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| | Nombre de messages : 655 Âge : 41 Date d'inscription : 04/04/2022 | Fred Dee / Hé ! Makarénine Ven 29 Sep 2023 - 21:46 | |
| À la même date l'an dernier, les JE avaient lancé le Scriptober. On étaient quelques-un.e.s à s'être bien amusés (dont moi) ou au moins à s'acharner pour produire un texte par jour (ou presque, on a souffert un peu certains jours). Mais nos cicatrices nous permettent de nous (la) raconter un peu, alors qui est avec moi, camarades ? Je rappelle le topo en reprenant plus ou moins l'intitulé de l'an dernier : SCRIPTOBER Le Scriptober, qu'est-ce que c'est ? Initialement, c'est l'Inktober, soit un défi pour nos amis dessinateurs de créer un dessin par jour durant le mois d'octobre (d'ailleurs l'ami Jdoo a lancé aussi l'Inktober dans une autre pièce du forum). Évidemment, une liste de thèmes à faire, ça a attiré l'œil des écrivains (quelle aubaine) et le Scriptober est arrivé. On trouve à présent des dizaines de listes disponibles, à thèmes ou non, pour tous les jours ou non... Il y a une liste officielle (source : Inktober.com), en anglais, puisque c'est international et si vous avez besoin de traductions en français, on vous colle les deux, au cas où vous vous voudriez faire les malins en jouant sur les différences sémiologiques, les aléas de la traduction ou le double-sens de certains mots dans une langue ou l'autre. Pas d'inscription, ne vous mettez pas la pression, mais partagez vos textes ici ! Tout est permis : nouvelles, micro-nouvelles, théâtre, poésie, tous les genres littéraires imaginés ou imaginables. Pensez juste à la sensibilité de chacun en prévenant si vous remuez certains sujets ou motifs qui peuvent faire mal. Merci à tou.te.s. On a aussi le droit de commenter ici les écrits de chacun, dans la bonne humeur, s'il vous plaît. Et bon mois d'octobre (l'un des plus beaux mois de l'année) ! Ci-dessous les listes : En français : |
| | Nombre de messages : 655 Âge : 41 Date d'inscription : 04/04/2022 | Fred Dee / Hé ! Makarénine Dim 1 Oct 2023 - 11:33 | |
| Salut, c'est donc moi qui commence. Et c'est parti pour le Jour 1 : Rêve - Citation :
- La bulle de rêve éclata au dernier cri. Le dehors et le dedans se confondaient à nouveau, un instant, puis c’était le retour à la maison. Intacte. Aucune trace de lutte dans la chambre. La bulle avait bien fonctionné.
Tant mieux, se dit Gérard, celui-là avait été coriace. Il compta tout de même les dégâts. Rien parmi les affaires de son fils. Encore un balai à remplacer, un couteau tordu, un jean déchiré, une morsure à l’épaule qu’il pourrait facilement dissimuler. Il faudrait tout de même s’en occuper avant d’aller dormir. Et tant pis si ce nouvel affrontement devait lui donner encore quelques cauchemars ; il n’y a qu’en rêve qu’il peut reconstituer l’énergie nécessaire à l’invocation des poches d’infraréalité qui protégent le réel. Mais le seul cri qu’il attendait maintenant tarde à venir. Il existait bien un décalage temporel entre les deux plans mais… — Papa ! Papa ! Ha, enfin… Gérard compte jusqu’à cinq pour ne pas laisser croire à son fils qu’il se trouvait juste à côté de lui pendant qu’il dormait. — Ça va, Sonny. Papa est là. Qu’est-ce qu’il y a ? — J’ai fait un mauvais rêve. Il y avait un monstre affreux et… — Calme-toi, mon grand. C’est fini. Qu’est-ce que je dis toujours ? Quand un rêve est fini, il ne revient plus. Jamais. Tu n’as plus rien à craindre de ce monstre. Tu peux l’oublier. — Tu peux rester un petit peu, s’il te plaît, Papa ? Pour que je m’endorme… — D’accord. Mais pas longtemps. Papa a besoin de dormir aussi. Que ne ferait-on pas pour aider ses enfants à dormir tranquilles ? se dit Gérard, tendant son bras à l’épaule blessée pour tenir la main de son petit garçon. |
| | Nombre de messages : 655 Âge : 41 Date d'inscription : 04/04/2022 | Fred Dee / Hé ! Makarénine Lun 2 Oct 2023 - 16:35 | |
| Sans blague ? Vous allez me laisser tout seul gérer tout ça pendant tout le mois. Bon, si vous voulez, installez-vous, voilà, pour le Jour 2, les... Araignées - Citation :
- Sénile. Gâteux. Fou. Dingo. Coucou. Bon pour l’asile. Monsieur Arthur, de l’avis de tous, avait un grain. Un pète au casque. Le disque rayé. Une araignée au plafond. Le ciboulot passé à la moulinette.
