé. J'étais bien. Il m'a expliqué qu'il devait partir, pour rendre un service au concierge... Ce concierge ! Il m'énerve ! D'abord, il me déteste et me le montre très bien. Et ensuite, il me pique Diaz ! Je suis assez rancunière, je sais. Et puis, en vrai, il a beaucoup de mérite, il est assez âgé et il cherche à tout pris à sauver son immeuble... Je crois que j'ai vu une affiche en bas, disant que le district et l'immeuble étaient désormais dans les mains de la milice, quelque chose comme ça. J'ai peur. J'ai rien pour me protéger, à part mes cours d'autodéfense. Peut-être devrais-je prendre un couteau quand je sors ? Il va falloir que j'y réfléchisse quand même.

Je cherche ce que je pourrais faire pour sauver un peu l'immeuble, au moins participer à le sauver, mais je me dis que je vais avoir de plus en plus de mal. Il y a de plus en plus de problèmes à Aguacope, et j'ai peur de cette milice, je ne sais pas ce qu'ils peuvent me faire. La milice me rappelle trop mon père... D'ailleurs, d'ici qu'il y soit, il n'y pas des kilomètres. J'espère qu'il n'a pas été muté par ici, vu que ce n'est pas loin de chez lui, juste la ville d'à côté. Oh non... Je vais en plus avoir peur de le croiser ici maintenant ! Il faut que je fasse quelque chose. C'est obligé. Juste pour mon mental.

Je suis dans mon appartement, là. Je voulais, à la base, aller rendre visite à Sacha et à Luz pour leur offrir le gâteau mais ça attendra demain. J'ai encore trop de pensées envers Diaz actuellement, je n'ai pas envie de les gâcher en étant avec des voisins. Seule, je peux facilement me revivre ces deux baisers, ou plutôt ces trois, qui se sont faits tout à l'heure. Le premier, timide mais magique ; le deuxième, plus fougueux et attendrissant ; le troisième, initié par moi quand même, était plus un baiser d'au revoir, presque d'adieu, vu que je ne sais pas s'il va revenir. Il m'a promis, mais j'ai peur pour lui. Je m'inquiète pour lui. C'est une des seules personnes importantes pour moi maintenant, je ne m'imagine plus vivre dans l'immeuble sans lui... Même si je ne le connais pas. Il faut vraiment que je me raisonne un minimum. Je ne vais pas le revoir avant plusieurs jours, voire quelques semaines, si ça se trouve, voire pas du tout... Oh non, je ne vais pas me mettre à chialer là, alors que j'ai réussi à ne pas verser de larmes devant Diaz quand il m'a dit qu'il allait partir... Il faut que je me ressaisisse. Absolument. Je ne sais pas comment je vais faire.
 
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Je suis passé voir Sacha. Je lui ai donné mon petit présent. Il semblait content de m'accueillir, il m'a même sorti du champagne. Mais il est bizarre quand même. Bon, au moins, je l'ai croisé...

J'arrive à ma porte de l'appartement quand je vois un paquet, bien enveloppé. Je m'empresse de le rentrer, en sachant que je n'ai pas envie que les nouveaux gardes qui sont arrivés le voient et le fouille. J'ai le pressentiment que c'est Diaz qui l'a posé ici...

Je l'ouvre dès que je peux, rapidement, impatiente de savoir ce qu'il y a dedans. Une lettre en tombe...
"Salut Esperanza.
Je t'avais prévenue pour mon départ, et il est pour ce soir. Avec ce mot, tu trouveras une clé de mon appartement, et un couteau à cran d'arrêt que je t'offre, pour... Je dirais pour te défendre, même si je souhaite de tout cœur que tu n'en aies jamais besoin. Drôle de cadeau pas vrai ? Si jamais je ne revenais pas d'ici une bonne semaine, cette clé te servira à prendre mes affaires, et les stocker chez toi. Je possède des réserves de vivres et d'autres choses, qui te seront plus utiles je pense.

J'espère que tu ne prendras pas mal l'annonce de mon départ de cette manière, par écrit. À vrai dire, c'est plus facile pour moi. L'idée d'une image de toi peinée pour moi et mon départ... C'est égoïste, et je le sais, mais je préfère garder le souvenir de la dernière fois, quand on s'est laissé. Ça me donne de la force.

Je crois que j'avais besoin de faire comme ça, pour la promesse que je t'ai faite. Et que je compte bien tenir. Je vais revenir. Fais attention à toi, Esperanza.

