Bonjour a tous.
Je voulais savoir quelle était votre méthode pour écrire de la poésie?
J'imagine que la plupart écrivent cela de manière détendu en se laissant plus ou moins guidés par leur instinct et leurs émotions. C'est ce que je fait aussi la plupart du temps.
Mais parfois j'ai envie d'écrire de manière plus précise. Disons que j'ai un objectif plus clair que juste écrire quelques choses et dans ces cas là c'est un peu plus casse tête.
J'ai remarqué que certains concept rimes entre eux, j'ai aussi remarqué l'importance d'une chute. Parfois même j'écris la chute avant tout le reste. Parfois je préfère laisser les choses en suspend. Qu'en est-il pour vous? Avez vous des méthodes, techniques, etc qui pourraient être utiles à la communauté?

En espérant avoir posté cela dans le bon topic.

Merci d'avance pour vos réponses et bonne journée

La poésie est d'une nature encore plus personnelle et changeante que l'écriture de romans. À part, peut-être, le format "classique" (et encore, le mot est réducteur) de la poésie héritée des plus grands et des siècles précédents qui est à peu près universel, il existe au moins autant de poésie que de poètes.

Je ne me réclame pas poétesse, mais il m'arrive d'écrire un peu de poésie (du moins, ça y ressemble, on va dire). En général, je l'écris de la manière dont elle me vient et qui me plaît, sans me demander si je suis les codes, si je fais ça bien, si ça ressemble à ce que fait untel ou unetelle... Je ne suis pas très au fait de la grammaire poétique, en plus.
Cependant, je dirais que le plus important est de se laisser porter par les mots, de leur trouver un sens que la structure de notre prose va aider à faire ressortir et à mettre en valeur. La poésie n'est pas qu'une successions de termes plus ou moins lyriques, elle se doit d'avoir une signification (même si elle n'est évidente que pour le poète).
Le plus souvent, des bribes me viennent, une phrase ou deux ; ou bien, c'est un sentiment très fort que je dois expurger, et je préfère choisir la poésie pour ce faire.
Un poème est vite écrit (15, 30 min), mais je le retouche toujours ensuite, sur les jours qui suivent.
En clair : ta méthode est bonne si c'est celle qui te convient.

C'est la toute ma question. Quels sont vos méthodes ? Il y a des milliers de languages et de dialectes sur terre et certains mots sont intraduisible de l'un a l'autre. Apprendre les languages des autres est donc un passage obligatoire pour comprendre mieux nos émotions et notre environnement. Ainsi vos méthodes sont pour moi des languages que j'ai envie d'apprendre pour m'exprimer a travers une nouvelle forme d'expression. Mon but n'est pas de ressembler a tel ou telle auteur. Mon but est d'ouvrir mon esprit pour trouver la meilleure manière d'exprimer ce dont j'ai besoin. Merci quand même de ta réponse, bonne journée, bonne soirée. Tout depend de l'heure et de l'endroit sur terre

Hey
Je réponds plus à froid, après une première lecture du sujet il y a quelques jours, le temps de macérer une réponse.

J'ai peur que le sujet ne se borne, en ses réponses, en un catalogue des méthodes des un.es et des autres, ce qui est évidemment toujours intéressant, mais on sera que peu d'accord ou bien on ne se retrouvera que chez tel.le membre, créant un dialogue non-ouvert. Je vais donc faire court sur mes propres méthodes pour rester assez général.

Déjà la poésie classique, disons celle apprise durant la scolarité, n'est pas universelle. On a tendance, surtout en France, à se croire centre névralgique d'un monde poétique ou source d'inspirations. Oui et non, on a des poétes.ses qui ont traversé les frontières, mais le monde n'a pas attendu la France pour écrire. Il y a donc une multiplicité de formes poétiques, de structures, et même d'arts poétiques différents, qui sont accessibles et qui peuvent être repris par qui le voudra. C'est à mon avis une bonne méthode, car il faut s'intéresser/se questionner, lire, digérer, reproduire et enfin, innover. Le processus créatif ouvert au monde me semble plutôt positif, qu'importe la poésie. Seul bémol : ça prend tu temps.

Je rebondis maintenant sur ce que tu dis, SodaCafé. Tu distingues une écriture guidée par les émotions, l'instinct, d'une autre qui serait intellectualisée, disons conscientisée ou réfléchie. Pour moi une méthode possible de travail est de mélanger les deux, c'est-à-dire que tu peux prendre le temps pour retravailler et ciseler un poème instinctif, y revenir plusieurs fois, comme tu peux balancer sans réfléchir un texte plus travaillé en amont, mais pas forcément posé à l'écrit. Laisser le texte en tête, prendre quelques notes, et réfléchir tout d'abord sur comment l'écrire, le faire apparaître.