Pas dangereux. Mais fou, personne ne nierait ce diagnostic dans son entourage comme son voisinage. Et malin. Car qu’on ait voulu quelques fois faire examiner le vieux monsieur Arthur, aucun docteur ne parvint à prouver son état mental dérangé. Pour sûr, il se débrouillait. Il parvenait à vivre normalement. La plupart du temps. Mais allez savoir pourquoi, chaque jour il sortait de chez lui avec une nouvelle idée saugrenue pour planter la bizarrerie dans les parages. Enfin, c’est ce qu’on se disait. Car, bizarrerie numéro un : à chaque truc louche qui se déroulait dans le coin, on pouvait être certain de dénicher, comme par hasard, monsieur Arthur sur les lieux du crime. Débandade de caniches teints aux couleurs de l’arc-en-ciel. Cascade de mousse depuis le haut de l’immeuble. Plantation de poupées têtes sous terre dans tous les terre-pleins du quartier. Guirlandes de poissons en cage accrochées dans les arbres. Pourtant, jamais on ne le prenait la main dans le sac mais juste la gorge déployée de rire quand le matin on découvrait ses œuvres clandestines. Qu’on l’accusât et il repartait en haussant les épaules et se gaussant encore plus fort d’un rire à faire trembler le double-vitrage. Les gamins du quartier n’en revenaient pas. Ils auraient pu inventer toutes les bêtises possibles, ils se disaient que jamais ils n’auraient le niveau de ce vieux barjot. Par conséquent, les gosses du coin étaient anormalement calmes, trop concentrés à réfléchir à cette énigme : d’où monsieur Arthur tirait ses idées bizarres ? Un jour, un mioche se fit prendre à vouloir reproduire une des dingueries du maître local. Plus ou moins. Un gloubi-boulga d’âneries qui sentait le déjà-vu mais surtout qui sentait… l’absence de monsieur Arthur derrière tout ça. Et c’était vrai… Des jours qu’on n’avait pas vu le sénior de la farce. On toqua chez le toqué. Le silence seul répondit derrière la porte close. Un audacieux mit la main sur la poignée ; elle ne résista pas à l’intrusion. Une fois l’huis ouvert, toujours pas de monsieur Arthur derrière. Mais un chuchotement au fond de l’appartement. Une délégation courageuse s’avança dans le couloir, passa à travers le salon. La voix, les voix venaient de la chambre. On poussa un « houhou, monsieur Arthur » ainsi que la porte de sa chambre. Puis un « haaaaaa » en prenant ses jambes à son cou. La légende de monsieur Arthur s’est amplifiée avec le temps. Les gamins du quartier se l’échangent encore. Oui, monsieur Arthur était mort dans sa chambre, son corps comme momifié. Fou, le vieux farceur ? Non, il n’avait pas une araignée au plafond, cet oiseau-là. Il en avait plusieurs qui grouillaient dans sa chambre. Épeires, argiopes, faucheuses se partageaient l’espace et, sur son cadavre embobiné dans la soie, elles chuchotaient encore quelques bêtises à commettre. Et ceux qui fuirent en les découvrant crurent encore entendre un dernier rire. Celui d’Arthur ou des araignées ? Qui sait ? La version change à chaque fois que dans le quartier, on rajoute un fil à la toile de sa légende. |
| | Nombre de messages : 2377 Âge : 23 Localisation : là où il fait toujours nuit Pensée du jour : bon. écrire. Date d'inscription : 21/02/2022 | Aliénor / Miss Deadline Lun 2 Oct 2023 - 17:47 | |
| La liste est inspirante ! Je ne garantis rien, mais y'a moyen pour que je vienne en faire quelques uns...