Armando"

Armando Diaz... C'est bien lui. Diaz. Mon Diaz. Sa lettre me fait pleurer. Beaucoup. Je ne le reverrais pas avant qu'il ne parte. Il est déjà parti. Mais je le comprends. C'est vrai que j'aurais eu du mal à lui montrer une belle image de moi s'il était venu me dire au revoir. Un au revoir qui m'aurait fait pensé à un adieu. Et qui m'aurait fait pleurer dans ses bras, à coup sûr. Donc oui, il vaut mieux qu'il garde une belle image de moi.
Il va revenir. Il va revenir. Il va revenir. J'essaie de me l'ancrer dans ma tête. Il va revenir. Il va revenir. Il faut que je pense à ça. Il va revenir. Il va revenir. Il va rev- Je me décide à regarder dans le paquet pour cacher correctement le couteau à cran d'arrêt. Il ne faudrait pas que quelqu'un tombe dessus, surtout pas la milice. Je serais mal sinon... Et le double des clés de son appartement... Quand je les prends, l'émotion me prend d'un seul coup, et je repense à la chance que j'ai eu de tomber sur lui. J'espère ne jamais avoir besoin de me servir de cette clé. Elle me semble maudite maintenant... Si je dois m'en servir, c'est qu'il lui est arrivé quelque chose. Et ça, je ne pourrais pas y survivre comme ça. Impossible.
Il va revenir. Si, il va revenir. Il l'a lui-même écrit. Il faut que je lui fasse confiance. Il va revenir. Il va revenir.

Bon. Je me lève et cherche un endroit où cacher ce couteau quand je pense au fait que j'en aurais peut-être besoin un jour. Ce sera mon nouvel accessoire... Je me décide de le cacher dans mon décolleté, personne ne viendra le cherche ici. Même la milice. Ils n'ont pas le droit. Et ce sera facile pour moi de le récupérer si besoin. Même si j'espère aussi ne jamais avoir à m'en servir... Mais vu l'atmosphère du moment...

Ma promenade espérée... Je ne sais pas si je vais la faire. Je n'ai pas envie de sortir. J'ai envie de rester dans mon logement, à fixer cette lettre, si belle lettre. Mais je me décide d'y aller quand même. Il faut que je garde un minimum un rythme de vie. Ce n'est pas parce que tu es triste que tu vas arrêter Esperanza ! Je m'habille correctement, pense à rajouter le couteau, met sa lettre dans ma poche et descend. J'arrive au rez-de-chaussée, et me rend compte d'abord que deux gardes sont à l'entrée. Oh merde... On est vraiment entré dans un temps de quasi-guerre entre les milices... Je ne sais pas si je vais oser sortir, il faut que je passe entre les deux gardes, deux mecs, qui sont capables de me rabattre dans l'immeuble. Je regarde discrètement autour de moi, et m'aperçois aussi que le nom sur la loge du concierge n'est pas le même qu'avant... Je m'approche, et lit Coronel Rasgado. Coronel Rasgado ?! Avec un nom pareil, il n'est pas gâté dis donc... Mais le Coronel s'est installé ici ?! Oh. My. God. C'est quoi ce bazar ! Je cherche le concierge, il n'a pas pu partir d'ici... Sa nouvelle loge est aussi ici, je remarque qu'il a bougé. J'hésite à toquer. J'ai envie de lui demander comment il va. C'est un vieillard quand même, il a peut-être besoin aussi de quelque chose. Et je pourrais peut-être servir, va savoir ! Je vais essayer de lui parler.
 
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Je remonte finalement à mon appartement. Je ne ferai pas de promenade aujourd'hui. J'ai autre chose à faire, de plus urgent. Il faut que je réfléchisse à comment je vais contacter mon père et à ce que je vais lui dire. Au moins, j'ai un but maintenant. Réussir à mentir à mon père et, dans le même temps, à toute la milice... Jouer un total double jeu. Mais je sais que l'on se méfie toujours moins des belles jeunes femmes... Personne ne nous croit capables de quelque chose...

Il faut que je remette le nez dans les papiers de mon père. Et que je me prépare à l'idée de le revoir. Ça va être dur, très dur. Mais je vais le faire. Pour essayer de sauver l'immeuble, mon Diaz, ma descendance, et le concierge. Le fait qu'il m'ait dit qu'il ne savait plus s'il voulait continuer à lutter... ça m'a rendu triste un peu.
 