Plus concrètement, sur la chute...pour moi y'a pas de règles particulières dans l'écriture, le poème se prend par le bout qui veut bien apparaître, le titre, la chute, le milieu, quelques mots clés, qu'importe, tant que le texte final soit un bon poème. Mais tu peux aussi envisager d'autres manières d'aborder le poème, comme le poème-consigne, qui suit des règles de jeu, ou d'autres poèmes-jeux comme l'Oulipo peut en faire (pour les citadins, un poème par station de métro ou bus, ça fait passer le temps durant les longs trajets). Tu peux envisager aussi des poèmes-concepts, que ce soit en structures (visuellement, le poème crée un escalier montant ou descendant), dans la musicalité ou le rythme (un poème sans lettre E, coucou Georges Perec), ou dans le fond, le message. La bonne méthode est celle qui fonctionne et qui te plaira. Je sais que je fonctionne beaucoup avec un titre, que je déploie mentalement pour avoir un brouillon du poème en tête. Mais j'aime aussi prendre le contre-pied de mon fonctionnement (c'est toujours utile de penser/créer "contre" soi) et écrire sans aucun titre. Pareillement, tu peux vouloir fignoler une belle chute, mais tu peux aussi travailler sur l'arrêt brusque du poème, pour créer quelque chose allant dans ce sens à la lecture. Tu peux aussi te dégager de toute méthode et écrire en automatique, en impro, je faisais parfois des poèmes en suivant un CD complet, et je faisais deux écoutes : la première est sur le ressenti, la réception, ce que la musique m'évoque. La deuxième utilisait ma synesthésie, et j'écrivais les formes et couleurs de la musique. C'est pas forcément une méthode d'écriture, mais parfois c'est sympa d'utiliser des cheatcodes.

Tu peux aussi laisser les choses en suspens, il m'est arrivé de laisser un texte de côté pendant un an ou deux, sentant que j'avais pas le niveau pour écrire comme je le voulais. D'ailleurs je pense qu'on devrait fonctionner plutôt à l'instinct qu'avec des méthodes toutes faites. Il faut apprendre à se connaître, être patient dans ce travail, et évoluer en s'adaptant au fur et à mesure à qui on est. Cela peut paraître bateau ou incompréhensible, mais l'écriture nous révèle qu'on ne se connaît que très peu, on fonctionne parfois ou souvent sans se comprendre, on écrit donc sans s'écouter...Je pense que c'est en se creusant avec bienveillance qu'on arrive à se trouver et à trouver sa meilleure manière de s'exprimer.

Et puis le plus important : il faut se faire plaisir et aimer ce qu'on fait. Et, je pense que c'est tout de même la clé, ne pas cesser de lire d'autres poétes.ses, sans se comparer ni nier leur créativité (ce qui est fréquent, consciemment ou non).

Après quoi, on pourra réfléchir au reste de la forêt de l'arbre-poème : quelles méthodes pour concevoir un recueil ? et pas juste mettre des poèmes écrits dans un intervalle d'années...

Merci de ta réponse. C'est plutot efficace et concis. Enfin... Ca me parle et ça me donne des idées. C'est a peu près tout ce que j'attendais.

Signé un gars un peu flemmard qui écris des fois des trucs.

Chimère a écrit:

Le plus souvent, des bribes me viennent, une phrase ou deux ; ou bien, c'est un sentiment très fort que je dois expurger, et je préfère choisir la poésie pour ce faire.
Un poème est vite écrit (15, 30 min), mais je le retouche toujours ensuite, sur les jours qui suivent.
En clair : ta méthode est bonne si c'est celle qui te convient.

Souvent j'écris aussi autour d'une catch phrase !  Quant au reste, il vient du plaisir de jouer avec du vocabulaire. Après,  tout est circonstanciel, ou pas, je sais pas ~  
Quand on parle de méthode, on peut prendre exemple sur les auteurs qu'on peut lire, s'en inspirer, comprendre le pourquoi du comment tel truc est écrit de telle manière, (par exemple:  Je comprend rien à la poésie contemporaine, mais quand j'en récite avec le bon son en fond, ça prend tout son sens ).
On peut aussi en avoir rien à secouer et faire fi des conventions. Comme l'a dit Chimère, et Le Trader également, la meilleure méthode, c'est celle ou on s'y retrouve. Se faire plaisir reste la composante majeure du bouzin !

Le Trader a écrit:

Je rebondis maintenant sur ce que tu dis, SodaCafé. Tu distingues une écriture guidée par les émotions, l'instinct, d'une autre qui serait intellectualisée, disons conscientisée ou réfléchie. Pour moi une méthode possible de travail est de mélanger les deux, c'est-à-dire que tu peux prendre le temps pour retravailler et ciseler un poème instinctif, y revenir plusieurs fois, comme tu peux balancer sans réfléchir un texte plus travaillé en amont, mais pas forcément posé à l'écrit. Laisser le texte en tête, prendre quelques notes, et réfléchir tout d'abord sur comment l'écrire, le faire apparaître.