Alien officiel de la CB since 2022. Modératrice spécialisée dans la Section Édition.
Instagram, pour suivre mes aventures dans la jungle de l'édition. - Parcours éditoriaux:
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| | Nombre de messages : 494 Âge : 33 Date d'inscription : 23/10/2016 | Faucon / Pour qui sonne Lestat Mar 3 Oct 2023 - 6:53 | |
| Trop envie de participer, d'autant plus que quand j'ai vu cette liste sur Twitter je me suis dit que ça serait bien de la faire en écriture Mais j'ai le temps de rien ça me gooooonfle |
| | Nombre de messages : 655 Âge : 41 Date d'inscription : 04/04/2022 | Fred Dee / Hé ! Makarénine Mar 3 Oct 2023 - 19:37 | |
| Allez, Aliénor et Faucon (et tout le monde), au moins un petit ! Tous ensemble ! Bon, pour aujourd'hui, enrhumé et claqué, pas la force de faire plus long mais je l'ai un peu poli toute la journée. Un poème, pour le Jour 3 : Chemin - Citation :
- Conduis-moi, Hermès, chez moi ou
Haut et loin, par déserts ou ruisseaux, qu'importe Emmène-moi vers d'autres ports, vers d'autres portes Montre la voie ou garde-moi dans le flou "Invocant, répond le divin, silence, entends, et au moins Note que tous les débuts forment déjà un chemin." |
| | Nombre de messages : 655 Âge : 41 Date d'inscription : 04/04/2022 | Fred Dee / Hé ! Makarénine Mer 4 Oct 2023 - 13:29 | |
| Allez, toujours malade aujourd’hui, j'ai encore le temps de produire un texte mais fallait pas m'en demander plus... Jour 4 : Esquive - Citation :
- Il allait échapper à tout ça. Seul avec un moustique dans un couloir, il sortirait avec sa peau de nouveau-né toute nette. Les coups, les baffes, les poux qu’on lui chercherait dans la tête, les balles. Il allait échapper à tout ça. Aucun dossier, aucune casserole. Pas de parents, pas de de nom. Pas de nom, pas de prénom. Aucun sobriquet méprisant. Rien pour l’identifier, rien pour le repérer. Rien pour le discriminer. Tout glisserait sur lui, à commencer par le destin. Celui de naître, celui d’exister, celui de paraître, celui de traverser ces fenêtres de la vie qui éclatent et écorcheraient son bien-être comme son mal-être. Même après la fin du monde, seul avec le dernier humain, il échapperait encore à l’affection de l’équation un plus un fait moins seul sur terre. Tout glisse sur lui, à commencer par le destin. Il allait échapper à tout ça, à commencer par celui de naître. Il a esquivé ça. C’était son pouvoir. Tout esquiver, c’est disparaître.
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| | Nombre de messages : 655 Âge : 41 Date d'inscription : 04/04/2022 | Fred Dee / Hé ! Makarénine Jeu 5 Oct 2023 - 13:48 | |
| Ça commence à ressembler à mon p'tit topic à moi pour le mois... N'hésitez pas à laisser un comm' en passant. Ce n'est pas comme les autres topics de partage d'écrits avec un fil dédié aux commentaires. Ici, on partage. D'ailleurs, ça me plairait quand même d'en lire d'autres que moi ici. Bref, pour ce cinquième jour, voilà Le plan : - Citation :
- — Alors, c’est qui le chef maintenant ?