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En fouillant des les papiers, je panique à l'idée de ne pas le retrouver. Je sais que c'était son papier d'engagement chez la milice, un papier important... Où est-ce que je l'ai mis ? Au lieu de me mettre à tout valser pour le retrouver, je me pose sur mon lit pour réfléchir. Je l'ai caché, je me rappelle... où ? Mes pensées divaguent, je n'arrive pas à me concentrer dessus. Soudain, une illumination me fait bondir vers ma penderie, et me mettre sur la pointe des pieds pour réussir à attraper la boîte à chaussures dans laquelle j'ai mis tout mes papiers importants.
Je réussis à ne pas faire tomber la boîte, l'ouvre et cherche dedans... Enfin ! J'ai trouvé !!

[L'Immeuble - appartement 602] - Esperanza Reyes - Page 2 Papier10

Son cher papier, qu'il avait caché dans ma chambre, dans mon sac, pour ne pas qu'on le trouve... Et il avait réussi, jusqu'à ce que je rentre un peu plus tôt que prévu... Je regarde le papier, papier maudit pour moi. Lucharo Reyes... Un nom signifiant "Je me battrai", j'en rigole encore ! A chaque fois que je vois son prénom, je me dis qu'il le porte bien. Il se bat, oui, pas forcément pour la bonne cause mais bon... C'est son choix. Je ne l'aime pas, je vais devoir le revoir, ça m'énerve, mais il faut que je me dise que je vais être utile de mon côté. Pour tout l'immeuble. Il faut que je sois forte pour eux. Pas pour moi.

Ne pas penser à moi. Ne pas penser que je me mets en danger. Ce n'est pas grave.

J'irai le voir demain je pense. Le temps de me préparer à le revoir, le temps de préparer mon discours que je vais lui sortir. Le temps de me préparer à lui mentir, yeux dans les yeux. Pour la bonne cause. Le temps de me préparer à signer un papier dans lequel je vais transgresser à peu près toutes les règles... Et donc passible de peine de mort. Ne pas y penser tout de suite. Ne pas y penser.

J'espère pouvoir revoir Diaz avant que je ne parte voir mon père. Je veux le revoir. Je veux lui en parler. Pour qu'il me donne son avis. Pour qu'il me soutienne dans ce que je veux faire. Pour qu'il me rassure sur le fait que ça va bien se passer. Je veux le revoir. Au cas où. Mais je ne pense pas qu'il soit rentré.


(Si quelqu'un de l'immeuble veut réutiliser le logo de la milice, envoyez moi un MP, je vous le donnerai... Pareil pour le tampon de la milice.)
 
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Diaz est passé, il est reparti, et je vais le revoir tout à l'heure. Je finis de me préparer mentalement et je vais descendre pour lui dire que l'on part. Je me prépare en rangeant les derniers papiers dans mon sac. Je n'ai pas grand chose à prendre, je compte faire l'aller-retour dans la journée mais bon... Je préfère être sûre de ne rien oublier. Je me répète le discours que je vais dire à mon père, et respire un bon coup.
Je me suis habillée pour les circonstance, avec un haut qui me couvre bien tout. Pour qu'il ne soit pas tenté de faire quoi que ce soit. J'ai quand même peur. Je me sens blanchir à vue d’œil, plus j'y pense. Mais je vais y arriver. Je mets mon couteau dans la poche de mon pantalon, pour pouvoir le récupérer facilement... Et je suis sûre que l'on ne le verra pas.

Ça y est. Je vais le faire. Je vais le revoir. Après l'avoir fuit, c'est moi qui revient à lui. Je me dépêche de sortir de mon appartement. Je le ferme bien à clé, et je range les clés dans mon sac, en pensant qu'il faudrait peut-être que j'en fasse un double également pour que Diaz les aies... Il faudra que j'y réfléchisse. Pour le moment, je descends les marches de l'escalier, le pas léger malgré les circonstances, car je vais revoir Diaz... Mais je suis quand même angoissée à l'idée d'affronter mon père...

J'arrive devant la porte de Diaz et je toque pour qu'il m'ouvre. Je l'entends bouger quelque chose derrière la porte, et voit la poignée s'enclencher... Je me surprends à mettre un sourire sur ma face, qui cherche à illuminer légèrement mon visage si fatigué.
 
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Le trajet jusque chez mon père se passe sans encombres. On marche d'un assez bon pas, ce qui nous permet d'y arriver rapidement, en moins de 3h. C'est bien, nous pourrons ainsi repartir et rentrer avant le couvre-feu imposé. J'avais un peu peur que l'on ne puisse pas et que l'on doive enfreindre les règles de la milice du peuple...

Arrivé deux rues avant la maison de Lucharo, je m'arrête et me tourne vers Diaz, qui a cherché tout au long du trajet à me parler de tout autre chose pour que je ne pense pas à ce moment... si vite arrivé. Un dernier câlin et dernier baiser, je m'en vais, toute seule, vers mon agresseur de jeunesse. Je me rends compte que la maison n'a pas du tout changé... Ce qui est tout à fait normal puisque je suis partie il y a seulement quelques mois. Ma vie a tellement changé depuis...