C'est vrai que, pour ce qui est de la motivation déjà, l'instinct, l'émotion et l’irrépressible besoin de coucher sur le papier, ou un traitement de texte quelconque, sont les principaux vecteurs de création (en tout cas les miens).
Puis  le plaisir de l'écriture provoque une envie de créer toute autre, sortir du spleen, seul registre m'ayant motivé à rejoindre ce beau forum initialement,  sortir de l'automatisme et réfléchir un peu plus ses textes. Tu as peut-être du déjà écrire des textes en 5 minutes, tout comme certains sont restés inachevés durant plusieurs mois, avant de trouver leur point final.

Le Trader a écrit:

Tu peux aussi laisser les choses en suspens, il m'est arrivé de laisser un texte de côté pendant un an ou deux, sentant que j'avais pas le niveau pour écrire comme je le voulais. D'ailleurs je pense qu'on devrait fonctionner plutôt à l'instinct qu'avec des méthodes toutes faites. Il faut apprendre à se connaître, être patient dans ce travail, et évoluer en s'adaptant au fur et à mesure à qui on est. Cela peut paraître bateau ou incompréhensible, mais l'écriture nous révèle qu'on ne se connaît que très peu, on fonctionne parfois ou souvent sans se comprendre, on écrit donc sans s'écouter...Je pense que c'est en se creusant avec bienveillance qu'on arrive à se trouver et à trouver sa meilleure manière de s'exprimer.

Comme cité ci-dessus, débuter un texte et revenir dessus un an plus tard, retravailler, chercher à peaufiner la construction du bazar, n'empêche pas d'avoir songé à l'idée globale dans un premier temps, quand les mots ne viennent pas, pourquoi forcer, y'a rien qui presse le point final. Aimer l'exercice d'écriture c'est aussi un plus pour ne pas avoir l'impression de se prendre la tête quand tu passe une heure sur une strophe ><
De méthode, hormis celle qui t'es propre dans ta manière de composer, y en a t-il réellement besoin ?  Si tu suis un style extrêmement codifié sans doute. Mais à défaut de suivre une trame précise, par exemple je m'en inspire, et après je fais n'imp' des conventions (pour mon plus grand plaisir)  ~

Un truc qui me motive beaucoup aussi , c'est les ptits défis ! Comme l'a mentionné Le Trader, faire une structure en escalier, un visuel précis sur les quatrains, un Shrek en Ascii,  c'est aussi vecteur d'envie. Chercher les bons mots, toujours en restant juste dans son thème, ou pas encore, l'important c'est que le rendu te plaise.
Pour ma section AC ; AB  je tiens vraiment à faire tout mes poèmes en 13 syllabes, puis 12 , et derechef.
C'est con, les poèmes me conviennent moyennement, et pourtant y'a ce truc de "l'idée de structure est respectée,  me gusta " ~

Mais bref, parce que je m'étale pour rien dire de probant, je crois que la meilleure façon encore, de se motiver et trouver "sa" méthode, c'est de lire les autres, et/ou s'inspirer de l'entour si c'est ce à quoi tu es le plus réceptif ~
Et comme pour le dessin, il faut pas avoir peur du brouillon, de l'idée qui jamais ne sera. Parce que ça arrive aussi ~ Et c'est pas bien grave, les idées, ça va ça vient.
Puisqu'après  tout,  rien ne se perd, rien ne se créer, tout se transforme.

Écrire de la poésie c'est être prêt de se lancer dans l au delà de l écriture. Quand on franchit le pas, on peut porter ses mots n'importe où. Je n ai pas vraiment de méthode pour écrire a part de se faire confiance et accepter l'improvisation.

Je ne peux que te conseiller le livre de Rilke "lettre à un jeune poète" qui est certe un grand classique que tu as certainement déjà lu. Beaucoup seront d'accord de le désigné comme un livre qui donne beaucoup l'envie de se lancer dans l' écriture de poème et l exploration de sa propre écriture par l' écriture.
 Il faut tenter de vivre ! (Et de se faire plaisir !)

Allô tous...
Pour moi la poésie est une façon d'abord d'appréhender la vie.
On est poète parfois sans le savoir.
Ensuite vient l'écriture... ou pas ou autre chose.
Les enfants sont des poètes !  ;o)

Techniquement:
. me vient un vers ou deux
je les écris et j'attends...
. je les relis et un vers s'ajoute
et un autre
. je relis à partir du  premier vers
et ainsi de suite...
Et si ça bloque, je laisse en jachère....
ça peut durer des années...

C'est vivant la  poésie
ce n'est pas statique...
On y revient et on élague ou on ajoute... c'est rarement définitif.
Et si ce n'est pas lu, c'est mort'vivant !