À l’abri des fourrés, ils contemplaient le bout de leurs pieds et les restes de leur campagne. Celui qui avait été leur prince avait été rappelé auprès de son père. Ce qui n’empêchait pas leurs adversaires d’avancer, bien au contraire. Personne ne se montrait volontaire pour lui succéder au commandement de cette expédition. Bien sûr, ils savaient qui devait tenir ce rôle. — D’accord, je m’en charge, soupira-t-il enfin. Il s’était avancé dans le cercle qu’ils avaient naturellement formé dans leur faible abri. Nul ne se plaignit que ce fut lui. Qu’il reprenne les rênes de leurs jeux guerriers éviterait les conflits puérils qui les condamneraient à court terme. — Montrez-moi votre armement. Ils tendirent tous leurs lances en avant. Vulgaires bâtons face à la hargne barbare de leurs harceleurs. — Et les munitions ? Ils avancèrent ce qu’ils avaient pu accumuler en plus de ce qu’ils avaient su subtiliser à l’ennemi. Il soupira, pris une badine pour tracer dans la poussière quelques points de repères. — Vous voyez, on est là. Si on contourne cet immeuble, juste à trois, on devrait pouvoir les avoir par-derrière pendant que le reste les bombarde en restant à l’abri derrière cette butte. Si on se débrouille bien, ils ne nous verront pas avant… Tout le monde admirait le tracé de ce plan… Quand un cri surgit dans les airs, volant par-dessus le champ de bataille. — Oh non, pas déjà ! geignit l’un d’eux. — On est morts si tout nos chefs sont rappelés comme ça, ajouta un second. — Quand ta mère t’appelle, tu ne peux l’ignorer, dit philosophiquement leur commandant. Il se leva et marcha sur leur plan. Ils restèrent planqués en le regardant quitter leur planque. — Mickaël ! criait encore la voix. — C’est bon, M’man, j’suis là, j’arrive ! — Ha, te voilà ! Encore à trainer avec ces gamins. Et tu me feras le plaisir de laisser ces saletés dehors. Il abandonna ses armes. Un bâton superbe qu’il ne retrouverait pas en ressortant. Et un stock de petites pommes vertes qui tombaient bien dures des vieux arbres plantés derrière les HLM. Mieux que n’importe quelles boules de neige. — Et dépêche-toi maintenant. L’œil maternel ne le lâcherait pas avant son retour au bercail. Quand il franchit enfin le seuil, il se trouva sous son feu direct. — Et cette interro d’histoire-géo alors ? l’interrogea-t-elle de but en blanc. — Oh, M’man, tu sais, moi, les vieilles batailles et les cartes… J'ai pas l'impression de m'être beaucoup foulé pour celle-là mais j'y ai brassé quelques souvenirs d'enfance mis noir sur blanc et je suis assez content de ça. |
| | Nombre de messages : 888 Âge : 46 Date d'inscription : 02/06/2016 | Le Trader / Double assassiné dans la rue Morgue Ven 6 Oct 2023 - 12:59 | |
| J'avais oublié le scriptober...je vais rattraper le retard, uniquement en poésie de mon côté ! Jour 1 : Rêve - Spoiler:
On a rééouvert l'Usine à Rêves devenue musée en périphérie de nos amours de nos ascensions / descentes hors-pistes en bordure de nos petites victoires traînées à la laisse de l'abandon
Grandes les portes ouvertes encore ont accueilli quelques vents quelques mèches d'artistes venus tout exploser une seconde fois
pour ne laisser qu'un feu d'artifices leur fête nationale de quoi trinquer sans frimer en laissant un seul dernier tag un truc hâché maudit à la Banksy à la folie
« Rêve mieux »
Jour 2 : Araignée - Spoiler:
La petite araignée tisse des rêves la nuit sur mon bras sur mes jambes sur mon front elle tricote de nouvelles idées des peaux des costumes elle se fait lampiste d'étoiles Pattes-de-ménage d'ampoules ou de planètes isolées Sur mon torse sur la joue elle coud sûrement pour l'hiver des murmures des secrets des messages codés qu'elle envoie comme un baiser dans une danse qu'elle seule connaît et amène sur la peau avec quelques morsures en frais de livraison en guise de médaille
Jour 3 : Chemin - Spoiler:
A force de courir le terminus est apparu entre quatre piliers et une porte dont il ne reste, dernière provocation à l'Histoire des bottes et des bombes, que l'encadrure qui peinturlure les derniers rochers les pluies inconnues et l'océan qui roule sa mécanique et l'horizon qui inspire qui expire et la dernière plage livrée à l'océan par la dernière âme qui tient le grain