Je reste un petit moment devant le portail, avant de me décider à sonner. Je me répète dans la tête ce que je vais lui dire, de peur d'oublier, une fois face à lui. Je tâte l'intérieur de ma poche de mon manteau, soulagé d'avoir possibilité d'un contact direct avec Diaz. Je souffle un bon coup et sonne.
 
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Le temps que mon père m'ouvre, je ressens une sensation bizarre, qui me prend le cœur dans un étau encore plus serré que ce qu'il n'était... Ça ne semble pas être lié à lui... Qu'est-ce qu'il se passe ? Ça me fait la même sensation que le jour où mon chien était décédé, alors qu'il était encore jeune. J'ai vraiment l'impression qu'il s'est passé quelque chose de grave...
 
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Je suis assise sur le fauteuil, en face de mon père. Je n'arrive pas à commencer à parler. Il me fait peur. Et je suis paralysée. Il faut que je respire, et que je me lance. Je le vois me dévisager, d'un air... gourmand... Je frissonne encore à la sensation de sa main sur ma taille tout à l'heure, supposée me guider jusque dans le salon, comme si je ne connaissais pas la maison. Il en a fait exprès...

Comme il a fait exprès je suis sûre d'essayer de m'amadouer avec ces madeleines... Je sais très bien qu'il n'a jamais compris pourquoi je voulais en manger... Il détestait ça, il détestait quand j'en demandais. Si bien que j'ai arrêté. Si ça se trouve, il n'en a même pas. Et si j'avais dit que j'en prendrais bien, il aurait peut-être été embêté. Je n'en sais rien.

Il faut que je lui parle. Je suis en sécurité. Je sais me défendre et si vraiment il y a un problème, je peux prévenir Diaz. Je peux le faire...
 
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Ouch !!!!!
Mon poignet putain, comment il vient de craquer !!! Je n'arriverais pas à me débarrasser de ce connard comme ça, il a plus de force qu'avant j'ai l'impression. Ou alors, c'est moi qui en ai perdue... Il me repousse encore une fois sur le canapé, commence à me toucher de partout... Oh putain, faut que je prévienne Diaz avant qu'il ne m'enlève totalement mon pantalon...

Ma main gauche se tend un peu, prête à plonger dans la poche de mon pantalon... Juste avant qu'il ne me l'enlève, je réussi à appuyer sur une touche, j'espère que c'est la bonne. Sinon... tant pis. Je ne pourrais pas résister plus longtemps, j'ai tellement mal au poignet et... il est tellement lourd que... Des larmes commencent à couler le long de mes joues, persuadée que je vais me refaire encore une fois violer par ce père... Rien que de sentir sa peau contre la mienne, ça me donne envie de gerber.

Il m'embrasse à nouveau, en me mordant la lèvre au passage. Je saigne. J'essaie de me débattre, je n'y arrive plus, je n'ai presque plus de force... quand soudain, j'entends la porte claquer. Oh my god ! J'espère que c'est Diaz... Mon père se relève légèrement, pour remettre sa braguette bien en place, et, tout en me maintenant bien fermement, se relève pour se préparer à la personne qui va arriver. Je vois qu'il sort une sorte de couteau de sa poche.

Mon couteau ! Il était dans la poche de ma veste... Je pourrais peut-être essayer de le récupérer... Si je peux aider Diaz, je ne vais pas m'en priver non plus ! Je regarde autour de moi, je vois ma veste pas très loin du canapé, je me souvient que je l'avais posé sur le bras du canapé en arrivant. Je vais essayer de l'attraper, même si je le fais avec mon poignet cassé, tant pis, faut juste pas que je ne fasse de bruit. Je vais retenir ma douleur...
 
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Nous sommes partis. Ça y est. C'est fini. Je regarde l'immeuble une dernière fois, et je me surprends à avoir des souvenirs positifs qui refluent, malgré tout le négatif qui s'y trouve.

Le positif se trouve à côté de moi, me tenant par la main. Je vais devoir réapprendre à aimer son contact, contact qui me fait encore un peu trembler... comme tout à l'heure lorsqu'il a posé ses lèvres sur mon front. Ça va se faire, tranquillement.

On va être en cavale, vu que mon père n'est pas mort et qu'il est dans la milice mais... Je suis avec Diaz. Armando Diaz. L'homme avec qui... je voudrais vivre...
 

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