avec une inscription, un rêve abouti peut-être, entre ombres et lumières un rêve aux nombreuses pattes qui remonte la nuit le cours de l'estuaire ce qui reste de poètes de marins de sa famille et des Magnifiques
Au bout du chemin : « la vérité du monde ici repose »
Jour 4 : Esquive - Spoiler:
Parler du poème comme une esquive invite à décliner les sons esquisse ou qui-vive
plutôt que de l'échec qui nous guette prenons garde aux vides aux silences de l'évitement et de l'absence de contacts chaleureux
qui n'évitent rien de la création du grand bordel inévitable
Jour 5 : Carte - Spoiler:
Occuper à cartographier l'inconnu l'ailleurs à dessiner en mots en rimes en musique à traquer des rythmes d'enfer des débarcadères d'idées à remplir en couleurs des continents entiers de poètes, femmes, hommes parfois des enfants, avec en petites brisures leurs notes de bas de pages
à dresser des frontières des barrières des pays définis leurs mouvements des littératures du sol de l'air du vent et sacraliser l'émotion avec l'espace
sans jamais légender son corps pour indiquer à ceux qu'on aime les régions en feux en friche la guerre et les grands champs de coquelicots qui poussent depuis les trous d'obus les lavandes tournées à la lune et puis, comme un cadeau des astres les tournesols posés sur le chapeau d'Alice
Rien d'autre à suivre qu'une rose des vents contraires, qui aspire vers un dernier rêve sans prendre la mesure de sa hauteur sans devenir alpiniste de ses douleurs ignorer qu'une carte à la bougie retrouve la candeur de tous les mondes nouveaux
« et vivre ainsi toujours – ou défaillir dans la mort »
Jour 6 : Doré - Spoiler:
Tu les vois encore manger avec des dents décorées de bijoux d'or et de sang croquant nos carapaces déchirant nos os nos ailes se bâfrant de nos colères amenées à leurs abattoirs
Tu les regardes, de loin leurs dents dorées cassant toute résistance tout nerf le jus de nos muscles l'énergie de nos espoirs mêlés à leurs rires nos morts qu'on enterre au repas
Tu les observes encore un peu pour ne pas oublier les contrats qu'on signe où terminent les compromis où finissent les cous dressés encore un peu fiers un peu tendus encore pour un temps
un sale temps pour un festin
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| | Nombre de messages : 655 Âge : 41 Date d'inscription : 04/04/2022 | Fred Dee / Hé ! Makarénine Ven 6 Oct 2023 - 15:35 | |
| Merci Le Trader de me rejoindre avec de la si belle œuvre. Avançons ensemble jusqu'à la fin ! Jour 6 : Doré. - Citation :
- Plantons le décor. Couloir d’hôtel. Crépuscule.
Un personnage. Vue subjective. Travelling avant. Voix intérieure.
J’avais la sensation d’avancer dans une vieille photo mais je m’engluais dans le révélateur. Pire que la sensation d’être au mauvais endroit, celle de n’être pas dans le bon temps. Deux notes de musique se répétaient en boucle inlassablement. Ne retenez pas l’ascenseur, fis-je mollement jaillir de mes lèvres anesthésiées.
Dans la cabine, deux petites filles se partageaient un cornet de glace. Chocolat et vanille dégoulinaient à une allure de limace sur leurs petits poings fermés sur le cône de gaufrette. Dorée. Elles disaient quelques choses que je n’entendais pas.
Qu’est-ce que ça pouvait bien vouloir dire ? Où s’agrippait le message ? Sur mes yeux vint une affiche, encadrée au mur avec ce slogan : Douce France. Trénet traînait aussi par-là, piégé comme moi par une rengaine d’une époque dorée par la nostalgie qui nous arrête et condamne le futur à mort.
Dans l’attente, la lumière colorait tout en brun, de la moquette au papier peint à fleurs. Même la pauvre ampoule au plafond peinait à mettre l’énergie nécessaire à éclaircir le corridor et le monde ralentissait encore davantage dans sa lueur. Morte. Dorée.
Enfin, je fis un pas. J’entendais mieux les petites mais je ne voyais pas leur bouche remuer derrière leur glace. Et elle disait : les délices du temps passé ne sont pas pour nous. L’avenir est comme ce cône dont nous ne goûterons pas la fin.
Ne retenez pas l’ascenseur !
Et les deux notes se répétaient sans fin. Do. Ré. |
| | Nombre de messages : 888 Âge : 46 Date d'inscription : 02/06/2016 | Le Trader / Double assassiné dans la rue Morgue Sam 7 Oct 2023 - 13:14 | |
| Jour 7 : Goutte - Spoiler:
Elle aura l'empreinte de ses pleurs des petites gouttes vite oubliées dans nos mémoires, nos sourires sans doute à table avec un verre son premier alcool son amour premier aussi à verser à bercer les chagrins vers le temps qui file
On lui montrera la vieille pierre des empreintes de pluies fossiles Elle imaginera la pluie qui tomba il y a de ça 330 millions d'années Et on goûtera, un chocolat du jus Elle pleurera pour une dernière histoire qui lui gravera ses traces
A son tour, après le lait en poudre les purées les boissons les sodas Après les bobos les cassures après ce qui ruisselera de nos histoires sur son être qui nous réveille la nuit qui appelle et qui lance des gouttes de rêves innocents par cri, d'un pleur
portant tout l'amour qu'elle donne sans penser à la soif du reste du monde
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| | Nombre de messages : 655 Âge : 41 Date d'inscription : 04/04/2022 | Fred Dee / Hé ! Makarénine Dim 8 Oct 2023 - 12:21 | |
| Avec un peu de retard, voilà mon texte de la veille mais tout frais du jour. Je retourne à mes crapauds avant de cuisiner mon batracien du dimanche. Jour 7 : Goutte - Citation :
- — Papa, c’est aujourd’hui ?
Son père n’eut pas à demander quoi. Deux semaines que la question se répétait quotidiennement. Quelle patience ! Il décida donc de transformer l’événement à la hauteur de l’attente. Levant les bras, il s’exclama :
— Oui, c’est aujourd’hui ! C’est l’hiver !
Hélène, née un jour d’hiver, attendait chaque année cette saison pour tant de raisons. Elle voyait comme les plus beaux cadeaux ceux apportés au temps du Père l’Hiver.
Aussitôt l’annonce passée, la petite se posta à la fenêtre. Elle se tint camper là longtemps, le menton dans les mains. Moment de calme pour Papa qui n’allait pas la décourager. Il désirait pourtant l’empêcher d’espérer trop longuement.
L’hiver. Toutes ces images de gros flocons associées à cette saison dans les livres pour enfants qui gonflaient sa bibliothèque. Boules de neige, bonhommes de neige, glissades en luge suivies d’un chocolat chaud enrobé dans une couverture devant la cheminée…
Mais il n’osait pas gâcher sa naïveté infantile qui lui faisait croire que tout cela arriverait dès le solstice passé. Pourquoi court-circuiter cette patiente quiétude avec des histoires de réchauffement climatique qui reléguait les noëls blancs au rang des clichés d’antan. L’hiver n’était plus qu’un nouvel automne plus froid et plus humide.
Et Hélène regardait par la fenêtre tomber la pluie. Les gouttes dégoulinaient en ruisseau verticaux, chaotiques, de l’autre côté de la vitre qu’elle suivait du bout du doigt. Elle observait leur course, pariant sur la direction qu’elles prendraient, sur laquelle atteindrait le bas la première. Plus elle les fixait, plus elle se concentrait, jusqu’à ce qu’enfin les gouttes prennent le chemin qu’elle choisissait, plus vite, plus lentement, même à contrecourant. Ça y est ! Son cadeau qui revenait à chaque hiver était là ! |
| | Nombre de messages : 655 Âge : 41 Date d'inscription : 04/04/2022 | Fred Dee / Hé ! Makarénine Dim 8 Oct 2023 - 22:09 | |
| Jour 8 : Crapaud (horrible bête qui m'aura fait tourner la tête) - Citation :
- Le vieil être décrépit le regarda approcher avec un sourire digne d’une grimace. L’épreuve consistait-elle déjà à supporter sa laideur ? La noblesse du chevalier lui interdisait un tel jugement sur le désavantage que Dieu ou le diable avait imposé à cet homme et il le salua comme le méritait son prochain. Le difforme géronte répondit d’une voix qui heurtait l’oreille comme son apparence blessait l’œil :
— Salut paladin, te voici devant le Pont du Trépas. Connais-tu la règle ? — Oui, maître de la passerelle. Pose tes trois énigmes. — Bien, messire. Première question : quel est ton nom ? — Ce n’est point une énigme car chacun sait que je suis sire Boël Casse-Dragon, fils de… — Je n’ai que faire de ton ascendance, que ton père soit le pape ou le pourceau de ma tante. Deuxième énigme : quelle est ta quête ? — Je m’en vais chasser une infâme créature qu’un sorcier a lâché dans les marais de Goatspray. Un immonde batracien, approximativement métamorphosé en la forme d’homme, y vit désormais et attire les poivrots du fief qui viennent téter les sucs hallucinatoires qui suintent de sa verruqueuse cuirasse. Le crapaud, issu de quelque expérience aussi maléfique que maladroite, hurle depuis deux ans maintenant et pourrait continuer ainsi vingt ans, oui il hurle la nuit à travers toute la campagne à qui veut lécher ses aisselles… — Quoi ? coassa le vieillard dont les globes oculaires semblaient proches de sauter de leurs orbites d’étonnement. — Eh oui, répondit sire Boël en levant ses épaules caparaçonnées, depuis qu’on a trouvé le Graal, on se débrouille comme on peut pour démontrer notre noblesse. Mais tu as posé tes trois questions, l’aïeul, laisse-moi passer car j’ai déjà assez mal à mon séant de devoir cavaler ainsi vers un destin si malséant.
Le chroniqueur leva aussi sa plume là. Il est des légendes qui s’écrivent souvent dans le sang mais point dans la bave.
Dernière édition par Fred Dee le Lun 9 Oct 2023 - 13:19, édité 1 fois |
| | Nombre de messages : 655 Âge : 41 Date d'inscription : 04/04/2022 | Fred Dee / Hé ! Makarénine Lun 9 Oct 2023 - 12:00 | |
| Jour 9 : Rebond (bounce). L'occasion de rebondir pour cette nouvelle semaine sans prendre de retard. - Citation :
- Un rebond
De ballon Rond Comme ta tête Sur mon cœur Qui te berce
Une chanson Qui bondit De mes lèvres À ton cœur Qui est lourd Comme une pierre
Dure La planète Tourne toujours Et s’entête À rouler Dans l’espace
Vide Car sans elle Toi et moi On s’embête Et on pleure Jusqu’à en perdre la tête
Et je chante Ritournelle Pour ton cœur Et le mien Pour retrouver nos ailes Coupées dans ce malheur
Elle s’est tue Ou tuée Où tu es Et puis ça tourne en rond Comme Un rebond… |
| | Nombre de messages : 888 Âge : 46 Date d'inscription : 02/06/2016 | Le Trader / Double assassiné dans la rue Morgue Lun 9 Oct 2023 - 12:33 | |
| Le thème d'hier était facile pour moi, mais je n'ai pas eu le temps de l'écrire. Jour 8 : Crapaud - Spoiler:
Notre crapaud vivait dans le trou de la cour celui du compteur d'eau il vécut en résidence principale et clandestin pendant dix ans compagnon invisible au fond du trou gardien du domaine se disait-on
On le nomma Coco on l'a balancé bien cinq fois par-dessus les arbres les haies les barrières n'ont jamais suffi il est toujours revenu au fond de son trou gardien de la maison malgré les expulsions les averses les cris d'enfants les chiens fous il est resté il revenait toujours puis un jour il n'était plus là et nous étions surpris dans la voiture du départ
qui surveillera les volets ?
Jour 9 : Rebond - Spoiler:
Le matin la mer rose fait matelas pour les oiseaux qui reviennent d'où ne sait où des horizons des étoiles ou du nid sous la charpente partagée
Avec le premier café ils s'envolent travailler surveiller et les flots et les bancs et les bateaux en faisant quelques rebonds sur la houle que des petits éclats de rose
cela suffit pour lever tout un monde de rêves qui croise la table du matin avec les grandes ailes qui passent et espèrent qui attendent un autre matelas et d'autres rebonds
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